ou CALEMAR, CORNET, loligo, s. m. (Histoire naturelle, Zoologie) animal du genre des animaux mous, mollia. M. Needham, de la société royale de Londres, nous en a donné la description dans ses nouvelles observations microscop. Voici ce que nous en avons tiré. Le calmar est assez ressemblant à la seche et au polype de mer, et il a comme eux, un réservoir plein d'une liqueur noire comme de l'encre : le corps est allongé ; la partie qui porte le nom d'os dans la seche n'est point dans le calmar ; il y a en place une substance élastique, fine, transparente, ressemblante à du talc, pliée suivant la longueur de son grand axe dans l'état naturel, et de la figure d'un ovale allongé, lorsqu'elle est étendue. Cette substance est placée immédiatement entre la partie intérieure du dos ou de l'étui de l'animal, et les intestins qu'elle renferme dans sa cavité. Le calmar a dix cornes ou bras rangés à égale distance les uns des autres, autour d'une lèvre disposée en cercle et ridée, qui renferme un bec composé de deux pièces de substance analogue à la corne, et de deux parties crochues emboitées l'une dans l'autre, et mobiles de droite à gauche. L'ouverture qu'elles laissent entre elles, est perpendiculaire au plan qui passe par les deux yeux, qui sont placés de chaque côté de la tête assez près l'un de l'autre, et au-dessous de la racine des bras de l'animal. Ces bras ne sont pas tous de la même longueur ; il y en a deux qui sont aussi longs que l'animal, tandis que les autres sont beaucoup plus petits : la grosseur de ceux-ci diminue peu à peu depuis la racine jusqu'à l'extrémité qui est terminée en pointe ; leur côté intérieur est convexe, et garni de plusieurs rangées de petits suçoirs mobiles. Il y a sur le côté extérieur deux plans qui forment un angle en se réunissant : les deux bras les plus longs sont cylindriques, excepté à leur extrémité, qui a la même forme que les petits bras, et qui est garnie de suçoirs ; la substance de tous ces bras est assez semblable à celle des tendons des animaux, et fort élastique.

Chaque suçoir tient au bras de l'animal par un pédicule ; lorsqu'ils sont étendus ils ressemblent en quelque sorte au calice d'un gland : dans la contraction, le pédicule s'élève conjointement avec une membrane fine, qui environne un anneau cartilagineux, garni de petits crochets ; ces crochets s'attachent à ce qu'ils touchent, et ensuite l'animal retire le pédicule et les crochets pour retenir sa proie. C'est par ce moyen que s'opère la suction qui est faite en même temps par plus de mille suçoirs différents ; on en a compté plus de cent à l'un des petits bras, et plus de cent vingt à l'extrémité des longs bras : mais leur nombre ne peut être déterminé au juste, parce qu'ils sont à peine sensibles à l'extrémité des petits bras. Le diamètre des plus grands suçoirs dans un de seize pouces est de trois dixiemes de pouce, et leur profondeur est à-peu-près égale au diamètre.

Il y a au-dedans de la cavité du bec une membrane garnie de neuf rangées de dents, qui en s'élargissant par le haut et en se contournant par le bas, forme en même temps une langue et un gosier. Le corps du calmar est un étui cartilagineux, garni de deux nageoires ; il y a immédiatement au-dessous du bec un conduit ou canal en forme d'entonnoir ouvert par les deux bouts, qui donne issue à une liqueur noire, qui trouble l'eau lorsque l'animal la répand : cette liqueur étant exposée à l'air, se condense et devient une substance dure et fragîle comme du charbon ; et ensuite elle peut se dissoudre dans l'eau. Vers le milieu de Décembre, M. Needham remarqua près de la racine du réservoir, qui renferme la liqueur noire, deux sacs membraneux d'une figure ovale, d'un quart de pouce de diamètre ; ils étaient remplis d'une matière gluante où était contenu le frai de l'animal. A la vue simple on n'y distinguait que des petites taches d'une belle couleur de cramoisi : mais à l'aide du microscope on voyait des œufs très-différents les uns des autres, pour la grandeur et pour la figure : les deux côtés du canal par où passe la liqueur noire sont soutenus et écartés l'un de l'autre par deux cartilages parallèles et cylindriques. On voit au-dessus du cartilage gauche deux tuyaux fortement adhérents l'un à l'autre, quoique leurs cavités soient séparées : peut-être servent-ils de conduit au frai lorsqu'il sort ; au moins il est certain qu'il y a dans le corps du calmar mâle, deux vaisseaux de la même nature et situés de la même manière, par lesquels l'animal fait sortir sa laite.

