S. m. (Commerce) ouvrier qui fait ou qui vend des miroirs. Voyez MIROIR. La communauté des Miroitiers est composée de celle des Bimblotiers et de celle des Doreurs sur cuir. Par cette union les Miroitiers ont la qualité de Miroitiers Lunettiers-Bimblotiers, Doreurs sur cuir, Garnisseurs et Enjoliveurs de la ville, fauxbourgs, vicomté et prevôté de Paris.

Ils ont quatre jurés, dont l'élection de deux se fait chaque année, en sorte qu'ils restent chacun deux années de suite en charge, gouvernent la communauté, donnent les chef-d'œuvres, reçoivent les maîtres, et font les visites, dans lesquelles lorsqu'il se fait quelque saisie, ils sont obligés d'en faire le rapport dans les vingt-quatre heures.


Nul ne peut vendre miroirs, lunettes ou bimblots, s'il n'est maître, et s'il n'a fait chef-d'œuvre de l'un de ces trois ouvrages, auquel tous sont tenus, à la réserve des fils de maîtres qui ne doivent que simple expérience, mais qui sont néanmoins obligés de payer les droits du Roi et des jurés.

Chaque maître ne peut obliger qu'un seul apprenti à-la-fais : il est toutefois permis d'en prendre un second la dernière année du premier.

L'apprentissage est de cinq années entières et consécutives, après lesquelles l'apprenti peut aspirer à la maitrise et demander chef-d'œuvre, qu'on lui donne suivant la partie du métier qu'il a choisie et qu'il a apprise.

Les compagnons, même ceux qui sont apprentis de Paris, ne peuvent travailler pour eux, mais seulement pour les maîtres ; et les maîtres ne leur peuvent non plus donner d'ouvrage à faire en chambre, ni autre part qu'en leur boutique.

Les veuves ont droit de tenir boutique ouverte, et d'y faire travailler par des compagnons et apprentis.

Les ouvrages permis aux maîtres de la communauté, à l'exclusion de tous autres, sont des miroirs d'acier, et de tous autres métaux, comme aussi des miroirs de verre, de crystal et de crystallin, avec leurs montures, bordures, couvertures, et enrichissements, des boutons pareillement de verre et de crystal ; des lunettes et des besicles de toutes sortes, montées en cuivre, corne, et écaille de tortue, les unes et les autres de crystal de roche, de crystallin, ou de simple verre ; enfin tout ce qu'on peut appeler ouvrage de bimblotterie d'étain mêlé d'aloi, comme boutons, sonnettes, annelets, aiguilles, et autres petits jouets d'enfants, qu'ils nomment leur menage et leur chapelle, même des flacons d'étain servant à mettre vin et eau, cuilleres, salières, et autres légères bagatelles d'étain de petit poids, et à la charge que les salières entr'autres ne seront hautes que d'un demi-doigt, et ne pourront peser qu'une livre et demie la douzaine.

Les jurés sont obligés de faire la visite des ouvrages apportés par les marchands forains, et de vaquer au lotissage de ces marchandises et matières propres au métier, arrivant dans la ville de Paris. Pour cette raison ils sont déchargés pendant les deux années de leur jurande, du soin des boues et lanternes.

Les découvertes d'Optique et d'Astronomie ont beaucoup augmenté les ouvrages des maîtres Miroitiers-Lunettiers, à cause de la taille des verres et de la fabrique des miroirs de métal dont les Astronomes et les Opticiens ont besoin, les uns pour leurs expériences, et les autres pour leurs observations célestes : c'est pourquoi ils ont pris la qualité de Miroitiers-Lunettiers-Opticiens.

Outre les verres oculaires et objectifs qui se trouvent dans leurs boutiques, comme lunettes simples, télescopes ou lunettes de longue vue, les binocles, les lorgnettes, les microscopes, et autres semblables qu'ils vendent tous montés, ils sont aussi fournis de cylindres, de cônes, de pyramides poligones, de boites à dessiner, de lanternes magiques, de miroirs ardents, soit de métal ou de verre, de prismes, de loupes, de verres à facettes ; enfin de tout ce que l'art a pu inventer de curieux et d'utîle dans l'Optique.

Les outils, instruments, et machines dont se servent les maîtres Lunettiers-Opticiens sont, le tour, les bassins de cuivre, de fer ou de métal composé ; les molettes, le rondeau de fonte ou de fer forgé ; le compas ordinaire, le compas coupant ; le gravoir, le polissoir ; les sphères ou boules ; divers moules de bois pour faire les tubes : enfin la meule de grès doux.

Les matières qu'ils emploient pour travailler leurs verres, les adoucir et les polir, sont le grès, l'émeril, la potée d'étain, le tripoli, le feutre et le papier. Voyez l'article VERRERIE, Dictionn. du comm.