S. m. échinus terrestris, (Histoire naturelle) animal quadrupede, le seul dans notre climat qui soit couvert de piquans ; il est aussi le seul qui se pelotonne au point de cacher tous ses membres. Lorsqu'il est debout sur ses jambes, il ne présente encore qu'une masse informe et hérissée de piquans ; à peine voit-on ses pieds, son museau et sa queue ; il a les yeux petits et saillans, et les oreilles courtes, larges et rondes. Sa longueur n'est que d'environ neuf pouces depuis le bout du nez jusqu'à l'origine de la queue. Les plus grands de ses piquans ont un pouce de long sur un tiers de ligne de diamètre ; ils sont de couleur blanchâtre sur la pointe et sur les deux tiers de leur longueur depuis la racine, et ils ont une couleur brune, noirâtre ou noire au-dessous de la pointe sur la longueur d'environ deux lignes. Les piquans couvrent les côtés du corps et toute la face supérieure depuis le sommet de la tête jusqu'auprès de l'origine de la queue. Le museau, le front, les côtés de la tête, la gorge, le dessous et les côtés du cou, la poitrine, le ventre et les quatre jambes ont deux sortes de poils ; les uns sont de la même consistance que les soies de cochon, quoique plus petits ; ils ont une couleur blanchâtre mêlée d'une teinte de jaune et de roux : il y a entre ces soies un poil plus court et plus abondant frisé et gris-brun ou châtain. Les pieds ou la queue n'ont qu'un poil très-court, lisse et peu fourni, qui semble être de la même nature que les soies.

Les hérissons se pelotonnent pour dormir ou pour se cacher dès qu'ils sont épouvantés ou attaqués : ils ne peuvent s'accoupler comme les autres animaux, à cause de leurs piquets ; il faut qu'ils soient face à face debout ou couchés. C'est au printemps qu'ils se cherchent, et ils produisent au commencement de l'été ; ils ont ordinairement trois ou quatre petits, et quelquefois cinq : ils sont blancs en naissant, et l'on voit seulement sur leur peau la naissance des piquans. Ces animaux vivent de fruits tombés ; ils fouillent la terre avec le nez à une petite profondeur ; ils mangent les hannetons, les scarabées, les grillons, les vers et quelques racines ; ils sont aussi très-avides de viande, et ils la mangent cuite ou crue. On les trouve fréquemment dans les bois, sous les troncs des vieux arbres, dans les fentes des rochers, et dans les monceaux de pierres. Ils ne bougent pas tant qu'il est jour, mais ils courent ou plutôt ils marchent toute la nuit ; ils dorment pendant l'hiver.

Les Naturalistes ont distingué deux espèces de hérisson, par des caractères tirés de la figure du museau. Plusieurs auteurs prétendent que les uns ont le grouin d'un cochon, et les autres le museau d'un chien : les gens de la campagne ont la même opinion. Cependant on n'en connait qu'une seule. Le museau a en effet quelque rapport au grouin de cochon et au museau du chien : c'est sans doute ce qui a donné lieu à la distinction des deux prétendues espèces de hérisson. On trouve cet animal par-tout en Europe, à l'exception des pays les plus froids. Histoire naturelle gén. et part. à l'article du hérisson, tome VIII. pag. 28 et suiv. Voyez QUADRUPEDE.

HERISSON de mer, (Histoire naturelle, Ichtyologie) genre de poisson de figure différente, selon les diverses espèces. Ses caractères sont qu'outre un grand nombre de petites protubérances ou inégalités, il a deux ouvertures remarquables, dont l'une lui sert de bouche, et l'autre, à ce qu'on croit, d'anus : ces ouvertures sont placées différemment en diverses espèces.

Les Naturalistes doutent s'il faut mettre ces sortes de poissons dans la classe des crustacées ou des testacées. Pline nomme leur peau raboteuse indifféremment des noms de croute et de coquille : la plupart des modernes les rangent parmi les crustacées, parce qu'ils ont des dents, et que la plupart des poissons à coquille n'en ont point ; mais nous ignorons encore si toutes ces sortes d'animaux ont des dents.

Quoi qu'il en sait, l'hérisson de mer, comme l'hérisson de terre, tire son nom des épines dont il est couvert. On l'appelle en latin echinus marinus, ericius marinus, carduus marinus, erinaceus marinus, echinus ovarius, etc. Sur quelques côtes on le nomme chataigne de mer, et avec assez de raison. En effet, il ne ressemble pas seulement aux enveloppes des châtaignes, par les piquans dont il est armé, il leur ressemble encore par sa figure convexe. Le nom d'oursin qu'on lui donne sur les côtes de Provence, est moins juste ; car on n'aperçoit aucune ressemblance entre le poil des oursins et les pointes des hérissons.

