S. m. (Histoire naturelle, Ornithologie) pavo, oiseau très-beau par ses couleurs : on dit qu'il a été apporté de la Chine en Europe où il est très-commun ; il égale en grosseur un dindon de six mois, il a trois pieds huit pouces de longueur depuis la pointe du bec jusqu'à l'extrémité de la queue, et deux pieds onze pouces jusqu'au bout des ongles. Les paons, et surtout les mâles, ont un caractère qui les distingue de tous les autres oiseaux ; c'est la longueur des plumes qui recouvrent la queue ; elles sont beaucoup plus longues que les plumes de la queue, même celles du milieu, c'est-à-dire, les plus grandes, ont quatre pieds quatre pouces de longueur ; les autres de chaque côté diminuent successivement de longueur jusqu'à la dernière qui est la plus courte ; elles forment plusieurs rangées, et elles sont couchées les unes sur les autres ; celles du milieu de chaque rangée ont toujours plus de longueur que les autres. Le tuyau de toutes ces plumes est blanc, et garni dans toute sa longueur de longues barbes détachées les unes des autres, qui sont d'un beau verd doré, cette couleur change à différents aspects. Les barbes de l'extrémité de ces plumes sont réunies les unes contre les autres, et ont une grande tache que l'on a appelée oeil ; ces taches sont arrondies et ont de très-belles couleurs ; le centre est d'un beau noir luisant, en forme de cœur, entouré d'une couleur verte changeante, qui, à certains aspects, parait être d'un beau violet ou d'un bleu éclatant ; ce cercle est aussi entouré de deux autres cercles de couleur d'or et de différentes teintes : quelques-unes des plus longues de ces plumes n'ont pas de taches à l'extrémité, et paraissent comme coupées carrément. Le paon porte ordinairement ces plumes couchées sur celles de la queue, il les élève souvent perpendiculairement, et les étale en rond de façon qu'elles présentent toutes en-devant les taches dont il vient d'être fait mention. Le bec a un pouce six lignes de longueur depuis la pointe jusqu'aux coins de la bouche ; la longueur de la queue est d'un pied sept pouces ; les ailes étant pliées s'étendent à environ cinq pouces au-delà de l'origine de la queue. La tête, la gorge, le cou et la poitrine, sont d'un verd brillant mêlé d'une teinte de couleur d'or ; ce verd parait bleu à certains aspects. Il y a de chaque côté de la tête deux longues taches blanches, dont l'une s'étend au-dessus de l'oeil, l'autre qui est la plus courte et la plus large passe pardessous. Cet oiseau a sur le sommet de la tête une hupe composée de vingt-quatre petites plumes, longues de deux pouces, et dont les tuyaux sont blanchâtres et garnis, depuis leur origine jusque vers l'extrémité, de barbes noirâtres et très-éloignées les unes des autres ; l'extrémité de ces plumes est conformée à l'ordinaire, et du même verd doré que la tête ; les plumes du dos et du croupion sont d'un beau verd doré éclatant qui change à certains aspects, et elles ont les bords d'un beau noir luisant ; le ventre et les côtés sont d'une couleur noirâtre mêlée d'un peu de verd doré ; les jambes sont d'un fauve clair. Il y a vingt-quatre grandes plumes dans chaque aîle : les dix premières sont rousses ; la onzième a le côté extérieur de couleur noirâtre, mêlée d'un peu de verd doré, le côté intérieur est roux et a des taches noirâtres ; les neuf qui suivent sont noirâtres, et ont un peu de verd doré seulement sur le côté extérieur du tuyau ; les autres sont mêlées de fauve et de noir. Les petites plumes des ailes et les grandes plumes des épaules ont les mêmes couleurs que les quatre grandes plumes intérieures de l'aîle ; il y a seulement une légère teinte de verd doré sur les petites plumes des ailes qui n'est pas sur celles des épaules ; les moyennes plumes de l'aîle sont d'un bleu foncé, qui se change en verd doré à certains aspects ; la queue est composée de dix-huit plumes d'un gris brun, qui ont des taches d'un gris roussâtre sur les barbes extérieures, et sur le bord des barbes intérieures ; les deux plumes du milieu sont les plus longues, les autres diminuent successivement de longueur. Le mâle a sur la partie postérieure de chaque pied un ergot très-gros, fort pointu, et long de neuf lignes.

