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Catégorie : Histoire naturelle
S. f. (Histoire naturelle) matière tirée des végétaux, et élaborée dans le corps d'un animal. Les abeilles transforment en cire les poussières des étamines des plantes ; car les pelotes qu'elles forment avec cette poussière, et qu'elles rapportent dans la ruche, comme il a été dit à l'article de l'ABEILLE, et que l'on appelle de la cire brute, n'est pas de la vraie cire ; elle ne se ramollit ni ne se fond lorsqu'elle est échauffée ; elle tombe au fonds de l'eau, au lieu de surnager, etc. Il faut, pour que cette matière devienne de la vraie cire, que les abeilles la mâchent, l'avalent, et la digèrent. On a Ve à l'article ABEILLE, que ces insectes ont une bouche, des dents, une langue, et un estomac, c'est-à-dire des organes propres à toutes ces opérations. Lorsqu'une abeille arrive à la ruche avec des pelotes de cire brute, elle la mange quelquefois avant que d'entrer, mais pour l'ordinaire elle Ve sur les gâteaux en battant des ailes. Alors trois ou quatre autres abeilles viennent auprès de celle qui arrive, et mangent les pelotes dont elle est chargée. On prétend les avoir vues distinctement mâcher et avaler ; mais ce qui est encore plus certain, c'est qu'on a trouvé dans leur estomac et leurs intestins, de la cire brute bien reconnaissable par les grains de la poussière des étamines dont elle est composée. Lorsque les abeilles apportent plus de cire brute qu'elles n'en peuvent manger, alors elles la déposent dans des alvéoles, où il n'y a ni ver ni miel ; et dès qu'un de ces insectes y a fait tomber les deux pelotes dont il était chargé, il en vient un autre qui les étend dans l'alvéole, et quelquefois c'est le même qui les a apportées. Non-seulement ils les rangent, mais encore ils les pétrissent, et les imbibent d'une liqueur qui parait être du miel, parce qu'après cette opération la cire brute en a le goût ; c'est peut-être ce qui la conserve sans altération. On trouve dans les ruches des parties de gâteaux assez grandes, dont les cellules sont toutes remplies de cire brute. Il y en a aussi qui sont dispersées ou placées entre d'autres cellules, qui contiennent du miel ou des vers. Enfin les abeilles mangent la cire brute lorsqu'elles l'ont apportée dans la ruche, ou elles la déposent dans des alvéoles pour la manger dans un autre temps ; mais on croit qu'il faut qu'elles la digèrent pour la convertir en vraie cire ; qu'une partie sert à la nourriture de l'insecte, qu'une autre sort par l'anus en forme d'excréments, et que le reste revient par la bouche, et est employé à la construction des alvéoles, voyez ALVEOLE. On a Ve une liqueur mousseuse, ou une espèce de bouillie, sortir de la bouche dans le temps que l'abeille travaille à faire une cellule ; cette pâte se seche dans un instant ; c'est de la vraie cire. On prétend que les abeilles ne peuvent plus employer la cire dès qu'elle est entièrement seche. Ainsi lorsqu'on leur en présente auprès de leur ruche, elles ne s'en chargent pas, mais elles recherchent tout le miel qui peut y être mêlé ; elles hachent quelquefois la cire par morceaux, et ne l'abandonnent que lorsqu'elles en ont enlevé tout le miel ; et s'il n'y en avait point, elles ne toucheraient pas à la cire. Lorsqu'on fait passer des abeilles dans une nouvelle ruche entièrement vide, et qu'on les y renferme au commencement du jour, avant qu'elles aient pu ramasser de la cire brute, on trouve le soir des gâteaux de cire dans la nouvelle ruche. Il y a tout lieu de croire que la cire dont ces gâteaux sont formés, est venue de la bouche de ces insectes, en supposant qu'ils n'ont point apporté de cire brute attachée à leurs jambes. Cette matière éprouve des changements dans l'estomac, puisque la cire des alvéoles est blanche, quoique les pelotes de cire brute que les abeilles apportent dans la ruche soient de différentes couleurs, blanches, jaunes, orangées, rougeâtres, vertes. Les alvéoles nouvellement faits sont blancs, et ils jaunissent avec le temps et par différentes causes. Mais lorsqu'ils sont nouveaux, la teinte est à peu-près la même dans toutes les ruches ; s'il s'en trouve de jaunâtre, on peut croire que cette couleur vient d'une mauvaise digestion de la cire brute, que l'on a attribuée à un vice héréditaire que toutes les abeilles d'une ruche tiennent de leur mère commune. Ce qu'il y a de certain, c'est que toutes les cires ne sont pas également propres à recevoir un beau blanc dans nos blanchisseries. Mém. pour servir à l'histoire des insectes, tom. V. (I)


