(Botanique exotique) arbre commun dans le Chili. Le P. Feuillée, à qui seul nous en devons l'exacte description, le nomme en botaniste, stramonioides arboreum, oblongo et integro folio, fructu laevi : il en a donné la figure dans son hist. des plantes de l'Amérique méridion. Pl. XLVI.

C'est un arbre à plein vent, qui s'élève à la hauteur de deux taises : la grosseur de son tronc est à-peu-près de six pouces ; il est droit, composé d'un corps blanchâtre, ayant à son centre une assez grosse moèlle. Ce tronc est terminé par plusieurs branches, qui forment toutes ensemble une belle tête sphérique ; elles sont chargées de feuilles qui naissent comme par bouquets ; les moyennes ont environ sept à huit pouces de longueur, sur trois à quatre pouces de largeur, portées à l'extrémité d'une queue qui est épaisse de deux lignes, et longue de deux pouces et demi. Ces feuilles sont traversées d'un bout à l'autre par une côte arrondie des deux côtés, laquelle donne plusieurs nervures qui s'étendent vers leur contour, se divisent, se subdivisent, et forment sur le plan des feuilles un agréable réseau : le dessus de leur plan est d'un verd foncé, parsemé d'un petit duvet blanchâtre ; et le dessous est d'un verd clair, parsemé d'un duvet semblable.

Des bases de la queue des feuilles sort un pédicule long d'environ deux pouces, gros d'une ligne et demi, rond, d'un beau verd, et chargé d'un duvet blanc ; ce pédicule porte à son extrémité un calice en gaine, ouvert dans le haut à un pouce et demi de sa longueur, par un angle fort aigu, et découpé à sa pointe en deux parties.

Du fond de cette gaine sort une fleur en tuyau, lequel est long de six pouces, et dont la partie extérieure s'évase et se découpe en cinq lobes blancs terminés en une pointe un peu recourbée en-dessous : de l'intérieur du tuyau partent cinq étamines blanches chargées de sommets de la même couleur, longs d'un demi-pouce, et épais d'une ligne.

Lorsque la fleur est passée, le pistil qui s'emboite dans le trou qui est au bas de la fleur, devient un fruit rond, long de deux pouces et demi, et gros de plus de deux pouces, couvert d'une écorce d'un verd grisâtre qui couvre un corps composé de plusieurs gaines renfermant une amande blanche. Ce fruit partagé dans le milieu, est divisé intérieurement en deux parties, dont chacune est subdivisée en six loges, par des cloisons qui donnent autant de placenta : ces placenta sont chargés de petites graines de figure irrégulière.

Nous n'avons en Europe aucun arbre supérieur en beauté au floripondio : lorsque ses fleurs sont épanouies, leur odeur admirable embaume de toutes parts.

Les Chiliens se servent des fleurs de floripondio, pour avancer la suppuration des tumeurs ; elles sont en effet adoucissantes, émollientes, et résolutives. Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT.