(Histoire naturelle) ce mot signifie poisson-femme, il a été donné par les Portugais à un poisson d'eau douce qui se trouve dans le royaume de Congo en Afrique. On dit qu'il a la tête plate comme une grenouille, sa gueule est armée de deux rangées de dents blanches et déliées ; ses yeux sont grands et sortants ; ses narines sont larges comme celles d'un dogue ; son front est grand et ses oreilles évasées. Il a des poils fort longs qui flottent le long de son dos qui est large ; son cou est épais et court. Sur son estomac sont des mammelles fermes et tendues, le reste du ventre est velu ; le sexe est facîle à distinguer. Cet animal singulier a des espèces de bras longs et nerveux, au bout desquels sont cinq doigts qui ont chacun trois articulations ; chaque doigt est uni aux autres par une membrane semblable à celle des pattes d'un canard ; le ventre se termine en queue de poisson ; cette partie est couverte d'écailles et est fourchue, par-dessus le tout est une peau qui couvre l'animal comme d'un manteau, et qui Ve depuis le cou jusqu'aux deux tiers de la longueur du corps, c'est où il loge ses petits ; ce sont peut-être des poissons de cette espèce qui ont donné naissance aux fables des naïades, des sirènes, etc.

Ce poisson se trouve dans les rivières et les lacs du royaume de Congo ; il se retire parmi les roseaux, le mâle ne quitte gueres sa femelle ; on les tue malgré leurs cris lamentables, et leur chair est un manger délicat pour les Africains, quoique les Européens n'en portent point le même jugement. Les Négres attribuent beaucoup de vertus fabuleuses à leurs côtes et à deux os qui se trouvent au-dessus de leurs oreilles.