CIRE, (Histoire ancienne et moderne) Les hommes détruisent les cellules pour avoir la cire qui les forme, et l'on ne saurait dire à combien d'usages ils l'ont employée de tout temps. Autrefois on s'en servait comme d'un moule pour écrire, invention qu'on attribue aux Grecs. Pour cet effet, on faisait de petites planches de bois à-peu-près comme les feuillets de nos tablettes, dont les extrémités tout-à-l'entour étaient revêtues d'un bord plus élevé que le reste, afin que la cire ne put pas s'écouler. On répandait ensuite sur ces tablettes de la cire fondue, on l'applanissait, on l'égalisait, et l'on écrivait sur cette cire avec un poinçon. C'est pourquoi Plaute dit, dum scribo explevi totas ceras quatuor. Les testaments même s'écrivaient sur de la cire ainsi préparée. De-là vient qu'on leur donnait aussi le simple nom de cera, cire. V. Suetone dans la vie de César, chap. lxxxiij. et dans la vie de Néron, chap. XVIIe On se servait encore de la cire pour cacheter des lettres, et empêcher qu'elles ne fussent lues ; c'est ce qui parait par ce joli vers d'Ovide, lib. I. amor.

Caetera fert blanda cera notata manu.

L'on donnait à cette cire à cacheter toutes sortes de couleurs. Voyez Hein. de sigill. veter. pag. 1. cap. VIe

Aujourd'hui les particuliers se servent de lacque, voyez CIRE A CACHETER ; mais les princes, les magistrats, les grands seigneurs, et tous ceux qui ont droit de sceller, font encore usage de la cire d'abeille pour imprimer leurs sceaux, et les attacher aux ordonnances et arrêts qu'ils publient, comme aussi à toutes les patentes et expéditions en chancellerie, que l'on scelle de cire jaune, rouge, verte, dont la consommation à cet égard est très-considérable. Voyez CIRE, Jurisprud. CHAUFFE-CIRE, etc.

La cire a autrefois aussi servi dans la Peinture, en lui donnant telle couleur que l'on voulait, et on en faisait des portraits qu'on endurcissait par le moyen du feu ; mais il n'y avait chez les Romains que ceux qui avaient exercé des magistratures curules qui eussent le droit des images. Seneque nomme ces sortes de Peintures cereas apellineas. Plus les grands pouvaient étaler de tels portraits dans leur vestibule, et plus ils étaient nobles. De-là vient que les poètes se moquent de cette noblesse empruntée.

Nec te decipiant veteri cincta atria cerâ,

dit Ovide, lib. I. amor. eleg. VIII. 65. Et Juvenal encore mieux :

Tota licet vetères exornent undique cerae

Atria : nobilitas sola est atque unica virtus.

Satyr. VIII. 19.

Cet art a été poussé fort loin de nos jours. Tout le monde connait le nom du sieur Benait, et l'invention ingénieuse de ces cercles composés de personnages de cire, qui ont fait si longtemps l'admiration de la cour et de la ville. Cet homme, peintre de profession, trouva le secret de former sur le visage des personnes vivantes, même les plus belles et les plus délicates, et sans aucun risque ni pour la santé, ni pour la beauté, des moules dans lesquels il fondait des masques de cire auxquels il donnait une espèce de vie, par des couleurs et des yeux d'émail, imités d'après le naturel. Ces figures revêtues d'habits conformes à la qualité des personnes qu'elles représentaient, étaient si ressemblantes, que les yeux leur croyaient quelquefois de la vie ; mais les figures anatomiques faites en cire par le même Benait, peuvent encore moins s'oublier que la beauté de ses portraits.

