cantharis. s. f. (Histoire naturelle, Insectologie) genre d'insecte dont on distingue plusieurs espèces. M. Linnæus le met dans la classe des insectes, qui ont des enveloppes à leurs ailes et des mâchoires dans leurs bouches. Les cantharides, selon le même auteur, ont les antennes faites en forme de soies ; les fausses ailes flexibles ; la poitrine un peu aplatie, bordée et arrondie, et les côtés du ventre plissés, etc. Syst. naturae. Mouffet divise les espèces de cantharides en grandes et en petites. Celles qu'on estime le plus comme remède, sont grandes ; leur corps est épais et allongé : il y a sur leurs ailes des lignes transversales de couleur d'or. On les trouve dans les blés. Insect. theatrum. Il y a des cantharides de différentes couleurs : celle que l'on emploie dans la Pharmacie sont d'une très-belle couleur verte, luisante, azurée, mêlée de couleur d'or ; elles ont environ neuf lignes de longueur. On les trouve en été aux environs de Paris et en plusieurs autres lieux, sur les feuilles du frêne, du rosier, du peuplier, du noyer, du troêne, etc. dans les prés, et aussi sur les blés, où elles causent du dommage. Il y a beaucoup de ces insectes dans les pays chauds, comme l'Espagne, l'Italie, et les provinces méridionales de la France. Ils sont fort rares en Allemagne. Les cantharides sont quelquefois réunies en si grand nombre, qu'elles paraissent en l'air comme un essaim qui serait poussé par le vent : alors elles sont précédées par une odeur desagréable qu'elles répandent au loin. Ordinairement cette mauvaise odeur sert de guide lorsqu'on cherche à ramasser de ces insectes. Les cantharides viennent d'un vermisseau semblable en quelque façon à une chenille. Voyez la description détaillée des trois espèces de cantharides, dans les Eph. de l'acad. des cur. de la nat. dec. 2. an. 2. obs. 20. et 21. 22. Voyez INSECTE. (I)

* Les cantharides en poudre appliquées sur l'épiderme, y causent des ulcérations, excitent même des ardeurs d'urine, la strangurie, la soif, la fièvre, le pissement de sang, etc. et rendent l'odeur puante et cadavéreuse. Elles causent les mêmes symptômes prises intérieurement. On a observé qu'elles nuisaient beaucoup à la vessie. Voyez des exemples de ces effets dans les Ephémérides des curieux de la nat. dec. 2. an. 7. obs. 86. dans les récits anat. de Barthol, cent. I. hist. 21. On lit dans Paré, qu'une courtisanne ayant présenté des ragouts saupoudrés de cantharides pulvérisées à un jeune homme qu'elle avait retenu à souper, ce malheureux fut attaqué le jour suivant d'un priapisme et d'une perte de sang par l'anus dont il mourut. Un autre fut tourmenté du mal de tête et eut un pissement de sang dangereux pour avoir pris du tabac mêlé de poudre de cantharides. Boyle Ve plus loin : il assure que des personnes ont senti des douleurs au cou de la vessie, et ont eu quelques-unes des parties qui servent à la secrétion des urines, offensées, pour avoir seulement manié des cantharides seches ; d'où il s'ensuit qu'on peut compter les cantharides au nombre des poisons. Boerhaave ordonne contre ce poison les vomitifs, les liqueurs aqueuses, délayantes, les substances huileuses, émollientes, et les acides qui résistent à la putréfaction. Quand on les emploie dans les vésicatoires, il faut avoir égard et à la maladie et à la quantité qu'on en emploie. Boerhaave les croit salutaires dans le rachitis, et toutes les fois qu'il s'agit d'aiguillonner les vaisseaux, et de résoudre des concrétions muqueuses. Mais en général, l'application extérieure de ce remède, et surtout son usage intérieur demande beaucoup de prudence et d'expérience de la part du médecin.