SAULMON, Salmo, s. m. (Histoire naturelle, Ichtyologie) poisson de mer que Rondelet a mis parmi les poissons de rivière, parce que l'on pêche plus de saumons dans les rivières qui aboutissent à la mer, que dans la mer même. On donne le nom de taçons aux jeunes saumons, et celui de beccards aux femelles. Le saumon en général, est couvert de petites écailles rondes, il a le dos d'un bleu obscur, et le ventre d'une couleur blanche argentée ; la mâchoire inférieure est un peu courbée en haut, les yeux sont grands, il y a sur la tête de petites taches rondes, comme sur le reste du corps, et celles de la femelle sont plus grandes que celles du mâle ; les mâchoires et la langue sont garnies de dents longues et aiguës ; le saumon a deux nageoires près des ouies, deux sur le ventre, une au-dessous de l'anus, une grande sur le dos, vis-à-vis les deux du ventre, et une petite près de la queue ; celle-ci et celle de l'anus sont grasses et un peu charnues ; la nageoire qui termine la queue, est fort large ; la chair de ce poisson est très-nourrissante et blanchâtre, elle devient rouge en cuisant, ou lorsqu'elle est salée. Les taçons ressemblent beaucoup aux truites ; il est même difficîle de les distinguer les uns des autres quand ils sont de la même grosseur. Rondelet, hist. des poissons de rivière, chap. j. Voyez POISSON.

SAUMON, (Pêche du saumon) les rets à saumons sont composés de fort gros fil ; les mailles en ont trois pouces en carré ; le rets est long de 25 à 30 brasses, et a quatre pieds de chute seulement ; il est amarré sur des pieds ou pieux de bois, hauts de six pieds et enfoncés du tiers dans le sable, et distants de trois pieds l'un de l'autre, en sorte que le filet sédentaire croise la marée, en traversant une gorge ou lit de rivière.

Les pêcheurs qui s'en servent, ne pêchent que d'ebe, le poisson se maille quelquefois ; on ne tend ces sortes de filets que de morte eau, parce que les grandes marées auraient bientôt dessablé les pieux.

On ne pêche le saumon que quand il a monté dans la rivière ; et lorsque les pêcheurs s'aperçoivent au mouvement du filet, que le poisson a touché, ils le prennent avec le havenel ; cette pêche qui est sédentaire et arrêtée, ne peut faire aucun tort, comme font les pêches trainantes de la dreige, etc.

La pêcherie de saumon située sur la rivière de Blanel, dans le ressort de l'amirauté de Vannes, est composée de neuf tonnes et demie, en pieux et maçonnerie, formée de même que les avant-becs de ponts, pour rompre et couper le courant de l'eau ; ces cinq tonnes, qui sont à la rive du o. n. o. appartiennent au prince de Guimené, et les quatre et demie qui sont à la rive de l'e. s. e. et joignant ledit moulin, appartiennent à la dame abbesse ; au milieu de ces tonnes, il y a un trou commun, qui sépare celles de ces deux propriétaires ; ce trou est de la largeur de dix pieds, et ne doit être clos de quoi que ce sait, mais toujours ouvert afin de tenir libre le milieu de la rivière.

Entre chaque tonne sont placés des pieux avec des coulisses, pour y mettre des rateliers ou claies de bois, formées comme les échelles, de deux pieds environ de largeur ; les bâtons n'y laissent qu'un intervalle d'un pouce et demi ; il y a six ou sept de ces rateliers entre chaque tonne, les rateliers sont garnis entièrement d'échelons, excepté les deux qui joignent chaque tonne, qui ont au bas un petit sac, poche, verveux, ou guideau de rets, d'une brasse de long, de dix-huit pouces de hauteur, qui se tient naturellement ouvert par le courant de l'eau par où entre le poisson ; ces raux et les rateliers sont doubles et éloignés les uns des autres d'environ trois pieds, avec de semblables poches au bas des rateliers qui joignent les tonnes, pour pouvoir pêcher également de marée montante et descendante, en sorte que le poisson qui est une fois entré dans cet intervalle, n'en saurait plus absolument sortir, et y reste enfermé comme dans un réservoir.

