RHOMBE, ROMBO, BERTONEAU, s. m. (Histoire naturelle, Ichtyologie) rhombus ; poisson de mer plat, dont Rondelet décrit deux espèces ; il nomme la première turbot piquant, parce qu'il a des aiguillons ; et la seconde turbot sans piquans, parce qu'il est lisse.

Le turbot piquant a la figure d'un lozange ; il est plat, il reste sur les côtés, il a des aiguillons sur toute la face supérieure du corps, et principalement sur la tête ; cette face entière est brune et a une ligne noire qui s'étend depuis la tête jusqu'à la queue ; la face inférieure est blanche ; les nageoires sont noires en-dessus et blanches en-dessous ; la bouche est grande et dépourvue de dents ; il y a deux barbillons à la mâchoire inférieure ; le corps est bordé de chaque côté par une nageoire qui s'étend jusqu'à la queue ; elle a plus de hauteur au milieu de sa longueur qu'aux extrémités. Ce poisson est fort goulu, il se nourrit d'autres poissons et principalement de crabes ; sa chair est un peu dure et cassante, c'est un mets très-délicat. Les turbots de l'Océan sont plus grands que ceux de la Méditerranée ; on en pêche qui ont jusqu'à cinq coudées de longueur, quatre de largeur, et un pied d'épaisseur.

Le turbot sans piquans ne diffère du précédent qu'en ce qu'il n'a point du tout d'aiguillons, et qu'il est plus large et plus mince : on lui a donné le nom de barbut, dans plusieurs provinces de France, et celui de pansar en Languedoc. Voyez BARBUT. Rondelet, hist. nat. des poissons, première partie, liv. XI. c. j. et XIe Voyez POISSON.

TURBOT, (Littérature) Juvenal, sat. 4. nous a laissé la description très-vive et très - satyrique d'une séance de conseil, qui fut tenue dans le château d'Albe, au sujet d'un turbot monstrueux, dont on avait fait présent à Domitien. Fallait-il couper ce poisson, ou le faire cuire tout entier ? c'est le sujet de la délibération ; il fut conclu que l'on ferait sur le champ un vase de terre assez grand pour le contenir, et qu'il y aurait désormais des potiers à la suite de la cour. Heureux les Romains, si dans le conseil de l'empereur on n'eut décidé que des questions de cette espèce ! mais on y condamnait à mort les plus illustres citoyens, ou l'on y prenait la résolution de les faire condamner par le sénat. Le château d'Albe, dit Tacite, était regardé comme la citadelle du tyran (Domitien). La Bletterie, sur Tacite. (D.J.)