Les modernes ont tellement multiplié les usages de la cire, qu'il serait difficîle de les détailler.

Ils commencent avant toutes choses pour s'en servir, à la séparer du miel par expression, à la purifier, à la mettre en pains que vendent les droguistes. Elle est alors assez solide, un peu glutineuse au toucher, et de belle couleur jaune, qu'elle perd un peu en vieillissant.

Pour la blanchir, on la purifie de nouveau en la fondant, on la lave, on l'expose à l'air et à la rosée : par ces moyens elle acquiert la blancheur, devient plus dure, plus cassante, et perd presque toute son odeur. Sa fonderie et son blanchissage requièrent beaucoup d'art ; les Vénitiens ont apporté cet art en France. Voyez BLANCHIR.

On demande dans le Ménagiana (tom. III. p. 120.) pourquoi les cires de Château-Gontier ne blanchissent point du tout. C'est parce que le fait n'est pas vrai. On propose en Physique cent questions de cette nature. Le blanchiment de Château-Gontier est précisément le premier de tous, et les cires de ce blanchiment sont en conséquence choisies pour les plus beaux ouvrages. Il en faut croire Pomet et Savary

En fondant la cire blanche avec un peu de térébenthine, on en fait la cire jaune molle, qu'on emploie en chancellerie. On la rougit avec du vermillon ou la racine d'orcanette ; on la verdit avec du verd-de-gris ; on la noircit avec du noir de fumée : ainsi on la colore comme on veut, et on la rend propre à gommer avec de la poix grasse.

Il est certain que cette substance visqueuse réunit diverses qualités qui lui sont particulières. Elle n'a rien de desagréable ni à l'odorat, ni au goût ; le froid la rend dure et presque fragile, et le chaud l'amollit et la dissout : elle est entièrement inflammable, et devient presque aussi volatîle que le camfre par les procédés chimiques. Voyez CIRE en Chimie, Pharmacie, Matière médicale.

Elle est devenue d'une si grande nécessité dans plusieurs arts, dans plusieurs métiers, et dans la vie domestique, que le débit qui s'en fait est presque incroyable ; surtout aujourd'hui qu'elle n'est plus uniquement réservée pour l'autel et pour le Louvre, et que tout le monde s'éclaire avec des bougies, l'Europe ne fournit point assez de cire pour le besoin qu'on en a. Nous en tirons de Barbarie, de Smyrne, de Constantinople, d'Alexandrie, et de plusieurs îles de l'Archipel, particulièrement de Candie, de Chio et de Samos ; et l'on peut évaluer dans ce seul royaume la consommation de cette cire étrangère, à près de dix mille quintaux par année.

Aussi le luxe augmentant tous les jours en France la grande consommation de la cire des abeilles, quelques particuliers ont proposé d'employer pour les cierges et les bougies, une cire végétale de Mississipi que le hasard a fait découvrir, et dont on a la relation dans les mém. de l'acad. des Scienc. ann. 1722. et 1725. Voici ce que c'est.

De la cire de la Louisiane. Dans tous les endroits tempérés de l'Amérique septentrionale, comme dans la Floride, à la Caroline, à la Louisiane, etc. il y a un petit arbrisseau qui croit à la hauteur de nos cerisiers, qui a le port du myrthe, et dont les feuilles ont aussi à-peu-près la même odeur. Ces arbres portent des graines de la grosseur d'un petit grain de coriandre dans leur parfaite maturité, vertes au commencement, ensuite d'un gris cendré ; ces graines renferment dans leur milieu un petit noyau osseux, assez rond, couvert d'une peau verte chagrinée, et qui contient une semence. Ce noyau est enveloppé d'une substance visqueuse, qui remplit tout le reste de la graine ou fruit : c'est-là la cire dont il s'agit. Cette cire est luisante, seche, friable, disposée en écaille sur la peau du noyau.

Il est très-aisé d'avoir cette cire : il n'y a qu'à faire bouillir des graines dans une quantité suffisante d'eau, et les écraser grossièrement contre les parois du vaisseau pendant qu'elles sont sur le feu ; la cire se détache des graines qui la renfermaient, et vient nager sur la superficie de l'eau. On la ramasse avec une cuillere, on la nettoie en la passant par un linge, et on la fait fondre de nouveau pour la mettre en pain.

