ou ROUSSIGNOL, s. m. (Histoire naturelle, Ornithologie) rossignol franc, lucinia seu philomela, oiseau très-connu par son chant ; il est de la grosseur du chardonneret ou de la gorge-rouge, mais il a le corps un peu plus allongé ; toute la face supérieure de cet oiseau est d'un roux clair, mêlé d'une teinte de verd ; la queue a une couleur rousse plus foncée ; le ventre est blanchâtre. La gorge, la poitrine et la face inférieure des ailes sont d'un brun obscur, mêlé d'une teinte de verd ; le bec a une couleur noirâtre, et le dedans de la bouche est jaune ; les pieds sont d'une couleur de chair obscur. Rai synop. meth. avium. Voyez OISEAU.

Le rossignol avait toujours été regardé comme un oiseau de passage, cependant l'auteur du traité du Rossignol franc prétend que cet oiseau ne quitte pas ces climats pour en aller chercher de plus temperés, il croit qu'il se tient caché pendant l'hiver à l'abri du froid. Quoi qu'il en sait, cet oiseau ne parait en France qu'au commencement d'Avril, et on ne le voit plus sur la fin de Septembre ; il est très-solitaire ; il se plait dans les lieux où il y a un écho ; il chante très-agréablement une partie du jour et de la nuit, surtout dans le temps que sa femelle pond et pendant l'incubation de ses œufs. Elle fait ordinairement deux pontes chaque année et quelquefois trois ; la troisième ponte réussit rarement, surtout si le froid commence trop tôt. Chaque ponte est de quatre ou cinq œufs qui sont d'une couleur bronzée ; le nid est long, profond, et composé de feuilles séches de chêne. Voyez le traité du Rossignol franc.

Cet oiseau admirable qui n'est que voix, et dont la voix n'est qu'harmonie, se plait dans les bois frais, épais, et ombrageux, c'est-là qu'il construit son nid, deux fois l'année, tantôt sous des buissons contre terre, et proche des troncs d'arbres, tantôt dans les arbrisseaux verts et touffus ; il le compose de feuilles, de paille, et de mousse, et le construit un peu en long. Si vous pouvez trouver de ces nids, avec des petits tout jeunes, ne les enlevez point ; mais si par hasard quelqu'un moins sage que vous vous en apportait, prenez-en le soin le plus précieux ; mettez ce nid dans un vaisseau convenable un peu couvert, jusqu'à ce que les petits puissent se soulever ; nourrissez-les attentivement avec de petits vers de farine, et avec une pâte, dont j'indiquerai dans la suite la composition ; quand les petits rossignols un peu forts, seront prêts à manger seuls, vous les mettrez dans une cage que vous placerez auprès d'un bocage afin qu'ils apprennent leur chant naturel.

Le rossignol mâle a le fondement élevé, l'oeil gros, la tête grosse et rondelette, le bec un peu gros et long, le croupion large avec une rayure au milieu, laquelle semble le partager en deux. La femelle a le fondement et la tête plus aplatie, le bec court et menu, l'oeil petit, le croupion plus étroit, et le pennage plus cendré ; donnez-lui la liberté.

Les rossignols aiment extraordinairement les vers qui viennent dans la farine ; l'on en trouve quantité chez les Pâtissiers et chez les Boulangers. Les œufs de fourmis font aussi les délices de ces oiseaux, et leur servent quelquefois de remède quand ils sont malades.

La cage où l'on met un rossignol qui a été pris au trebuchet ou au petit rêts, doit être d'abord sans bâtons, et toute environnée de papier appliqué sur de la mousse. Il faut appâteler ce rossignol tous les jours cinq ou six fois adroitement, tantôt avec de petits vers en vie, tantôt avec ces mêmes vers mêlés avec du cœur de mouton bien pur, bien battu, et haché. Quelque temps après, on ôtera peu-à-peu le papier dont la cage est environnée, en y laissant toujours de la mousse ou autre verdure, en sorte que la cage en soit toute couverte ; ainsi l'oiseau s'habituera à voir la campagne, et à respirer un air frais ; alors les bâtons que vous remettrez dans la cage doivent être garnis de mousse, parce qu'il a coutume de fréquenter les lieux qui en sont tapissés.

