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Catégorie : Histoire naturelle
S. f. Spongia, (Histoire naturelle) substance légère, molle et très-poreuse, qui s'imbibe d'une grande quantité d'eau à proportion de son volume. On avait mis l'éponge au rang des zoophites ; on a cru aussi que c'était une plante, jusqu'à ce que M. Peyssonel, médecin de Marseille, ait découvert que l'éponge était formée par des insectes de mer, de même que beaucoup d'autres prétendues plantes marines. On distingue plusieurs espèces d'éponges, qui diffèrent surtout par la forme ; les unes sont plates, les autres rondes : il y en a qui ressemblent à un tuyau ou à un entonnoir : on en voit de branchues, que l'on appelle rameuses, etc. Les éponges fines diffèrent de celles que l'on nomme grosses éponges, en ce que leur tissu est plus serré, et que leurs pores sont plus étroits : les unes et les autres sont de couleur jaunâtre ; les meilleures et les plus fines ont une teinte de gris cendré. Voyez l'article POLYPIER.

EPONGE, (Pharmacie. Matière médicale.) On fait en Pharmacie deux différentes préparations de l'éponge ; l'une est connue sous le nom d'éponge brulée, et l'autre sous celui d'éponge préparée.

Pour faire l'éponge brulée, on prend des éponges fines qu'on lave bien ; et desquelles on sépare des petites pierres qui s'y trouvent ordinairement, on fait secher les éponges, on les met dans un pot de terre, on les calcine à feu ouvert pendant une heure, après quoi on les pulverise, et on les garde dans un bocal pour s'en servir au besoin.

L'éponge connue dans l'art sous le nom d'éponge préparée, se prépare de la manière suivante : on choisit de gros morceaux d'éponge fine, on en sépare exactement toutes les petites pierres ou coquilles, et on les trempe dans de la cire jaune fondue ; et sitôt qu'ils en sont bien imbibés, on les met un à un, ou séparés les uns des autres, dans une presse entre deux plaques d'étain que l'on a fait chauffer : on serre la presse au point d'exprimer le plus de cire qu'il est possible ; par ce moyen un gros morceau d'éponge se réduit en un très-petit volume.

On attribuait autrefois beaucoup de vertus à l'éponge brulée : Duchêne, plus connu sous le nom de Quercetan, dit que les médecins de son temps s'en servaient avec beaucoup de succès pour guérir le bronchocele ou gouètre ; ils la faisaient prendre dans du vin blanc pendant un mois lunaire.

On l'emploie encore aujourd'hui quelquefois dans le même cas, mais apparemment sans succès. Voyez CHARBON.

L'éponge préparée avec la cire fournit un secours commode pour empêcher la cicatrice de certaines plaies, dont on ménage l'ouverture à dessein de procurer par cette issue l'écoulement de certaines matières. Voyez TENTE.

On se sert d'une éponge entière pour appliquer des fomentations. Voyez FOMENTATION.

L'analyse chymique de l'éponge confirme la découverte des Naturalistes modernes, qui rangent cette production marine dans la classe des substances animales. (b)

EPONGE de rosier sauvage, d'églantier. Voyez EGLANTIER.

EPONGE, (Manège et Maréchalerie) nom par lequel nous désignons l'extrémité de chaque branche d'un fer de cheval. Voyez FER, FERRURE, FORGER.

EPONGE, (Manège et Maréchalerie) maladie, tumeur située à la tête ou à la pointe du coude, qui tire sa dénomination de la cause même qui la produit ; nous l'appelons en effet éponge, parce qu'elle n'est occasionnée que par le contact violent et réitéré des éponges de fer qui appuient contre cette partie lorsque les chevaux se couchent en vaches, c'est-à-dire lorsqu'étant couchés ils plient les jambes, de manière que leurs talons répondent au coude, et soutiennent ainsi presque tout le poids de l'avant-main de l'animal.