Plusieurs de ces espèces sont décrites ou représentées dans Jonston, exang. 30. Aldrovand. de exang. 403. Belon, de aquat. 384. Charleton, exerc. 62. Gesner, aquatil. 350. Lister, hist. anim. angl. 169. et 222. tab. 7. n°. 23. Morton, north. 231. tab. 10. fig. 3. Plot, hist. oxon. 107. tab. 5. n°. 5. Langius, hist. lap. 124. tab. 35. Klein, echinod, 17. tab. 2. C. D. Mais M. de Réaumur a fait un travail plus utîle ; il s'est attaché le premier à nous donner une idée exacte du squelete de l'animal, qui est un fort bel ouvrage, et à développer la mécanique singulière de son mouvement progressif : c'est le sujet d'un mémoire curieux de cet illustre naturaliste, imprimé dans le recueil de l'académie des Sciences, année 1712. et dont voici le précis.

L'hérisson de mer est couvert d'une peau dure, raboteuse, hérissée tout-autour d'épines fortes et piquantes, qui lui servent de jambes. Sur nos côtes il est gros comme le poing, quelquefois comme un petit ballon, et communément de la figure d'un marron d'Inde garni de ses piquans. Il parait tout d'une pièce, car à peine sa tête peut-elle être distinguée de son corps. La partie par où il se nourrit, c'est-à-dire sa bouche, est dessous, et celle par où les anciens disent qu'il vide ses excréments, est vis-à-vis en-dessus. Il a cinq dents creuses et une petite langue. Son ventre est divisé en cinq parties, qui semblent plusieurs ventres séparés.

On le trouve sur les bords de la mer, où il se retire, quand les vagues commencent à s'enfler par quelque tempête ; ce qui a fait dire, qu'il était un pronostic d'un orage prochain. Les matelots mangent sa chair et ses œufs, c'est tout l'usage qu'on en retire ; car quant à ses propriétés médicinales, rapportées par Dale d'après Dioscoride, personne n'y ajoute la moindre foi.

Son squelete est un corps osseux, dont la figure approche fort de celle d'une portion de sphère creuse, ou de celle d'un moule de bouton qui serait creux. Il a de même une ouverture sur la partie la plus élevée de sa convexité, par laquelle Aristote assure que l'animal jette ses excréments. Sur la surface opposée à cette ouverture, ou sur la surface qui représente la surface plane du moule, et qui ici est un peu arrondie, il y a une autre ouverture plus grande que la précédente, placée vis-à-vis d'elle, et c'est cette dernière ouverture qui est la bouche de l'hérisson.

La surface intérieure de ce squelete est raboteuse, ou marquée de diverses éminences, de diverses petites inégalités, mais disposées avec ordre. Elles partagent, en quelque façon, tout l'extérieur du corps en dix triangles sphériques isoceles, qui ont leur sommet à l'ouverture supérieure, et leur base à l'inférieure ; il y en a cinq grands, et cinq petits.

Tous les petits triangles et tous les grands triangles sont égaux entr'eux, et séparés les uns des autres par une petite bande qui est aussi triangulaire, au lieu que les triangles sont hérissés de diverses éminences ; chaque petite bande est percée d'un grand nombre de trous très-déliés, qui traversent l'épaisseur du squelete et qui en font admirer le travail.

Chaque petite éminence, ou apophyse, ressemble à une mammelle qui a son mamelon ; c'est sur chacune de ses petites apophyses que sont posées les bases des épines des hérissons. Le nombre de ces apophyses, ou ce qui revient au même, celui des épines est prodigieux ; M. de Réaumur en a trouvé deux mille cent ; mais comme il y en a d'extrêmement petites, il n'est guère possible de les compter d'une manière sure ; le nombre des petits trous qui sont sur les bandes qui séparent les triangles, est aussi très-considérable ; M. de Réaumur en a compté environ treize cent, nombre qu'il est bon de savoir, pour connaître combien l'hérisson a de jambes, ou, pour parler comme M. de Réaumur, de cornes, parce que ces jambes ressemblent aux cornes des limaçons.