La femelle diffère beaucoup du mâle par les couleurs, elle est aussi plus petite, et elle a les plumes du dessus de la queue beaucoup plus courtes, car elles ne sont pas à-beaucoup-près aussi longues que celles de la queue. Le dos, le croupion, le ventre, les côtés du corps, les jambes, les ailes en entier, et la queue ont une couleur tirant sur le cendré ; le sommet de la tête et la hupe sont de la même couleur, et ont de très-petites taches d'un beau verd brillant ; les deux taches blanches des côtés de la tête sont beaucoup plus grandes que dans le mâle ; la gorge est blanche ; les plumes du cou sont vertes, celles de la poitrine ont la même couleur, à l'exception de l'extrémité qui est blanche. Ornit. de M. Brisson, tom. I. Voyez OISEAU. (I)

PAON, (Diète et Matière médicale) Les paons ne sont que médiocrement estimés à titre d'aliment : on sert pourtant sur nos tables le jeune paon, qu'on appelle communément paoneau. Il est dit dans la première addition au chapitre COQ D'INDE, du Traité des aliments de Lemery, qu'on ne laisse pas que d'en manger aux îles de l'Amérique, où on les élève fort aisément, et où bien des gens les estiment plus que les faisants.

Il parait par ce qu'en disent les auteurs latins, que cette nourriture était inconnue aux anciens Romains, et qu'ils la servirent pour la première fois dans leurs festins d'apparat plutôt à titre de mets extraordinaire et recherché, qu'à titre d'aliment agréable. Galien dit que la chair du paon est dure, fibreuse, et de difficîle digestion.

On trouve dans les auteurs d'Histoire naturelle et de Diete, un préjugé singulier sur la chair du paon : ils disent qu'elle se conserve pendant un temps très-considérable, sans subir la moindre putréfaction. Aldrovande a écrit qu'on lui avait présenté, en 1598, un morceau de chair de paon, qui avait été cuit en 1592, et qui avait une odeur agréable approchant de celle du fenouil, quoiqu'elle fût un peu vermoulue.

La chair de paon a été louée contre les vertiges, et le bouillon de cette chair contre la pleurésie ; sa langue est vantée contre l'épilepsie ; son fiel est mis par Dioscoride au rang des ophtalmiques ; ses œufs sont recommandés contre la goutte ; et enfin la fiente de paon est le principal remède qu'on retire de cet animal. Elle est comptée parmi les antiépileptiques les plus éprouvés, soit prise en substance à la dose d'un gros, soit délayée dans du vin, observant soigneusement pendant l'usage les nouvelles lunes, les pleines lunes ; choisissant de la fiente d'un paon mâle pour un épileptique mâle, et celle d'une femelle pour une femme épileptique. Voyez Etmuler et Jean Boacler. (b)

PAON BLANC, pavo albus, c'est une variété du paon ordinaire, dont il ne diffère qu'en ce qu'il est entièrement blanc.

PAON DE LA CHINE, pavo sinensis, oiseau qui est plus grand que notre faisan : il a les plumes du sommet de la tête d'un brun obscur ; leur extrémité est un peu recourbée en-avant, et cet oiseau les dresse en forme de hupe : il y a entre les yeux et le bec un petit espace dégarni de plumes ; on y voit seulement quelques poils noirs : les côtés de la tête sont blancs ; le cou est brun, et il a des bandes transversales d'un brun plus foncé. Les grandes plumes des épaules, celles de la partie antérieure du dos, et les petites des ailes sont d'un brun obscur, et ont beaucoup de petites taches, semblables à de petits points d'un brun clair et jaunâtre ; chacune de ces plumes a près de son extrémité une tache ronde, d'une belle couleur pourprée qui parait bleue, verte, etc. à différents aspects, et qui est entourée d'un cercle noir. La partie inférieure du dos et le croupion sont d'une couleur brune avec de petits points d'un brun plus clair ; la poitrine, le ventre et les côtés, ont une couleur brune, obscure, et sont rayés transversalement de noir. Les grandes plumes des ailes sont d'un brun très-foncé, ou noirâtres ; les plumes du dessus de la queue excédent de beaucoup celles de la queue, leur couleur est brune, parsemée de petits points d'un brun clair ; elles ont chacune près de l'extrémité deux taches ovales, une de chaque côté du tuyau, colorées comme les taches du dos, et entourées d'un cercle noir qui est aussi entouré d'une couleur orangée obscure ; les plus longues plumes se trouvent au milieu, les autres diminuent successivement de longueur jusqu'à la première qui est la plus courte. Le mâle a deux ergots à chaque pied ; le plus long est placé environ à la moitié de la longueur du pied ; l'autre se trouve plus bas.