On pêche des saumons et des truites depuis Noë, jusqu'à la Pentecôte ; la saison où elles se prennent en plus grand nombre ou en plus grande abondance, est depuis le commencement du carême jusqu'à Pâque ; quand les eaux du blanc couvrent la chaussée du trou commun, ces pêcheries ne peuvent plus rien prendre, parce que le poisson s'échappe aisément pour monter plus haut, suivant son instinct naturel.

Les sacs des guideaux qui y servent, les mailles qui les composent, ont à l'entrée qui est amarrée au-bas des rateliers, vingt-sept lignes en carré, ensuite vingt-quatre, vingt-deux en diminuant ; en sorte que celles qui sont à l'extrémité du sac, n'ont au plus que dix lignes en carré : ce qui est d'autant plus abusif, que ces mailles étant composées de gros fils, se resserrent de telle manière, quand elles sont mouillées, qu'il n'est pas possible que quoi que ce soit en puisse échapper. Voyez les figures dans nos Planc. de pêche.

Il y a encore une autre sorte de pêcherie qu'on peut considérer comme un grand gor ou bouchot, qu'on établit dans les rivières ; elle est composée de deux ailes ou murailles construites de pieux et de clayonnage, comme sont celles des bouchots ; au milieu il y a un intervalle assez large pour que les bâtiments qui remontent, puissent passer librement durant le temps de la pêche, qui est celui de la saison des aloses et des saumons : cet intervalle est clos d'un rets semblable aux filets ou seines dérivantes, dont ils se servent pour cette pêche, comme font tous les autres pêcheurs dans les embouchures des rivières, où ces deux sortes de poissons abondent ; on lève le rets pour faire passer les bateaux qui remontent.

Cette pêcherie n'arrête d'elle-même aucun poisson, mais seulement les empêche de monter plus haut ; et ceux qui ont le droit de la pêcherie, font la pêche dans l'espace que le droit de pêcherie prohibitive leur a accordée.

Les mailles du filet qui clôt la pêcherie dans le temps que s'en fait la pêche, qui dure du mois de Février jusqu'en Juin, et de ceux qui servent aux pêcheurs, sont de trois échantillons ; les plus larges ont vingt-sept lignes en carré, les autres vingt-cinq, et les plus serrées vingt-deux lignes au plus. Voyez les Planches de pêche.

Voici encore la description d'une pêcherie de saumons établie à Châteaulin, dans le ressort de l'amirauté de Quimper en Bretagne. La marée monte jusqu'au pied de la pêcherie, et se fait même encore sentir au-delà ; il y a trois ouvertures fermées de barrots éloignés de 10 à 20 lignes les uns des autres.

La pêcherie est composée d'une écluse ou chaussée de pierre, qui barre toute la rivière, à l'exception d'un petit passage qui est du côté de la côte à l'o. Au milieu il y a encore une ouverture pour les bateaux-pêcheurs, et par laquelle les saumons entrent aussi dans la pêcherie.

On fait à Châteaulin la pêche du saumon de deux différentes manières : la première se fait sans aucun soin dans le gorre ou le coffre de pêcherie : et l'autre, entre la chaussée de la pêcherie, avec bateau, tant au-dessus qu'au-dessous du pont de la ville, jusqu'à l'écluse qui est éloignée du pont de cent taises environ.

La digue de bois et pierres ou estocades de la pêcherie traverse la rivière d'une rive à l'autre ; elle est formée de pieux qui se nomment poulains ; ils exhaussent la chaussée assez haute, pour qu'elle puisse s'élever, en sorte qu'il reste sept à huit pieds de hauteur au-dessus du niveau des plus basses marées.