La pâte dont on nourrit le rossignol se fait ainsi. On prend sur deux livres de farine de pais, demi-livre d'amandes-douces mondées, quatre onces de beurre, quatre jaunes d'œufs durcis sous la cendre chaude, et bien pilés, ainsi que les amandes ; on incorpore le tout après l'avoir mêlangé, avec la farine de pois dans une poêle à confiture sur un feu de charbon, et l'on remue cette pâte jusqu'à ce qu'elle soit cuite ; ensuite on prend une livre de miel et deux onces de beurre, qu'on fait fondre dans un pot de terre neuf, et on en ôte l'écume. Alors il faut que celui qui a la pâte ait une spatule de bois, et qu'une autre personne ait une cueillere, et mette sur la pâte le miel cueillerée à cueillerée ; en même temps celui qui prend soin de la pâte la remuera continuellement jusqu'à ce qu'elle soit bien grenue ; on mettra dans cette pâte un peu de safran pour la rendre apéritive. La pâte étant bien grenue et jaune, on la passe dans une passoire, dont les trous sont ronds, et on la fait tomber sur une serviette blanche pour la sécher ; quand elle sera seche, on la serrera dans un pot qu'on tient couvert, et où elle se conservera plusieurs mois ; c'est là la meilleure nourriture des rossignols.

Ils sont fort délicats, sujets à la goutte, à des spasmes, ou trop de graisse ou de maigreur, et à de petits boutons. Si le rossignol est trop gras, on le purgera avec une couple de vers de colombier et de l'eau sucrée. Dans la trop grande maigreur, on lui donnera des figues fraiches ou séches émiettées. La goutte lui arrive au bout de deux ou trois ans, et l'on ne peut que la pallier en lui oignant les pattes d'un peu de graisse.

Ce n'est pas ici le lieu de parler de differentes espèces de rossignols connues ; je dirai seulement que Pline rapporte qu'un rossignol qui était un peu blanc fut payé de son temps six grands sesterces, c'est-à-dire environ sept cent de nos livres. Ce rossignol fut donné à cause de sa rareté, à l'impératrice, femme de l'empereur Claudius. (D.J.)

ROSSIGNOL DE MURAILLE, voyez ROUGE-QUEUE.

ROSSIGNOL DE RIVIERE, voyez ROUSSEROLLE.

ROSSIGNOLS, s. m. pl. terme de Carrier, les Carriers nomment ainsi les arcs-boutants des fourches qui soutiennent l'arbre de la grande roue des carrières. (D.J.)

ROSSIGNOL, s. m. (Charpentier) coin de bois qu'on met dans les mortaises qui sont trop longues, lorsqu'on veut serrer quelque pièce de bois, comme jambe de force ou autres. (D.J.)

ROSSIGNOL, (Maréchallerie) faire un rossignol sous la queue est une opération qu'on fait au cheval poussif outré, pour lui faciliter, à ce qu'on croit, la respiration : voici la manière de la pratiquer.

On fourre la corne de vache dans le fondement du cheval, puis avec la gouge rouge on perce au-dessus à plusieurs fais, jusqu'à ce qu'ayant percé le boyau, elle rencontre la corne, on passe alors une lame de plomb par ce trou ; on la fait ressortir par le fondement, et on entortille les deux bouts par dehors, ce qui empêche le boyau de se reprendre à l'endroit du trou.

ROSSIGNOL, terme de Serrurier ; instrument de Serrurier en forme de crochet, qui leur sert à ouvrir les portes au défaut des clés, qui sont cassées ou perdues. (D.J.)