S. f. (Histoire naturelle) c'est ainsi qu'on nomme une substance fossile, qui ressemble parfaitement à des racines d'arbres pétrifiées. Elle est ordinairement inégale et raboteuse, d'un blanc jaunâtre, cependant dans quelques parties elle est quelquefois blanche comme de la neige, tandis que d'autres parties sont grises ou noirâtres. Cette substance ne se trouve que dans des terrains arides et sablonneux ; elle est d'une forme cylindrique ; on en trouve depuis la grosseur d'une plume, jusqu'à celle du bras ou de la cuisse. Le tissu de cette substance est moins compacte au centre que vers l'extérieur ou l'écorce : quelques morceaux paraissent avoir leur centre rempli de petits trous comme l'intérieur des os. Les gros morceaux ou racines ont moins de consistance et de solidité que les petits. En général l'ostéocolle est tendre et fragîle tant qu'elle est en terre, ce qui fait qu'on a beaucoup de peine à la tirer en grands morceaux, mais elle acquiert de la consistance lorsqu'elle a été exposée à l'air.

Les naturalistes ont été très-embarrassés pour connaître la nature et l'origine de l'ostéocolle, quelques-uns l'ont pris pour une concrétion spathique, d'autres l'ont regardé comme une espèce de tuf ou d'incrustation ; d'autres ont cru que c'était des ossements calcinés ou pétrifiés à cause de sa forme et de son tissu. Ferrante Imperato en a très-bien jugé lorsqu'il a dit que c'était une racine changée en une pierre tendre et mêlée de sable. En effet cela est conforme aux observations et aux expériences les plus récentes qui ont été faites sur l'ostéocolle ; elles sont dû.s à M. Gleditsch de l'académie de Berlin ; il a examiné cette substance qui se trouve très-communément dans la Marche de Brandebourg, et le célèbre M. Marggraf en a fait l'analyse chimique. Voyez les mémoires de l'académie royale de Berlin, année 1748.

D'après ces observations il parait constant que l'ostéocolle a été formée par des racines d'arbres, qui, après s'être pourries dans le sable par l'humidité, ont été remplies peu-à-peu d'une terre calcaire, semblable à de la craie ou à de la marne mêlée de sable, à qui ces racines pourries ont servi de moule. Ce qui constate ce sentiment d'une manière indubitable, c'est un fait rapporté par M. Gleditsch. Lorsqu'il s'occupait à chercher de l'ostéocolle, il vit un pin placé sur un lieu élevé, les eaux avaient entrainé une partie du terrain sablonneux qui couvrait ses racines, dont plusieurs étaient à nud par un côté ; ayant eu la curiosité d'examiner ses racines par le côté où elles étaient encore enfoncées dans le sable, il trouva qu'une de ces racines de la grosseur du bras, et tenant encore au tronc, était changée en ostéocolle, et que la partie ligneuse pourrie et changée en terre était restée au centre. Ce fait est propre à lever toutes les objections, puisqu'il prouve la pétrification d'une racine ensevelie dans le sable, et qui tenait encore à l'arbre vivant. D'autres observations ont convaincu M. Gleditsch de plus en plus de cette vérité, il a trouvé des ostéocolles, dans lesquelles la substance ligneuse était encore mêlée avec la substance terreuse ou pierreuse.

Toutes ces observations sont confirmées par les expériences que M. Marggraf a faites sur l'ostéocolle ; elles prouvent qu'elle est composée d'une pierre calcaire, d'un sable fin, et de particules de végétaux pourris. Voyez les mémoires de l'académie de Berlin, année 1748. pag. 35-59.

M. Beurer de Nuremberg a aussi examiné l'ostéocolle avec beaucoup d'attention ; ses observations s'accordent parfaitement avec celles de M. Gleditsch, excepté qu'il soupçonne que cette substance est produite par les racines du peuplier noir, Ve qu'il aperçut une branche desséchée de cet arbre et un rameau encore verd adhérent à un peuplier noir, dont la partie supérieure était encore du bois, et dont la partie inférieure était changée en ostéocolle. Voyez les transact. philosoph. n °. 476.

Les Naturalistes ont donné une infinité de noms différents à cette substance qu'ils connaissaient si peu ; il est à-propos de les rapporter pour pouvoir entendre les différents ouvrages qui en ont parlé ; ils l'ont appelé ostéocolla, ostéites, lapis ossifragus, ossina, ossisana, lapis morochius, hammosteus, enosteos, holosteus, ostéolithus, stelechites, lapis asiaticus, lapis sabulosus, lapis spongiae, cysteolithus, fossîle arborescens. La plupart de ces dénominations sont fondées sur la ressemblance que cette substance a avec les os, ou sur la prétendue vertu qu'on lui a attribuée de servir à consolider et à faire reprendre les os fracturés ; c'est pour cela qu'on l'appelle aussi pierre des rompus, ou pierre des os rompus. On sent aisément que ces vertus sont imaginaires, cependant l'ostéocolle occupe encore une place dans la boutique des apoticaires d'Allemagne, qui souvent lui substituent du gypse ou du spath.

OSTEOCOLLE, on assure que l'ostéocolle est un spécifique pour la génération du cal dans les fractures. Fabrice de Hildan en dit des merveilles dans ses observations de chirurgie. Il prétend que par l'usage intérieur et extérieur de cette pierre, il a obtenu bien plus promptement que d'ordinaire la consolidation des os fracturés. Il a des observations par lesquelles il semble que le cal était difforme, parce qu'il se faisait avec trop de précipitation, comme si la nature avait porté, par l'opération de cette pierre, une trop grande quantité de sucs osseux à la partie fracturée. L'auteur assure avoir été obligé de s'abstenir de l'usage de l'ostéocolle, et d'employer des moyens pour réprimer le cal, tels que des remèdes repercussifs, et une plaque de plomb bien serrée : de-là il conclut qu'on ne peut se servir utilement de ce secours que pour des vieillards en qui les sucs nourriciers manquent ; mais que sur un jeune homme, tel que celui qui était le sujet de son observation, il fallait en user bien modérément. Il y a bien de l'apparence qu'il en a été de ce remède, comme de toutes les nouveautés qu'on accueille d'abord avec enthousiasme contre toute raison, et qu'on abandonne souvent tout à fait avec aussi peu de fondement, parce qu'il pourrait y avoir un point d'utilité, en-delà et en-deçà duquel on se porte trop communément. (Y)

OSTEOCOLLE, (Matière médicale) les pharmacologistes ont encore attribué à cette substance pierreuse des qualités spécifiques contre les fleurs blanches et la gonorrhée ; ces vertus sont purement imaginaires : et même quoique l'ostéocolle soit formée en partie d'une certaine quantité de terre soluble par les acides, elle n'est pas même utîle à titre d'absorbant, parce que, selon Cartheuser, qui l'appelle avec raison rude, crassum, et ignobîle concretum, elle est encore composée d'une autre matière qui n'est nullement médicamenteuse, savoir de sable. Une petite quantité d'huîle empireumatique et de phlegme alkali volatil qu'on en retire par la violence du feu, et quelques faibles vapeurs d'esprit de sel qui s'en élèvent par l'application de l'acide vitriolique, peuvent indiquer l'origine végétale de l'ostéocolle, mais non pas des vertus médicinales. (b)