S. f. (Histoire naturelle, Ornithologie) curruca. Cet oiseau est presque aussi gros que la farlouse ou la gorge rouge ; son bec est mince, allongé et noir ; sa langue est fourchue, dure, tendineuse et noire à l'extrémité ; les narines sont oblongues ; l'iris des yeux est couleur de naisette ; les oreilles sont grandes et couvertes ; les plumes des épaules et du dessus du dos sont noires dans le milieu autour du tuyau, et de couleur rousse sur les bords : la tête et le cou sont un peu cendrés avec des taches au milieu des plumes qui sont plus foncées ; le bas du dos et le croupion sont de couleur jaunâtre avec une teinte de verd sans aucune tache noire ; les grandes plumes des ailes sont brunes, à l'exception des bords extérieurs qui sont roussâtres ; les plumes intérieures du second rang, ont chacune à la pointe deux petites taches de couleur blanchâtre ; les plus petites plumes des ailes sont de la même couleur que les plumes du dos ; la première grande plume est très-courte ; la queue a environ deux pouces de longueur ; elle est entièrement brune ; le dessous de l'oiseau est de couleur cendrée, cependant le ventre est un peu blanchâtre ; et dans quelques individus, cette couleur est plus grise, et même plombée ; les jambes et les pattes sont de couleur de chair jaunâtre ; les ongles sont bruns ; le doigt de derrière est le plus gros et le plus long ; le doigt extérieur tient au doigt du milieu à sa naissance, comme dans les autres petits oiseaux. Celui-ci niche dans les haies ; il donne aisément dans toute sorte de piéges. Willugb. Ornit.

FAUVETTE A TETE NOIRE, atricapilla seu ficedula, Ald. oiseau qui est très-petit, et qui a le sommet de la tête noir, comme son nom le désigne. Le cou est de couleur cendrée, et le dos d'un vert foncé ; la poitrine a une couleur cendrée pâle ; le ventre est d'un blanc jaunâtre ; le bec noir, et plus mince que celui de la mesange ; les pieds sont d'une couleur livide. Ray, synop. meth. avium. pag. 79. Voyez OISEAU. (I)

FAUX, adj. terme d'Arithmétique et d'Algèbre. Il y a, en Arithmétique, une règle appelée règle de fausse position, qui consiste à calculer, pour la résolution d'une question, des nombres faux pris à volonté, comme si c'était des nombres propres à la résoudre, et à déterminer ensuite, par les différences qui en résultent, les vrais nombres cherchés.

Les règles de fausse position, où l'on ne fait qu'une seule supposition, sont appelées règles de fausse position simple, et celles dans lesquelles on fait deux fausses suppositions, s'appellent règles de fausse position double ou composée.

Exemple d'une règle de fausse position simple.

Trouver un nombre dont la moitié, le tiers, et le quart, fassent 26.

Suivant l'esprit de la règle de fausse position, prenons au hasard un nombre quelconque, tel cependant que l'on puisse en avoir exactement la moitié, le tiers, et le quart : par exemple 12, dont la moitié est 6, le tiers 4, et le quart 3, lesquelles quantités additionnées ne font que 13, fort différent de 26 ; mais dites par une règle de trois : Si 13 sont provenus de 12, d'où 26 doivent-ils provenir ? En faisant la règle, vous trouverez 24, dont effectivement la moitié 12, le tiers 8, et le quart 6, donnent 26 pour somme.

Ce problème peut évidemment se résoudre encore par l'Algèbre, en faisant cette équation x /2 + x /3 + x /4 = 26 (voyez EQUATION). D'où l'on tire (12 x + 8 x + 6 x)/24 = 26, et (26 x)/24 = 26, ou x = 24. Mais alors il n'y a plus de fausse position.

Pour les règles de fausse position composée, il est beaucoup plus simple de résoudre par l'Algèbre les problèmes qui s'y rapportent.

Exemple. Un particulier a pris un ouvrier pour trente jours, à condition de lui donner 30 sous chaque jour qu'il travaillerait, et de rabattre sur le gain de son travail autant de fois 10 sous, qu'il serait de jours sans travailler. Au bout du mois l'ouvrier a reçu 25 liv. ou 500 sous. On demande combien il a travaillé de jours ?

Résolution. Appellons x le nombre des jours de travail, 30 - x exprimera le nombre des jours de repos. Ainsi, comme l'ouvrier est supposé gagner 30 sous par jour, 30 x sera le revenu des jours de son travail ; et 30 - x x 10 ou 300 - 10 x sera la quantité de sous que doit perdre l'ouvrier pour les jours où il n'aura pas travaillé ; il faut donc la retrancher de la quantité de sous qu'il devrait recevoir pour ses jours de travail ; et cette soustraction doit lui laisser 25 liv. ou 500 sous, suivant une des conditions du problème : c'est donc à dire qu'il faut ôter 300 - 10 x de 30 x pour avoir 500 sous ; on a donc cette équation 30 x - 300 + 10 Xe ou 40 x - 300 = 500 ; ainsi 40 x = 800 ; donc x = 800/40 = 20 : ce qui signifie que l'ouvrier a travaillé vingt jours ; et qu'il n'a rien fait les dix autres. En effet vingt jours de travail à 30 sous par jour font 30 liv. desquelles ôtant 5 liv. pour les dix jours où il n'a point travaillé, il reste 25 liv. Les nombres 20 et 10 satisfont donc aux conditions proposées ; ainsi le problème est résolu. Voyez POSITION.

Il y a aussi, en Algèbre, des racines fausses que l'on appelle autrement négatives ; ce sont celles qui sont affectées du signe -. Voyez NEGATIF, RACINE, UATIONTION. (E)

FAUX, adj. pris subst. (Jurisprudence) ce terme pris comme adjectif, se dit de quelque chose qui est contraire à la vérité ; par exemple, un fait faux, une écriture fausse ; ou bien de ce qui est contraire à la loi, comme un faux poids, une fausse mesure.

Lorsque ce même terme est pris pour substantif, comme quand on dit un faux, on entend par-là le crime de faux, lequel pris dans sa signification la plus étendue, comprend toute supposition frauduleuse, qui est faite pour cacher ou altérer la vérité au préjudice d'autrui.

Le crime de faux se commet en trois manières ; savoir, par paroles, par des écritures, et par des faits sans paroles ni écritures.

1°. Il se commet par paroles, par les parjures ; qui font de faux serments en justice, et autres qui font sciemment de fausses déclarations, tels que les stellionataires, les témoins qui déposent contre la vérité, soit dans une enquête, information, testament, contrat, ou autre acte, et les calomniateurs qui exposent faux dans les requêtes qu'ils présentent aux juges, ou dans les lettres qu'ils obtiennent du prince.

L'exposition qui est faite sciemment de faits faux, ou la réticence de faits véritables, est ce qu'on appelle en style de chancellerie obreption et subreption ; cette sorte de fausseté est mise au nombre de celles qui se commettent par paroles, quoique les faits soient avancés dans des requêtes ou dans des lettres du prince, qui sont des écritures, parce que ces requêtes ou lettres, en elles-mêmes, ne sont pas fausses, mais seulement les paroles qui y sont écrites, c'est pourquoi l'on ne s'inscrit pas en faux contre une enquête, quoiqu'il s'y trouve quelque déposition qui contienne des faits contraires à la vérité, on s'inscrit seulement en faux contre la déposition, c'est-à-dire contre les faits qu'elle contient. Voyez AFFIRMATION, CALOMNIATEUR, FAUX TEMOIN, DEPOSITION, PARJURE, SERMENT, STELLIONATAIRE, TEMOIN.

On doit aussi bien distinguer le faux qui se commet par paroles d'avec le faux énoncé ; le premier suppose qu'il y a mauvaise foi, et est un crime punissable ; au lieu qu'un simple faux énoncé, peut être commis par erreur et sans mauvaise foi.

2°. Le crime de faux se commet par le moyen de l'écriture, par ceux qui fabriquent de faux jugements, contrats, testaments, obligations, promesses, quittances, et autres pièces, soit qu'on leur donne la forme d'actes authentiques, ou qu'elles soient seulement sous seing-privé, en contrefaisant les écritures et signatures des juges, greffiers, notaires, et autres personnes publiques, et celles des témoins et des parties.

Les personnes publiques ou privées qui suppriment les actes étant dans un dépôt public, tels que les jugements, des contrats, testaments, etc. pour en ôter la connaissance aux parties intéressées, sont coupables du même crime de faux.

Ceux qui altèrent une pièce véritable, soit en y ajoutant après coup quelques mots ou quelques clauses, ou en effaçant quelques mots ou des lignes entières, ou en faisant quelqu'autre changement, soit dans le corps de la pièce, soit dans sa date, commettent aussi un faux de même espèce.

Enfin ceux qui, en passant des actes véritables, les antidatent au préjudice d'un tiers, commettent encore un faux par écrit.

3°. Le crime de faux se commet par fait ou action en plusieurs manières, sans que la parole ni l'écriture soient employées à cet effet ; savoir, par ceux qui vendent ou achetent à faux poids ou à fausse mesure (voyez POIDS et MESURES) ; ceux qui altèrent et diminuent la valeur de l'or et de l'argent par le mélange d'autres métaux ; ceux qui fabriquent de la fausse monnaie, ou qui altèrent la véritable (voyez MONNOYER) ; ceux qui contrefont les sceaux du prince ou quelqu'autre scel public et authentique. Voyez SCEAUX.

Ceux qui par divers contrats, vendent une même chose à différentes personnes, étaient regardés comme faussaires, suivant la loi 22 ff. ad leg. cornel. mais parmi nous ce crime est puni comme stellionat, et non comme un faux proprement dit.

Les femmes et autres personnes qui supposent des enfants, et généralement tous ceux qui supposent une personne pour une autre ; ceux qui prennent le nom et les armes d'autrui, des titres, et autres marques d'honneur qui ne leur appartiennent point, commettent un faux. Tels furent chez les anciens un certain Equitinus qui s'annonçait comme fils de Graccus, et cet autre qui chez les Parthes se faisait passer pour Néron : tels furent aussi certains imposteurs fameux, dont il est fait mention dans notre histoire, l'un qui se faisait passer pour Fréderic II. un autre qui se donnait pour Baudouin de Flandre empereur Grec ; le nommé la Ramée qui se disait fils naturel de Charles IX. qui avait été à Reims pour se faire sacrer roi, et qui fut pendu à Paris en 1596, etc.

La fabrication des fausses clés est aussi une espèce de faux, et même un crime capital. Voyez CLE et SERRURIER.

Quoique toutes ces différentes sortes de délits soient comprises sous le terme de faux, pris dans un sens étendu, néanmoins quand on parle de faux simplement, ou du crime de faux, on n'entend ordinairement que celui qui se commet en fabriquant des pièces fausses, ou en supprimant ou altérant des pièces véritables ; dans ces deux cas, le faux se poursuit par la voie de l'inscription de faux, soit principal ou incident (voyez INSCRIPTION DE FAUX) ; pour ce qui est de la suppression des pièces véritables, la poursuite de ce crime se fait comme d'un vol ou larcin.

Il est plus aisé de contrefaire des écritures privées, que des écritures authentiques, parce que dans les premières, il ne s'agit que d'imiter l'écriture d'un seul homme, et quelquefois sa signature seulement ; au lieu que pour les actes authentiques, il faut souvent contrefaire la signature de plusieurs personnes, comme celle des deux notaires, ou d'un notaire et deux témoins, et de la partie qui s'oblige : d'ailleurs il y a ordinairement des minutes de ces sortes d'actes, auxquelles on peut avoir recours.

On peut fabriquer une pièce fausse, sans contrefaire l'écriture ni la signature de personne, en écrivant une promesse ou une quittance au-dessus d'un blanc-signé qui aurait été surpris, ou qui était destiné à quelqu'autre usage.

Il y a des faussaires qui ont l'art d'enlever l'écriture sans endommager le papier, au moyen de quoi, ne laissant subsister d'un acte véritable que les signatures, ils écrivent au-dessus ce qu'ils jugent à-propos ; ce qui peut arriver pour des actes authentiques, comme pour des écrits sous seing-privé.

Le faux qui se commet en altérant des pièces qui sont véritables dans leur substance, se fait en avançant ou reculant frauduleusement la date des actes, ou en y ajoutant après coup quelque chose, soit au bout des lignes, ou par interligne, ou par apostille et renvoi, ou dessus des paraphes et signatures, ou avec des paraphes contrefaits, ou en rayant après coup quelque chose, et surchargeant quelques mots, sans que ces changements aient été approuvés de ceux qui ont signé l'acte. Voyez APOSTILLE, RENVOI, PARAPHE, SIGNATURE, INTERLIGNE.

La preuve du faux se fait tant par titres que par témoins ; et si c'est une écriture ou signature qui est arguée de fausseté, on peut aussi avoir recours à la vérification par experts, et à la preuve par comparaison d'écritures.

Les indices qui servent à reconnaître la fausseté d'une écriture, sont lorsqu'il parait quelque mot ajouté au bout des lignes, ou quelque ligne ajoutée entre les autres ; lorsque les ratures sont chargées de trop d'encre, de manière que l'on ne peut lire ce que contenaient les mots rayés ; lorsque les additions sont d'encre et de caractère différents du reste de l'acte ; et autres circonstances semblables.

La loi Cornelia de falsis, qui fait le sujet d'un titre au digeste, fut publiée à l'occasion des testaments : c'est pourquoi Cicéron et Ulpien, en quelques endroits de leurs ouvrages, l'appellent aussi la loi testamentaire. La première partie de cette loi concernait les testaments de ceux qui sont prisonniers chez les ennemis ; la seconde partie avait pour objet de mettre ordre à toutes les faussetés qui pouvaient être commises par rapport aux testaments ; soit en les tenant cachés, ou en les supprimant ; soit en les altérant par des additions ou ratures, ou autrement.