Sur la tête des poulains sont placées en talut en forme d'arcboutant, de grosses solives ou poutrelles que l'on nomme juments ; elles ont quinze à vingt pieds de longueur ; elles sont appuyées encore sur un talut de pierre, arrêtées par le haut par des soles longuerines ou longs bordages de trois pouces d'épaisseur, de différentes largeurs ; il y en a trois semblables par le bas ; les pieux des poulains et les juments sont éloignés de 18 à 24 pouces l'un de l'autre. La tête des juments avance au-delà de celle des poulains d'environ trois pieds, pour empêcher par cet avance les saumons qui viennent au bas de la pêcherie, de se pouvoir élancer au-dessus.

Le talut de la digue qui est exposé au courant de la rivière, est garni du pied jusqu'au-dessus, de clayonnage ou de claies de six pieds de long, de trois de large ; on en met trois ou quatre l'une sur l'autre ; le pied de ce clayonnage qui tombe au-bas de la digue, y est arrêté par les pierres qui sont au-bas du talut : ces claies ne durent ordinairement que deux années, à moins qu'elles ne soient plus tôt emportées par les lavasses, comme il arrive quelquefois. Il faut jusqu'à cent douzaines de ces claies pour garnir le talut de cette digue : ce clayonnage en est la conservation.

Il y a au milieu de cette digue une ouverture fermée seulement de claies ou d'échelles à claires voies, comme on l'a observé ci-devant dans les autres pêcheries, pour donner lieu à l'écoulement des eaux et au passage du frai du saumon qui cherche à se jeter à la mer, et à ceux qui y veulent retourner après avoir frayé : cette largeur reste ouverte dans le même temps que celle des chaussées et tonnes de pierres.

Le saumon qui veut monter, et qui ne trouve aucun passage le long de cette digue, la cottoie ; comme son instinct le porte alors à remonter, il cherche toujours jusqu'à ce qu'il ait trouvé une issue ; il y a au bout de la digue du côté de l'est, un coffre, boutique ou goret ; il peut avoir environ un pied de largeur et 10 de long ; il est enfoncé d'environ les 2/3 dans l'eau ; il n'y a à la boutique qu'un seul trou de 18 pouces d'ouverture en carré placé au plus bas du coffre ; il est armé de fer, et les bouts qui en sont formés en pointe, se resserrent, en sorte qu'il ne reste au plus que le passage d'un gros saumon, qui n'y peut même encore entrer qu'en forçant un peu les pointes du guide, qui prête et se remet ensuite. Les pêcheurs nomment cette garniture le guide ou guideau, parce qu'il conduit le poisson, qui entre aussitôt qu'il l'a trouvé, et qui ne peut plus sortir de la boutique, quand il y est une fois entré, parce qu'il est arrêté par les pointes du guideau ; on le retire de ce réservoir d'abord que l'on s'aperçoit qu'il y est entré ; les pêcheurs, pour les y pêcher, ont un haveneau emmanché, dont le sac est formé de mailles, qui ont dix-huit, dix-neuf et vingt lignes en carré ; on y pêche quelquefois vingt, trente et quarante saumons d'une seule marée ; on porte ces saumons à Rennes, Saint Malo, Brest et autres villes de la province, et même jusqu'à Paris, quand la saison le permet ; les frais du transport ne sont pas un obstacle à ce commerce, par la vente avantageuse qu'on en fait ; il y a eu quelques années où l'on en a pris une quantité telle que tous frais faits, le propriétaire de la pêcherie en a eu plus de dix mille livres net de profit, ainsi qu'il l'a lui même assuré. Voyez les figures dans nos Planc. de pêche.

