(Histoire naturelle) Voyez MONETTE.

MAUVE, malva, (Botanique) genre de plante à fleur monopétale, en forme de cloche ouverte, et profondément découpée. Il s'élève du fond de cette fleur un tuyau pyramidal chargé le plus souvent d'étamines. Le pistil sort du calice ; il est attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur et au tuyau pyramidal ; et il devient dans la suite un fruit aplati, arrondi, et quelquefois pointu : ce fruit est le plus souvent enveloppé du calice de la fleur, et composé de plusieurs capsules, qui sont si fortement adhérentes tout-au-tour de l'axe, que chaque strie du fruit reçoit une capsule, comme s'ils étaient articulés ensemble. Chaque capsule est remplie d'une semence semblable pour l'ordinaire à un rein. Ajoutez aux caractères de la mauve que les feuilles sont découpées moins profondément que celles de l'alcée, et sont moins velues et moins blanches que celles de la guimauve. Tournefort, inst. rei herb. Voyez PLANTE.

On vient de lire les caractères de ce genre de plante qui est très-étendu ; car Tournefort en compte 49 espèces, au nombre desquelles il y en a trois d'usage en médecine. Nous ne devons pas oublier de les nommer ici, la mauve ordinaire, la petite mauve, et celle qu'on appelle la rose d'outremer, ou le frémier, malva rosea, dont nous ferons un article à part.

La mauve ordinaire est nommée par J. Bauhin, Tournefort et autres, malva vulgaris, flore majore, folio sinuato.

Sa racine est simple, blanche, peu fibreuse, plongée profondément dans la terre, d'une saveur douce et gluante. Il sort de la même racine plusieurs tiges hautes d'une à deux coudées, cylindriques, velues, remplies de moèlle, branchues, et à-peu-près de la grosseur du petit doigt. Ses feuilles sont arrondies, placées par intervalle sur les tiges, et portées sur des longues queues. Les feuilles du bas de la tige sont un peu découpées, et celles du haut le sont davantage. Elles sont d'un verd foncé, crenelées à leurs bords, couvertes d'un duvet court et que l'on aperçoit à peine.

Ses fleurs sortent des aisselles des feuilles, plusieurs en nombre, portées sur de longs pédicules, grêles et velus ; elles sont amples, d'une seule pièce, en cloche évasée, partagées presque jusqu'au bas en cinq segments de la figure d'un cœur, purpurines, rayées de lignes de couleur foncée, et quelquefois elles sont de couleur blanche.

Il sort du fond de la fleur un tuyau piramidal, chargé d'étamines purpurines, porté sur un double calice, dont l'intérieur est divisé en cinq parties, et marqué de cinq lignes saillantes.

Le calice extérieur est partagé en trois segments. Il s'élève du fond du calice un pistil attaché à la partie inférieure et au tuyau de la fleur, lequel se change ensuite en un fruit plat, orbiculaire, semblable à un bouton enveloppé du calice intérieur de la fleur.

Ce fruit est composé de plusieurs graines de figure de reins, environnées chacune d'une capsule propre, membraneuse, tellement attachée à un poinçon fongueux et cannelé, que chaque cannelure reçoit une capsule en manière d'articulation.

Cette plante vient d'elle-même le long des haies et des chemins, dans les lieux incultes, et sur les décombres ; ses feuilles, ses fleurs et ses graines sont d'un très-grand usage.

La petite mauve est nommée par J. Bauhin et Tournefort, malva vulgaris, flore minore, folio rotundo. Toutes les parties de cette espèce de mauve sont plus petites que celles de la précédente. Sa racine cependant n'est pas plongée moins profondément dans la terre, et on a peine à l'en arracher. Ses tiges sont plus grêles, plus faibles, plus panchées, plus menues et d'un duvet plus court ; la tige du milieu s'élève et est souvent droite.

Ses feuilles sont plus petites, plus arrondies, et celles qui sont au sommet sont moins découpées ; d'ailleurs elles sont plus noirâtres, et en même temps couvertes d'un duvet cendré ; mais la principale différence consiste dans les fleurs, qui sont beaucoup plus petites et d'un pourpre blanchâtre, rayé de lignes purpurines.

Cette plante n'est pas moins fréquente que la précédente ; elle vient dans les mêmes endroits. On se sert en Médecine de l'une et de l'autre indifféremment. Le suc de la mauve est composé d'un sel essentiel ammoniacal, si bien uni à une quantité d'huîle et de flegme, qu'ils forment ensemble un suc mucilagineux, qui est détruit par le feu dans l'analyse ; cependant, c'est de cette substance glutineuse que dépend la principale vertu de la mauve.

