S. f. (Histoire naturelle) poisson de mer. Il y a deux sortes de poisson de mer que l'on appelle aiguille, parce que leurs mâchoires sont si fort allongées, qu'elles ressemblent en quelque façon à de longues aiguilles ; la première espèce dont il est question dans cet article, retient simplement le nom d'aiguille ; l'autre est appelée aiguille d'Aristote. Voyez AIGUILLE D'ARISTOTE.

L'aiguille est nommée en Latin acus ou aculeatus ; en Normandie on lui donne le nom d'arphye. Ce poisson n'est pas gluant comme la plupart des autres poissons ; il est long et lisse, les deux mâchoires sont fort menues et fort allongées ; celle du dessous avance plus que celle du dessus, elle est molle à son extrémité ; toutes les deux sont garnies de petites dents posées fort près les unes des autres. La tête est de couleur verte et de figure triangulaire ; les yeux sont grands, ronds et jaunes, il se trouve deux trous devant les yeux. Ce poisson a quatre ouies doubles de chaque côté, deux nageoires près des ouies, deux autres petites sous le ventre, et deux autres plus grandes près de la queue, l'une en-dessous et l'autre au-dessus : ces deux nageoires sont garnies d'aiguillons jusqu'à la queue, qui est courte et terminée par deux petites nageoires qui la rendent fourchue. L'aiguille a le ventre plat, son corps parait carré, à cause d'une suite d'écaille qui Ve depuis la tête jusqu'à la queue ; le reste est lisse et sans écailles. L'épine du dos est verte, le dos bleu, et le ventre blanc. Toutes les parties intérieures sont allongées comme la figure de ce poisson. En été son ventre est rempli d'œufs. Sa chair est dure, seche, et indigeste. Rondelet, Voyez POISSON. (I)

AIGUILLE d'Aristote, s. f. (Histoire naturelle) poisson de mer. Il y a deux sortes de poissons de mer, appelés aiguille, dont l'une retient simplement le nom d'aiguille. Voyez AIGUILLE. L'autre, dont il est ici question, est appelée aiguille d'Aristote, parce que c'est l'espèce dont l'auteur a fait mention en plusieurs endroits de ses ouvrages. On lui donne en Languedoc le nom de trompette. Il y a plusieurs de ces poissons qui sont de la longueur d'une coudée : mais ils ne sont tous pas plus gros que le doigt. L'extrémité de la tête de ce poisson est en forme de tuyau, ce qui lui a fait donner le nom de trompette ; son corps a six faces depuis la tête jusqu'à l'anus, et dans le reste il n'y a que quatre faces ; il n'est pas couvert d'écailles, mais d'une sorte d'écorce dure et gravée ; l'anus est placé presque au milieu du corps. On voit derrière l'anus une fente longue, dans laquelle on trouve des œufs, et quelquefois des petits nouvellement éclos, de différentes grandeurs. Ce poisson a deux petites nageoires auprès des ouïes, et une autre fort petite sur le dos, qui n'est bien apparente que lorsque le poisson s'agite dans l'eau ; la queue est terminée par une seule nageoire fort menue. L'aiguille d'Aristote a un conduit long qui communique de la bouche à l'estomac, qui est petit et allongé. Le foie est grand, les boyaux sont étroits et droits ; ce poisson n'a pour ainsi dire point de chair. Rondelet, Voyez POISSON.

AIGUILLE DE BERGER, scandix, (Histoire naturelle) ou pecten Veneris, genre de plante, plus connu sous le nom de peigne de Venus. Voyez PEIGNE DE VENUS. (I)

AIGUILLE AIMANTEE, est une lame d'acier longue et mince, mobîle sur un pivot par son centre de gravité, et qui a reçu d'une pierre d'aimant la propriété de diriger ses deux bouts vers les pôles du monde. Voyez AIMANT.

Les meilleures aiguilles ont environ six pouces de longueur, deux lignes et demie de largeur vers le milieu, et deux lignes vers les extrémités ; l'épaisseur doit être d'environ un sixième de ligne.