Cette même loi s'applique aussi à toutes les autres sortes de faussetés qui peuvent être commises, soit en supprimant des pièces véritables ; soit en falsifiant des poids et mesures ; soit dans la confection des actes publics et privés dans la fonction de juge, dans celle de témoin ; soit par la falsification des métaux, et singulièrement de la monnaie ; soit enfin par la supposition de noms,, surnoms, et armes, et autres titres et marques usurpés induement.

On regardait aussi comme une contravention à cette loi, le crime de ceux qui sur un même fait rendent deux témoignages contraires, ou qui vendent la même chose à deux personnes différentes ; de ceux qui reçoivent de l'argent pour intenter un procès injuste à quelqu'un.

La peine du faux, suivant la loi Cornelia, était la déportation qui était une espèce de bannissement, par lequel on assignait à quelqu'un une île ou autre lieu pour sa demeure, avec défense d'en sortir à peine de la vie. On condamnait même le faussaire à mort, si les circonstances du crime étaient si graves, qu'elles parussent mériter le dernier supplice.

Quelquefois on condamnait le faussaire aux mines, comme on en usa envers un certain Archippus.

Ceux qui falsifiaient les poids et les mesures étaient relégués dans une ile.

Les esclaves convaincus de faux étaient condamnés à mort.

En France, suivant l'édit de François premier du mois de Mars 1531, tous ceux qui étaient convaincus d'avoir fabriqué de faux contrats, ou porté faux témoignage, devaient être punis de mort : mais Louis XIV. par son édit du mois de Mars 1680, registré au parlement le 24 Mai suivant, a établi une distinction entre ceux qui ont commis un faux dans l'exercice de quelque fonction publique, et ceux qui n'ont point de fonction semblable, ou qui ont commis le faux hors les fonctions de leur office ou emploi. Les premiers doivent être condamnés à mort, telle que les juges l'arbitreront, selon l'exigence des cas. A l'égard des autres, la peine est arbitraire ; ils peuvent néanmoins aussi être condamnés à mort, selon la qualité du crime. Ceux qui imitent, contrefont, ou supposent quelqu'un des sceaux de la grande ou petite chancellerie, doivent être punis de mort.

Pour la punition du crime de fausse monnaie, voyez MONNOIE.

Faux incident, est l'inscription de faux qui est formée contre quelque pièce, incidemment à une autre contestation où cette pièce est opposée ; soit que la cause se traite à l'audience, ou que l'affaire soit appointée.

L'objet du faux incident est de détruire et faire déclarer fausse ou falsifiée une pièce que la partie adverse a fait signifier, communiquée ou produite.

Cette inscription de faux est appelée faux incident, pour la distinguer du faux principal, qui est intenté directement contre quelqu'un avec qui l'on n'était point encore en procès, pour aucun objet qui eut rapport à la pièce qui est arguée de faux.

La poursuite du faux incident peut être faite devant toutes sortes de juges, soit royaux, seigneuriaux, ou d'église, qui se trouvent saisis du fond de la contestation ; et l'inscription de faux doit être instruite avant de juger le fond.

L'inscription de faux peut être reçue, quand même les pièces auraient déjà été vérifiées avec le demandeur en faux, et qu'il serait intervenu un jugement sur le fondement de ces pièces, pourvu qu'il ne fût pas alors question du faux principal ou incident de ces mêmes pièces.

La requête en faux incident ne peut être reçue, qu'elle ne soit signée du demandeur ou de son fondé de procuration spéciale. Il faut aussi attacher à la requête la quittance de l'amende, que le demandeur doit consigner. Cette amende est de soixante livres dans les cours et autres sièges ressortissants nuement aux cours, et de 20 livres dans les autres siéges.

Quand la requête est admise, le demandeur doit former son opposition de faux au greffe dans trois jours, et sommer le défendeur de déclarer s'il entend se servir de la pièce arguée de faux.

Si le défendeur refuse de faire sa déclaration, le demandeur peut se pourvoir pour faire rejeter la pièce du procès ; si au contraire le défendeur déclare qu'il entend se servir de la pièce, elle doit être mise au greffe ; et s'il y en a minute, on peut en ordonner l'apport ; et trois jours après la remise des pièces, on dresse procès-verbal de l'état de ces pièces.

Le rejet de la pièce arguée de faux, ne peut être ordonné que sur les conclusions du ministère public ; et lorsqu'elle est rejetée par le fait du défendeur, le demandeur peut prendre la voie du faux principal, sans néanmoins retarder le jugement de la contestation à laquelle le faux était incident.

Les moyens de faux doivent être mis au greffe trois jours après le procès-verbal.

Si les moyens sont trouvés pertinens et admissibles, le jugement qui intervient porte qu'il en sera informé tant par titres que par témoins, comme aussi par experts et par comparaison d'écritures et signatures, selon que le cas le requiert.

Au cas que le demandeur en faux succombe, il doit être condamné en une amende, applicable les deux tiers au roi ou au seigneur, l'autre tiers à la partie ; et cette amende, y compris les sommes consignées lors de l'inscription de faux, est de 300 livres dans les cours et aux requêtes de l'hôtel et du palais ; de 100 livres aux sièges qui ressortissent nuement aux cours, et aux autres de 60 livres. Les juges peuvent aussi augmenter l'amende, selon les cas.

Lorsque la pièce est déclarée fausse, l'amende est rendue au demandeur.

La procédure qui doit être observée dans cette matière, est expliquée plus au long dans l'ordonnance de 1737. (A)

FAUX, adj. et adv. en Musique, est opposé à juste. On chante faux ce qui arrive souvent à l'opera, quand on n'entonne pas les intervalles dans leur justesse. Il en est de même du jeu des instruments.

Il y a des gens qui ont naturellement l'oreille fausse, ou, si l'on veut, le gosier ; de sorte qu'ils ne sauraient jamais entonner juste aucun intervalle. Quelquefois aussi on chante faux, seulement faute d'habitude, et pour n'avoir pas l'oreille encore formée à l'harmonie. Pour les instruments, quand les tons en sont faux, c'est que l'instrument est mal construit, les tuyaux mal proportionnés, ou que les cordes sont fausses, ou qu'elles ne sont pas d'accord ; que celui qui en joue touche faux, ou qu'il modifie mal le vent ou les lèvres. (S)

FAUX, (Manège) terme généralement employé parmi nous, à l'effet d'exprimer tout défaut de justesse et toute action non-mesurée, soit du cavalier, soit du cheval. Voyez JUSTESSE, MANEGE. Vos mouvements sont faux ; ils ne sont pas d'accord avec ceux du cheval, et lui en suggèrent qui sont totalement desordonnés. Ce cheval, quelque brillant qu'il paraisse aux yeux de l'ignorant, manie faux, sans précision ; il est hors de toute harmonie. Malheureusement pour les progrès de notre art, il n'en est que trop qui en imposent à de semblables yeux par la vivacité de leur action ; et ces yeux sont en trop grand nombre, pour ne pas laisser des doutes sur les réputations les mieux fondées en apparence. Ce cheval est parti faux, il est faux ; expressions plus particulièrement usitées, lorsqu'il s'agit d'un cheval que l'on part au galop, ou qui galope. Il est dit faux, lorsque dans le manège sa jambe gauche entame à main droite, et sa jambe droite à main gauche ; ou lorsque, hors du manège et dans un lieu non-fixé et non-resserré, la jambe droite n'entame pas toujours. Cette dernière maxime n'a eu force de loi parmi nous, qu'en conséquence de la confiance aveugle avec laquelle nous recevons comme principes, de fausses opinions, qui n'ont sans-doute regné pendant des siècles entiers, que par l'espèce singulière de vœu qu'il semble que nous ayons fait de tout croire et de tout adopter sans réflexion, sans examen, et sans en appeler à notre raison. Voyez GALOP, MANEGE. (e)

FAUX, en termes de Blason, se dit des armoiries qui ont couleur sur couleur, ou métal sur métal.

FAUX, (Monnaie). On se rend coupable de faux, en fait de monnayages, en fabriquant des pièces fausses par un alliage imitant l'or, l'argent, ou le billon ; en altérant les espèces, ou les répandant au public : ou tout monnoyeur fabriquant dans les hôtels, prend et vend des cisailles, grenailles, et quelqu'un les achetant quoique le sachant ; ou tout directeur de concert avec ses officiers, introduisant des espèces de bas aloi : tous ces différents cas sont réputés même crime ; et ceux qui en sont convaincus, sont punis de mort.

* FAUX, (Pêche) c'est un instrument composé de trois ou quatre ains ou hameçons, qui sont joints ensemble par les branches, et entre lesquels est un petit saumon d'étain, et de la forme à-peu-près d'un hareng. Quand le pêcheur se trouve dans un lieu où les morues abondent, et qu'il voit qu'elles se refusent à la boite ou à l'appât dont les ains sont amorcés, il se sert alors de la faux. Les poissons trompés prennent pour un hareng le petit lingot d'étain argenté et brillant, s'empressent à le mordre ; le pêcheur agitant continuellement sa faux, attrape les morues par où le hasard les fait accrocher. L'abus de cette pêche est sensible ; car il est évident que pour un poisson qu'on prend de cette manière, on en blesse un grand nombre. Or on sait que si-tôt qu'un poisson est blessé jusqu'au sang, tous les autres le suivent à la piste, et s'éloignent avec lui. On doit par ces considérations défendre la pêche à la fouanne et autres semblables, le long des côtes.

Il y a une espèce de chausse ou verveux qu'on appelle faux ; elle est composée de cerceaux assemblés et formant une espèce de demi-ellipse ; les bouts en sont contenus par une corde qui sert de traverse ; autour de ce cordon est attaché un sac de rets, ou une chausse de huit à dix pieds de long, à la volonté des pêcheurs. Lorsque la faux est montée, elle a environ cinq pieds de hauteur dans le milieu, sur huit, dix, douze pieds de longueur. Il faut être deux pêcheurs : chacun prend un bout de la faux, et en présente l'ouverture à la marée montante ou descendante, au courant d'une rivière ; et le mouvement du poisson, lorsqu'il a touché le filet, les avertit de le relever.

FAUX-ACCORD, voyez DISSONANCE.

FAUX-AVEU, est lorsqu'une partie pour avoir son renvoi, s'avoue sujet d'un autre que de son seigneur justicier, ou lorsque le vassal avoue un autre seigneur féodal que celui dont il releve. Voyez la coutume de la Marche, art. 18, 196, et 198 ; Auxerre, art. 69. (A)

FAUX-BOIS, (Jardinage) branche d'arbre qui est crue dans un endroit où elle ne devait pas naître selon les désirs du jardinier, et qui souvent devient plus grosse et plus longue que les autres branches de l'arbre, dont elle vole une partie de la nourriture.

Dans l'ordre naturel de la taille, les branches ne doivent venir que sur celles qui ont été raccourcies à la dernière taille ; elles doivent encore être fécondes et proportionnées dans leur jet : ainsi toutes les branches qui croissent hors de celles qui ont été taillées l'année précédente, toutes les branches qui étant venues, sont grosses où elles devraient être minces ; toutes les branches enfin qui ne donnent aucune marque de fécondité, sont des branches de faux-bois. 2°. L'ordre naturel des branches est que s'il y en a plus d'une, celle de l'extrémité soit plus grosse et plus longue que celle qui est immédiatement au-dessous, cette seconde plus que la troisième, et ainsi de suite. Or toute branche qui ne suit pas cet ordre, est réputée branche de faux-bois. On conçoit donc qu'il faut détruire toutes les branches de faux-bois, à moins qu'on n'ait dessein de rajeunir l'arbre, et d'ôter toutes les vieilles branches pour ne conserver que la fausse ; ce qui est un cas fort rare. Voyez l'article BOIS. Article de M(D.J.)

FAUX-BOURDON, est une musique simple dont les notes sont presque toutes égales, et dont l'harmonie est toujours syllabique, c'est-à-dire note contre note. C'est notre pleinchant, accompagné de plusieurs parties. Voyez CONTRE-POINT. (S)

FAUX-BOURG, s. m. (Géographie) c'est un terrain attenant une ville, et dont les habitants ont les mêmes privilèges et la même juridiction que ceux de la ville.

FAUX-BRILLANT, (Art oratoire) pensée subtile, trait d'esprit ou d'imagination, qui placé dans un ouvrage, dans un discours oratoire, étonne et surprend d'abord agréablement, mais qui par l'examen se trouve n'avoir ni justesse ni solidité.

On ne rencontre que trop de gens dans le monde aussi amoureux de ce clinquant, que le sont les ensans de l'oripeau dont on habille leurs poupées. Si ces gens-là en étaient crus, dit la Bruyere, ce serait un défaut qu'un style châtié, net, et concis ; un tissu d'énigmes est une lecture qui les enlève ; les comparaisons tirées d'un fleuve dont le cours, quoique rapide, est égal et uniforme, ou d'un embrasement qui poussé par les vents, s'étend au loin dans une forêt où il consume les chênes et les pins, ne leur fournissent aucune idée de l'éloquence. Montrez-leur un feu grégeais, un éclair qui les éblouisse, ils vous quittent du bon et du beau.

Gardons-nous bien de donner dans ce goût bizarre, sous prétexte que l'esprit d'exactitude et de raisonnement affoiblit les pensées, amortit le feu de l'imagination, et desseche le discours ; on ne parle, on écrit que pour être entendu, pour ne rien avancer que de vrai, de juste, de conséquent, et de convenable au sujet qu'on traite. Article de M(D.J.)

