S. f. tinea, (Histoire naturelle) insecte du genre des chenilles, qui se fait un fourreau, et qui se métamorphose en phalene. Il y a un très-grand nombre de différentes espèces de teignes ; les unes sont domestiques, et se trouvent sur les habits, les tapisseries, et en général, dans toutes les étoffes de laine et dans les pelleteries ; cette espèce n'est que trop connue par les trous qu'elle fait dans les étoffes, non seulement pour se nourrir, mais encore pour se former un fourreau de poils ou de laine, dont elle change plusieurs fais, à mesure qu'elle grossit. D'autres teignes restent sur les arbres ; elles se tiennent collées sous les feuilles, et elles se nourrissent de la substance qui est entre la membrane supérieure et la membrane inférieure des feuilles ; elles se font avec les membranes un fourreau qui est de couleur de feuille morte, et qui a différentes figures, selon l'espèce de teigne qui l'a formé. On trouve de ces teignes sur beaucoup de plantes, et principalement sur le chêne, l'orme, le rosier, le poirier, etc. Il y a aussi des teignes aquatiques qui se nourrissent et qui se font un fourreau avec les feuilles des plantes qui croissent dans l'eau, comme le potamogeton, la lentille d'eau, etc. On a aussi donné le nom de teigne aquatique à une espèce de ver qui se trouve dans les ruisseaux, et qui se fait un étui ou fourreau de grains de sable, de morceaux de bois, etc. On l'appelle charrée. Voyez CHARREE. Cet insecte n'est point du genre des teignes, et au lieu de se transformer en phalene, il se change en une mouche à quatre ailes. Il y a des espèces de teignes qui restent sur les murs, et qui forment leurs fourreaux de petits grains de pierre. L'intérieur du fourreau de toutes les espèces de teignes, est tapissé de soie que l'insecte file. On trouve sur les tiges et sur les branches des arbres des teignes qui se nourrissent des plantes parasites qui y croissent, tels que le lichen, et qui s'en font un fourreau. Mém. pour servir à l'hist. des Insectes, par M. de Réaumur, tome III. Voyez INSECTE.

Fausse-teigne ; M. de Réaumur a donné ce nom à des insectes qui se font un fourreau comme les teignes, mais qui en diffèrent en ce qu'ils ne trainent pas leur fourreau avec eux comme les teignes. Il y a beaucoup de différentes espèces de fausses-teignes ; les principales et les mieux connues sont celles des abeilles et du blé ; celles-ci causent beaucoup de dommage dans les greniers ; elles se font un fourreau de plusieurs grains de blé qu'elles attachent les uns aux autres avec de la soie qu'elles filent, et elles se nourrissent de la farine que contiennent ces grains. On trouve dans les ruches des abeilles des fausses-teignes, elles mangent la cire des alvéoles qui ne contiennent point de miel. Souvent ces insectes obligent les abeilles à changer de ruches par les dégâts qu'ils font dans leurs gâteaux ; ils n'attaquent point les alvéoles où il y a du miel. Mém. pour servir à l'hist. des insectes, par M. de Réaumur, tome III. Voyez INSECTE.

TEIGNE, s. f. tinea, (terme de Chirurgie) maladie appelée par les auteurs arabes sahafati, et qui ressemble aux achores. Voyez ACHORE.

La teigne est une sorte de lepre. Les auteurs en comptent ordinairement trois espèces ; savoir, une seche, une humide et une lupineuse ; mais qui ne sont en effet que divers degrés de la même maladie. Voyez LEPRE.

Turner définit la teigne, un ulcère qui vient à la tête des enfants par une humeur vicieuse, corrosive, ou saline ; et qui rongeant les glandes cutanées en détruit avec le temps le tissu.

Cette maladie est appelée teigne, parce qu'elle ressemble aux trous que fait au papier, etc. l'insecte qui porte le même nom. Dans le premier état la peau est couverte d'une matière blanche, seche, crouteuse ou écailleuse. Dans le second état, elle parait grenue. Dans le troisième, elle est ulcérée.