On donne ordinairement aux aiguilles aimantées la figure d'une flèche, et on fait en sorte que ce soit la pointe qui se tourne du côté du nord. Voyez Pl. de physique, fig. 47. Mais il est plus avantageux que ces extrémités se terminent en une pointe qui ne soit point trop aiguë, comme on voit dans la fig. 48. et il sera facîle de désigner par les lettres N et S, qu'on gravera sur ces extrémités, les pointes qui doivent se diriger au nord et au sud. La chape C doit être de laiton, soudée sur le milieu de l'aiguille, et creusée d'une forme conique, dont l'axe soit bien perpendiculaire à l'aiguille, et passe par son centre de gravité. Le style F qui doit servir de pivot, doit être d'acier bien trempé, exactement droit, délié et fixé perpendiculairement sur la base B. Enfin la pointe de ce style doit être extrêmement polie et terminée en une pointe un peu mousse.

Comme il est difficîle de bien placer la chape dans le centre de gravité, on tâchera de la mettre dans cette situation le plus exactement qu'il sera possible ; et l'ayant mise ensuite sur son pivot, si on remarque qu'elle ne soit pas en équilibre, on en ôtera un peu du côté qui paraitra le plus pesant.

Quoique la plupart des lames d'acier qu'on emploie à cet usage, aient naturellement la propriété de se diriger vers les pôles du monde, et qu'on puisse aider cette propriété naturelle en les trempant dans l'eau froide après les avoir fait rougir, et les faisant recuire peu-à-peu ; il n'est cependant pas douteux qu'on ne doit compter que sur les aiguilles qui auront été aimantées par un bon aimant.

La meilleure manière d'aimanter une aiguille, est de la fixer sur une table, et de poser sur son milieu de chaque côté de la chape, le pôle boréal d'un bon aimant, et le pôle austral d'un autre, de manière cependant que le pôle boréal de l'aimant soit posé sur la partie de l'aiguille qui doit se tourner au sud, et le pôle austral de l'autre aimant sur la partie qui doit se tourner vers le nord. Ensuite on coulera chacun de ces pôles en appuyant fortement du milieu vers la pointe, et on réitérera cette opération quinze ou vingt fais, en observant d'éloigner un peu les pierres avant que de les approcher de la chape ; alors l'aiguille sera aimantée, et la partie qui aura été touchée par le pôle austral de la pierre, se dirigera constamment vers le nord, et avec vivacité.

L'excellence de l'aimant avec lequel on touche l'aiguille, et la grande vertu magnétique qu'elle reçoit dans toutes les circonstances que nous venons de rapporter, font qu'elle obéit plus facilement aux impressions magnétiques, et que les obstacles du frottement et de la résistance de l'air deviennent comme nuls : mais elle ne prend pas une meilleure direction que si elle eut été moins bien aimantée. En effet on observe que la direction des aiguilles qui n'ont jamais touché à l'aimant, ou qui ont été trempées après avoir été rougies, celles de toutes les espèces d'aiguilles aimantées sur différentes pierres, de figures et de qualités différentes, et dans quelque partie du monde que ce soit ; on observe, dis-je, que la direction de toutes ces aiguilles se fait uniformément suivant le même méridien magnétique particulier à chaque lieu. Voyez fig. 35. n°. 2.

Il est arrivé quelquefois que le tonnerre tombé auprès d'une aiguille aimantée, en a changé la direction, et même qu'il lui en a donné une directement contraire : mais ces accidents sont assez rares, et ne doivent point être comptés parmi ceux qui agissent sur l'aiguille aimantée, et qui en changent constamment la direction.