FAUX-CHASSIS, s. m. terme d'Opéra ; ce sont trois montants de bois carrés, de quatre pouces de diamètre, et de vingt-huit pieds de long, joints ensemble en-haut et en-bas par deux pièces de bois de même calibre, et de la longueur de trois pieds et demi. A la hauteur de huit pieds, la moitié du faux-chassis est formée en échelle ; et l'autre moitié reste vide. Dans la partie inférieure en-dessous, et à ses deux extrémités, sont deux poulies de cuivre ; et au-dessus, deux anneaux de fer.

Le faux-chassis est placé sur une plate-forme, à huit pieds au-dessous du plancher du théâtre. Sur cette plate-forme est une rainure ou coulisse, sur laquelle coule le faux-chassis ; il passe par la rainure ou coulisse qui est faite au plancher du théâtre, et l'excède de vingt-un pieds de hauteur.

A hauteur du théâtre, à chacun des portants du faux-chassis, sont, du côté du parterre, des crochets de fer, sur lesquels on pose le châssis de décoration, et on l'assure par en-haut avec une petite corde qui tient au châssis ; et qui est accrochée au faux-chassis.

Sur le côté opposé, on accroche les portants de lumière (Voyez PORTANS) ; et la partie faite en échelle sert aux manœuvres pour aller assurer la décoration, et pour moucher les chandelles. Voyez CHANGEMENS, CHASSIS, COULISSE. (B)

FAUX-COMBLE, en Architecture, c'est le petit comble qui est au-dessus du brisé d'un comble à la mansarde. (P)

FAUX-COTE d'un vaisseau, (Marine) se dit du côté par lequel il cargue le plus. Voyez COTE. (Z)

FAUX-EMPLOI, (Jurisprudence) Il y a faux-emploi quand dans la dépense d'un compte on a porté une somme pour des choses qui n'ont point été faites. L'ordonnance de 1667 tit. xxjx. art. 21. dit que si dans un compte il y a des erreurs, omissions de recette, ou faux-emploi, les parties pourront en former leur demande ou interjeter appel de la clôture du compte, et plaider leurs prétendus griefs en l'audience.

Le faux-emploi est différent du double emploi. Voyez DOUBLE EMPLOI. (A)

FAUX-ENONCE, (Jurisprudence) c'est lorsque dans un acte on insere quelque fait qui n'est pas exact, soit que cela se fasse par erreur, ou par mauvaise foi. (A)

FAUX-ETAMBOT, s. m. (Marine) c'est une pièce de bois appliqué sur l'étambot pour le renforcer. Voyez ETAMBOT. (Z)

FAUX-FEUX, s. m. (Marine) ce sont de certains signaux que l'on fait avec des amorces de poudre. Voyez SIGNAL. (Z)

FAUX-FOND, (Brasserie) c'est une partie de la cuve matière, ou plusieurs planches de chêne coupées suivant le cintre de la cuve, percées de trous coniques à trois pouces les uns des autres ; de sorte que le trou de dessous est beaucoup plus large que celui de dessus. Les planches de ce fond sont dressées à plat-joint, et ne tiennent point les unes aux autres ; parce que lorsqu'on a fini de brasser, on les retire. Voyez l'article BRASSERIE.

FAUX-FRAIS, (Jurisprudence) sont des dépenses que les plaideurs font, sans espérance de les retirer, attendu qu'elles n'entrent point dans la taxe des dépens. (A)

FAUX-FUYANT, s. m. (Vénerie) c'est ce qu'on appelle une fente à pied dans le bois.

FAUX-GERME, s. m. (Physiologie) conception d'un foetus informe, imparfaite, et entièrement défectueuse.

L'histoire naturelle de l'homme commençant à sa première origine, doit avoir pour principal l'instant de sa conception. On peut croire que l'homme, ainsi que tous les animaux, nait dans un œuf, qui, par les sucs nourriciers, transmis de la matrice dans le cordon ombilical, donne au germe qu'il renferme un commencement de consistance au bout de quelques jours que cet œuf a séjourné dans la matrice. Quelque temps après, la figure de l'homme est un peu plus apparente. Enfin après quatre ou six semaines de conception et d'accroissement perpétué, la figure humaine est tout à fait déterminée : on y distingue une conformation générale, des membres figurés, et des marques sensibles du sexe dont il est.

Si cependant ce bel ouvrage de la nature plus ou moins avancé, reçoit des troubles et des commotions trop fortes dès ses premiers jours d'arrangement ; que par exemple la seve nourricière manque ou soit détournée du vrai germe avant qu'il ait acquis un commencement de solidité, de vrai germe il devient faux-germe, ses premiers linéaments s'effacent et se détruisent par le long séjour qu'il fait encore dans la matrice avant que d'être expulsé : cette congélation séminale flottante dans beaucoup plus d'eau qu'elle n'a de volume, se divise d'abord, puis elle se confond si bien dans les parties aqueuses, qu'on ne retrouve plus que de l'eau un peu louche dans le centre du faux-germe.

C'est donc dans ce point, que ce petit œuf, régulier dans sa figure, transparent à-travers ses membranes, laissant apercevoir par sa diaphanéïté un petit corps louche dans le centre de ses eaux, change peu-à-peu, prend une figure informe, et mérite alors le nom de faux-germe.

La figure informe du faux-germe déterminée dès les premiers dérangements du vrai germe, devient plus ou moins apparente et monstrueuse, selon le plus ou le moins de temps qu'il séjourne et qu'il vit, pour ainsi dire, dans la matrice ; les sucs nourriciers ne pouvant plus se transmettre au vrai germe, se fixent et s'arrêtent à ses membranes ; leur transparence devient opaque ; ses pellicules prennent forme de chair par une seve sur-abondante ; et le trouble mis dans la distribution des liqueurs et des esprits, fait prendre à l'œuf une figure monstrueuse : il devient corps étranger pour la nature, et plus il reste dans la matrice, plus son irrégularité et son volume la tourmentent, et plus elle essuie d'accidents ou de violences pour s'en débarrasser.

La chute du faux-germe, ou son expulsion la plus générale hors de la matrice, est depuis six semaines de conception jusqu'au terme de trois mois ou environ : je dis la plus générale, parce que des hasards heureux pour les gens de l'art, ont expulsé de la matrice des germes manqués si nouvellement, que la figure régulière de l'œuf n'avait pas eu le temps d'être changée, qu'on distinguait encore à-travers la transparence de ses membranes, l'embrion suspendu en forme de taison dans le centre d'une mer d'eau proportionnément au petit volume de l'embrion. Feu M. Puzos, démonstrateur pour les accouchements à Paris, en a fait voir de très-naturels dans les écoles de S. Côme à ses écoliers : et comme le temps détruit bien-tôt ces petits phénomènes, quelque précaution qu'on apporte pour les conserver, il en a fait d'artificiels si ressemblans à ceux que la nature semblait avoir voulu lui donner en présent, qu'il paraitrait assez difficîle de douter, et de la naissance de l'homme dans un œuf, de son accroissement gradué dans ce même œuf, et de la perversion de l'œuf, et de son vrai germe par les causes déduites ci-dessus.

Ce n'est pas une règle générale dans la perversion des vrais germes, qu'on ne trouve dans ces masses informes que de l'eau : c'est à la vérité la fausse-couche la plus ordinaire, cependant il s'en fait dans lesquelles on trouve l'embrion commencé au centre du faux-germe ; il lui suffit d'avoir profité pendant une quinzaine de jours pour prendre consistance, et former un petit corps solide qui ne se détruit plus. On en voit du volume d'une mouche à miel, et ce sont les plus petits, de même que les plus gros qui se trouvent renfermés dans le faux-germe, n'excédent guère le volume du ver à soie renfermé dans sa coque avant que d'être en feve.

L'embrion au-dessus de cette dernière grosseur mérite alors le nom de foetus : cinq ou six semaines d'accroissement lui donnent forme humaine ; il est distingué et reconnu pour tel dans toutes ses parties et dans toutes ses dépendances. On le trouve renfermé dans toutes ses membranes, flottant dans ses eaux, nourri par le cordon ombilical, et muni d'un placenta adhérent au fond de la matrice ; que si par quelque cause que ce sait, ce petit foetus périt, ce qui l'entoure ne devient plus faux-germe, ni corps informe : il reste dans ses membranes et dans ses eaux jusqu'à ce que la matrice ait acquis des moyens suffisans pour l'expulser ; elle y parvient toujours en plus ou moins de temps, et ces moyens sont toujours ou douleurs considérables avec perte de sang légère, ou perte de sang très-violente et fort peu de douleurs.

L'expulsion du foetus bien formé hors de la matrice, est un avortement bien certain, c'est un fruit bien commencé, lequel arrêté dans son accroissement se flétrit, seche pour ainsi dire sur pied, et ne demande qu'à sortir ; pour cet effet, il fournit par son séjour des importunités à la matrice, qui à la fin tournent en douleurs et en perte de sang, et exigent un travail fort ressemblant à celui d'un enfant vivant et fort avancé ; et comme il ne résulte de ce travail qu'un homme manqué dès sa première configuration, on doit donner à ce travail le nom d'avortement, puisqu'il ne produit qu'un fruit avorté sans perdre la ressemblance et la figure de ce qu'il devrait être.

Nous appellerions donc volontiers avortement tout foetus expulsé hors de la matrice mort ou vivant, mais toujours dans le cas de ne pouvoir vivre, quelque soin qu'on puisse en prendre dès qu'il est né : nous comprendrions par conséquent les termes des grossesses susceptibles d'avortement, depuis six semaines jusqu'à six mois révolus ; au septième mois révolu de la grossesse, l'enfant venu au monde vivant, mais trop tôt, et pouvant s'élever par des soins et des hasards heureux, forme un accouchement prématuré : presque tous les enfants nés à sept mois périssent, peu d'entr'eux échappent au défaut de forces et de temps, au contraire de ceux qui naissent dans le huitième mois, qui plus communément vivent, et sont plus en état de pouvoir profiter des aliments qui leur conviennent : enfin l'accouchement de neuf mois est celui d'une parfaite maturité ; c'est le terme que la nature a prescrit au séjour de l'enfant dans la matrice ; terme néanmoins souvent accourci par des causes naturelles, telles que la grossesse de deux ou trois enfants, l'hydropisie de la matrice, sa densité qui l'empêche de s'étendre autant que l'accroissement de l'enfant l'exige, ou la faiblesse de ses ressorts qui la font ceder trop tôt au poids des corps contenus : on pourrait joindre aux causes naturelles des accouchements prématurés, des maladies, des coups, des chutes, et généralement tout accident capable d'accélérer la sortie d'un enfant avant son terme.

Qui voudrait traiter cette matière à fond, trouverait de quoi faire un volume assez intéressant, s'il était entrepris par une main que l'expérience et la théorie conduisissent ; mais comme il n'est ici question que de donner une idée générale du germe manqué dans la conception de l'homme, nous croyons en avoir assez dit, pour porter les curieux à prendre quelque teinture des connaissances réservées d'ordinaire aux gens de l'art. Voyez cependant les articles AVORTEMENT, FAUSSE-COUCHE, GERME, OEUF, GENERATION, FOETUS, MOLE, ACCOUCHEMENT, ENFANTEMENT, etc. Article de M(D.J.)

FAUX-JOUR, s. m. en Architecture, est une fenêtre percée dans une cloison pour éclairer un passage de dégagement, une garde-robe ou un petit escalier, qui ne peut avoir du jour d'ailleurs. Les faux-jours sont surtout d'un grand secours dans la distribution pour communiquer de la lumière dans les petites pièces pratiquées entre les grandes : on a hésité longtemps à en faire usage ; cependant l'on peut dire que c'est à ces faux-jours que l'on doit la plus grande partie des commodités qui font le mérite de la distribution française. La manière dont on décore la plupart de ces faux-jours du côté des appartements avec des glaces, des gazes brochées, etc. est tout à fait ingénieuse, et mérite une attention particulière. Voyez à Paris l'hôtel de Talmont, de Villars, de Villeroy, etc. bâtis sur les desseins de feu M. Lelion architecte du Roi. (P)

FAUX-JOUR, (Peinture) On dit qu'un tableau n'est pas dans son jour, ou qu'il est dans un faux-jour, lorsque du lieu où l'on le voit, il parait dessus un luisant qui empêche de bien distinguer les objets. Les tableaux encaustiques n'ont point ce défaut. Voyez ENCAUSTIQUE. Dictionnaire de Peint. (R)

FAUX-LIMONS, s. m. pl. (Charpentier) sont ceux qui se mettent dans les baies des croisées ou des portes. Voyez LIMON.

FAUX-MARQUE ou CONTRE-MARQUE, s. m. (Maréchalerie) termes synonymes : le second est plus usité que le premier.

Le cheval contre-marqué est celui dans la table de la dent duquel on observe une cavité factice ou artificielle, et telle que l'animal parait marquer : cette friponnerie n'est pas la seule dont les maquignons sont capables. Voyez MAQUIGNON.

Ils commettent celle dont il s'agit, par le moyen d'un burin d'acier, semblable à celui que l'on emploie pour travailler l'ivoire : ils creusent légèrement les dents mitoyennes, et plus profondément celles des coins. Pour contrefaire ensuite le germe de feve, ils remplissent la cavité de poix résine, ou de poix noire, ou de soufre, ou bien ils y introduisent un grain de froment, après quoi ils enfoncent un fer chaud dans cette cavité, et réitèrent l'insertion de la poix, du soufre ou grain, jusqu'à ce qu'ils aient parfaitement imité la nature : d'autres y vident simplement de l'encre très-grasse, mais le piège est alors trop grossier.

