S. m. (Commerce) on nomme ainsi à Andrinople, et dans quelques autres principales villes des états du grand-seigneur, les lieux où les marchands ont leurs boutiques, et étalent leurs marchandises. Chaque sorte de marchand a le sien ; ce qui s'entend aussi des ouvriers qui travaillent tous dans le même endroit. Ce sont ordinairement de grandes galeries voutées, dont les portes se ferment tous les soirs. Quelquefois les concierges ou gardiens de ces bezestants, répondent des marchandises pour un droit assez modique qu'on leur paye pour chaque boutique.

Les bezestants d'Andrinople sont très-beaux, surtout celui où se vendent les étoffes, et un autre où sont les boutiques des cordonniers.

A Constantinople on donne le même nom, ou celui de bezestin, à des espèces de halles couvertes, où se vendent les plus riches et les plus précieuses marchandises.

Il y a deux bezestins dans cette capitale de l'empire Ottoman ; le vieux et le nouveau : le vieux a été bâti en 1461, sous le règne de Mahomet II. Il y a peu de marchandises fines : on y vend des armes, et des harnais de chevaux assez communs.

Le bezestin neuf est destiné pour toutes sortes de marchandises ; on n'y voit guère cependant que les marchandises les plus belles et les plus riches, comme de l'orfèvrerie, des fourrures, des vestes, des tapis, et des étoffes d'or, d'argent, de soie, et de poil de chèvre. Les pierres précieuses et la porcelaine n'y manquent pas non plus.

Ce dernier, qu'on nomme aussi le grand bezestin, est bâti en rond, tout de pierre de taille : il y a quatre portes, qui ne sont ouvertes que pendant le jour ; on y enferme pendant la nuit des gardes pour la sûreté des boutiques. Chaque corps de métier a sa place assignée, hors de laquelle personne ne peut vendre ni même exposer en vente les mêmes sortes de marchandises. C'est dans ce bezestin que les marchands Français, Anglais, Hollandais, ont leurs boutiques de draperies.

Les marchandises sont en grande sûreté dans ces lieux, et les portes en sont fermées de bonne heure. Les marchands Turcs qui y ont des boutiques, vont coucher chez eux dans la ville : pour les marchands Chrétiens ou Juifs, ils se retirent au-delà de l'eau, et reviennent le lendemain matin. Voyez BAZAR. (G)