Plusieurs personnes de la Louisiane ont appris par des esclaves sauvages de la Caroline, qu'on n'y brulait point d'autre bougie que celle qui se fait de cette cire. Dans les pays fort chauds où de la chandelle de suif se fondrait par la trop grande chaleur, il est sans comparaison plus commode d'avoir de la bougie ; et celle-là serait à bon marché, et toute portée dans les climats de l'Amérique qui en auraient besoin.

Un arbrisseau bien chargé de fruit, peut avoir en six livres de graine et une livre de fruit, un quart de livre de cire. Il est difficîle de déterminer au juste combien un homme pourrait ramasser de graines en un jour ; parce que ces arbres qui croissent sans culture sans art, sont répandus çà et là, tantôt plus, tantôt moins écartés les uns des autres, selon que différents hasards les ont semés : cependant l'on juge à-peu-près qu'un homme ramasserait aisément en un jour seize livres de graines, ce qui donnerait quatre livres de cire. Cette grande facilité, qui deviendrait beaucoup plus grande par des plantations régulières de ces arbres, et le peu de frais qu'il faut pour tirer la cire, serait fort à considérer si cette matière devenait un objet de commerce.

La cire qui se détache par les premières ébullitions est jaune, comme celle qui vient de nos abeilles ; mais les dernières ébullitions la donnent verte, parce qu'alors elle prend la teinture de la peau dont le noyau est couvert. Toute cette cire est plus seche et plus friable que la nôtre. Elle a une odeur douce et aromatique assez agréable.

Nous avons Ve à Paris des bougies vertes de cette cire, que le ministre avait reçues du Mississipi, et qui étaient fort bonnes. Le temps nous apprendra si l'on regarde la matière de ces bougies comme un objet assez considérable de commerce, pour nous dispenser de tirer des cires des pays étrangers, autant que nous le faisons pour notre consommation de cierges et de bougies.

De la cire des îles Antilles. On trouve aux îles Antilles dans des troncs d'arbres une cire assez singulière, formée en morceaux ronds ou ovales de la grosseur d'une noix muscade. Cette cire est l'ouvrage d'abeilles plus petites, plus noires et plus rondes que celles de l'Europe. Elles se retirent dans le creux des vieux arbres, où elles se fabriquent des espèces de ruches de la figure d'une poire, dans le dedans desquelles elles portent toujours un miel liquide de couleur citrine, de la consistance de l'huîle d'olive, d'un goût doux et agréable. Leur cire est noire, ou du moins d'un violet foncé. Nous n'avons pas pu parvenir au secret de la blanchir, de la faire changer de couleur, ni de la rendre propre à la fabrique des bougies, parce qu'elle est trop molle. Les Indiens après l'avoir purifiée, s'en servent à en faire des bouchons de bouteilles : ils en font aussi de petits vaisseaux dans lesquels ils recueillent le baume de Tolu, quand il découle par incision des arbres qui le répandent.

De la cire de la Chine. La cire blanche de la Chine est différente de toutes celles que nous connaissons, non-seulement par sa blancheur que le temps n'altère point, mais encore par sa texture : on dirait qu'elle est composée de petites pièces écailleuses, semblables à celles du blanc de baleine, que nous ne saurions mettre en pains aussi fermes que les pains de cire de la Chine. Autre singularité de la cire blanche de la Chine ; c'est qu'elle n'est point l'ouvrage des abeilles : elle vient par artifice de petits vers que l'on trouve sur un arbre dans une province de cet empire. Ils se nourrissent sur cet arbre ; on les y ramasse, on les fait bouillir dans de l'eau, et ils forment une espèce de graisse, qui étant figée, est la cire blanche de la Chine, sur laquelle il nous manque bien des détails. Art. de M(D.J.)

CIRE, (Chimie, Pharm. et Mat. médic.) La première considération chimique sur la cire, c'est la théorie de son blanchissage, fondée sur la solubilité par la rosée ou par l'eau, de la partie colorante qui peut être aussi détruite ou volatilisée par les rayons du soleil et par l'air.