L'impression du feu forme toujours un petit cercle jaunâtre qui environne ces trous. Il est donc question de dérober et de soustraire ce cercle aux yeux des acheteurs. Aussi-tôt qu'il s'en présente ; le maquignon glisse le plus adroitement qu'il lui est possible dans la bouche de l'animal une légère quantité de mie de pain très-seche, et pilée avec du sel ou quelqu'autre drogue prise et tirée des apophlegmatisans, et dont la propriété est d'exciter une écume abondante : cette écume couvre et cache le cercle, mais dès qu'on en nettoie la dent avec le doigt, il reparait, et on le découvre bien-tôt ; d'ailleurs les traits du burin sont trop sensibles pour n'être pas aisément aperçus.

Le but ou l'objet de cette fraude ne peut être parfaitement dévoilé qu'autant que nous nous livrerons à quelques réflexions sur les marques et sur les signes auxquels on peut reconnaître l'âge du cheval.

La connaissance la plus particulière et la plus sure qu'on puisse en avoir, se tire de la dentition, c'est-à-dire du temps et de l'époque de la pousse des dents, et de la chute de celles qui doivent tomber pour faire place à d'autres.

La situation des quarante dents dont l'animal est pourvu, est telle qu'il en est dans les parties latérales postérieures en-delà des barres, dans les parties latérales en-deçà des barres, et dans les parties antérieures de la bouche ; de-là leur division en trois classes.

La première est celle des dents qui, situées dans les parties latérales postérieures en-delà des barres, sont au nombre de vingt-quatre, six à chaque côté de chaque mâchoire : elles ne peuvent servir en aucune façon pour la connaissance et pour la distinction de l'âge, d'autant plus qu'elles ne sont point à la portée de nos regards. On les nomme mâchelières ou molaires, mâchelières du mot mâcher, molaires du mot moudre, parce que leur usage est de triturer, de broyer, de rompre les aliments ou le fourrage : opération d'autant plus nécessaire, que sans la mastication il ne peut y avoir de digestion parfaite.

La seconde classe comprend les dents qui, placées dans les parties latérales en-deçà des barres, sont au nombre de quatre, une à chaque côté de chaque mâchoire. Les anciens les nommaient écaillons, nous les appelons crocs ou crochets ; ce sont en quelque façon les dents canines du cheval. Les juments en sont communément privées, et n'ont par conséquent que trente-six dents : il en est néanmoins qui en ont quarante, mais leurs crochets sont toujours très-petits, et elles sont dites brechaines. Beaucoup de personnes les regardent comme admirables pour le service, et comme très-impropres pour les haras ; d'autres au contraire les apprécient pour le haras, et les rejettent pour le service. On peut placer ces idées différentes et ces opinions opposées, dans le nombre des erreurs qui, jusqu'à présent, ont infecté la science du cheval.

La troisième classe renferme enfin les dents qui sont situées antérieurement, et qui sont au nombre de douze, six à chaque mâchoire : leur usage est de tirer le fourrage et de brouter l'herbe, pour ensuite ce fourrage être porté sous les molaires qui, ainsi que je l'ai dit, le broyent et le triturent : aussi ces dents antérieures ont-elles bien moins de force que les autres, et sont-elles bien plus éloignées du centre de mouvement.

L'ordre, la disposition des dents dans l'animal, n'est pas moins merveilleuse que leur arrangement dans l'homme : elles sont placées de manière que les deux mâchoires peuvent se joindre, mais non pas par-tout en même temps, afin que l'action de tirer et de brouter, et celle de rompre et de triturer, soient variées selon le besoin et la volonté. Lorsque les dents molaires se joignent, les dents antérieures de la mâchoire supérieure avancent en-dehors ; elles couvrent, elles outre-passent en partie celles de la mâchoire inférieure qui leur répondent ; et quand les extrémités ou les pointes des dents antérieures viennent à se joindre, les molaires demeurent écartées.

Les unes et les autres ont, de même que toutes les parties du corps de l'animal, leur germe dans la matrice, et celles qui succedent à d'autres ne sont pas nouvelles ; car elles étaient formées, quoiqu'elles ne parussent point. Séparez les mâchoires du foetus du cheval, vous y trouverez les molaires, les crochets, et les antérieures encore molles, distinguées par un interstice osseux, et dans chacune un follicule muqueux et tenace, d'où la dent sortira. Séparez encore ce rang de dents, vous en trouverez sous les antérieures un second, composé de celles qui sont destinées à remplacer celles qui doivent tomber ; je dis sous celui des antérieures, car les crochets et les molaires ne changent point. Les dents sont donc molles dans leur origine ; elles ne paraissent que comme une vessie membraneuse encore tendre et garnie à l'extérieur d'une humeur muqueuse : cette vessie abonde en vaisseaux sanguins et nerveux ; elle se durcit dans la suite par le desséchement de la matrice plâtreuse qui y aborde sans-cesse, c'est ce qui fait le corps de la dent. La substance muqueuse, que j'ai dit être à l'extérieur, devient encore plus compacte par sa propre nature, et forme ce que l'on appelle l'émail.

Les dents antérieures du cheval diffèrent de celles de l'homme, en ce que cette petite vessie, qui dans nous est close et fermée en-dessus, est au contraire ouverte dans l'animal, ce qui fait que la cavité de la dent qui ne parait point dans l'homme, parce qu'elle est intérieure, parait au-dehors dans le cheval. C'est cette même cavité qui s'efface avec l'âge, dans laquelle on aperçoit, tant que l'animal est jeune, une espèce de tache noire que l'on nomme germe de feve, et que les maquignons veulent imiter en contre-marquant l'animal.

L'origine de ce germe de fève ne peut être ignorée : la cavité de la dent est remplie par l'extrémité des vaisseaux qui lui appartiennent ; or dès que l'air aura pénétré dans cette cavité, il desséchera la superficie de ces mêmes extrémités ; il la réduira, il la noircira, et delà cette sorte de tache connue sous le nom de germe de feve.

Prenons à présent un poulain dès sa naissance : il n'a point de dents. Quelques jours après qu'il est né, il en perce quatre sur le devant de la mâchoire, deux dessus et deux dessous ; peu de temps ensuite, il en pousse quatre autres situées à chaque côté des premières qui lui sont venues, deux dessus et deux dessous ; enfin à trois ou quatre mois, il lui en pousse quatre autres situées à chaque côté des huit premières, deux dessus et deux dessous ; de façon qu'alors on aperçoit douze dents de lait à la partie intérieure de la bouche du cheval.

On les distingue des dents du cheval fait, en ce que celles-ci sont larges, plates, et rayées surtout depuis leur sortie des alvéoles, c'est-à-dire depuis le cou de la dent jusqu'à la table, tandis que les autres sont petites, courtes, et blanches. M. de Soleysel, et presque tous les auteurs, leur ont supposé une marque plus sensible et plus distincte : ils ont prétendu qu'elles n'ont point de cavité : ce fait est absolument faux ; elles en ont une comme celles du cheval, et cette erreur serait très-capable d'égarer ceux qui chercheront à apprendre la connaissance de l'âge d'après leur système, puisqu'il s'ensuivrait qu'en considérant la bouche d'un poulain, toutes les dents étant creuses, ils s'imagineraient que l'animal aurait cinq ans, tandis qu'il n'en aurait pas trois.

Ces douze dents de lait subsistent sans aucun changement, jusqu'à ce que le poulain ait atteint l'âge de deux ans et demi ou trois ans. Pendant cet espace de temps, on ne peut donc distinguer par la dentition le poulain d'un an, d'avec celui qui en aura deux.

On ne saurait trop se récrier sur la négligence que l'on a apporté jusqu'à présent, même à l'égard des choses qui pouvaient nous conduire aux connaissances les plus triviales et les plus simples. Celles des dents ne demandaient que des yeux, des observations de fait, et non une étude pénible, abstraite et sérieuse. On s'est cependant contenté d'une inspection légère, d'un examen peu réfléchi ; en sorte que l'on voit très-communément des écuyers qui s'honorent du titre de connaisseurs, ne se rapporter en aucune façon les uns et les autres sur l'âge de l'animal, et qu'il nous est totalement impossible de discerner avec certitude et avec précision, un poulain d'une année, dont la constitution sera forte et bonne, d'avec un poulain de deux années, dont la constitution serait faible et délicate.

Il est vrai qu'on a eu recours à cet effet aux poils et aux crins, mais et ces objets et ces guides sont peu surs. Le poulain d'un an, dit-on, a toujours le poil comme de la bourre ; il est frisé comme celui d'un barbet. Ses crins, soit de l'encolure, soit de la queue, ressemblent à de la filasse, tandis que les crins et le poil du poulain de deux ans, ne diffèrent point de ceux du cheval : or comment s'appuyer et s'étayer sur cette remarque, qui ne détermine d'ailleurs rien de fixe et de juste, surtout si nous considérons que les crins d'un cheval de cinq, six, sept, huit années, plus ou moins, seront tels qu'on nous les dépeint dans le poulain d'un an, si l'animal travaille continuellement à l'ardeur du Soleil, comme les chevaux de rivière, et s'il est mal soigné, mal nourri, mal pansé, mal peigné ?

Il importerait néanmoins beaucoup de connaître l'âge du poulain depuis sa naissance jusqu'à deux ans et demi, trois ans ; la raison du non-usage que l'on en fait dans cet intervalle de temps, ne saurait autoriser notre ignorance sur ce point. Premièrement, on peut vendre un poulain d'une année, qui aura bien profité, pour un poulain de deux ans. Secondement, qu'un maquignon de mauvaise foi arrache à un poulain de cette espèce huit dents de lait, les dents de cheval, qui doivent leur succéder, se montreront bientôt, et on prendra ce poulain d'un ans et demi, deux ans, pour un poulain de quatre ans. Si l'on avait attention au contraire à la marque des dents de lait, celles du coin subsistant toujours, nous sauverait de l'erreur dans laquelle on veut nous induire, et du piège que notre impéritie occasionne et favorise. On objectera peut-être qu'il n'est pas possible d'y tomber, et d'acheter un poulain d'un an et demi ou deux ans, pour un poulain de quatre années, parce que dès-lors les crochets de dessous devraient avoir poussé : mais il sera facîle de répondre, en premier lieu, s'il s'agit d'une jument, qui ordinairement n'a pas de crochets, comment se garantir de la fraude ? En second lieu, il est des chevaux qui n'en ont point : il est vrai que le cas est rare. En troisième lieu, les crochets poussent à trois ans et demi, quatre ans, et la dent de quatre ans peut les devancer. Enfin, ne voit-on pas des marchands de chevaux frapper adroitement la gencive à l'endroit où le crochet doit percer ; de manière qu'à la suite des petits coups qu'ils ont donnés, il survient une dureté qu'ils présentent comme une preuve que le crochet est prêt à sortir. Il faudrait donc nécessairement, pour éviter d'être trompé, suivre les dents de lait comme nous suivons celles du cheval : elles sont creuses, elles ont le germe de fève ; et par les remarques que l'on ferait, on se mettrait à l'abri de toute surprise et de tout détour. J'avais prié quelques inspecteurs des haras de se livrer à des observations aussi faciles, je ne sai quel a été le résultat de leurs recherches ; on ne saurait trop les inviter à en faire part au public.

Quoi qu'il en sait, si l'on fait attention au temps de la chute de ces dents, on verra qu'à l'âge de deux ans et demi, trois ans, celles qui sont situées à la partie antérieure de la bouche, deux dessus et deux dessous, font place à quatre autres que l'on nomme les pinces ; ainsi à deux ans et demi, trois ans, le poulain a quatre dents de cheval et huit dents de lait.

A trois ans et demi, quatre ans, les quatre dents de lait placées à chaque côté des pinces, deux dessus et deux dessous, tombent, et font place à quatre autres qui se nomment les mitoyennes, parce qu'elles sont situées entre les pinces et les coins ; de façon qu'à trois ans et demi, quatre ans, le poulain a huit dents de cheval et quatre dents de lait.

Enfin à quatre ans et demi, cinq ans, les quatre dents de lait qui lui restaient, deux dessus et deux dessous, à chaque côté des mitoyennes, tombent encore, et font place à quatre autres que l'on appelle les coins ; en sorte qu'à quatre ans et demi, cinq ans, l'animal a tout mis, c'est-à-dire les pinces, les mitoyennes, et les coins ; et perdant dès lors le nom de poulain, il prend celui de cheval. Du reste, je ne fixe point d'époque certaine et de temps absolument fixe ; je ne me fonde que sur un terme indécis d'une année ou d'une demi-année, parce que ce changement n'a pas lieu dans un espace déterminément limité. Il est des chevaux qui mettent les dents plutôt, d'autres plutard ; les premiers auront eu une nourriture dure, solide et ferme, telle que la paille, le foin, etc. les autres en auront une molle, telle que l'herbe : il est cependant assuré, en général, qu'à deux ans et demi l'animal met les pinces.

Les douze dents antérieures ne sont pas les seuls indices de son âge, les crochets nous l'annoncent aussi ; ils ne sont précédés d'aucune dent, et ne succedent par conséquent à aucune autre. Ceux de la mâchoire inférieure percent à trois ans et demi, quatre ans ; ceux de la mâchoire supérieure, à quatre ans, quatre ans et demi. Dès qu'ils percent, ils sont aigus, ils sont tranchants ; et à mesure qu'ils croissent, on aperçoit deux cannelures dans la partie qui est du côté du dedans de la bouche ; cannelure qui s'efface dans la suite, et qui ne subsiste pas toujours. Il arrive quelquefois cependant que les crochets de la mâchoire supérieure précédent ceux de la mâchoire inférieure. Rien n'est au surplus moins certain que la forme et le temps de l'éruption de ces dents. Quoiqu'on prétende qu'une connaissance parfaite de la dentition à cet égard soit presque la seule qu'on doive chercher à acquérir, je peux certifier que j'ai Ve nombre de chevaux qui n'étaient âgés que de cinq ans, et dont néanmoins les crochets étaient ronds et émoussés.