On serait bien plus porté à croire que les mines de fer, dans le voisinage desquelles se trouverait une aiguille aimantée, pourraient altérer sa vertu directive : on s'est assuré du contraire en mettant une aiguille très-mobîle auprès d'un morceau d'excellente mine de fer, qui rendait 23 livres de fer par chaque quintal (110 livres), sans que l'aiguille en ait été sensiblement dérangée. Mais il y a d'autres causes inconnues, dépendantes sans doute des météores, qui dérangent sensiblement l'aiguille aimantée : par exemple, à la latitude de 41d 10' du nord et à 28d 0' de longitude du cap Henri en Virginie, le 2 Septembre 1724, l'aiguille aimantée devint d'une agitation si grande, qu'il fut impossible de se servir de la boussole pour faire la route ; et on eut beau mettre plusieurs aiguilles en différents endroits du vaisseau, et en aimanter quelques-unes de nouveau, la même agitation continua et dura pendant plus d'une heure, après quoi elle se calma, et l'aiguille se dirigea comme à l'ordinaire.

Il y a quelque apparence que le grand froid détruit, ou du moins suspend la vertu directive de l'aiguille aimantée. Le capitaine Ellis rapporte dans son voyage à la baie d'Hudson, qu'un jour que son vaisseau était environné de beaucoup de glace, ses aiguilles aimantées perdirent entièrement leur vertu directive ; que pendant que l'une suivait une certaine direction, l'autre en marquait une toute différente, et que pas une ne resta longtemps dans la même direction ; qu'il tâcha de remédier à ces accidents, en touchant ses aiguilles à un aimant artificiel : mais qu'il y perdit ses peines, et qu'elles perdaient en un moment la vertu qu'elles acquéraient par ce moyen ; et qu'il fut bien convaincu après plusieurs essais, que ce dérangement des aiguilles ne pouvait être corrigé par l'attouchement de l'aimant ; que le moyen qui lui réussit le mieux pour remédier à cet accident, fut de placer ses aiguilles dans un lieu chaud, où elles reprirent effectivement leur activité, et pointèrent juste comme à l'ordinaire : d'où il conclut que le froid excessif causé par les montagnes de glace dont il était environné, en resserrant trop les pores des aiguilles, empêchait les écoulements de la matière magnétique de les traverser, et que la chaleur dilatant ces mêmes pores, rendait la liberté au passage de cette même matière.

Lorsqu'on place une aiguille aimantée sur une bonne méridienne, en sorte que son pivot soit bien perpendiculaire et dans le plan de cette méridienne, et qu'on la laisse ensuite se diriger d'elle-même suivant son méridien magnétique, on observe qu'elle ne se dirige pas exactement vers les pôles du monde, mais qu'elle en décline de quelques degrés, tantôt à l'est, tantôt à l'ouest, suivant les différents lieux, et en différents temps dans le même lieu.

La découverte de cette déclinaison de l'aiguille aimantée, a suivi de peu de temps celle de sa direction. Il était naturel de chercher à approfondir les circonstances de cette vertu directive ; et en la mettant si souvent sur la ligne méridienne, on se sera bientôt aperçu qu'elle déclinait. Thevenot assure dans ses voyages avoir Ve une lettre de Pierre Adsiger, écrite en 1269, dans laquelle il est dit que l'aiguille aimantée déclinait de cinq degrés : et M. de Lîle le Géographe possédait un manuscrit d'un pilote de Dieppe nommé Crignon, dédié en 1534 à Sebastien Chabot, Vénitien, dans lequel on fait mention de la déclinaison de l'aiguille aimantée ; cependant on fait honneur de cette découverte à Chabot lui-même, à Gonzales de Oviedo, à Robert Normann, à Dalancé, et autres.

Il parait au reste que cette découverte était très-connue dans le XVIe siècle ; car Hartman l'a observée en Allemagne de 10d 15' en l'année 1536. Dans le commencement on attribuait cette déclinaison de l'aiguille à ce qu'elle avait été mal aimantée, ou à ce que la vertu magnétique s'affoiblissait : mais les observations réitérées ont mis cette vérité hors de doute.

La variation de la déclinaison, c'est-à-dire ce mouvement continuel dans l'aiguille aimantée, qui fait que dans une même année, dans le même mois, et même à toutes les heures du jour, elle se tourne vers différents points de l'horizon ; cette variation, dis-je, parait avoir été connue de bonne-heure en France. Les plus anciennes observations sont celles qui ont été faites en 1550 à Paris ; l'aiguille déclinait alors de 8d vers l'est, en 1580 de 11d 30' vers l'est, en 1610 de 8d 0' vers l'est, jusqu'à ce qu'en 1625 Gellibrand a fait en Angleterre des observations très-exactes sur cette variation.

Nous joignons ici la table des différents degrés de déclinaison de l'aiguille aimantée, faites à Paris, surtout à l'Observatoire royal.

TABLE des différents Degrés de Déclinaison de l'Aiguille aimantée, observés à Paris.

Pour observer commodément la déclinaison de l'aiguille aimantée, il faut tracer d'abord une ligne méridienne bien exacte sur un plan horizontal, dans un endroit qui soit éloigné des murs, ou des autres endroits où il pourrait y avoir du fer ; ensuite on placera sur cette ligne la boite graduée d'une aiguille bien suspendue sur son axe, en sorte que le point O de la graduation soit tourné et posé bien exactement sur la méridienne du côté du nord. On aura soin que la boite soit bien horizontale sur le plan, et que rien n'empêche la liberté des vibrations de l'aiguille ; alors l'extrémité B de l'aiguille marquera sa déclinaison, qui sera exprimée par l'arc compris depuis O jusqu'à l'endroit vis-à-vis duquel l'aiguille est arrêtée. Voyez fig. 37. n°. 2.

Les observations qu'on a faites sur la déclinaison de l'aiguille aimantée, ont mis à portée de découvrir son inclinaison, c'est-à-dire cette propriété qu'elle a de s'incliner vers un des pôles du monde plutôt que vers un autre. En effet si on construit une aiguille qui soit parfaitement en équilibre sur son pivot avant que d'être aimantée, c'est-à-dire que son plan soit bien parallèle à l'horizon, dès qu'elle aura été aimantée, elle cessera d'être en équilibre, s'inclinera dans notre hémisphère vers le pôle boréal et vers le pôle austral dans l'hémisphère méridional de notre globe.

Cette inclinaison est d'autant plus considérable, que l'aiguille est plus proche des pôles du monde, et d'autant moindre, qu'elle est proche de l'équateur, en sorte que sous la ligne l'aiguille est parfaitement horizontale. Cette inclinaison au reste varie dans tous les lieux de la terre comme la déclinaison ; elle varie aussi dans tous les temps de l'année et dans les différentes heures du jour : et il parait que les variations de cette inclinaison sont plus considérables que celles de la déclinaison, et pour ainsi dire indépendantes l'une de l'autre. On peut voir dans la figure 35. n°. 3. de quelle manière on dispose l'aiguille pour observer son inclinaison. Mais on n'a pas été longtemps à s'apercevoir qu'une grande partie de cette variation dépendait du frottement de l'axe sur lequel l'aiguille devait tourner pour se mettre en équilibre ; car en examinant la quantité des degrés d'inclinaison d'une aiguille mise en mouvement et revenue à son point de repos, on la trouvait tout à fait variable, quoique l'expérience fût faite dans les mêmes circonstances, dans la même heure, et avec la même aiguille : d'ailleurs on a fait différentes aiguilles avec tout le soin imaginable ; on les a faites de même longueur et épaisseur, du même acier ; on les a frottées toutes également et de la même manière sur un bon aimant ; ç'a été par hasard quand deux se sont accordées à donner la même inclinaison ; ces inégalités ont été quelquefois à 10 ou 12 degrés : en sorte qu'il a fallu absolument chercher une méthode de construire des aiguilles d'inclinaison exemptes de ces inégalités. Ce problème a été un de ceux que l'Académie des Sciences a jugé digne d'être proposé aux plus habiles Physiciens de l'Europe ; et voici les règles que prescrit M. Dan. Bernoulli qu'elle a couronné.