La cire distillée sans intermède, se résout en une matière huileuse qui se fige à mesure qu'elle tombe dans le récipient, et qui est connue sous le nom de beurre de cire, et en un acide assez fort : ces produits ont une odeur très-forte et très-desagréable. Le beurre perd une partie de cette odeur et sa consistance, par des rectifications réitérées qui le portent enfin à l'état de fluidité des huiles ordinaires ; on sépare de ce beurre par chaque rectification, une petite portion d'acide ; d'où l'on peut conclure que c'est à la présence de ce principe que le beurre de cire doit sa consistance. La cire blanche distillée sans intermède, ne laisse presque point de résidu ; c'est le charbon de la matière qui colore la cire jaune, qui augmente le résidu de la distillation de cette dernière.

On peut déduire assez raisonnablement de cette observation seule, que la cire est un composé d'huîle et d'acide ; ce qui la fait rapporter par quelques chimistes, à la classe des matières balsamiques et résineuses, dont elle diffère pourtant par son insolubilité dans l'esprit de vin, et par l'odeur de ses produits.

La cire distillée avec le sable ou avec tout autre intermède terreux, présente des phénomènes bien différents de ceux de la distillation sans intermède de la même substance. Cette différence a été peu observée par les Chimistes, qui n'ont décrit la plupart que l'un ou l'autre de ces procédés. Lémeri, qui fait mention des deux, ne l'a pas aperçue entièrement. En un mot, la théorie de la distillation de la cire et des différences que les intermèdes et quelques autres circonstances absolument indéterminées jusqu'à présent portent dans les produits de cette opération ; cette théorie, dis-je, n'a pas été donnée jusqu'à présent. Voyez INTERMEDE.

Le beurre et l'huîle de la cire sont employés extérieurement avec succès pour les engelures, les crevasses et les gersures du sein, des lèvres, des mains, pour les dartres vives, et surtout pour les brulures.

Les usages pharmaceutiques de la cire sont très-étendus ; elle entre dans la plupart des onguents et des emplâtres, dans quelques baumes : c'est la cire qui fait la base des cérats, qui sont des préparations auxquelles elle donne son nom. Voyez CERAT. (b)

* CIRE A CACHETER. Il faudra se pourvoir d'abord d'une plaque de marbre, avec une planche bien lisse, ou polissoire de ciergier ; ou plutôt d'une table carrée, percée dans son milieu d'une ouverture : on couvrira l'ouverture d'une plaque de fer ou de cuivre bien unie : on tiendra sous cette plaque du feu allumé ; et quand la plaque aura pris une chaleur convenable, on l'arrosera avec de l'huîle d'olive, on y portera la matière de la cire à cacheter toute préparée, en sorte qu'il n'y ait plus qu'à la mettre en bâtons bien égaux et bien unis, soit ronds, soit aplatis : ce qu'on exécutera en la roulant avec la polissoire ou les mains contre la plaque chaude, jusqu'à ce qu'on l'ait étendu et réduite à la grosseur qu'on veut lui donner. Plus on la travaillera sur la plaque, plus on la rendra compacte, et meilleure elle sera. On rendra les bâtons ou canons de cire luisans, en les exposant à un feu modéré sur un réchaud. Il y en a qui jettent la composition dans des moules, d'où les bâtons sortent faits et polis ; d'autres, qui les font à la main sur la plaque, les vernissent avec une plume qu'ils trempent dans du cinnabre mêlé avec de la poix-résine fondue. Quant à la préparation de la cire, voici comment on s'y prendra selon les différentes couleurs.

Cire à cacheter rouge. Prenez de gomme lacque, demi once ; térébenthine, deux gros ; colophone, deux gros ; cinnabre, une drachme ; minium, une drachme. Faites fondre sur un feu doux, dans un vaisseau bien net, la gomme lacque et la colophone : ajoutez alors la térébenthine, puis le cinnabre et le minium peu-à-peu ; triturez le tout avec soin, et le mettez en bâtons.

Ou prenez de gomme lacque, six gros ; de térébenthine ou de colophone, de chacun deux gros ; de cinnabre et minium, de chacun une demi-drachme ; et achevez comme ci-dessus.

Ou prenez de gomme lacque, une demi once ; de colophone et de térébenthine de Venise, de chacune une drachme ; de cinnabre, une demi-drachme.