Nous avons conduit l'animal jusqu'à l'âge de quatre ans et demi, cinq ans, cherchons à étendre nos découvertes ; mais voyons auparavant si celles dont les auteurs nous ont fait part, ne portent point avec elles un caractère d'incertitude, source de la diversité de nos opinions.

Dès que les pinces et les mitoyennes sont déchaussées ou hors de leurs alvéoles, elles font leur crue en quinze jours ; il n'en est pas de même des coins, et c'est à cette différence à laquelle on s'est attaché. On a cru en effet que la dent de coin et les crochets devaient uniquement fixer nos regards depuis l'âge de quatre ans et demi, cinq ans, c'est-à-dire dès que le cheval a tout mis ; et comme les coins sont les dernières dents qui rasent, on s'est contenté de s'arrêter à l'examen du plus ou moins de progrès que faisait, s'il m'est permis de m'exprimer ainsi, le remplissage de la dent, pour décider si le cheval a cinq et demi, six ans ou sept ans ; car dès que la cavité cesse de paraitre, on dit qu'il a rasé, ce qu'il fait environ à huit années. Il suffit d'exposer le système de M. de Soleysel sur ce point, système généralement reçu, pour être convaincu que rien n'est plus équivoque que ce qui résulte de ses principes.

Premièrement, il avance que les coins de dessus percent avant ceux de dessous ; mais cette règle n'est pas invariable : car souvent les coins de la mâchoire inférieure devancent et précèdent ceux de la mâchoire supérieure. D'ailleurs, comment s'en rapporter sérieusement aux observations suivantes ?

Dès que la dent de coin parait, dit-il, elle borde seulement la gencive, le dedans et le dehors sont garnis de chair jusqu'à cinq ans ; ainsi la dent de coin dans cet état fait présumer que le cheval entre dans ses cinq ans, et qu'il ne les a pas encore : à cinq ans faits, la chair que l'on aperçoit dans cette dent est entièrement retirée : de cinq ans à cinq ans et demi, la dent demeure creuse : de cinq ans et demi à six ans, ce creux, qui paraissait, occupe le milieu de la dent, qui dès-lors est égale au-dehors et au-dedans : à sept ans cette cavité diminue et se remplit : à huit ans elle est effacée, c'est-à-dire que le cheval a rasé. En un mot, continue-t-il, le coin dès sa naissance est de l'épaisseur d'un écu ; à cinq ans, cinq ans et demi, de l'épaisseur de deux écus ; à six ans, de l'épaisseur du petit doigt ; à sept ans, de l'épaisseur du second ; à huit ans, de l'épaisseur du troisième.

Il est singulier que M. de Soleysel ait pu croire que la nature s'assujettissait toujours exactement à ces dimensions et à ces mesures ; sa remarque, juste par hasard sur la bouche d'un cheval, n'aura pas lieu, si l'on fait attention aux coins placés dans la bouche de cent autres. Ajoutons que tels chevaux, en qui les coins bordent seulement la gencive, sont âgés de sept ans ; et d'ailleurs serait-il bien possible de juger précisément et sainement du point de diminution de la cavité, pour distinguer parfaitement l'âge de six ou sept années ? J'ose me flatter que la voie et la méthode que j'indiquerai, seront et plus sures et plus faciles.

La même règle qui a été suivie dans la pousse des dents, subsiste dans leur changement et dans leur forme.

Les premières dents qui ont paru sont tombées les premières, et ont fait place aux pinces : le poulain a eu alors deux ans et demi, trois ans. Les secondes sont tombées les secondes, et ont fait place aux mitoyennes : l'animal a eu dès-lors trois ans et demi, quatre ans. La chute des troisiemes enfin a fait place aux coins, et le poulain est parvenu à quatre ans et demi, cinq ans. Les pinces raseront donc les premières, et leur cavité remplie l'animal aura six ans : les mitoyennes raseront ensuite, l'animal aura sept ans : enfin les coins étant rasés, le cheval en aura huit.

Pour connaître et distinguer son âge, lorsqu'il ne marque plus, on a eu recours à une observation non moins fautive que les autres. On a pensé que selon que les crochets sont plus ou moins arrondis, et que les cannelures sont effacées, il doit être déclaré plus ou moins vieux. Il faut partir d'un principe plus constant : ayez égard aux marques des dents antérieures de la mâchoire supérieure ; car quoique les inférieures aient rasé, les supérieures marquent encore ; et s'attachant au temps où elles cesseront de marquer, et où leur cavité s'effacera, on pourra suivre surement l'âge de l'animal, après qu'il aura atteint celui de huit années. Les pinces de la mâchoire supérieure rasent en effet à huit ans et demi, neuf ans ; les mitoyennes, à neuf ans et demi, dix ans ; et les dents de coin, à dix ans et demi, onze ans, et quelquefois à douze.

Je ne prétends pas que cette loi ne souffre aucune exception, la nature varie toujours dans ses opérations ; il est cependant des points dans lesquels sa marche est plus uniforme que dans d'autres. J'avais observé avant l'impression de mes éléments d'Hippiatrique, ce fait sur plus de deux cent chevaux, et je n'en avais trouvé que quatre dont les dents supérieures déposent contre sa certitude ; elle a été confirmée depuis par l'aveu de tous ceux qui ont cherché à s'en assurer, et je ne pense pas que quelques preuves très-rares du contraire suffisent pour anéantir cette règle : car il serait absolument impossible alors d'en reconnaître une seule qui fût fixe et invariable. On ne serait pas plus autorisé en effet à la contester à la vue de quelques cas qui peuvent la démentir, que l'on serait fondé à soutenir que les chevaux marquent toujours, parce que l'on en trouve qui ne rasent point, et dont le germe de fève ne s'efface jamais.

Ceux-ci sont nommés en général chevaux beguts ; les juments et les chevaux hongres sont plus sujets à l'être que les chevaux entiers ; les polonais, les cravates, les transylvains, le sont presque tous.

J'en distingue trois espèces : la première comprend ceux qui marquent toujours, et à toutes les dents, la seconde est composée de ceux qui ne marquent qu'aux mitoyennes et aux coins : la troisième enfin est formée par ceux dans lesquels le germe de fève subsiste toujours, et je nomme ces derniers faux-beguts.

Nous avons déjà dit qu'un cheval a cinq ans faits, lorsqu'on aperçoit une cavité dans les pinces, les mitoyennes et les coins. Nous sommes encore convenus que les coins ne croissent que peu-à-peu et par succession de temps : or si nous apercevons que la dent de coin est égale au-dedans et au-dehors, et que la cavité que l'on y remarque soit assez diminuée pour que l'animal soit parvenu à sa sixième année, la dent de pince doit avoir rasé ; et que si elle n'est pas entièrement pleine, l'animal est begut. Ajoutez à cet indice la preuve qui suit ; car dans ce cas la cavité des dents n'est pas telle qu'elle doit être, puisqu'elles sont toutes également creuses. Or vous savez que lorsque l'animal approche de cinq ans et demi, et qu'il a cinq ans faits, les pinces qui doivent raser les premières, ont une moindre cavité que les mitoyennes ; ainsi dès que cette cavité sera égale dans les pinces, dans les mitoyennes et dans les coins, et que celles-ci ne seront pas plus creuses que les pinces, l'animal sera incontestablement begut.

Celui qui ne marque qu'aux mitoyennes et aux coins ; c'est-à-dire dans lequel la dent de pince a rasé, quoiqu'il soit begut, sera facilement reconnu, si l'on compare, ainsi que je viens de l'expliquer, la cavité des mitoyennes et des coins ; mais l'embarras le plus grand est de discerner l'animal begut d'un cheval de sept ans faits, lorsque la dent de coin seulement ne doit jamais raser. C'est alors qu'il faut avoir recours aux crochets, et à tous les signes qui indiquent la vieillesse, d'autant plus qu'on ne peut espérer de tirer aucune connaissance des dents supérieures, parce que tout cheval begut l'est par ces dents comme par les dents inférieures.

Quand aux chevaux que j'ai nommés faux-beguts, c'est-à-dire quant à ceux dans lesquels le germe de fève ne s'efface jamais, on pourrait les diviser en deux classes, dont la première comprendrait l'animal dans lequel le germe de fève subsiste toujours, et à toutes les dents ; et la seconde, celui dont le germe de fève effacé dans les pinces, ne serait visible que dans les mitoyennes et les coins, ou que dans les coins seuls : mais comme ce germe de fève, dès qu'il n'y a plus de cavité dans la dent, n'est d'aucun présage, et que la cavité est la seule marque que nous consultions, il importe peu qu'il paraisse toujours.

Les signes caractéristiques de la vieillesse de l'animal sont très-nombreux, si l'on adopte tous ceux qui ont été décrits par les auteurs, et auxquels ils se sont attachés pour reconnaître l'âge du cheval, les huit années étant expirées.

On peut en décider, 1°. selon eux, par les nœuds de la queue ; ils prétendent qu'à dix ou douze ans il descend un nœud de plus, et qu'à quatorze ans il en parait un autre : 2°. par les salières qui sont creuses, par les cils qui sont blancs, par le palais décharné, et dont les sillons ne sont plus sensibles : par la lèvre supérieure, qui étant relevée, fait autant de plis que le cheval a d'années ; par l'os de la ganache, qui est extrêmement tranchant à quatre doigts au-dessus de la barbe ; par la peau de l'épaule et de la ganache, qui étant pincée, conserve le pli qui y a été fait, et ne se remet point à sa place ; par la longueur des dents, par leur décharnement, par la crasse jaunâtre qu'on y aperçoit ; enfin par les crochets usés, et par la blancheur du cheval, qui de gris qu'il était, est entièrement devenu blanc.

Tous ces prétendus témoignages sont très-équivoques ; on doit rejeter comme une absurdité des plus grossières, celui que l'on voudrait tirer des nœuds de la queue, et celui qui résulte des salières creuses, et de l'animal qui a cillé : car il est des chevaux très-vieux dont les salières sont très-pleines, et de jeunes chevaux dont les cils sont très-blancs. Il faut encore abandonner toutes les conséquences que l'on déduit du décharnement du palais, des plis comptés de la lèvre supérieure, du tranchant de l'os de la ganache, de la peau de l'épaule, de la longueur des dents, puisque les chevaux beguts les ont très-courtes, et de la crasse jaunâtre que l'on y aperçoit. Les signes vraiment décisifs sont la situation des dents ; si elles sont comme avancées sur le devant de la bouche, et qu'elles ne portent pour ainsi dire plus à-plomb les unes sur les autres, croyez que l'animal est très-vieux. D'ailleurs, quoique la forme des crochets varie quelquefois, voyez si ceux de dessous sont usés, s'ils sont arrondis, émoussés ; si ceux de dessus ont perdu toute leur cannelure, s'ils sont aussi ronds en-dedans qu'en dehors : de-là vous pouvez conjecturer plus surement que l'animal n'est pas jeune.

La raison pour laquelle la cavité de la dent ne s'efface jamais dans le cheval begut, se présente naturellement à l'esprit, lorsqu'on se rappelle d'où nait le germe de fève. Il n'est formé que par la superficie des vaisseaux qui, frappés par l'air, ont été desséchés, durcis et noircis ; or si l'air les a d'abord trop resserrés, ou que la matière qui sert de nourriture à la dent, ait été par sa propre nature plus susceptible de desséchement, le corps de la dent sera plutôt compact ; et les sucs destinés à sa végétation ne pouvant pénétrer avec la même activité, dès-lors la cavité subsistera. Une preuve de cette vérité nous est fournie par l'expérience, qui nous montre et qui nous a appris que la dent du cheval begut est plus dure que celle de celui qui ne l'est pas.

Le germe de fève subsiste toujours dans le faux-begut, quoique la cavité s'efface et se remplisse, par ce que la partie extérieure de la dent aura végeté plutôt que sa partie intérieure ; c'est-à-dire que l'humeur tenace qui entourait la vessie membraneuse dont nous avons parlé, aura acquis plutôt un degré de solidité, que cette vessie renfermée dans la cavité : dès-lors les petits vaisseaux noircis et durcis par l'air, ayant été resserrés et comprimés par les parois résultantes de l'humeur muqueuse destinée dès son origine à la formation de l'émail, ils n'auront pu être poussés au-dehors, et le germe de fève paraitra toujours, quoique la dent soit remplie.

C'est à la faiblesse des fibres de la jument, qui sont sans-doute, comme celles de toutes les femelles des animaux, comparées à celles des mâles, c'est-à-dire infiniment lâches, que nous attribuerons le nombre considérable des juments begues. Les fibres du cœur étant par conséquent plus molles en elles, elles ne pousseront point avec la même force le fluide nécessaire à la végétation de la dent. La même cause peut être appliquée au cheval hongre, qui, dès qu'il a cessé d'être entier, perd beaucoup de son feu et de sa vigueur ; ce qui prouve évidemment que dans lui la circulation est extrêmement ralentie.

L'éruption des dents occasionne des douleurs et des maladies, principalement celle des crochets. Ils sont plus durs, plus tranchants et plus aigus que les autres, qui sont larges et émoussées. D'ailleurs n'étant précédés d'aucunes dents, comme les antérieures, leur protrusion ne peut être que très-sensible, puisqu'ils doivent nécessairement, en se faisant jour, rompre, irriter et déchirer les fibres des gencives : de-là ce flux de ventre, ces diarrhées considérables, cette espèce de nuage qui semble obscurcir la cornée, attendu les spasmes qu'excite dans tout le corps la douleur violente. Les premières voies en sont offensées, les digestions ne sauraient donc être bonnes ; et l'irritation suscitant des ébranlements dans tout le système nerveux, l'obscurcissement des yeux ne présente rien qui doive surprendre.

