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Catégorie parente: Morale
Catégorie : Commerce
ou BANQUO, (Commerce) mot italien qui signifie banque. On s'en sert ordinairement pour exprimer celle qui est établie à Venise.

Le banco de Venise, qu'on appelle vulgairement banco del giro, est proprement un bureau du dépôt public, ou une caisse générale et perpétuelle ouverte à tous marchands et négociants, et fondée par un édit solennel de la république, que tous payements pour marchandises en gros et de lettres de change ne se pourront faire qu'in banco ou en billets de banque ; et que tous débiteurs et créanciers seront obligés, les uns de porter leur argent à la banque, les autres d'y recevoir leur payement in banco ou en billets de banque ; de sorte que tous les payements se font par un simple transport des uns aux autres ; celui qui était créancier sur le livre du banquo, devenant débiteur dès qu'il cede son droit à un autre, qui est enregistré pour créancier à sa place ; de sorte que les parties ne font que changer de nom, sans qu'il soit nécessaire pour cela de faire aucun payement réel et effectif.

Il est vrai qu'il se fait quelquefois des payements en espèce, surtout lorsqu'il s'agit du négoce en détail, ou que les étrangers veulent avoir de l'argent comptant pour emporter avec eux, ou que les négociants aiment mieux avoir leur fonds en monnaie courante, pour le négocier par lettres de change. La nécessité de ces payements effectifs a donné lieu de pourvoir à un fond d'argent comptant, qui bien loin de diminuer le capital, l'augmente plutôt par la liberté qu'il donne à chacun de retirer son argent quand il lui plait.

Par le moyen de cette banque la république, sans gêner la liberté du commerce et sans payer aucun intérêt, se trouve maîtresse de cinq millions de ducats à quoi le capital de la banque est limité, ce qui monte à plus de trente millions de livres monnaie de France : elle répond du capital, et c'est pour elle en toute occasion une ressource sure qui la dispense d'avoir recours à des impositions extraordinaires, même dans les plus pressantes nécessités. Le bon ordre qui règne dans l'administration du banco, prouve également l'utilité et la solidité de cet établissement.

Dans la banco les écritures se tiennent en livres, sous et deniers de gros. La livre vaut dix ducats de banco, ou 240 gros, parce que le ducat est composé de 24 gros. La monnaie de change s'entend toujours ducat de banco, qui est imaginaire, 100 desquels font 120 ducats monnaie courante. Ainsi la différence des ducats de banco et des ducats courants, est de 20 pour cent, étant défendu aux courtiers de traiter à plus haut prix.

La banco se ferme quatre fois l'année ; savoir, le 20 Mars, le 20 Juin, le 20 Septembre, et le 20 Décembre, et chaque fois pour vingt jours : mais on n'en négocie pas moins sur la place. Il y a encore des clôtures extraordinaires qui sont de huit à dix jours, pour le carnaval, la semaine sainte, et on le ferme encore chaque vendredi de la semaine, quand il n'y a point de fête, et cela pour faire le bilan. Voyez BILAN.

M. Savary, dans son dictionnaire, explique la manière dont se négocient ou se paient les lettres de change au banco. Voyez le dictionn. du Comm. tome I. pag. 817. (G)




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