Cette plante était autrefois d'un grand usage parmi les aliments, et tenait presque en fait d'herbage le premier rang sur les tables : on n'en fait point de cas aujourd'hui ; on la relegue chez les apothicaires ; et selon les apparences, notre nation ne sera pas la première à la ressusciter dans les cuisines. (D.J.)

MAUVE SAUVAGE, (Botanique) la mauve sauvage, ou alcée, alcea vulgaris, ne diffère de la mauve et de la guimauve cultivées, que par la découpure de ses feuilles ; et c'est au défaut des deux autres plantes qu'on emploie celle-ci. Son suc est moins visqueux que celui de la mauve ordinaire.

MAUVE DES JUIFS, (Botanique exotique) c'est le nom vulgaire d'un genre de plante différent de celui de la mauve. Les botanistes appellent ce genre de plante corchorus, et on la caractérise sous ce mot, voyez donc CORCHORUS.

Ce genre de plante renferme quatre espèces toutes étrangères, que l'on ne voit que dans quelques jardins de curieux ; mais la principale est commune en Egypte et en Syrie, où elle sert en aliment, selon le rapport de Rauwolf dans ses voyages. (D.J.)

MAUVE, (Pharmacie et Matière médicale) on emploie indifféremment en Médecine deux espèces de mauve ; savoir, la mauve à grandes fleurs et à feuilles découpées, et la mauve à petites fleurs et à feuilles rondes.

Toutes les parties de la mauve sont d'usage en Médecine, et principalement les feuilles.

Cette plante était comptée autrefois parmi les aliments, les anciens en usaient très-fréquemment pour se rendre le ventre libre ; on ne la mange plus aujourd'hui, elle est même presque absolument inusitée en Médecine pour l'intérieur, à l'exception de la conserve qu'on prépare avec les fleurs, qui même n'est pas un remède fort employé.

On emploie les feuilles et les fleurs de mauve très-fréquemment dans les cataplasmes et dans les décoctions pour les lavements et les fomentations. Cette plante est regardée comme éminemment émolliente, elle tient le premier rang parmi les plantes qu'on a appelées émollientes par excellence. Voyez EMOLLIENTES, plantes.

On se sert en effet avec succès à l'extérieur des décoctions de mauve, ou de l'herbe entière réduite en pulpe, contre les tumeurs inflammatoires des parties extérieures, et même contre celles des viscères du bas-ventre, et principalement de la vessie. On applique très-communément les feuilles et les fleurs de mauve sous forme de cataplasme sur la région de ce viscère dans les ardeurs et les rétentions d'urine. Les auteurs de matière médicale semblent avoir reconnu dans la mauve une vertu spécifique contre les maladies des voies urinaires ; car ils s'accordent assez à prescrire dans ce cas son suc, sa décoction, l'infusion de ses fleurs, un syrop préparé avec le suc de ses feuilles et de ses fleurs, une conserve préparée avec les mêmes fleurs, et même une eau distillée de toute la plante.

Tous ces remèdes, à l'exception du dernier, peuvent être réellement utiles dans ces cas, mais ce ne sont ici que des propriétés communes à toutes les substances mucilagineuses. Voyez MUCILAGE.

La décoction de mauve donnée en lavement, relâche et ramollit très-utilement le ventre, calme les douleurs des intestins dans la dyssenterie, le tenesme, certaines coliques, etc. ce sont encore ici les propriétés génériques des substances mucilagineuses. Voyez MUCILAGE.

Cette partie vraiment médicamenteuse de la mauve, le mucilage, se détruit dans cette plante par le progrès de la végétation, ou plutôt passe des feuilles et des fleurs dans la semence. Les feuilles des mauves en graine ne contiennent plus qu'une substance acerbe styptique, dont un des principes est un acide assez développé pour se manifester par la couleur rouge qu'il produit dans ces feuilles. Il faut donc avoir attention de n'employer aux usages médicinaux que nous avons indiqués, que la mauve qui commence à donner des fleurs.

Les semences de mauve possèdent à-peu-près les mêmes vertus que les feuilles et les fleurs, on les emploie cependant fort rarement aux mêmes usages ; elles entrent dans quelques compositions officinales, adoucissantes et pectorales, dans le syrop d'armoise, et le syrop de tortue, par exemple, et elles ne sont point des ingrédiens inutiles de ces préparations.

La conserve de fleurs de mauve est recommandée non-seulement dans les maladies des conduits urinaires, comme nous l'avons déjà observé, mais encore dans les maladies de la poitrine. (b)