Il est bon de faciliter cette éruption, en relâchant la gencive : il faut pour cet effet frotter souvent cette partie avec du miel commun ; et si en usant de cette précaution on sent la pointe du crochet, on ne risque rien de presser la gencive, de manière qu'elle soit percée sur le champ. On oint de nouveau avec du miel ; et la douleur passée, tous les maux qu'elle avait fait naître disparaissent.

Si l'on remonte à la cause ordinaire de la carie, on conclura que les dents du cheval peuvent se carrier ; cependant ce cas est extrêmement rare, attendu l'extrême compacticité qui en garantit la substance intérieure des impressions de l'air. Dès que la corruption est telle que l'animal a une peine extrême à manger, qu'il se tourmente, et que son inquiétude annonce la vivacité de la douleur qu'il ressent, il faut nécessairement le délivrer de la partie qui l'affecte, c'est la voie la plus sure, et l'on ne risque point dès lors les inconvénients qui peuvent arriver, comme des fistules, la carie de l'un ou de l'autre des os de la mâchoire. Voyez SURDENT. Il en est de même des surdents, dents de loup. Voyez ibid.

Quant aux pointes et aux âpretés des dents molaires, pointes et âpretés qui viennent à celles de presque tous les vieux chevaux, et que quelques auteurs nomment très-mal à-propos surdents, on doit, non les abattre avec la gouge, ainsi que plusieurs maréchaux le pratiquent, mais faire mâcher une lime à l'animal : cette lime détruit les inégalités qui piquent la langue et les joues, de manière à donner lieu à des ulcères, et qui de plus empêchent l'animal de manger et de broyer parfaitement les aliments. Il n'en tire que le suc ; des pelotons de foin mâché qui retombent à terre ou dans la mangeoire, se glissent même entre les joues et les dents : c'est ce que nous appelons faire grenier, faire magasin.

Enfin il est des dents qui vacillent dans leurs alvéoles ; en ce cas on recourra à des topiques astringens, pour les raffermir en resserrant la gencive, comme à la poudre d'alun, de bistorte, d'écorce de grenade, de cochléaria, de myrthe, de quinte-feuille, de sauge, de sumac, etc.

Je ne sai si ces lumières seront suffisantes pour guider ceux qui seront assez sincères pour convenir de bonne-foi qu'ils errent dans les ténèbres ; mais les détails dans lesquels je suis entré relativement à la connaissance de l'âge, inspireront peut-être une juste défiance aux personnes qui croient pouvoir puiser dans les écrits dont ils sont en possession, toutes les instructions dont ils ont besoin. Ils éclaireront d'ailleurs celles qui séduites par une aveugle crédulité, imaginent que l'on a fait tous les pas qui conduisent à la perfection de notre art, puisque notre ignorance sur un point aussi facîle à approfondir, pourra leur faire présumer qu'à l'égard de ceux qui exigeraient toute la contention de l'esprit, elle est encore plus grande. (e)

FAUX-MARQUE, (Vénerie) il se dit d'une tête de cerf quand elle n'a que six cors d'un côté, et qu'elle en a sept de l'autre : on dit alors, le cerf porte quatorze faux-marqués, car le plus emporte le moins.

FAUX-PLANCHER, s. m. en Architecture, c'est au-dessous d'un plancher, un rang de solives ou de chevrons lambrissés de plâtre ou de menuiserie, sur lequel on ne marche point, et qui se fait pour diminuer l'exhaussement d'une pièce d'appartement. Voyez ENTRE-SOL. Ces faux-planchers se pratiquent aussi dans un galetas, pour en cacher le faux-comble. Ce mot se dit encore d'un aire de lambourdes et de planches sur le couronnement d'une voute, dont les reins ne sont pas remplis. (P)

FAUX-POIDS, voyez POIDS et MESURES.

FAUX-PONT, (Marine) c'est une espèce de pont que l'on fait à fond-de-cale, pour la conservation et la commodité de la cargaison. On place le faux-pont entre le fond-de-cale et le premier pont. On lui donne peu de hauteur. Il sert à coucher des soldats et des matelots. Quelquefois on fait étendre les faux-ponts d'un bout à l'autre du vaisseau ; quelquefois jusqu'à la moitié seulement. (Z)

FAUX-POITRAIL, (Manège) Voyez POITRAIL.

FAUX-PRINCIPAL, (Jurisprudence) est la poursuite qui s'intente directement contre quelqu'un, pour faire déclarer fausse une pièce qu'il a en sa possession, ou dont il pourrait se servir.

Le faux-principal diffère du faux-incident, en ce que celui-ci est proposé incidemment à une contestation où la pièce était opposée au demandeur en faux ; au lieu que le faux-principal est une poursuite formée pour raison du faux, sans qu'il y eut précédemment aucune contestation sur ce qui peut avoir rapport à la pièce arguée de faux.

Les plaintes, dénonciations, et accusations de faux-principal, se font en la même forme que celle des autres crimes ; sans consignation d'amende, inscription en faux, sommation, ni autres procédures, en quoi le faux-principal diffère encore du faux-incident.

L'accusation de faux peut-être admise encore que les pièces prétendues fausses eussent été vérifiées, même avec le plaignant, à d'autres fins que celles d'une poursuite de faux-principal ou incident, et qu'il fût intervenu un jugement sur le fondement de ces pièces, comme si elles étaient véritables.

Sur la requête ou plainte de la partie publique ou civile, on permet d'informer tant par titres que par témoins, comme aussi par experts et par comparaison d'écriture ou signature, selon l'exigence du cas. Les experts sont toujours entendus séparément par forme de déposition, et non par forme de rapport ou vérification. Si les experts ne s'accordent pas, ou qu'il y ait du doute, il dépend de la prudence du juge de nommer de nouveaux experts, pour être aussi entendus en information.

Les pièces arguées de faux doivent être remises au greffe, et procès-verbal d'icelles dressé comme dans le faux incident.

Voyez l'ordonnance de 1737, tit. j. où l'on trouve expliqué fort au long la procédure qui doit être tenue dans cette matière. (A)

FAUX-QUARTIER, (Manège) Voyez QUARTIER.

FAUX-RACAGE, (Marine) c'est un second racage qu'on met sur le premier, afin qu'il soutienne la vergue en cas que le premier soit brisé par quelque coup de canon. (Z)

FAUX-RAS est, parmi les Tireurs-d'Or, une plaque de fer percée d'un seul trou, doublée d'un morceau de bois également percé, pour laisser passer l'or de la filière.

FAUX-REMBUCHEMENT, s. m. (Vénerie) il se dit du mouvement d'une bête qui entre dans un fort, y fait dix ou douze pas, et revient tout court sur elle pour se rembucher dans un autre lieu.

FAUX-RINJOT, (Marine) Voyez SAFRAN.

FAUX-SAUNAGE s. m. Commerce de faux-sel : ce terme n'est guère usité qu'en France, où non-seulement il est défendu de faire entrer des sels étrangers dans le royaume, mais où il n'est permis qu'au seul adjudicataire des gabelles, ou à ses commis, regrattiers, etc. d'en débiter dans toute l'étendue de sa ferme.

Le faux-saunage, qui ne s'exerce ordinairement que sur les frontières des provinces privilégiées, mais dont on a Ve quelquefois des exemples dans le cœur du royaume, est défendu sous des peines très-rigoureuses. Les nobles qui s'en mêlent, sont déchus de noblesse, privés de leurs charges, et leurs maisons rasées, si elles ont servi de retraite aux faux-sauniers. Les roturiers qui se sont attroupés avec armes, sont envoyés aux galeres pour neuf ans ; et en cas de recidive, pendus. S'ils font ce trafic sans port-d'armes, ils encourent l'amende de 300 livres, et la confiscation de leurs harnais, chevaux, charrettes, bateaux, etc. pour la première fois ; et pour la seconde, celle des galeres pendant neuf ans. S'ils ne sont que ce qu'on appele, en termes de faux-saunage, de simples porte-cols, ils paient d'abord 200 l. d'amende ; et s'ils recidivent, on les condamne aux galeres pour six ans.

Les femmes et filles même sont sujettes aux peines du faux-saunage, portées par l'article 17. de l'ordonnance de 1680 ; savoir 200 livres pour la première fais, 300 liv. pour la seconde, et au bannissement perpétuel hors du royaume pour la troisième.

Le commerce des sels étrangers n'est guère moins sévérement puni ; quiconque en fait entrer en France sans permission par écrit, encourt la peine des galeres. Dict. de Comm. de Trév. et Chamb. (G)

FAUX-SAUNIER, celui qui fait le trafic du faux-sel, qui exerce le faux-saunage. Voyez FAUX-SAUNAGE.

FAUX-SEL, s. m. (Commerce) c'est le sel des pays étrangers qui est entré en France sans permission, ou celui qui se trouvant dans l'étendue de la ferme des gabelles, n'a pas été pris au grenier à sel de l'adjudicataire, ou aux regrats. Voyez REGRAT et FAUX-SAUNAGE. Dict. de Comm. (G)

FAUX-SOLDAT, ou plutôt passe-volant, (Art militaire) soldat qu'on fait passer en revue quoiqu'il ne soit point réellement engagé. Voyez FAGOT, PASSE-VOLANT. " Ceux qui exposent, dit le chevalier de Ville, les passe-volans et les demi-payes aux montres, s'excusent, disant que ce sont gens effectifs ; et qu'encore qu'ils ne leur donnent pas l'argent du roi, ils ne laissent pas d'être dans la place ; et qu'au besoin, ils feraient aussi-bien à la défense, comme les soldats qui reçoivent la montre tous les mois ". Cette raison n'est pas fort pertinente, parce que les passe-volans ne sont pas obligés à demeurer dans la place ni servir, etc. De la charge des gouverneurs, par le chevalier de Ville. (Q)

FAUX-TEMOIN, s. m. est celui qui dépose ou atteste quelque chose contre la vérité. Voyez TEMOIN. (A)

FAUSSE-ATTAQUE, c'est, dans la guerre des siéges, une attaque qui n'a pour objet que de partager les forces de l'ennemi, pour trouver moins de résistance du côté par où l'on veut pénétrer.

On fait ordinairement une fausse-attaque dans un siège. On en fait aussi dans l'escalade. Voyez ATTAQUE et ESCALADE.

Il arrive quelquefois que la fausse-attaque devient la véritable, lorsqu'on éprouve moins de résistance du côté qu'elle se fait, que des autres côtés. On fait encore de fausses-attaques, lorsqu'on veut forcer des lignes et des retranchements. (Q)

FAUSSE-BRAYE, c'est, dans la Fortification, une seconde enceinte au bord du fossé ; elle consiste dans un espace de quatre ou cinq taises au niveau de la campagne, entre le bord du fossé et le côté extérieur du rempart couvert, par un parapet construit de la même manière que celui du rempart de la place. L'usage de la fausse-braye est de défendre le fossé par des coups, qui étant tirés d'un lieu moins élevé que le rempart, peuvent plus facilement être dirigés vers toutes les parties du fossé. Marolais, Fritach, Dogen, et plusieurs autres auteurs, dont les constructions ont été adoptées des Hollandais, faisaient des fausses-brayes à leurs places. On ne s'en sert plus à-présent ; parce que l'on a observé que lorsque l'ennemi était maître du chemin-couvert, il lui était aisé de plonger du haut du glacis dans les faces de la fausse-braye, et de les faire abandonner ; en sorte qu'on ne pouvait plus occuper que la partie de cet ouvrage vis-à-vis la courtine. Quand le rempart était revêtu de maçonnerie, les éclats causés par le canon, rendaient aussi cette partie très-dangereuse : les bombes y faisaient d'ailleurs des désordres, auxquels on ne pouvait remédier. Ajoutez à ces inconvénients la facilité que donnait la fausse-braye pour prendre les places par l'escalade, lorsque le fossé était sec. Lorsqu'il était plein d'eau, la fausse-braye se trouvait également accessible dans les grandes gelées. Tous ces désavantages ont assez généralement engagé les ingénieurs modernes à ne plus faire de fausse-braye, si ce n'est vis-à-vis les courtines, où les tenailles en tiennent lieu. Voyez TENAILLES. La citadelle de Tournay, construite par M. de Megrigny, et non point par M. de Vauban, comme on le dit dans un ouvrage attribué à un auteur très-célèbre, avait cependant une fausse-braye. Mais M. de Folard prétend que cet ouvrage lui avait été ajouté ; pour corriger les défauts de la première enceinte. (Q)

FAUSSES-COTES, (Anatomie) on donne ce nom aux cinq côtes inférieures de chaque côté, dont les cartilages ne s'attachent point immédiatement au sternum. Le diaphragme qui tient à ces cinq côtes par son bord circulaire, laisse dans les cadavres couchés sur le dos, un grand vide qui répond à ces côtes, et qui renferme l'estomac, le foie, la rate. Comme ces viscères sont dits naturels, M. Monro croit qu'ils ont fait appeler les côtes correspondantes, bâtardes ou fausses. Voyez son anatomie des os, troisième édition, pag. 223. Il est plus vraisemblable qu'on a considéré qu'elles étaient plus cartilagineuses, moins osseuses, et moins vraies en ce sens, que les supérieures. Voyez COTES. (g)

FAUSSE-COUCHE, s. f. (Physiolog. Med. Droit politiq.) expulsion du foetus avant terme.

En effet, comme une infinité de causes s'opposent souvent à l'accroissement du foetus dans l'utérus, et le chassent du sein maternel avant le temps ordinaire ; pour lors la sortie de ce foetus hors de la matrice avant le terme prescrit par la nature, a été nommée fausse-couche ou avortement.

