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Catégorie : Histoire naturelle
PIERRE DE, (Histoire naturelle) en italien tevertino. C'est le nom qu'on donne à une pierre qui se trouve aux environs de Tivoli ; elle est d'une couleur de cendres mêlée de verdâtre, poreuse et remplie de taches brunes et de mica. Ce qui n'empêche point qu'elle ne fasse feu lorsqu'on la frappe avec de l'acier. M. d'Acosta met cette pierre parmi les grais, mais M. de la Condamine la regarde comme de la lave produite par des embrasements de volcans. Les Italiens l'appellent aussi pietra tiburtina di Roma, ou il piperino di Roma. Voyez l'article LAVE.

TIVOLI, (Géographie moderne) en latin Tibur ; ville d'Italie, dans la campagne de Rome, sur le sommet aplati d'une montagne, à douze milles au nord-est de Frescati, à égale distance au nord-ouest de Palestrine, et à seize milles au nord-est de Rome, proche la rivière de Teveronne.

Tivoli est à présent une ville médiocre, mal percée et mal pavée. On y compte sept églises paroissiales, plusieurs couvens, un séminaire, une église de jésuites, et pour forteresse un donjon carré. L'évêché de cette ville est assez souvent occupé par des cardinaux, quoiqu'il ne vaille que deux mille écus romains de revenu. Longitude 30. 35. latitude 41. 54.

La cascade de Tivoli attire les regards des étrangers curieux. C'est une chute précipitée de la rivière appelée autrefois l'Anio, et à présent Teveronne, dont le lit, d'une largeur assez médiocre, se retrécit en cet endroit de manière qu'il n'a qu'environ 40 à 45 pieds de large.

L'eau de ce fleuve est claire, quand il ne pleut point ; mais pour peu qu'il tombe de la pluie, elle se charge de beaucoup de limon, qui la trouble et l'épaissit. La première cascade est environ dix taises au-dessus du pont ; elle peut avoir 140 à 150 pieds de hauteur.

Le rocher qui sert de lit à la rivière, et dont elle tombe en nappe, est coupé à plomb comme un mur, et les rochers sur lesquels elle se précipite, sont fort inégaux, divisés en plusieurs pointes qui laissent entr'elles des vides, et comme des chemins tortus fort en pente, où l'eau convertie en écume, court avec rapidité. Il y a une autre cascade au-dessous du pont moins considérable que la première, et une troisième encore plus petite ; la rivière semble se cacher tout à fait sous terre entre la seconde et la troisième chute. On observe à la cascade de Tivoli, que l'eau qui tombe de haut sur les corps inégaux, se partage comme une pluie déliée, sur laquelle le soleil dardant ses rayons, fait paraitre les couleurs de l'arc-en-ciel à ceux qui sont dans une certaine situation, et à une certaine distance.

A demi-lieue de Tivoli est un petit lac fort profond, qui n'a que quatre à cinq cent pas de circuit, et dont l'eau est soufrée. Au milieu de ce lac, on voit quelques petites îles flottantes, toutes couvertes de roseaux. Ces îles flottantes viennent peut-être du limon raréfié par le soufre, qui surnageant et s'attachant à des herbages qui s'amassent dans ce marais, se grossit peu-à-peu de semblables matières ; de sorte que ces îles étant composées d'une terre poreuse et mêlée de soufre, cette terre se soutient de cette manière, et produit des joncs de même que les autres terres marécageuses.

Mais les antiquités de Tivoli sont encore plus dignes de remarque. Cette ville, plus ancienne que Rome, était autrefois célèbre par ses richesses, ses forces, et son commerce. Camille la soumit aux Romains l'an 403 de Rome. Sa situation qui lui donne un air frais, sa vue qui est la plus belle du monde ; enfin son terroir qui produit des vins excellents et des fruits délicieux ; tout cela, dis-je, engagea les Romains d'y bâtir des maisons de plaisance, entre lesquelles la plus fameuse était celle de l'empereur Adrien. Voyez VILLA Hadriani. On a trouvé dans la place de Tivoli, entr'autres antiquités, deux belles statues d'un marbre granit choisi et rougeâtre, moucheté de grosses taches noires. Ces deux statues représentent la déesse Isis ; et vraisemblablement l'empereur Adrien les avait tirées d'Egypte pour orner sa maison de plaisance.

En approchant de la ville, on remarque sur le Ponte-Lucano, quelques inscriptions de Plautius Sylvanus, consul romain, l'un des sept intendants du banquet des dieux, et à qui le sénat avait accordé le triomphe pour les belles actions qu'il avait faites dans l'Illyrie.

On trouve sur le chemin de Tivoli, entre les oliviers, plusieurs entrées de canaux, dont la montagne avait été percée avec un travail inoui, pour porter aux maisons l'eau de fontaine qu'on tirait de Subiaco ; il y a des canaux creusés dans la montagne, qui ont près de cinq pieds de hauteur, sur trois de largeur.

Totila, roi des Goths en Italie, ayant défait les armées des Romains, livra la ville de Rome au pillage, et fit passer au fil de l'épée les habitants de Tivoli, l'an 545 de J. C. au rapport de Procope. Les guerres des Allemands désolèrent aussi cette ville ; mais Fréderic Barberousse en fit relever les murailles, et l'agrandit. Le pape Pie II. y bâtit la forteresse dont j'ai parlé, et dont l'entrée porte l'inscription suivante, faite par Jean - Antoine Campanus.

Grata bonis, invisa malis, inimica superbis,

Sum tibi Tibur, enim sic Pius instituit.

Il ne faut pas s'étonner que tous les environs de Tivoli aient été décorés de maisons de plaisance, et qu'ils aient fait les délices de Rome chrétienne, comme ils firent autrefois celles de Rome payenne. Il est peu de lieu où l'on ait de meilleurs matériaux pour bâtir ; la pierre travertine ou le travertin, et la poussolane abondent dans le voisinage ; la terre y est propre à faire des briques ; le mortier de poussolane, et la chaux de travertin, et des cailloux du Teveronne, est admirable. On sait que dans le seizième siècle le cardinal Hippolite d'Est choisit Tivoli pour y élever un magnifique palais et des jardins somptueux ; dont Hubert Folietta donna lui-même une description poétique et intéressante. On peut aussi voir l'itinéraire d'Italie de Jérôme Campugniani.

Cette ville a donné la naissance à Nonius Marcellus, grammairien connu par un traité de la propriété du discours, de proprietate sermonum, dans lequel il rapporte divers fragments des anciens auteurs, que l'on ne trouve point ailleurs. La meilleure édition de cet ouvrage a été faite à Paris en 1614, avec des notes. (D.J.)