1°. On doit faire en sorte que l'axe des aiguilles soit bien perpendiculaire à leur longueur, et qu'il passe exactement par leur centre de gravité.

2°. Que les tourillons de cet axe soient exactement ronds et polis, et du plus petit diamètre que le permettra la pesanteur de l'aiguille.

3°. Que cet axe roule sur deux tablettes qui soient dans un même plan bien horizontal, très-dur et très-poli. Mais comme l'inflexion de l'aiguille, et la difficulté de placer cet axe exactement dans le centre de gravité, peut causer des erreurs sensibles dans l'inclinaison de l'aiguille aimantée, voici la construction d'une nouvelle aiguille.

On en choisira une d'une bonne longueur, à laquelle on ajustera un axe perpendiculaire, et dans le centre de gravité le mieux qu'il sera possible ; on aura un petit poids mobile, comme de 10 grains, pour une aiguille qui en pese 6000, et on approchera ce petit poids auprès des tourillons jusqu'à environ la 20e partie de la longueur d'une des moitiés ; ensuite on mettra l'aiguille en équilibre horizontalement avec toute l'attention possible ; et lorsqu'elle sera en cette situation, on marquera le lieu du petit poids : alors on l'éloignera des tourillons vers l'extrémité de l'aiguille jusqu'à ce qu'elle ait pris une inclinaison de 5 degrés. On marquera encore sur l'aiguille le lieu du petit poids, et on le reculera jusqu'à ce que l'inclinaison soit de 10 degrés, et ainsi de suite en marquant le lieu du petit poids de cinq en cinq degrés. Après ces préparations on aimantera l'aiguille, en observant que le côté auquel est attaché le petit poids, devienne le pôle boréal pour les pays où la pointe méridionale de l'aiguille s'éleve, et qu'il soit au contraire le côté méridional pour les pays où la pointe méridionale s'élève au-dessus de l'horizon.

La manière de se servir de cette boussole d'inclinaison, consiste à mettre d'abord le petit poids à la place qu'on présumera convenir à-peu-près à la véritable inclinaison de l'aiguille ; après quoi on l'avancera ou reculera jusqu'à ce que l'inclinaison marquée par l'aiguille s'accorde avec celle que marque le petit poids ; et de cette manière l'inclinaison de l'aiguille sera la véritable inclinaison.

L'action de l'aimant, du fer, et des autres corps magnétiques, mis dans le voisinage d'une aiguille aimantée, est capable de déranger beaucoup sa direction : il faut bien se souvenir que l'aiguille aimantée est un véritable aimant qui attire ou est attiré par le fer et les corps magnétiques, suivant cette loi uniforme et constante, que les pôles de différents noms s'attirent mutuellement, et ceux de même nom se repoussent : c'est pourquoi si on présente une aiguille aimantée à une pierre d'aimant, son extrémité boréale sera attirée par le pôle du sud de l'aimant, et la pointe australe par le pôle du nord ; au contraire le pôle du nord repoussera la pointe boréale, et le pôle du sud repoussera pareillement la pointe australe. La même chose arrivera avec une barre de fer aimantée, ou simplement avec une barre de fer tenue verticalement, dont l'extrémité supérieure est toujours un pôle austral, et l'extrémité inférieure un pôle boréal. Mais ce dernier cas souffre quelques exceptions, parce que les pôles d'une barre de fer verticale ne sont pas les mêmes par toute la terre, et qu'ils varient beaucoup en cette sorte.

Dans tous les lieux qui sont sous le cercle polaire boréal et le 10e degré de latitude nord, le pôle boréal de l'aiguille aimantée sera toujours attiré par la partie supérieure de la barre, et la pointe du sud par la partie inférieure ; et on aura beau renverser la barre, la pointe boréale de l'aiguille sera toujours attirée par le bout supérieur quel qu'il sait, pourvu que la barre soit tenue bien verticalement. A la latitude de 9d 42' N. la pointe australe de l'aiguille était fortement attirée par l'extrémité inférieure de la barre : mais la pointe boréale n'était pas si fortement attirée par la partie supérieure qu'auparavant.