La femelle est d'un tiers plus petite que le mâle, elle en diffère aussi par les couleurs. La tête, le cou, la poitrine, le ventre, les côtés du corps, les jambes et les plumes du dessous de la queue, sont en entier d'un brun obscur. Les plumes de la partie antérieure du dos, celles des épaules, et les petites des ailes ont la même couleur ; et chaque plume a près de son extrémité une tache ronde, d'un bleu obscur, entourée d'un cercle de couleur orangée obscure : la partie inférieure du dos et le croupion sont d'un brun obscur, parsemé de petits points d'un brun plus clair. Les plumes du dessus de la queue ont à-peu-près les mêmes couleurs que celles du mâle. On trouve cet oiseau à la Chine. Ornit. de M. Brisson, tom. I. Voyez OISEAU.

PAON DU JAPON, pavo japonensis Aldrovandi, oiseau à-peu-près de la grandeur de notre paon ; il a sur le sommet de la tête une hupe en forme d'épi, en partie verte et en partie bleue, et longue d'environ quatre pouces ; le sommet de la tête et la partie supérieure du cou sont d'un verd semé de petites taches bleues, qui ont dans leur milieu de petites lignes blanches transversales ; le dos est en partie verd et en partie bleu ; la poitrine a les mêmes couleurs que le dos, mais elles sont mêlées d'un beau jaune couleur d'or : toutes ces couleurs changent à différents aspects. Le ventre, les côtés du corps et les jambes, sont d'une couleur cendrée mêlée de taches noires ; les taches du ventre ont de petites lignes blanches ; la couleur des grandes plumes de l'aîle est verte et traversée de lignes noires depuis la racine jusqu'au milieu de leur longueur, ensuite elles sont jaunâtres avec les mêmes lignes noires, enfin l'extrémité est entièrement noire. Les plumes du dessus de la queue ne sont pas en aussi grand nombre que dans notre paon ; elles excédent de beaucoup les plumes de la queue ; elles ont le tuyau blanc, et les barbes d'un brun tirant sur la couleur de marron : il y a près de l'extrémité de chacune de ces plumes une tache plus grande que celles de notre paon. Chacune de ces taches a le milieu de couleur d'or, entourée de bleu, et les bords verts.

La femelle diffère du mâle en ce qu'elle est plus petite, et qu'elle a le ventre entièrement noir et les plumes du dessus de la queue beaucoup plus courtes que celles du mâle. Les plumes de la queue sont vertes, elles ont les bords bleus, et le tuyau blanc. On trouve cet oiseau au Japon. Ornit. de M. Brisson, tom. I. Voyez OISEAU.

PAON DE MER, avis pugnax, oiseau qui pese à-peu-près cinq onces ; il a environ un pied deux pouces de longueur depuis la pointe du bec jusqu'à l'extrémité des doigts. La tête est d'un brun cendré, et elle a des taches noirâtres ; le cou est cendré ; les longues plumes des épaules et celles du dos sont en partie brunes ou noires, et en partie blanches ; le ventre et la poitrine sont blancs sans mélange d'autres couleurs ; la gorge est d'un blanc mêlé de cendré ; les dix grandes plumes extérieures des ailes sont noires, la pointe des autres est blanchâtre ; les plumes du second rang sont de la même couleur que le dos, à l'exception de la pointe qui est blanche ; les autres petites plumes des ailes sont blanches en entier ; les plumes de la queue ont près de trois pouces de longueur.

Cette description a été faite d'après les couleurs des femelles, qui ne varient pas comme celles des mâles.

On a donné à cet oiseau le nom d'avis pugnax, parce que les mâles se battent continuellement les uns les autres, lorsqu'ils sont en amour ; ils font aussi la guerre aux autres oiseaux dans ce temps-là. Les femelles sont plus petites que les mâles, elles se battent rarement. Les mâles ont au cou de longues plumes qui forment une sorte de collier autour de la gorge ; la couleur de ce collier varie, on en voit de blancs, de jaunes, de noirs, de cendrés, et quelquefois de bleus noirâtres. On trouve rarement au printemps deux mâles qui soient exactement semblables pour les couleurs ; on dit au contraire qu'ils se ressemblent tous parfaitement en automne après la mue. Ils n'ont plus alors de collier. Willughby, Ornit. Voyez OISEAU.