La deuxième espèce de pêche se fait entre la chaussée et la digue, avec deux bateaux, dans chacun desquels sont deux hommes, dont l'un nage, et l'autre tient une perche de deux à trois brasses de long ferrée par le bas ; à cette perche est amarré un filet en forme de sac, de chalut ou rêt traversier, sans flottes par la tête, ni pierres, ni plomb par le pied ; son ouverture par le haut de la gueule a environ cinq brasses ; le bas de la même ouverture en a quatre ; les côtés ont six brasses de longueur, et le fond du sac en a autant ; les mailles du ret dont il est composé, sont de la grandeur de celle du haveneau, dont on se sert pour faire la pêche dans le coffre : ce sont les mêmes mailles que celles des seines dérivantes pour la pêche de l'alose et du saumon dans les rivières où l'on en fait la pêche ; au coin du fond du sac est amarrée une petite cordelette que l'on nomme guide, que l'un des pêcheurs qui tient la poche presse dans l'index de la main droite, et que l'autre tient dans celui de sa gauche ; les deux bateaux ne sont éloignés l'un de l'autre que de trois brasses au plus, ils vont de conserve : et quand l'un d'eux s'aperçoit par sa cordette ou guide, qu'il y a dans le filet du poisson de pris, ce qu'il sent dans l'instant par le mouvement extraordinaire que le saumon fait faire au filet en s'agitant quand il est arrêté, il avertit aussitôt le pêcheur de l'autre bateau ; ils relèvent alors chacun leur pêche en même temps ; ils se rapprochent, et retirent le poisson de leur pêche par l'ouverture du sac qu'ils mettent auparavant dans leurs bateaux ; ils tuent le saumon en le retirant, et recommencent ensuite la pêche.

Cette pêche ne se peut faire que de jour seulement, les pêcheurs trainant ainsi leur filet par fond, parce que le saumon qui monte, ne parait guère au-dessus de l'eau, qu'il refoule aisément, étant alors dans sa force ; au contraire quand il retourne à la mer, et qu'il est alors énervé de l'opération du frai, il s'en retourne en troupe ; et comme il n'a point de force, il se laisse emporter par le courant de l'eau, et nage à sa surface.

Le temps de la pêche du saumon à Châteaulin, est depuis le mois d'Octobre ou au commencement de Novembre jusqu'à Pâques qu'on prend ce grand poisson ; depuis Pâques jusqu'à la S. Jean, qu'on la continue encore, on ne pêche guère alors que le saumon que les pêcheurs bretons nomment guenie, qui est gris, ou jeune saumon de l'année ; au commencement de Juillet on tient les vannes des écluses ouvertes, pour laisser au saumon la liberté de monter.

Les rivières où les saumons et les truites abondent, ne sont ordinairement point poissonneuses, parce que les saumons mangent les autres poissons, et s'en nourrissent ; ils sont même si voraces qu'ils s'entre-mangent.

Rien ne fait plus de tort à la pêche de ce poisson que la saison où les riverains mettent rouir leurs chanvres ; les eaux empoisonnées en chassent tous les poissons, qui n'y reviennent qu'après que ces eaux corrompues se sont écoulées.

Description de la pêche des saumons et des truites avec grands verveux. La pêche des saumons et des truites se fait encore dans le ressort de l'amirauté d'Abbeville ; les pêcheurs qui la pratiquent font cette pêche avec de grands verveux, que les Picards nomment vergneuls ou vergneux, dont l'ouverture est d'une brasse environ ; ils en placent quatre à cinq côte-à-côte, en sorte que ces instruments barrent toute la rivière, et l'ouverture est exposée au courant ; ainsi ils ne pêchent ces poissons que lorsqu'ils descendent pour aller à la mer, à-moins qu'ils ne les retournent pour pêcher de marée montante.

Les verveux sont tenus ouverts, au moyen de plusieurs cercles, à chacun desquels il y a un goulet par lequel le poisson entre dans le corps du verveux, et d'où il ne peut plus sortir lorsqu'il y est une fois entré ; ils nomment ces goulets moille.

SAUMON, (Epicier) est un vase oblong, terminé aux deux bouts par deux espèces d'ouïes de saumon, ce qui lui a donné le nom de saumon ; les Epiciers s'en servent pour fondre la cire de leurs bougies. Voyez les Pl.

SAUMON, terme de Plombier, est une espèce de bloc ou masse de plomb, qui n'a encore reçu d'autre façon que celle qu'on lui a donnée par la fonte en sortant de la mine ; on l'appelle aussi navettes.