Ou prenez de gomme lacque, un quarteron : de gomme animé, deux onces ; de cinnabre, une once ; de gomme gutte, demi-once. Commencez par bien broyer ensemble les deux dernières matières ; achevez le reste comme ci-dessus.

Ou prenez de colophone, deux onces ; de gomme lacque, quatre onces ; de poix-résine, une once et demie ; de cinnabre, à volonté.

Ou prenez de mastic, une once ; de soufre pur et de térébenthine, de chacun deux gros ; de benjoin, deux gros ; de cinnabre, à volonté. Faites fondre la térébenthine, ajoutez-y le soufre pulvérisé, broyez et mêlez exactement le mastic, le benjoin, et le cinnabre ; jetez petit-à-petit ce second mélange dans le premier : quand ils seront bien fondus et incorporés, mettez en bâtons.

Ou prenez de gomme lacque, une demi-once ; de colophone, une drachme : broyez ces deux matières ; ajoutez une quantité convenable de cinnabre ; arrosez le mélange d'esprit-de-vin bien rectifié : la gomme lacque se dissoudra en partie ; mettez le tout sur un feu modéré ; faites prendre feu à l'esprit-de-vin ; remuez bien le mélange jusqu'à ce que l'esprit-de-vin soit entièrement consumé ; faites des bâtons, observant d'ajouter un peu de musc, si vous voulez que la cire soit odoriférante.

Cire verte. Prenez de gomme lacque et colophone, de chacune demi-once ; de térébenthine, une drachme ; de verd-de-gris bien pulvérisé, trois drachmes.

Ou prenez de cire vierge jaune, quatre parties ; de sandarac et d'ambre, de chacun deux parties ; de crayon rouge, une demi-partie ; de borax, un huitième ; de verd-de-gris, trois parties. Il faut bien pulvériser toutes ces matières.

Cire jaune d'or. Prenez de poix-résine blanche, deux onces ; de mastic et de sandarac, de chacun une once ; d'ambre, une demi-once ; deux gros de gomme gutte ; et procédez comme ci-dessus. Si au lieu de mastic et de sandarac on prend de la gomme lacque, et qu'on omette la gomme gutte, on aura une cire brune, dans laquelle on pourra mêler de la poudre d'or.

Cire noire. Prenez une des compositions précédentes, et substituez, soit au verd-de-gris, soit au cinnabre, le noir d'Imprimeur. Voyez l'art de la Verrerie de Kunckel, etc.

CIRE DU ROI ; (Jurisprudence) dans les anciennes ordonnances, signifie le sceau ou l'émolument du sceau. Voyez Tessereau, hist. de la chancellerie, tome I. Nos rois ont hérité de la cire jaune de la seconde race, aussi bien que du droit de l'empire. Ils scellent en cire rouge comme les anciens barons, aux droits desquels ils sont pour certaines seigneuries ; telles que la Provence et le Dauphiné. Traité de la pairie, page 121.

Les lettres de concession à perpétuité doivent être scellées de cire verte ; celles de concession à temps, scellées de cire blanche. Préface du III. tome des ordonnances de la troisième race, page 8. Voyez SCEAU.

Suivant une ordonnance de Philippe V. du deux Juin 1319, de toutes les ventes de bois que faisaient les maîtres particuliers, les marchands devaient payer entr'autres choses une livre de cire ; et toute la cire provenant de ces ventes, était destinée pour l'hôtel du roi et celui de la reine. Ce droit a été révoqué par l'ordonnance des eaux et forêts, tit. XVe art. 15. (A)

CIRE DES EGLISES, (Jurisprudence) c'est à la fabrique des églises paroissiales à fournir toute la cire nécessaire pour la célébration de l'office paroissial, et des messes et services de fondation. Au défaut des revenus de la fabrique, c'est au gros-décimateur, chargé de la portion congrue, à fournir la cire nécessaire.

Les cierges que l'on allume à l'autel, ceux que l'on porte à l'offrande, que l'on met sur les pains bénis, et que l'on met autour des corps aux enterrements et pompes funèbres, appartiennent au curé, à moins qu'il n'y ait quelque usage ou accord contraire, pour les partager entre le curé et la fabrique.