Je sai que les Médecins et les Chirurgiens polis emploient dans le discours le premier mot pour les femmes, et le dernier pour les bêtes ; mais le physicien ne fait guère d'attention au choix scrupuleux des termes, quand il est occupé de l'importance de la chose : celle-ci intéresse tous les hommes, puisqu'il s'agit de leur vie dès le moment de la conception. On ne saurait donc trop l'envisager sous diverses faces ; et nous ne donnerons point d'excuse au lecteur pour l'entretenir plus au long sur cette matière, qu'on ne l'a fait sous le mot avortement : il est quelquefois indispensable de se conduire ainsi pour le bien de cet ouvrage.

Les signes présomptifs d'une fausse-couche prochaine, sont la perte subite de la gorge, l'évacuation spontanée d'une liqueur séreuse, par les mamelons du sein ; l'affaissement du ventre dans sa partie supérieure et dans ses côtés ; la sensation d'un poids et d'une pesanteur dans les hanches et dans les reins, accompagnée ou suivie de douleur ; l'aversion pour le mouvement dans les femmes actives ; des maux de tête, d'yeux, d'estomac ; le froid, la faiblesse, une petite fièvre, des frissons, de legeres convulsions, des mouvements plus fréquents et moins forts du foetus, lorsque la grossesse est assez avancée pour qu'une femme le puisse sentir. Ces divers signes plus ou moins marqués, et surtout réunis, font craindre une fausse-couche, et quelquefois elle arrive sans eux. On la présume encore plus surement par les causes capables de la procurer, et par les indices du foetus mort, ou trop faible.

Les signes avant-coureurs immédiat d'une fausse-couche, sont l'accroissement et la réunion de ces symptômes, joints à la dilatation de l'orifice de la matrice, aux envies fréquentes d'uriner, à la formation des eaux, à leur écoulement, d'abord purulent, puis sanglant ; ensuite à la perte du sang pur ; enfin à celle du sang grumelé, ou de quelque excrétion semblable et extraordinaire.

Les causes propres à produire cet effet, quoique très-nombreuses, peuvent commodément se rapporter, 1° à celles qui concernent le foetus, ses membranes, les liqueurs dans lesquelles il nage, son cordon ombilical, et le placenta ; 2° à l'utérus même ; 3° à la mère qui est enceinte.

Le foetus trop faible, ou attaqué de quelque maladie, est souvent expulsé avant le terme ; accident qu'on tâche de prévenir par des corroborants : mais quand le foetus est mort, monstrueux, dans une situation contraire à la naturelle, trop gros pour pouvoir être contenu jusqu'à terme, ou nourri par la mère ; lorsque ses membranes sont trop faibles, lorsque le cordon est trop court, trop long, noué ; il n'est point d'art pour prévenir la fausse-couche. Il est encore impossible qu'une femme ayant avorté d'un des deux enfants qu'elle a conçus, puisse conserver l'autre jusqu'à terme ; car l'utérus s'étant ouvert pour mettre dehors le premier de ces enfants, ne se referme point que l'autre n'en soit chassé. Le cordon ombilical étant une des voies communicatives entre la mère et le foetus, toutes les fois que cette communication manque, la mort du foetus et l'avortement s'ensuivent. La même chose arrive quand les enveloppes du foetus se rompent, parce qu'elles donnent lieu à l'écoulement du liquide dans lequel il nageait.

Le foetus reçoit principalement son accroissement par le placenta, et sa nourriture par la circulation commune entre lui et la mère. Si donc il se fait une séparation du placenta d'avec l'utérus, le sang s'écoule tant des artères ombilicales, que des artères utérines, dans la cavité de la matrice ; d'où suit nécessairement la mort du foetus, tandis que la mère elle-même est en grand danger. Si l'on peut empêcher les causes de cette séparation, on préviendra l'avortement ; c'est pourquoi les femmes sanguines, pléthoriques, oisives, et qui vivent d'aliments succulents, ont besoin de saignées réitérées depuis le second mois de leur grossesse, jusqu'au cinq ou sixième, pour éviter une fausse-couche.

Elle doit encore arriver, si le placenta devient skirrheux, ou s'il s'abreuve de sérosités qui ne peuvent convenir à la nourriture du foetus.

L'utérus devient aussi très-souvent par lui-même une cause fréquente des fausses-couches ; 1°. par l'abondance du mucus, qui couvrant ses parois intérieures, donne une union trop faible au placenta ; 2°. lorsque cette partie est trop délicate ou trop petite pour contenir le foetus ; 3°. si son orifice est trop relâchée, comme dans les femmes attaquées de fleurs blanches ; 4°. si un grand nombre d'accouchements ou d'avortements ont précédé ; 5°. dans toutes les maladies de cette partie, comme l'inflammation, l'érésipele, l'hydropisie, la callosité, le skirrhe, la passion hystérique, quelque vice de conformation, etc. 6°. dans des blessures, des contusions, le resserrement du bas-ventre, la compression de l'épiploon, et tout autre accident qui peut chasser le foetus du sein maternel.

Les différentes causes qui de la part de la mère produisent la fausse-couche, sont certains remèdes évacuans, propres à expulser le foetus : tels que les cantharides, l'armoise, l'aconit, la sabine, les emménagogues, les purgatifs, les vomitifs, les fumigations, les lavements ; toutes les passions vives, la colere et la frayeur en particulier ; les fréquents vomissements, les fortes toux, les grands cris, les exercices, danses, sauts, et secousses violentes ; les efforts, les faux-pas, les chutes, les trop ardents et fréquents embrassements, les odeurs ou vapeurs desagréables et nuisibles à la respiration, la pléthore ou le manque de sang, la diete trop sévère, le ventre trop pressé par des busques roides, ou par lui-même trop longtemps resserré ; des saignées et des purgations faites à contre-temps, la faiblesse de la constitution ; enfin toutes les maladies tant aiguës que chroniques, sont l'origine d'un grand nombre de fausses-couches.

C'est pourquoi il faut toujours diriger les remèdes à la nature de la maladie, et les diversifier en conséquence des causes qu'on tâchera de connaître par leurs signes : ainsi les saignées réitérées sont nécessaires dans la pléthore ; la bonne nourriture, dans les femmes faibles et peu sanguines ; les corroborants généraux et les topiques, dans le relâchement de l'orifice de l'utérus, etc. Enfin si les causes qui produisent l'avortement, ne peuvent être ni prévenues ni détruites, et qu'il y ait des signes que le foetus est mort, il faut le tirer hors de l'utérus par le secours de l'art.

Nous manquons d'un ouvrage particulier sur les fausses-couches ; car il faut compter pour rien celui du sieur Charles de Saint-Germain, qui parut en 1665 in -8°. Un bon traité demanderait un homme également versé dans la théorie et la pratique. Il serait encore à désirer que dans un ouvrage de cette nature, on réduisit sous un certain nombre d'aphorismes, les vérités incontestables qui nous sont connues sur le sujet des avortements. J'en vais donner quelques exemples pour me faire entendre.

1°. L'avortement est plus dangereux et plus pénible au sixième, septième, et huitième mois, que dans les cinq premiers ; et alors il est ordinairement accompagné d'une grande perte de sang.

2°. Il est toujours funeste à l'enfant, ou dans le temps même de la fausse-couche, ou peu de temps après.

3°. Les femmes d'une constitution lâche ou dont quelques accidents ont affoibli la matrice, avortent le plus facilement.

4°. Cet accident arrive beaucoup plus souvent dans les deux ou trois premiers mois de la grossesse, que dans tous les autres.

5°. Comme la matrice ne s'ouvre qu'à proportion de la petitesse du foetus, l'on voit assez fréquemment que l'arriere-faix dont le volume est beaucoup plus gros, reste arrêté dans l'utérus pendant quelque temps.

6°. Dans les fausses-couches au-dessous de cinq ou six mois, il ne faut pas beaucoup se mettre en peine de réduire en une bonne figure les foetus qui se présentent mal ; car en quelque posture que soient ces avortons, la nature les expulse assez facilement à cause de leur petitesse.

7°. La grosseur des foetus avortons morts ne répond pas d'ordinaire au terme de la grossesse ; car ils n'ont communément, quand ils sont chassés de l'utérus, que la grosseur qu'ils avaient lorsque leur principe de vie a été détruit.

8°. Quand ils sont expulsés vivants, ils ont rarement de la voix avant le sixième mois, peut-être parce que leur poumon n'a pas encore la force de pousser l'air avec assez d'impétuosité pour former aucun cri.

9°. Les fausses-couches rendent quelquefois des femmes fécondes qui ont été longtemps stériles par le défaut des règles, soit en quantité, soit en qualité.

10°. Les femmes sujettes à de fréquentes fausses-couches, produites par leur tempérament, doivent avant que de se mettre en état de concevoir, se priver pendant quelques mois des plaisirs de l'amour, et plus encore dès qu'elles seront grosses.

11°. Si le foetus est mort, il faut attendre l'avortement sans rien faire pour le hâter : excellente règle de pratique.

12°. Les précautions qu'on prend contre l'avortement pendant la grossesse, ne réussissent pas aussi souvent que celles que l'on prend entre l'avortement et la grossesse qui suit.

13°. Les femmes saines ni maigres ni grasses, qui sont dans la vigueur de leur âge, qui ont le ventre libre et l'utérus humide, supportent mieux la fausse-couche et ses suites, que ne le font d'autres femmes.

14°. Avec tous les soins et les talents imaginables, on ne prévient pas toujours une fausse-couche de la classe de celles qui peuvent être prévues ou prévenues.

15°. L'avortement indiqué prochain, qu'on n'a plus d'espérance de prévenir, ne peut ni ne doit être empêché par aucuns remèdes, quels qu'ils puissent être.

16°. La femme grosse qui a la vérole au point d'en faire craindre les suites pour elle et pour son fruit, doit être traitée de cette maladie dans les premiers mois de sa grossesse, en suivant les précautions et les règles de l'art.

17°. Le danger principal de l'avortement, vient de l'hémorrhagie qui l'accompagne ordinairement.

18°. Celui que les femmes se procurent volontairement et par quelque cause violente, les met en plus grand péril de la vie que celui qui leur arrive sans l'exciter.

19°. Il est d'autant plus dangereux, que la cause qui le procure est violente, soit qu'il vienne par des remèdes actifs pris intérieurement, ou par quelque blessure extérieure.

20°. La coutume des accoucheuses qui ordonnent à une femme grosse, quand elle s'est blessée par une chute ou autrement, d'avaler dans un œuf de la soie cramoisi découpée menu, de la graine d'écarlate, de la cochenille, ou autres remèdes de cette espèce ; cette coutume, dis-je, n'est qu'une pure superstition.

21°. C'est un autre abus de faire garder le lit pendant 29 jours fixes aux femmes qui se sont blessées, et de les faire saigner au bout de ce temps-là, au lieu d'employer d'abord la saignée et autres remèdes convenables, et de considérer que le temps de la garde du lit peut être plus court ou plus long, suivant la nature et la violence de l'accident.

En un mot, cette matière présente quantité de faits et de principes, dont les Médecins et les Chirurgiens peuvent tirer de grands usages pour la pratique de leur profession ; mais ce sujet n'est pas moins digne de l'attention du législateur philosophe, que du médecin physicien.

L'avortement provoqué par des breuvages ou autres remèdes de quelqu'espèce qu'ils soient, devient inexcusable dans la personne qui le commet, et dans ceux qui y participent. Il est vrai qu'autrefois les courtisannes en Grèce se faisaient avorter sans être blâmées, et sans qu'on trouvât mauvais que le médecin y concourut ; mais les autres femmes et filles qui se procuraient des avortements, entrainées par les mêmes motifs qu'on voit malheureusement subsister aujourd'hui, les unes pour empêcher le partage de leurs biens entre plusieurs enfants, les autres pour se conserver la taille bien faite, pour cacher leur débauche, ou pour éviter que leur ventre devint ridé, comme il arrive à celles qui ont eu des enfants, ut careat rugarum crimine venter ; de telles femmes, dis-je ont été de tout temps regardées comme criminelles.

Voyez la manière dont Ovide s'exprime sur leur compte ; c'est un homme dont la morale n'est pas sévère, et dont le témoignage ne doit pas être suspect : celle-là, dit-il, méritait de périr par sa méchanceté, qui la première a appris l'art des avortements.

Quae prima instituit teneros avellere foetus,

Malitiâ fuerat digna perire suâ.

Et il ajoute un peu après,

Haec neque in Armeniis tigres fecère latebris,

Perdere nec foetus ausa leaena suos :

At tenerae faciunt, sed non impunè, puellae ;

Saepe suos utero quae necat, ipsa perit,

Eleg. XIVe lib. II. amor.

Il est certain que les violents apéritifs ou purgatifs, les huiles distillées de genièvre, le mercure, le safran des métaux, et semblables remèdes abortifs, produisent souvent des incommodités très-fâcheuses pendant la vie, et quelquefois une mort cruelle. On peut s'en convaincre par la lecture des observations d'Albrecht, de Bartholin, de Zacutus, de Mauriceau, et autres auteurs. Hippocrate, aux V. et VI. livres des maladies populaires, rapporte le cas d'une jeune femme qui mourut en convulsion quatre jours après avoir pris un breuvage pour détruire son fruit. Tel est le danger des remèdes pharmaceutiques employés pour procurer l'avortement.