Ce contact violent est suivi d'une compression qui non-seulement meurtrit la peau, mais qui fait perdre aux fibres et aux vaisseaux leur ressort naturel. Ce ressort naturel perdu, ils ne peuvent plus contribuer à la circulation qui se fait dans cette partie : les humeurs s'y accumulent donc, principalement la lymphe, dont le mouvement est plus lent, et qui d'ailleurs est renfermée dans des canaux dont le tissu est infiniment plus faible que celui des vaisseaux sanguins. Cette humeur arrêtée, et l'abord de celle qui y survient sans cesse, tout contribuera à dilater les petits tuyaux ; la partie la plus subtîle se dissipera, ou en s'échappant à l'obstacle pour se soumettre aux lois de la circulation, ou en passant et en se faisant jour à-travers les pores, tandis que la partie la plus grossière de cette même humeur se durcira par son séjour. De-là les progrès de la tumeur, qui sera de la nature de celles que nous appelons loupes : elle augmentera plus ou moins en volume et en dureté, selon la disposition de la lymphe, selon le plus ou moins de force des vaisseaux, ou enfin selon la durée ou la force du contact ou de la compression ; mais la lenteur de son accroissement préservera la partie sur laquelle elle a établi son siège, de la douleur, de l'inflammation et de tous les autres accidents qui accompagnent en général les tumeurs dont la formation est prompte et soudaine.

Quelquefois aussi la même cause produit des effets différents ; car au lieu de donner lieu à une tumeur en forme de loupe, elle n'occasionne qu'une callosité, qui n'est autre chose qu'un desséchement des vaisseaux comprimés ; desséchement qui n'arrive que conséquemment au contact, qui affaissant les vaisseaux, les oblitère et ferme tout passage aux liqueurs qui circulent.

La callosité se distingue de la loupe, en ce que le volume n'en est jamais aussi considérable, et en ce qu'elle ne s'étend point au-delà de l'endroit comprimé : du reste l'une et l'autre ne présentent rien de dangereux, et la callosité ne mérite même aucune attention.

Pour ce qui concerne la loupe, il sera bon de tenter de résoudre l'humeur avant qu'elle soit entièrement concrete ; on emploiera pour cet effet les emplâtres résolutifs : celui de vigo, en triplant la dose de mercure, m'a toujours paru véritablement le plus efficace ; mais si son impuissance ne nous laisse aucun espoir de procurer la résolution, il conviendra d'extirper la tumeur : cette opération, dont les suites ne sauraient être fâcheuses, peut se pratiquer de deux manières.

Si la loupe est dans le corps même du tégument, on l'emportera avec la peau, car il serait impossible de l'en dégager : si au contraire elle est au-dessous, et que le tégument soit mobîle et vacillant au-dessus, on y fera une incision proportionnée au volume de la tumeur, c'est-à-dire que cette incision sera simplement longitudinale ou cruciale, selon ce volume. On disséquera ensuite les lambeaux des téguments ; après quoi on soulevera la loupe avec une errigne, et on la disséquera elle-même dans toute sa circonférence, à l'effet de l'emporter entièrement : l'extirpation en étant faite, on réunira les lambeaux, on les assujettira, s'il est nécessaire, par des points de suture, et on pansera le tout comme une plaie simple. Ce procédé demande plus de pratique et d'adresse que le premier ; mais on a l'avantage de terminer la cure beaucoup plutôt : la plaie circulaire faite conséquemment à l'autre moyen est toujours avec déperdition de substance, et demande pour se cicatriser une espace de temps assez considérable. Au reste on ne doit pas oublier que la première attention dans le traitement de cette maladie, est de garantir l'animal du contact qui l'a occasionné ; et pour cet effet on peut matelasser l'éponge du fer, en y attachant un petit coussinet rembourré, de façon que la partie contuse porte sur ce coussinet lorsque l'animal se couche.

Il est sans doute inutîle de parler de l'éponge dont se servent les palefreniers pour laver les crins et les extrémités de l'animal, puisqu'elle ne diffère point des éponges communes. Voyez PANSER. (e)

EPONGES. (terme de Plombier) Ce sont les deux bordures qui environnent dans sa longueur la table ou moule sur laquelle les Plombiers versent leur plomb. Voyez la figure 1. Pl. du Plombier.

Le rable qui sert à pousser le métal fondu jusqu'au bout du moule, et à donner une juste épaisseur à la table de plomb, est appuyé par les deux bouts sur ces éponges, où il est comme enchâssé par deux rainures qui l'assujettissent et l'empêchent de se détourner quand le plombier le pousse jusqu'au bout de la table ou moule. Voyez PLOMBIER, et les fig. 1. et 10. Pl. I. du Plombier.

EPONGES, pl. (Vénerie) c'est ce qui forme le talon des bêtes.