Les remèdes internes propres pour la teigne, sont les mercuriaux, les purgatifs convenables, les adoucissants. La salivation, surtout par les onctions mercurielles, a quelquefois réussi, après que les autres méthodes s'étaient trouvées inutiles. Les remèdes externes sont les fomentations avec les racines de patience, d'aristoloche, de raphanus rusticanus, d'absynthe, etc. bouillies dans l'eau, et exprimées, auxquelles on ajoute l'esprit-de-vin camphré, etc. des liniments avec le lard, des onguents avec le précipité blanc et le soufre pulvérisé ; ou avec la poudre de vitriol romain et de vitriol blanc, le précipité rouge, etc.

On traite de la teigne, et avec succès, une quantité de pauvres enfants à l'hôpital de la Salpétrière ; on ne fait point ou fort peu d'usage de remèdes intérieurs : on emploie un emplâtre très-agglutinatif, qui ne s'arrache qu'avec peine, et qui enlève la racine des cheveux ; lorsqu'on a emporté les cheveux des endroits affectés, on guérit les malades avec un onguent dessicatif doux.

Par ce traitement on déracine le mal avec sûreté. L'extraction des cheveux déchire le bulbe et laisse couler l'humeur âcre qui y séjourne, et qui est la cause du mal. Il est assez ordinaire que les malades guérissent avec une dépilation, ce qui attire quelquefois des reproches au chirurgien ; desorte, dit Paré, que plusieurs ont laissé la cure aux empiriques et aux femmes. On réussit quelquefois à détruire en apparence cette maladie par les remèdes dessicatifs, que les empiriques et les femmelettes n'ignorent point ; mais on trouve dans les auteurs une infinité d'exemples qui doivent faire prendre des précautions pour éviter la suppression indiscrette de l'humeur de la teigne. Les saignées, les purgations, les fondants mercuriaux, les cautères et les vésicatoires en détournant cette humeur supprimée, peuvent garantir le genre nerveux de sa malignité.

Ambraise Paré propose, d'après Jean de Vigo, un onguent qu'il dit être souverain pour la guérison de la teigne : en voici la composition. Prenez hellébore blanc et noir, orpiment, litharge d'or, chaux vive, vitriol, alun, noix de galle, suie et cendres gravelées, de chacune demi-once : vif argent éteint avec un peu de térébenthine et d'axonge, trois onces : verd-de-gris, deux gros. Pulvérisez ce qui doit l'être ; puis prenez sucs de bourache, de scabieuse, de fumeterre, de lapathum et de vinaigre, de chacun cinq onces, et vieille huile, une livre. Faites bouillir jusqu'à la consomption des sucs ; sur la fin de la cuisson on mettra les poudres, en ajoutant une demi-once de poix liquide et autant de cire qu'il en faudra pour donner la consistance d'onguent. (Y)

Le docteur Cook, médecin anglais, propose un remède fort simple pour la guérison de cette maladie : c'est de mettre quatre onces de vif argent très-pur dans deux pintes d'eau ; de faire bouillir le tout dans un pot de terre vernissé, jusqu'à réduction de la moitié de l'eau ; et de conserver cette eau dans une bouteille pour l'usage, qui consiste à s'en frotter la tête. Cette même eau peut aussi être employée tant intérieurement qu'extérieurement pour détruire les vers, pour faire passer toutes les éruptions de la peau, pour guérir les ulcères, et pour purifier le sang.

TEIGNE, (Maréchalerie) maladie des chevaux difficîle à guérir. Elle consiste dans une pourriture puante qui leur vient à la fourchette. Voyez FOURCHETTE.

TEIGNE, s. f. (Charpentier) les ouvriers en bois appellent teigne une manière de gale qui vient sur l'écorce du bois ; plusieurs d'eux écrivent et prononcent tigne pour teigne. (D.J.)