Les parents ne peuvent remporter la cire qui sert aux convais et pompes funèbres, à-moins qu'il n'y ait usage et possession contraires.

Le curé doit fournir la cire nécessaire pour les messes de dévotion, que la fabrique n'est pas chargée de faire acquitter. Voyez la déclaration du 30 Juin 1690 sur les portions congrues, et le dictionn. de Brillon, au mot cire. (A)

CIRE, (Fonderie, soit en statue équest. soit de cloch.) Les Fondeurs en bronze font un modèle de leur ouvrage en cire, tout à fait semblable au premier modèle de plâtre. On donne à la cire l'épaisseur qu'on veut donner au bronze : car lorsque dans l'espace renfermé par ces cires, on a fait l'armature de fer et le noyau, et qu'elles ont été recouvertes par-dessus du moule de potée et de terre, on les retire par le moyen du feu qui les rend liquides, d'entre le moule de potée et le noyau ; ce qui forme un vide que le bronze occupe. Voyez FONDERIE.

Les anciens ne prenaient point la précaution de faire le premier moule de plâtre, par le moyen duquel on donne à la cire une épaisseur égale : après avoir fait leur modèle avec de la terre à potier préparée, ou du plâtre, ils l'écorchaient ; c'est-à-dire qu'ils en ôtaient tout autour l'épaisseur qu'ils voulaient donner au bronze, de sorte que le modèle devenait le noyau : et après l'avoir bien fait cuire, ils le recouvraient de cire qu'ils terminaient, et sur laquelle ils faisaient le moule de potée dans lequel le métal devait couler. On se sert encore quelquefois de cette méthode pour les bas-reliefs et les ouvrages dont l'exécution n'est pas difficîle ; mais quoiqu'elle soit plus expéditive, elle jette pour les grands ouvrages dans plusieurs inconvéniens.

La cire qu'on emploie pour le modèle, doit être d'une qualité qui ayant assez de consistance pour se soutenir et ne pas se fondre à la grande chaleur de l'été, ait cependant assez de douceur pour qu'on la puisse aisément réparer. On met sur cent livres de cire jaune dix livres de térébenthine commune, dix livres de poix grasse, et dix livres de saindoux. On fait fondre le tout ensemble à un feu modéré, observant de ne pas faire bouillir la cire, ce qui la rendrait écumeuse et empêcherait de la réparer proprement. Voyez, pour la manière d'employer cette composition, les mots BRONZE, CLOCHE, etc.

CIRE des oreilles, (Anatomie) en latin cerumen auris, et par les anciens médecins, aurium sordes ; espèce de glu naturelle qui se trouve et s'amasse dans la partie antérieure et cartilagineuse du conduit de l'oreille.

Dans la partie du conduit auditif collée aux tempes, dans les fissures, et depuis la partie qui est couverte d'un cartilage jusqu'à la moitié du canal, et selon Morgagni, sur la convexité supérieure de la membrane, rampe un réseau réticulaire, celluleux, fort, fait d'aréoles, où est le siège des glandes jaunes, presque rondes, ou ovales, selon Duverney et Vieussens, lesquelles glandes percent par de petits trous la peau du canal. C'est donc par ces orifices que sort cette espèce de cire nommée cire de l'oreille, jaune, huileuse, d'abord fluide, ensuite plus solide, plus épaisse, amère, et qui prend feu lorsqu'elle est pure.

Duverney n'est pas le premier qui ait fait mention des glandes cérumineuses de l'oreille ; Stenon et Drelincourt en avaient dit quelque chose avant lui : mais Duverney en a donné une description si claire et si exacte, qu'il passe, avec assez de raison, pour en être l'inventeur. Valsalva en a dépeint la figure : on les trouve aussi représentées dans l'anatomie de Drake.

Les Physiciens cherchent à deviner les usages de la matière cérumineuse que filtrent ces glandes, et qu'elles envoyent dans le conduit auditif ; mais leurs recherches se bornent uniquement à savoir que cette cire sert à arrêter les ordures extérieures et les insectes, qui en entrant dans l'oreille ne manqueraient pas d'y nuire.

Lorsqu'il s'amasse trop de matière cérumineuse dans l'oreille, les poils dont la croissance est empêchée, se plient et irritent la membrane du canal, dont la démangeaison force à le nettoyer.