PAON, PETIT, ou PAON DE JOUR, papillon diurne de moyenne grandeur, qui a sur les ailes des taches rondes comme le grand paon, dont il ne diffère qu'en ce qu'il est beaucoup plus petit.

PAON, GRAND, ou PAON DE NUIT. On a donné ces noms à une phalene, parce qu'elle a sur les ailes des taches rondes, semblables à celles que l'on voit sur les plumes du dessus de la queue du paon ; elle est la plus grande de toutes les phalenes de ce pays-ci. La chenille qui donne cette phalene, se trouve sur le poirier ; elle est verte, et elle a sur le corps plusieurs rangées de tubercules qui sont d'un très-beau bleu.

PAON DU TIBET, pavo tibetanus, oiseau qui est à-peu-près de la grosseur de la pintade ; il a environ deux pieds un pouce et demi de longueur depuis la pointe du bec jusqu'à l'extrémité de la queue, et deux pieds un pouce jusqu'au bout des doigts ; la longueur du bec est d'un pouce sept lignes depuis la pointe jusqu'aux coins de la bouche ; les ailes étant pliées ne s'étendent pas au-delà de l'origine de la queue. Le mâle a deux ergots à la partie postérieure de chaque pied ; le supérieur est le plus petit. Les plumes de la tête, de la gorge, du cou, de la poitrine, du ventre, des côtés du corps, celles des jambes et du dessous de la queue sont grises, et ont de petites lignes noirâtres ; la partie postérieure du dos et le croupion sont de la même couleur grise, et ils ont de très-petites taches blanchâtres ; les plumes de la partie antérieure du dos, celles des épaules et les petites des ailes, sont de couleur grise mêlée de lignes noirâtres et de petites taches blanchâtres ; elles ont toutes aussi de grandes taches rondes d'un bleu éclatant, qui parait à certains aspects violet ou d'une belle couleur d'or ; les plumes de l'aîle et celles qui recouvrent le dessus de la queue sont du même gris que la partie inférieure du dos ; celles des ailes ont deux taches de même bleu changeant dont il a déjà été fait mention, ces taches sont placées l'une au-dessus de l'autre près de l'extrémité de chaque plume ; les plumes du dessus de la queue ont quatre taches de la même couleur bleue, deux de chaque côté du tuyau ; les plumes du milieu de celles du dessus de la queue sont les plus longues ; les autres de chaque côté diminuent successivement de longueur jusqu'à l'extérieure qui est la plus courte ; l'iris des yeux est jaune. On trouve cet oiseau dans le royaume du Tibet. Ornit. de M. Brisson, tom. I. Voyez OISEAU.

PAON, (Histoire naturelle, Ichtyologie) poisson de mer. On a donné ce nom à une espèce de tourd, parce qu'il est d'une belle couleur verte, mêlée de bleu, semblable à celle du cou de l'oiseau qui porte le même nom. Ce poisson ressemble aux autres espèces de tourds par le nombre et la position des nageoires. Sa chair est molle, tendre, et un peu visqueuse. Voyez TOURD. Rondelet, Histoire naturelle des poissons, première partie, liv. VI. chap. VIe Voyez POISSON.

PAON, en Astronomie, c'est une constellation de l'hémisphère méridional, inconnue aux anciens, et qui n'est point visible dans nos contrées septentrionales. Voyez CONSTELLATION. Chambers.

PAON, (Littérature) c'est l'oiseau consacré à Junon ; et les Poètes ont feint qu'elle avait transporté les yeux d'Argus sur sa queue. Le portrait de cet oiseau a été tracé par Lucien, par Phèdre, et par la Fontaine. Le paon, dit le premier, étale d'un air magnifique l'or et l'azur de son plumage, et dispute avec le printemps, à qui produira de plus belles choses. Il fait la roue, il se mire dans sa beauté, dont l'éclat est multiplié par celui de la lumière. Les cercles d'or qui couronnent l'émail de sa queue, imitent parfaitement l'arc-en-ciel, qui change ses couleurs, selon qu'on le regarde sous divers aspects.