Chacune de ces cornes tire son origine d'un de ces trous, et réciproquement il n'y a point de trou qui ne donne naissance à une corne ; elles ne sont presque sensibles que lorsque l'animal est dans l'eau, encore ne sont elles sensibles qu'en partie. S'il marche, il fait voir seulement quelques-unes de celles qui sont du côté vers lequel il avance ; si au contraire il est en repos, on n'aperçoit que celles qu'il a pu ou voulu fixer contre quelques corps, celles qui le tiennent en quelque façon à l'ancre : il applique leur extrémité contre ce corps, il les y colle si fortement, que, si on veut employer la force pour le détacher, on y parvient rarement sans casser une partie de celles qui l'attachaient ; enfin elles cessent presque entièrement d'être visibles, lorsqu'on le tire de l'eau ; il les affaisse et les replie sur elles-mêmes, de sorte que l'on ne voit plus que leurs extrémités, qui ne sauraient être connaissables qu'à ceux qui les ont observés pendant que les cornes étaient gonflées, alors les bouts des cornes sont cachés entre les bases des épines, au lieu qu'ils surpassent leurs pointes lorsque l'hérisson les allonge.

L'appareil, avec lequel est formé un si petit animal, est quelque chose de bien merveilleux. Voilà treize cent cornes qu'il a seulement pour se tenir en repos, et plus de deux mille cent épines dont il peut se servir pour marcher : celles dont il fait l'usage le plus ordinairement, sont aux environs de sa bouche ; comme elles peuvent s'incliner également de tous côtés, les épines qui sont les plus proches et celles qui sont les plus éloignées de celui vers lequel il s'est déterminé d'aller, lui servent en même temps ; il se retire avec ses premières, et se pousse avec les secondes ; il n'est pas difficîle d'imaginer comment cela s'exécute.

L'hérisson porte les plus proches le plus loin qu'il peut de sa bouche, il accroche ou pique leurs pointes contre quelque corps aigu ; et au contraire il approche de sa bouche, ou du dessous de sa base, la pointe des épines les plus éloignées ; d'où il est clair que lorsqu'il fait effort ensuite pour ramener à soi les premières, ou les tirer vers le dessous de sa base, et qu'il fait en même temps un autre effort pour relever les dernières, ou les éloigner du dessous de sa base, il tire et pousse son corps en avant par ces deux efforts.

Tel est le mouvement progressif de l'hérisson, lorsqu'il marche la bouche en bas : mais on voit en même temps que quand il marche la bouche en haut, tout doit se passer d'une semblable manière. Enfin il parait qu'il peut marcher non-seulement étant disposé des deux manières précédentes, mais encore dans une infinité d'autres positions, dans lesquelles la ligne qui passe par le centre des ouvertures où sont la bouche et son anus, est ou parallèle, ou inclinée à l'horizon sous divers angles.

Mais s'il peut marcher dans toutes ces situations, c'est-à-dire si la possibilité en est démontrée, combien alors faut-il de muscles pour faire mouvoir en tous sens et séparément deux mille cent épines, et treize cent jambes ou cornes ! Cependant les jambes ou cornes n'exécutent point le mouvement progressif des hérissons, ce sont les épines dont ils se servent pour marcher. M. de Réaumur s'en est convaincu dans des circonstances où il n'était pas possible de s'y méprendre : non-seulement il les a Ve se mouvoir par leur moyen, les ayant mis dans des vases où l'eau de la mer les couvrait peu, et où il était par conséquent très-facîle de les observer ; mais ayant mis même ces animaux sur sa main, il leur a Ve exécuter le mouvement progressif avec leurs épines. (D.J.)

HERISSON, (Art militaire) dans la guerre des sièges est une grosse poutre, ou un arbre de la longueur de la breche, armé de pointes fort longues, qu'on fait rouler sur la rampe ou les débris de la breche pour empêcher l'ennemi de monter. Les hérissons sont soutenus par des chaînes ou des cordes, de manière que si le canon en rompt une, ils sont retenus par les autres. On les fait rouler sur les breches par le moyen de rouleaux. Ils causent beaucoup d'incommodité à l'ennemi en tombant ou roulant sur lui lorsqu'il monte à l'assaut.

L'hérisson foudroyant est une espèce de barril foudroyant, hérissé de pointes par le dehors : on le fait mouvoir sur deux roues par le moyen d'une pièce de bois qui le traverse et qui sert d'aissieu aux roues. Voyez BARRIL FOUDROYANT. (Q)

HERISSON, (mécan.) c'est une roue dont les rayons aigus sont plantés directement sur la circonférence du cercle, et qui ne peuvent s'engager que dans une lanterne, et ne reçoivent le mouvement que d'elle. Voyez LANTERNE. Il y a des hérissons dans un grand nombre de machines, tant hydrauliques qu'autres. Voyez dans nos Planches la machine à friser les étoffes.

HERISSON FOUDROYANT. Les artificiers appellent ainsi une machine hérissée de pointes par le dehors, et chargée de composition par le dedans ; il sert à défendre les breches et les retranchements.