S. m. (Histoire naturelle) coquillage du genre des pholades. On en trouve deux espèces sur les côtes du Poitou et d'Aunis. Leurs coquilles sont composées de trois pièces, dont deux sont semblables et égales, et situées à-peu-près comme les deux pièces des coquilles bivalves ; la troisième pièce des dails est fort petite en comparaison des deux autres, et posée sur leur sommet. La coquille entière est de figure oblongue et irrégulière, plus grosse dans le milieu qu'aux extrémités ; la charnière est sur l'un des côtés, plus près de l'une des extrémités que de l'autre ; les deux grandes pièces ne sont pas faites de façon à se joindre exactement par les bords. Ces coquilles sont ordinairement des cannelures qui se croisent et qui sont hérissées de petites pointes.

On trouve ces dails dans une pierre assez molle, que l'on appelle blanche dans le pays ; ils sont logés dans des trous dont la profondeur est du double de la longueur de la coquille ; ils ont une direction un peu oblique à l'horizon ; leur cavité est à-peu-près semblable à celle d'un cone tronqué ; ils communiquent au dehors de la pierre par une petite ouverture qui est à leur extrémité la plus étroite. A mesure que le dail prend de l'accroissement, il creuse son trou et descend un peu plus qu'il n'était, ce mouvement est très-lent. Il parait que le dail perce son trou en frottant la pierre avec une partie de son corps qui est près de l'extrémité inférieure de la coquille ; cette partie est faite en forme de losange, et assez grosse à proportion du corps ; quoiqu'elle soit molle, elle peut agir sur la pierre à force de frottement et de temps. On a Ve des dails tirés de leurs trous et posés sur la glaise, la creuser assez profondément en peu d'heures, en recourbant et en ouvrant successivement cette partie charnue.

Il y a des dails dans la glaise comme dans la banche ; cette pierre ne forme pas leur loge en entier, le fond en est creusé dans la glaise. Quoique la banche soit une pierre molle, elle est cependant assez dure en comparaison de la glaise, pour qu'on eut lieu de s'étonner que les dails encore jeunes eussent pu la percer ; mais il est à croire que les trous des dails ont été pratiqués d'abord dans la glaise qui s'est pétrifiée dans la suite ; car on ne trouve point de jeunes dails dans la banche, mais seulement dans la glaise ; d'ailleurs la banche, quoique pierre, a beaucoup de rapport avec la glaise. Au reste les dails pourraient peut-être bien percer la pierre : on en a trouvé de forts petits dans des corps assez durs.

La coquille des dails n'occupe que la moitié inférieure de leur trou ; il y a dans l'autre moitié une partie charnue de figure conique, qui s'étend jusqu'à l'orifice du trou, et rarement au-delà : l'extrémité de cette partie est frangée ; le dedans est creux et partagé en deux tuyaux par une cloison ; l'animal attire l'eau par le moyen de ces tuyaux, et la rejette par jet. Mém. de l'acad. roy. des Scienc. année 1712.

Les dails, dactyli Plinii, ont la propriété d'être lumineux dans les ténèbres, sans qu'il y ait d'autre lumière que celle qu'ils répandent, qui est d'autant plus brillante que le coquillage renferme plus de liqueur : cette lumière parait jusques dans la bouche de ceux qui mangent des dails pendant la nuit, sur leurs mains, sur leurs habits, et sur la terre dès que la liqueur de ce coquillage se répand, n'y en eut-il qu'une goutte ; ce qui prouve que cette liqueur a la même propriété que le corps de l'animal. Histoire naturelle Plin. lib. IX. cap. lxj.

Ces faits ont été vérifiés nouvellement sur les côtes de Poitou, et se sont trouvés vrais dans tous les détails. On n'a Ve sur ces côtes aucune autre espèce de coquillage, qui fût comme les dails lumineux dans l'obscurité ; il n'y a même aucun poisson ni aucune sorte de chair d'animaux qui ait cette propriété avant d'être pourris, tandis que les dails n'en répandent jamais plus que lorsqu'ils sont plus frais, et ils ne jettent plus aucune lumière lorsqu'ils sont corrompus à un certain point. L'animal dépouillé de la coquille est lumineux dans toutes les parties de son corps, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur ; car si on le coupe, il sort de la lumière du dedans comme du dehors. Ces coquillages en se desséchant perdent la propriété d'être lumineux. Si on les humecte, il reparait une nouvelle lumière, mais elle est beaucoup plus faible que la première ; de même celle que jette la liqueur qui sort de ce coquillage s'étend peu-à-peu à mesure que cette liqueur s'évapore. Cependant on peut la faire reparaitre par le moyen de l'eau, par exemple, lorsqu'on a Ve cette lumière s'éteindre sur un corps étranger qui avait été mouillé de la liqueur du coquillage, on fait reparaitre la même lumière en trempant ce corps dans l'eau. Mém. de l'acad. roy. des Scienc. année 1723. (I)