S. m. (Histoire naturelle, Botanique exotique) plante d'un doux aromate, fort estimé en Orient, et que le père Camelli croit être le véritable amomum des anciens. Le fruit de cette plante qui vient en bouquet, sa forme oblongue et le goût aromatique de ses graines, semblent appuyer fortement l'opinion du savant botaniste de l'Italie.

Le tugus s'élève à la hauteur de huit ou neuf coudées. Ses feuilles répandent une odeur aromatique des plus suaves ; elles sont de forme oblongue, traversées de nervures et de grosses veines, et couvertes en-dessous d'un fin duvet blanc. Les fleurs croissent en bouquets rouges de la largeur de la main, ayant quelque chose de plus en longueur, et sortent de la racine, ou de la principale tige de la plante. Le fruit qui succede aux fleurs n'est autre chose que leur calice grossi, et contenant les semences. Comme ce calice ne forme qu'une couverture très-tendre et très-mince, et que les semences qu'il renferme sont délicieuses, les insectes et les oiseaux les dévorent avant leur maturité, en sorte qu'on n'en peut cueillir que très-peu sur les lieux mêmes. Chaque fruit du tugus contient six ou sept graines, qui sont de forme oblongue, rougeâtres, et d'une saveur aromatique également douce et flatteuse.

Les naturels du pays sont aussi fous de ces graines, que les anciens l'étaient de l'amomum ; et les jeunes dames les enfilent et les portent en bracelets ; quelquefois elles mêlent les graines alternativement avec des perles, ou des grains de corail rouge ; elles nomment ces bracelets caropi. Elles craient qu'un collier de ces graines est un préservatif contre le mauvais air, et contre la morsure des serpens ; mais dans ce dernier cas, elles défont leur collier, et mangent les graines du tugus qui le formaient.

Le bouquet du fruit du tugus ressemble beaucoup avant sa maturité au faux amomum de Garcias, ressemblance qui s'évanouit quand le fruit est entièrement mûr.

Le père Camelli a joint à ce détail dans les transactions philosophiques, la figure de la plante tirée dans le pays. Du premier coup d'oeil elle ne parait point être l'amomum des anciens, car Dioscoride et Pline nous disent que les feuilles de la plante amomum sont semblables à celles de la grenade, et la figure du P. Camelli les représente beaucoup plus larges et beaucoup plus grandes. Mais cette difficulté paraitra bien faible si l'on considère que Dioscoride, Pline et les autres anciens auteurs s'intéressaient fort peu à la plante qui donnait ce fruit précieux, et que d'ailleurs ils ne l'ont jamais vue ; les feuilles dont ils parlent ne sont point les grandes et belles feuilles de la plante même, ce sont de petites et courtes feuilles assez semblables en réalité à celles de la grenade, mais qui sont toujours adhérentes aux bouquets des fruits, que l'on envoyait de cette manière à Rome. Philos. transact. n°. 248. p. 2. (D.J.)