Quelquefois cette humeur gluante s'y amasse en trop grande abondance, s'y épaissit par son séjour, et empêche que les tremblements de l'air ne parviennent jusqu'à l'organe immédiat de l'ouie, ce qui produit l'espèce de surdité la plus commune et la plus guérissable ; c'est même presque la seule que les gens habiles et sincères entreprennent de traiter.

Ils exposent pour la connaître l'oreille du malade aux rayons du soleil ; et quand ils découvrent le conduit bouché par l'épaississement de la cire, ils se servent d'un instrument particulier pour l'enlever, et font ensuite des injections d'eau dans laquelle ils ont fondu un peu de sel et de savon : ils se servent aussi d'injection d'eau tiede aiguisée par quelques gouttes d'esprit-de-vin ; par ce moyen ils nettoient à merveille le conduit auditif, et guérissent parfaitement cette surdité.

Si cette humeur huileuse et fluide de sa nature peche par son abondance accompagnée d'acrimonie, non-seulement elle cause des démangeaisons importunes, mais encore le mal d'oreille : alors elle peut prendre différentes couleurs, acquérir de la fétidité, et former un petit ulcère par son séjour, sa dégénération, et sa quantité ; ce qui cependant est rare : en ce cas toutefois il faut traiter ce mal accidentel par des injections détersives, antiseptiques, et par des tentes imbibées de legers balsamiques.

Quelquefois cette cire se pétrifie ; c'est alors qu'elle cause une surdité presque incurable, en bouchant exactement le conduit osseux et le conduit cartilagineux, comme Duverney dit l'avoir observé dans plusieurs sujets. L'on conçoit aisément la pétrification de la cire des oreilles, par la conformité de sa nature avec celle de la bîle qui se pétrifie si souvent dans la vésicule du fiel.

Mais si l'abondance et la pétrification de cette glu cérumineuse sont nuisibles, la privation de sa secrétion dans les glandes produit à son tour quelquefois la surdité, principalement dans la vieillesse, suivant les observations de Duverney, de Morgagni et de Valsalva.

Les anciens Anatomistes, et Bartholin entr'autres (Anat. liv. III. ch. jx.), ont pris la cire des oreilles pour un excrément du cerveau. Rien de plus absurde, outre qu'on ne connait aucun passage par où cette humeur étant séparée du cerveau, pourrait venir dans le conduit auditif.

Quant au goût de cette cire, Casserius rapporte des exemples de quelques animaux chez qui elle est d'une saveur douce : dans l'homme, Schelhammer y trouve peu de douceur, et beaucoup d'amertume ; et Derham, un goût insipide mêlé d'amertume : ces différences doivent varier selon le temps, les sujets, l'âge, etc.

Tout ce qu'on dit des vertus de la cire des oreilles est misérable : Paul Eginete la vante pour la guérison des crevasses de la peau qui se forment autour de la racine des ongles ; Pline la loue contre la morsure de l'homme, des serpens et des scorpions ; Vanhelmont, dans les piqûres des nerfs ; Etmuller, dans les blessures des parties nerveuses ; Serenus, Sammonicus, pour la cure des furoncles ; d'autres en recommandent l'usage interne pour la colique ; Agricola en fait un onguent pour les tumeurs des jointures et les abcès, etc.

Les éphémérides des curieux de la nature ne sont remplies que de niaiseries de cette espèce. Parlons vrai : cette humeur des glandes qui parait par sa consistance et son amertume un composé de cire et d'huile, peut avoir quelque médiocre qualité savonneuse, abstergente, détersive ; mais manquons-nous d'autres remèdes en qualité et abondance mieux choisies, et qui répondront aux mêmes intentions ? Prenons de la cire commune, de l'huile, du savon ; voilà des secours que nous avons sous la main pour une infinité de cas, et n'allons pas puiser nos recettes dans le bizarre, le merveilleux, dans les contes des grands et des bonnes-femmes.

Papinius (Nicolaus) a écrit un petit livre latin sur l'usage de la cire des oreilles, imprimé à Saumur en 1648, in -12. on peut juger par ce que nous venons de dire, du cas qu'on doit faire de cet ouvrage. Cet article est de M(D.J.)