(Histoire naturelle) en latin muria, nom du sel marin dissout. La murie, selon Dioscoride, est une saumure, ou une espèce de sel propre à conserver la viande et le poisson. Cette saumure est encore propre à nettoyer les ulcères, à guérir de la morsure des chiens enragés, à préserver de la gangrene, enfin à resoudre et dessécher les parties malades.

Linnaeus distingue six sortes de murie.

La murie marine, muria marina, est un sel marin qui se crystallise en forme cubique et exagone, se dissout dans l'eau, et participe beaucoup de la nature du nitre. Il s'attache aisément aux pierres, et se fait tant par évaporation que par crystallisation.

La murie de fontaine, muria fontana, est celui qui se tire des fontaines par évaporation ; il est plus faible que le sel marin, très-facîle à dissoudre dans l'eau, et pétille peu dans le feu : ce sel se tire souvent par gros morceaux, près de Lunébourg et d'Harzbourg en Allemagne ; celui de Hall en Saxe, vient en plus petits grains, et en grande quantité.

La murie fossile, muria fossilis, qui est le vrai sel gemme, est demi-transparent, formé en crystaux, et fort dur. Il se dissout difficilement dans l'eau, et pétille dans le feu. On en trouve de blanc, de gris, de rouge, de bleu, et de plusieurs autres couleurs résultantes du minéral dont il était voisin.

La murie de Salsfeld, en latin muria sphatosa, rhombea, présente des crystaux de forme rhomboïde et tient de la nature du spath, détaché de toute autre matière.

La murie lumineuse, en latin muria lapidea phosphorants, est un spath lumineux comme un phosphore ; il y en a de blanc, de jaune, de pourpre et de verd : il se découvre dans les carrières, sans aucune marque de crystallisation parce qu'il la perd en croissant. On remarque que ce sel ne luit que quand il est échauffé, ce qu'il a de commun avec tous les phosphores. La plus grande partie de ce sel se trouve en Allemagne.

La murie pierreuse et saline, muria saxi ex micâ spathoque, se tire d'un caillou mêlé d'un spath jaune et d'un sel fondu à l'air. Plusieurs de ces pierres exposées à cet élément, augmentent de poids, comme si elles en avaient attiré quelques particules. On trouve de pareilles pierres dans la Finlande et la Gothlande.

On peut ajouter à ces six espèces de murie la murie végetale, et la murie animale.

La murie végétale, muria plantarum, est celle que fournissent plusieurs végétaux, tels que la plante kali, dont est composée la soude qui sert à former les glaces et les verres.

La murie animale, muria animalis, se tire de l'urine, des os et autres parties du corps des animaux, quoique ces animaux ne mangent jamais de sel ; on en voit un exemple dans le sang de bœuf, et dans l'urine de cheval. (D.J.)