Phèdre fait adresser au paon les louanges les plus flatteuses, par Junon même :

Sed formâ vincis, vincis magnitudine.

Nitor smaragdi collo praefulget tuo,

Pictisque gemmis gemmeam caudam explicas.

La Fontaine enchérit encore sur la cajolerie de la déesse : est-ce à toi, lui dit-elle,

Est-ce à toi d'envier la voix du rossignol ?

Toi que l'on voit porter à l'entour de ton col

Un arc-en-ciel nué de cent sortes de soies ;

Qui te panades, qui déploies

Une si riche queue, et qui semble à nos yeux

La boutique d'un lapidaire ?

Est-il quelque oiseau sous les cieux

Plus que toi capable de plaire ?

Les Hébreux ont connu les paons sous le nom de thuchim ; du-moins les interpretes s'accordent assez sur la signification de ce mot. La flotte de Salomon qui allait à Ophir, a pu en rapporter à ce prince.

Ils étaient d'un grand prix chez les Grecs au rapport d'Athénée, l. XIV. c. xx. et le reproche qu'on fait à Périclès d'en nourrir, prouve assez leur rareté dans la Grèce. Hortensius, le rival de Ciceron dans la carrière du barreau, homme magnifique dans ses dépenses, fut le premier, au rapport de Pline, qui fit apprêter des paons à Rome, dans un repas qu'il donna au collège des augures.

Enfin, c'est l'oiseau favori des rois d'Angola et de Congo. Il n'appartient qu'à eux d'en entretenir ; et quiconque de leurs sujets en volerait des plumes, serait puni par l'esclavage.

Le paon d'Afrique ou de Guinée est nommé par les Naturalistes avis afra ou pavo africanus, et par les François demoiselle de Numidie : c'est un nom fort impropre que les dames lui donnèrent sous le règne de Louis XIV. et MM. de l'acad. des Scienc. se crurent obligés de l'adopter.

Saint Augustin s'est imaginé que la chair de cet oiseau ne se corrompt qu'au bout d'un an ; mais dans le pays de sa naissance, elle doit déjà se corrompre au bout d'un jour. Il y a dans les écrits de ce père de l'Eglise plus d'une erreur en physique. (D.J.)

PAON, vœu du, (Histoire de la Chevaler.) les entreprises de guerre et de chevalerie, surtout celles des croisades, étaient annoncées et publiées avec un appareil capable d'inspirer à tous les guerriers l'ardeur d'y concourir, et de partager la gloire qui devait en être le prix. L'engagement en était scellé par des actes de religion, et par des vœux dont rien ne pouvait dispenser.

Le plus authentique de tous les vœux était celui que l'on appelait le vœu du paon ou du faisan. Ces nobles oiseaux, car on les qualifiait ainsi, représentaient par l'éclat et la variété de leurs couleurs, la majesté de leurs rais, et les superbes habillements dont ces monarques étaient parés pour tenir ce que l'on nommait tinel ou cour plénière. La chair du paon ou du faisan était, si l'on en croit nos vieux romanciers, la nourriture particulière des preux et des amoureux. Enfin, selon Matthieu Paris, une figure de paon servait de but aux chevaliers qui s'exerçaient à la course des chevaux et au maniement de la lance.

Le jour donc que l'on devait prendre l'engagement solennel, un paon ou bien un faisan quelquefois rôti, mais toujours paré de ses plus belles plumes, était apporté majestueusement par des dames ou par des demoiselles dans un grand bassin d'or ou d'argent, au milieu de la nombreuse assemblée de chevaliers convoqués. On le présentait à chacun d'eux, et chacun faisait son vœu sur l'oiseau : ensuite on le reportait sur une table, pour être enfin distribué à tous les assistants. L'habileté de celui qui tranchait consistait à le partager, de manière que tous pussent en avoir. Les dames ou demoiselles choisissaient un des plus braves de l'assemblée, pour aller avec elles porter le paon au chevalier qu'il estimait le plus preux. Le chevalier choisi mettait le plat devant celui qu'il croyait mériter la préférence, coupait néanmoins l'oiseau, et le distribuait sous ses yeux ; et cette distinction si glorieuse, attachée à la plus éminente valeur, ne s'acceptait qu'après une longue et modeste résistance. Mém. de l'acad. des Inscript. tome XX. (D.J.)