(Géographie et Commerce) l'une des plus grandes et plus riches villes de l'Europe, à l'extrémité de la Romanie, capitale de l'empire Ottoman, et la résidence des sultants. Elle était autrefois capitale de l'empire des Grecs en Orient. Elle est sur le détroit qui sépare l'Europe de l'Asie. Long. 46. 33. lat. 41. 4. Il s'y fait un commerce immense. C'est l'ancienne Bysance. Elle a été bâtie par Constantin : ce fut cet empereur qui y transporta le siège de l'empire. On l'appela la nouvelle Rome, et ce fut à juste titre : car il y eut un sénat, un cirque, des théâtres, un capitole, et en un mot tout ce qui se remarquait dans l'ancienne Rome. Les Turcs s'en emparèrent en 1453. Les nations Chrétiennes y ont presque toutes un ministre protecteur de leurs commerçans. Les Anglais, les Hollandais, et les Vénitiens, y portent des draps. Il faut que ces marchandises soient bien teintes, bien travaillées, bien aulnées. Il leur en vient aussi d'Espagne. On y commerce aussi beaucoup d'étoffes précieuses, en soie, or, et argent. Les François y débitent beaucoup de papier. Le reste des marchandises convenables pour ce lieu consiste en quincaillerie, aiguilles, rocailles, pierre de mine, fer-blanc, or et argent filés ; de la bonnetterie ; quelques préparations pharmaceutiques, comme huîle d'aspic, verdet, tartre, etc. certaines épiceries, comme sucre, camfre, vif-argent, cochenille, céruse, plomb, etc. On reçoit en échange des lettres, quelques laines, quelques peaux, de la potasse, de la cire, etc. On y vend beaucoup d'esclaves de l'un et de l'autre sexe : ils viennent principalement de Georgie, de Mingrelie, de Circassie, et de divers lieux voisins de la mer noire. La vente s'en fait au jassir-barat ou marché des esclaves. C'est un endroit fermé de murailles et planté de grands arbres. On commence par prier pour le sultan. Les jeunes filles sont nues, sous une couverture qui les enveloppe ? un crieur en publie le prix : le marchand visite la marchandise ; si elle lui convient, il la paye et l'emmene.