A 4d 33' de latitude N. et 5d 18' de longitude du cap Lésard, la pointe boréale commençait à s'éloigner de la partie supérieure de la barre, et la pointe australe était encore plus vivement attirée par le bas de la barre.

A 0d 52' de latitude méridionale, et 11d 52' à l'occident du cap Lésard, la pointe boréale de l'aiguille n'était plus attirée par le haut de la barre, non plus que par sa partie inférieure ; la pointe australe se tournait toujours vers la partie inférieure, mais moins fortement.

A la latitude de 5d 17' méridionale, et 15d 9' de longitude du cap Lésard, la pointe méridionale se tournait vers l'extrémité inférieure de la barre d'environ deux points ; et lorsqu'on éloignait la barre, l'aiguille reprenait sa direction naturelle après quelques oscillations : mais le même pôle de l'aiguille ne se tournait point du tout vers le bord supérieur de la barre, et la pointe septentrionale n'était attirée ni par le bord supérieur, ni par l'inférieur ; seulement en mettant la barre dans une situation horizontale et dans le plan du méridien, le pôle boréal de l'aiguille se dirigeait vers l'extrémité tournée au sud, et la pointe australe vers le bout de la barre tourné du côté du nord, en sorte que l'aiguille s'écartait de sa direction naturelle de 5 ou 6 points de la boussole ; et non davantage : mais en remettant la barre dans sa situation perpendiculaire, et mettant son milieu vis-à-vis de l'aiguille, elle suivait sa direction naturelle comme si la barre n'y eut point été.

A la latitude de 8d 17' N. et à 17d 35' ouest du cap Lésard, la pointe boréale de l'aiguille ne se tournait plus vers la partie supérieure de la barre, au contraire elle la fuyait : mais le pôle austral se détournait un peu vers le bord inférieur, et changeait sa position naturelle d'environ deux points : mais en mettant la barre dans une situation inclinée, de manière que le bout supérieur fût tourné vers la pointe australe de l'aiguille, et le bout inférieur vers sa pointe boréale, celle-ci était attirée par le bout inférieur : mais lorsqu'on mettait le bout supérieur vers le nord, et le bout inférieur vers le sud, la pointe boréale fuyait celui-ci ; et si on tenait la barre tout à fait horizontalement, il arrivait la même chose que dans les observations précédentes.

A 15d 0' de latitude sud, et 20d 0' de longitude occidentale du cap Lésard, le pôle austral de l'aiguille a commencé à regarder le bout supérieur de la barre, et la pointe boréale s'est tournée vers le bout inférieur d'environ un point de la boussole : mais en tenant la barre horizontalement, le pôle boréal s'est tourné vers le bout de la barre qui regardait le sud, et vice versâ.

A 20d 20' de latitude sud, et 19d 20' de longitude occidentale du cap Lésard, la pointe australe de l'aiguille s'est tournée vers le haut bout de la barre, et la pointe boréale vers le bout inférieur, et assez vivement ; en sorte que l'aiguille s'est dérangée de sa direction naturelle d'environ quatre points.

Enfin à 29d 25' de latitude méridionale, et 13d 10' de longitude occidentale du méridien du cap Lésard, les mêmes choses sont arrivées plus vivement, et cette direction a continué d'être régulière jusqu'à une plus grande latitude méridionale.

Il parait donc que la vertu polaire d'une barre de fer que l'on tient verticalement, n'est pas constante par toute la terre comme celle de l'aimant ou d'un corps aimanté ; qu'elle s'affoiblit considérablement entre les deux tropiques, et devient presque nulle sous la ligne ; et que les pôles sont changés réciproquement d'une hémisphère à l'autre. Cet article nous a été fourni par M. le Monnier, médecin, de l'Académie royale des Sciences. Voyez AIMANT.