Politique

S. f. (Politique) avis de quelque événement vrai ou faux. C'est une vieille ruse politique qui trouve toujours des dupes, que de débiter et de répandre en temps de guerre de fausses nouvelles en faveur de son pays. Stratoclès ayant appris que les Athéniens avaient perdu une bataille navale, se hâta de prévenir les porteurs d'une si triste nouvelle, se couronna de fleurs, et publia de tous côtés dans Athènes, que l'on venait de remporter une victoire signalée. Le peuple crédule courut en foule au temple, s'empressa de témoigner sa reconnaissance aux dieux par des sacrifices ; et le magistrat trompé par la voix publique, distribua des viandes à chaque tribu : mais au bout de deux jours le retour du débris de l'armée dissipa la joie, et la changea en fureur contre Stratoclès. On le cita, il comparut avec assurance, et de sang froid il répondit. Pourquoi vous plaindre de moi ? me ferez-vous un crime, de ce qu'en dépit de la fortune, j'ai su deux jours entiers vous donner les plaisirs de la victoire, et par mon artifice dérober tout ce temps à votre douleur ?

S. f. OLIGARCHIQUE, adj. (Politique) C'est ainsi qu'on nomme la puissance usurpée d'un petit nombre de citoyens qui se sont emparés du pouvoir, qui suivant la constitution d'un état devait résider soit dans le peuple, soit dans un conseil ou sénat. Il est bien difficîle qu'un peuple soit bien gouverné, lorsque son sort est entre les mains d'un petit nombre d'hommes, dont les intérêts diffèrent, et dont la puissance est fondée sur l'usurpation. Chez les Romains le gouvernement a plusieurs fois dégénéré en oligarchie ; il était tel sous les décemvirs, lorsqu'ils parvinrent à se rendre les seuls maîtres de la république. Cet odieux gouvernement se fit encore sentir d'une façon plus cruelle aux Romains sous les triumvirs, qui après avoir tyrannisé leurs concitoyens, avoir abattu leur courage et éteint leur amour pour la liberté, préparèrent la voie au gouvernement despotique et arbitraire des empereurs.
S. m. (Politique d'Athènes) loi par laquelle le peuple athénien condamnait sans flétrissure ni déshonneur, à dix ans d'exil, les citoyens dont il craignait la trop grande puissance, et qu'il soupçonnait de vouloir aspirer à la tyrannie.

Cette loi fut appelée ostracisme, du mot grec , qui signifie proprement une écaille, ou une coquille ; mais qui dans cette occasion, est pris pour le bulletin, s'il m'est permis de me servir de ce terme, sur lequel les Athéniens écrivaient le nom du citoyen qu'ils voulaient bannir. Peut-être que désignait un morceau de terre cuite faite en forme d'écaille ou de coquille, du-moins les Latins ont traduit le mot grec par testula.

(Histoire moderne, Politique) c'est ainsi que l'on nomme en Pologne les conditions que la nation polonaise impose aux rois qu'elle s'est choisi dans la diete d'élection. Le prince élu est obligé de jurer l'observation des pacta-conventa, qui renferment ses obligations envers son peuple, et surtout le maintien des privilèges des nobles et des grands officiers de la république dont ils sont très-jaloux. Au premier coup-d'oeil on croirait d'après cela que la Pologne jouit de la plus parfaite liberté ; mais cette liberté n'existe que pour les nobles et les seigneurs, qui lient les mains de leur monarque afin de pouvoir exercer impunément sur leurs vassaux la tyrannie la plus cruelle, tandis qu'ils jouissent eux-mêmes d'une indépendance et d'une anarchie presque toujours funeste au repos de l'état ; en un mot, par les pacta-conventa les seigneurs polonais s'assurent que le roi ne les troublera jamais dans l'exercice des droits, souvent barbares, du gouvernement féodal, qui subsiste aujourd'hui chez eux avec les mêmes inconvénients que dans une grande partie de l'Europe, avant que les peuples indignés eussent recouvré leur liberté, ou avant que les rais, devenu plus puissants eussent opprimé les nobles ainsi que leurs vassaux.

S. m. (Politique) les princes, ou ceux qui sont les distributeurs de leurs grâces, commettent des injustices que l'on nomme passedroits ; lorsqu'ils accordent des récompenses, des grades, des dignités à des personnes qu'ils veulent favoriser, au préjudice de celles qui par leurs services ou par la carrière qu'elles avaient embrassée, avaient droit d'espérer ces grâces. Les récompenses sont entre les mains des souverains, des moyens puissants pour exciter dans leurs sujets l'amour de la patrie et de leurs devoirs. Rien n'est donc plus contraire aux intérêts d'un état, que de priver ceux qui en ont bien mérité des avantages qui leur sont dû.. La douleur causée par cette privation devient encore plus sensible lorsqu'ils voient qu'on leur préfère des hommes qui n'ont d'autre titre que la faveur et l'intrigue. De telles injustices détruisent l'émulation et l'énergie nécessaires dans les personnes qui servent leur pays. Des intriguans parviennent à des places dont ils sont incapables, et le mérite réel, qui ne sait point s'abaisser à la flatterie et aux pratiques sourdes, est écarté, ou demeure enseveli dans une obscurité qui le rend inutîle à la patrie.