S. f. (Botanique exotique) On trouve trois racines sous le nom de pyrethre chez les droguistes ; l'une est de la longueur et de la grosseur du doigt, en dehors d'un noir roussâtre, blanche en-dedans, d'un goût très-âcre et très-brulant, sans odeur : on l'apporte seche du royaume de Tunis : l'autre est plus petite et moins âcre ; la troisième vient d'Hollande en France.

La première est la racine d'une plante, qui s'appelle chamoemelum specioso flore, radice longâ, fervidâ, D. Shaw. catal. n°. 138. pyrethrum vulgo, et veteribus Arabibus, Guntass, ou buphtalmum creticum, cotulae facie, flore luteo et albo. Breyn, cent. 1. pag. 150. tab. 72. buphtalmum caulibus simplicissimis, unifloris, foliis pinnato multifidis, Linn. hort. cliff. pag. 414. En français pyrethre, ou racine salivaire. Cette plante, dit Breyn, ressemble à la camomille ; elle a une racine blanche, garnie de plusieurs fibres menues et un peu tortueuses, dont le goût ne se fait pas sentir d'abord, mais qui pique la langue lorsqu'on la mâche un peu longtemps.

Du collet de cette racine sortent des feuilles qui se répandent en rond sur la terre ; elles sont légèrement velues et tout à fait semblables à celles de la plante que l'on appelle pyrethrum bellidis flore C. B. P. soit par leur grandeur, leur découpure et leur forme. Du milieu de ces feuilles s'élève une tige d'environ une coudée, et quelquefois d'un pied de hauteur, cylindrique, molle, plus ferme en vieillissant, d'un verd blanchâtre, à cause du velu dont elle est couverte. Elle est garnie de feuilles plus petites qui ont encore plus de rapport à celles de la camomille ; mais elles sont plus épaisses et divisées en de petits lobes plus larges : de l'aisselle de ces feuilles sortent des rameaux plus longs que la tige, et en si grande quantité principalement vers la racine, que la plante semble former un buisson épais et arrondi, à cause de la multitude de ses branches, qui se répandent obliquement et se couchent en tous sens.

Les fleurs qui sont environnées d'un calice écailleux, composé de trois rangs de petites écailles vertes et velues, ont assez de ressemblance aux fleurs du buphtalmum des Alpes, si ce n'est que leurs pétales ou demi-fleurons, qui pour l'ordinaire sont au nombre de treize, sont plus larges, plus courts, cannelés et comme plissés, d'un jaune plus clair, surtout lorsqu'ils sont prêts à tomber, et d'un jaune soufré à leur partie inférieure, placés autour d'un plus grand disque, formé de plusieurs fleurons jaunes et un peu creusés dans le milieu.

Les premières fleurs commencent à paraitre au mois de Juin sur la tige qui occupe le milieu de la plante ; ensuite d'autres aux extrémités des plus longues branches, et enfin les dernières sur les rameaux latéraux ; de manière qu'en se succédant ainsi, cette plante parait garnie de fleurs, non-seulement tout l'été, mais encore pendant toute l'automne.

Ces fleurs sont suivies d'une grande quantité de graines aplaties, de couleur de pourpre foncé, placées entre des écailles minces, membraneuses, larges, qui deviennent par la suite d'un roux brun, et servent à multiplier cette plante chaque année dans nos jardins.

M. Shaw dit qu'on transporte à Constantinople et au grand Caire une grande quantité de cette racine, et qu'on la confit.

La seconde racine de pyrethre est celle d'une plante qui se nomme leucanthemum canariense, foliis chrysanthaemi, pyrethri sapore, I. R. H. 493. Chrysanthaemum fruticosum, foliis linearibus, dentato trifidis. Linn. H. cliff. 417. Chamoemelum canariense, ceratophyllum fruticosius, glauco folio crassiore, sapore fervido, magala ab incolis nominatum, Mor. hist. oxon. part. III. pag. 25. Cette racine est blanche, moins grosse et moins charnue, moins brulante que la pyrethre ordinaire : elle pousse des tiges ligneuses, épaisses d'un pouce, couvertes d'une écorce blanche, de la hauteur d'une coudée et davantage, partagées en différents rameaux, garnis de feuilles placées sans ordre, semblables à celles de la camomille, mais découpées en lanières plus larges, plus épaisses, plus obtuses, plus écartées, et colorées d'un bleu tirant sur le verd de mer.

Aux extrémités des rameaux naissent de petites tiges nues, qui portent à leur sommet des fleurs composées de demi-fleurons blancs, placés autour d'un disque de fleurons jaunes, comme dans la camomille, et renfermées dans un calice écailleux, dont les écailles sont rondes, dures et saillantes. Toutes les graines sont aplaties et bordées des deux côtés d'un feuillet tranchant.

Il y a une troisième espèce de pyrethre, pyrethrum umbelliferum, C. B. P. 148. on la nomme vulgairement en français pied d'Alexandre ; elle nous vient de Hollande ; elle est longue d'un demi-pié, grise-brune à l'extérieur, noire en-dedans, d'un goût chaud et acrimonieux. Ses feuilles sont petites, et ses fleurs naissent par ombelles. Il leur succede des semences rondes et noirâtres. Le goût mordicant de cette pyrethre fait qu'on la substitue à la tunisienne.

La pyrethre, surtout la première qu'on a décrite au long, fait beaucoup cracher à cause de son acrimonie qui est violente, et qui ouvre les conduits salivaires ; c'est un remède qu'on emploie quelquefois pour l'enflure oedémateuse de la langue causée par la pituite ; l'acrimonie de cette racine irritant les nerfs et les mamelons, dégorge les vaisseaux.

On se sert très-rarement de la pyrethre pour l'intérieur, si ce n'est en lavement dans les maladies soporeuses, comme dans la léthargie qui procede d'une surabondance d'humeurs froides. En ce cas on prend une once de racine de pyrethre qu'on fait bouillir dans une livre de décoction commune, et on ajoute à la colature une demi-once de nitre ou de sel gemme.

Enfin cette racine entre dans quelques préparations galéniques ; mais la plus grande consommation s'en fait par les vinaigriers, qui l'emploient dans la composition de leurs vinaigres. Ils la choisissent grosse, nouvelle, bien nourrie, seche, mal-aisée à rompre, et d'un goût brulant ; c'est aussi de-là que lui vient son nom. (D.J.)