Parlons à présent d'un étrange moyen qui a été imaginé depuis Hippocrate dans la même vue. Comme il s'est perpétué jusqu'à nous, loin de le passer sous silence, je dois au contraire en publier les suites malheureuses. Ce moyen fatal se pratique par une piqûre dans l'utérus, avec une espèce de stylet fait exprès. Ovide en reproche l'usage aux dames romaines de son temps, dans la même élegie que j'ai citée. Pourquoi, leur dit-il, vous percez-vous les entrailles avec de petits traits aigus ? Vestra quid effoditis subjectis viscera telis ? Mais Tertullien décrit l'instrument même en homme qui sait peindre et parler aux yeux. Voici ses paroles : est etiam aeneum spiculum quo jugulatio ipsa dirigitur coeco latrocinio ; appelant, utique viventis infantis peremptorium. Tertull. de anima, cap. xxxv. ed. Rigalt. p. 328.

Qui n'admirerait qu'une odieuse et funeste invention se soit transmise de siècle en siècle jusqu'au nôtre, et que des découvertes utiles soient tombées dans l'oubli des temps ? En 1660 une sage-femme fut exécutée à Paris pour avoir mis en pratique le coecum latrocinium dont parle Tertullien. " J'avoue, dit Guy-Patin, tom. I. lett. 191. ann. 1660. qu'elle a procuré la fausse-couche, en tuant le foetus, par l'espèce de poinçon qu'elle a conduit à-travers le vagin jusque dans la matrice, mais la mère en est morte dans un état misérable " : on n'en sera pas étonné si l'on considère les dangers de la moindre blessure de l'utérus, la délicatesse de cette partie, ses vaisseaux, et ses nerfs.

La raison et l'expérience ne corrigent point les hommes ; l'espoir succede à la crainte, le temps presse, les moments sont chers, l'honneur commande et devient la victime d'un affreux combat : voilà pourquoi notre siècle fournit les mêmes exemples et les mêmes malheurs que les siècles passés. Brendelius ayant ouvert en 1714 une jeune fille morte à Nuremberg de cette opération, qu'elle avait tentée sur elle-même, a trouvé l'utérus distendu, enflammé, corrompu ; les ligaments, les membranes et les vaisseaux de ce viscère dilacérés et gangrenés. Ephém. acad. nat. curios. obs. 167. En un mot, les filles et les femmes qui languissent, et qui périssent tous les jours par les inventions d'un art si funeste, nous instruisent assez de son impuissance et de ses effets. La fin déplorable d'une fille d'honneur de la reine mère Anne d'Autriche, Mademoiselle de *** qui se servit des talents de la Constantin, sage-femme consommée dans la science prétendue des avortements, sera le dernier fait public que je citerai de la catastrophe des fausses-couches procurées par les secours de l'industrie : le fameux sonnet de l'avorton fait par M. Hainaut à ce sujet, et que tout le monde sait par cœur, pourra servir à peindre les agitations et le trouble des femmes qui se portent à faire périr leur fruit.

Concluons trois choses de tout ce détail : 1°. que l'avortement forcé est plus périlleux que celui qui vient naturellement : 2°. qu'il est d'autant plus à craindre, qu'il procede de causes violentes dont les suites sont très-difficiles à fixer : 3°. enfin, que la femme qui avorte par art, est en plus grand danger de sa vie que celle qui accouche à terme.

Cependant puisque le nombre des personnes qui bravent les périls de l'avortement procuré par art est extrêmement considérable, rien ne serait plus important que de trouver des ressources supérieures à la sévérité des lais, pour épargner les crimes et pour sauver à la république tant de sujets qu'on lui ôte ; je dis, rien ne serait plus important que de trouver des ressources supérieures à la sévérité des lais, parce que l'expérience apprend que cette sévérité ne guérit point le mal. La loi d'Henri II. roi de France, qui condamne à mort la fille dont l'enfant a péri, en cas qu'elle n'ait point déclaré sa grossesse aux magistrats, n'a point été suivie des avantages qu'on s'était flatté qu'elle produirait, puisqu'elle n'a point diminué dans le royaume le nombre des avortements. Il faut puiser les remèdes du mal dans l'homme, dans la nature, dans le bien public. Les états, par exemple, qui ont établi des hôpitaux pour y recevoir et nourrir, sans faire aucune enquête, tous les enfants trouvés et tous ceux qu'on y porte, ont véritablement et sagement détourné un prodigieux nombre de meurtres.

Mais comment parer aux autres avortements ? c'est en corrigeant, s'il est possible, les principes qui y conduisent ; c'est en rectifiant les vices intérieurs du pays, du climat, du gouvernement, dont ils émanent. Le législateur éclairé n'ignore pas que dans l'espèce humaine les passions, le luxe, l'amour des plaisirs, l'idée de conserver sa beauté, l'embarras de la grossesse, l'embarras encore plus grand d'une famille nombreuse, la difficulté de pourvoir à son éducation, à son établissement par l'effet des préjugés qui règnent, etc. que toutes ces choses, en un mot, troublent la propagation de mille manières, et font inventer mille moyens pour prévenir la conception. L'exemple passe des grands aux bourgeois ; au peuple, aux artisans, aux laboureurs qui craignent dans certains pays de perpétuer leur misere ; car enfin il est constant, suivant la réflexion de l'auteur de l'Esprit des Lais, que les sentiments naturels se peuvent détruire par les sentiments naturels mêmes. Les Amériquaines se faisaient avorter, pour que leurs enfants n'eussent pas des maîtres aussi barbares que les Espagnols. La dureté de la tyrannie les a poussés jusqu'à cette extrémité. C'est donc dans la bonté, dans la sagesse, dans les lumières, les principes, et les vertus du gouvernement, qu'il faut chercher les remèdes propres au mal dont il s'agit ; la Médecine n'y sait rien, n'y peut rien.

Séneque qui vivait au milieu d'un peuple dont les mœurs étaient perdues, regarde comme une chose admirable dans Helvidia, de n'avoir jamais caché ses grossesses ni détruit son fruit pour conserver sa raille et sa beauté, à l'exemple des autres dames romaines. Nunquam te, dit-il à sa gloire, foecunditatis tuae quasi exprobaret aetatem, puduit ; nunquam more alienarum, quibus omnis commendatio ex formâ petitur, tumescentem uterum abscondisti, quasi indecents onus ; nec inter viscera tua, conceptas spes liberorum elisisti. Consolat. ad matrem Helviam, cap. XVIe

On rapporte que les Eskimaux permettent aux femmes, ou plutôt les obligent souvent d'avorter par le secours d'une plante commune dans leur pays, et qui n'est pas inconnue en Europe. La seule raison de cette pratique, est pour diminuer le pesant fardeau qui opprime une pauvre femme incapable de nourrir ses enfants. Voyage de la baie d'Hudson, par Ellys.

On rapporte encore que dans l'île Formose il est défendu aux femmes d'accoucher avant trente ans, quoiqu'il leur soit libre de se marier de très-bonne heure. Quand elles sont grosses avant l'âge dont on vient de parler, les prêtresses vont jusqu'à leur fouler le ventre pour les faire avorter ; et ce serait non-seulement une honte, mais même un péché, d'avoir un enfant avant cet âge prescrit par la loi. J'ai Ve de ces femmes, dit Rechteren, voyages de la compagnie holland. tom. V. qui avaient déjà fait périr leur fruit plusieurs fois avant qu'il leur fût permis de mettre un enfant au monde. Ce serait bien là l'usage le plus monstrueux de l'Univers, si tant est qu'on puisse s'en rapporter au témoignage de ce voyageur. Article de M(D.J.)

FAUSSE-COUPE, s. f. (Coupe des pierres) c'est la direction d'un joint de lit oblique à l'arc du ceintre, auquel il doit être perpendiculaire pour être en bonne coupe. Les joints C D, C D, (figure 13.) sont en bonne coupe, parce qu'ils sont perpendiculaires à la courbe, et les joints m n, m n, sont en fausse-coupe.

Lorsque la voute est plate comme aux plates-bandes, ce doit être tout le contraire ; la bonne coupe doit être oblique à l'intrados, comme sont les joints m n, m n, (fig. 14.) au plat-fond A B, pour que les claveaux soient faits plus larges par le haut que par le bas (car si les joints sont perpendiculaires à la plate-bande, les claveaux deviennent d'égale épaisseur et sont alors en fausse-coupe, et ne peuvent se soutenir que par le moyen des barres de fer qu'on leur donne pour support, ou par une bonne coupe cachée sous la face à quelques pouces d'épaisseur, comme on en voit aux portes et aux fenêtres du vieux louvre à Paris, dont voici la construction. A B C D (fig. 15.) représente la face d'une plate-bande ; C D est l'intrados ; A B F E est l'extrados en perspective ; m n, m n, est la fausse-coupe apparente ; n o, n o, est la bonne coupe qui est enfoncée dans la plate-bande de la quantité m r de trois ou quatre pouces d'épaisseur, et occupe l'espace r s t. La figure 2. représente la clé, et la figure 3. un des autres voussoirs, où l'on voit une partie concave n r s t, propre à recevoir la partie convexe n r o t v de la clé, et une partie convexe n r o t v (figure 3.) propre à être reçue dans la cavité du voussoir prochain. (D)

FAUSSE-COUPE, s. f. en terme d'Orfèvre, est une manière de vase détaché, orné de ciselure, où la coupe d'un calice parait être emboitée et retenue.

FAUSSE-ENONCIATION, (Jurisprudence) est la même chose que faux-énoncé. Voyez ci-devant FAUX-ENONCE. (A).

FAUSSE-EQUERRE, s. f. (Coupe des pierres) on appelle ainsi ordinairement le compas d'appareilleur, quoiqu'il signifie en général un récipiangle, c'est-à-dire un instrument propre à mesurer l'ouverture d'un angle. Voyez EQUERRE. (D)

FAUSSE-ETRAVE, (Marine) c'est une pièce de bois qu'on applique sur l'étrave en-dedans pour la renforcer. (Z)

FAUSSE-GOURMETTE, (Manège) Voyez GOURMETTE. (e)

FAUSSE-GOURME, (Maréchallerie) maladie plus dangereuse que la gourme même : elle attaque les chevaux qui n'ont qu'imparfaitement jeté. Voyez GOURME.

FAUSSES-LANCES ou PASSE-VOLANS, (Marine) Ce sont des canons de bois faits au tour : on les bronze afin qu'ils ressemblent aux canons de fonte verte ; et que de loin on croye le vaisseau plus fort et plus en état de défense : les vaisseaux marchands se servent quelquefois de cette petite ruse.

FAUSSE-MESURE, voyez MESURE.

FAUSSE-MONNOIE, voyez MONNOIE.

FAUSSE-NEIGE ou NAGE, terme de Rivière ; c'est une petite buche aiguisée par un bout, que l'on met entre les chantiers pour soutenir la véritable neige.

FAUSSE-PAGE, (Imprimerie) Voyez PAGE.

FAUSSE-PLAQUE, terme d'Horlogerie ; il signifie en général une plaque posée sur la platine des piliers, et sur laquelle est fixé le cadran.

Dans les pendules, et même dans les montres anglaises, cette plaque a de petits piliers, dont les pivots entrant dans la grande platine, forment entre ces deux plaques une espèce de cage qui sert à loger la cadrature. Voyez CAGE.

Fausse-plaque se dit plus particulièrement d'une espèce d'anneau qui entoure la cadrature d'une montre à repétition ou à réveil : cet anneau s'appuie sur la platine des piliers, et porte le cadran, afin que les pièces de la cadrature se meuvent librement entre ces deux parties, et qu'elles aient une épaisseur convenable. On donne à la fausse-plaque une hauteur suffisante qui, dans les repétitions ordinaires, est d'environ le tiers de la cage. Voyez la fig. 61. Pl. XI. de l'Horlog.

On donne encore ce nom à une espèce de plaque en forme d'anneau peu épaisse, qui, dans les anciennes montres à la française, tenait par des vis à la platine des piliers, et sur laquelle posait le cadran. Quoique dans les montres d'aujourd'hui on l'ait supprimé, en donnant plus d'épaisseur à la platine des piliers, et en la creusant pour loger le cadran ; cependant le côté de cette platine, qui regarde le cadran, s'appelle encore la fausse-plaque. Voyez REPETITION, PLATINE, MONTRE, PENDULE, etc. (T)

FAUSSE-QUEUE, (Manège) Voyez QUEUE.

FAUSSE-QUILLE, (Marine) c'est une ou plusieurs pièces de bois qu'on applique à la quille par son dessous pour la conserver. (Z)

FAUSSE-QUINTE, est, en Musique, une dissonance appelée par les Grecs hemi-diapente, dont les deux termes sont distants de quatres degrés diatoniques, ainsi que ceux de la quinte juste, mais dont l'intervalle est moindre d'un semi-ton ; celui de la quinte étant de deux tons majeurs, d'un ton mineur, et d'un semi-ton majeur, et celui de la fausse-quinte seulement d'un ton majeur, d'un ton mineur, et de deux semi-tons majeurs. Si, sur nos claviers ordinaires, on divise l'octave en deux parties égales, on aura d'un côté la fausse-quinte comme si, fa, et de l'autre le triton, comme fa, si ; mais ces deux intervalles, égaux en ce sens, ne le sont, ni quant au nombre des degrés, puisque le triton n'en a que trois, ni dans la rigueur des rapports, celui de la fausse-quinte étant de 45 à 64, et celui du triton composé de deux tons majeurs, et un mineur, de 32 à 45.

L'accord de la fausse-quinte est renversé de l'accord dominant, en mettant la note sensible au grave. Voyez au mot ACCORD, comme il s'accompagne.

Il faut bien distinguer la fausse-quinte dissonance de la quinte-fausse, réputée consonnance, et qui n'est altérée que par accident. Voyez QUINTE. (S)

FAUSSE-RELATION, en Musique, voyez RELATION.

FAUSSES-RENES, (Manège) Voyez RENES.