Ce fut au milieu de Décembre que M. Needham découvrit, pour la première fais, quelqu'apparence de la laite et des vésicules qui la renferment ; avant ce temps il n'avait trouvé aucun vestige de semence dans les mâles, ni de frai dans les femelles. Les deux conduits de la semence étaient bien visibles : mais ils ne se terminaient point en un long réservoir ovale, étendu parallèlement à l'estomac, et occupant plus de la moitié de la longueur de l'animal ; ces parties se forment et accraissent à mesure que la semence approche de son degré de maturité. Les vaisseaux qui la contiennent sont rangés par paquets, plus ou moins éloignés des conduits déférents.

" L'étui extérieur est transparent, cartilagineux, et élastique ; son extrémité supérieure est terminée par une tête arrondie, qui n'est autre chose que le sommet même de l'étui, contourné de façon qu'il ferme l'ouverture, par où l'appareil intérieur s'échappe dans le temps de son action.

Au-dedans est renfermé un tube transparent, qui est elastique en tous sens, comme il est aisé de s'en convaincre par les phénomènes qu'il offre ; ce tube fait effort pour passer par les ouvertures qu'il trouve : quoiqu'il ne soit pas par-tout également visible, diverses expériences prouvent cependant qu'il renferme la vis, le suçoir, le barillet et la substance spongieuse qui s'imbibe de la semence. La vis en occupe le haut et fait sortir en-deçà de sa partie supérieure, deux petits ligaments par lesquels elle est adhérente, aussi-bien que tout le reste de l'appareil, auquel elle est jointe, au sommet de l'étui extérieur. Le suçoir et le barillet sont placés au milieu de ce tube ; la substance spongieuse dilate sa partie inférieure, et est jointe au barillet par une espèce de ligament.

Plusieurs de ces vaisseaux parvenus à leur maturité, et débarrassés de cette matière gluante qui les environne pendant qu'ils sont dans le réservoir de la laite, agissent dans le moment qu'ils sont en plein air ; et peut-être que la légère pression qu'ils souffrent en sortant, suffit pour les déterminer à cela : cependant la plupart peuvent être placés commodément pour être vus au microscope, avant que leur action commence ; et même pour qu'elle s'exécute, il faut humecter avec une goutte d'eau l'extremité supérieure de l'étui extérieur, qui commence alors à se développer, pendant que les deux petits ligaments qui sortent hors de l'étui se contournent et s'entortillent en différentes façons ; en même temps la vis monte lentement, les volutes qui sont à son bout supérieur se rapprochent et agissent contre le sommet de l'étui. Cependant celles qui sont plus bas arrivent aussi et semblent être continuellement suivies par d'autres qui sortent du piston. M. Needham dit qu'elles semblent être suivies, parce qu'il ne croit pas qu'elles le soient en effet ; ce n'est qu'une simple apparence produite par la nature du mouvement de la vis. Le suçoir et le barillet se meuvent aussi suivant la même direction ; et la partie inférieure qui contient la semence s'étend en longueur, et se meut en même temps vers le haut de l'étui : ce qu'on remarque par le vide qu'elle laisse au fond. Dès que la vis avec le tube dans lequel elle est renfermée, commence à paraitre hors de l'étui, elle se plie, parce qu'elle est retenue par ses deux ligaments, et cependant tout l'appareil intérieur continue à se mouvoir, lentement et par degrés, jusqu'à ce que la vis, le suçoir et le barillet soient entièrement sortis. Quand cela est fait, tout le reste saute dehors en un moment ; le suçoir se sépare du barillet, le ligament apparent qui est au-dessous de ce dernier, se gonfle et acquiert un diamètre égal à celui de la partie spongieuse qui le suit. Celle-ci, quoique beaucoup plus large que dans l'étui, devient encore cinq fois plus longue qu'auparavant ; le tube qui renferme le tout s'étrécit dans son milieu, et forme ainsi deux espèces de nœuds distants environ d'un tiers de sa longueur, de chacune de ses extrémités ; ensuite la semence s'écoule par le barillet, et elle est composée de petits globules opaques, qui nagent dans une matière sereuse, sans donner aucun signe de vie, et qui sont précisément tels qu'on les a vus, quand ils étaient répandus dans le réservoir de la semence. La partie comprise entre les deux nœuds parait être frangée ; quand on l'examine avec attention, on trouve que ce qui la fait paraitre telle, c'est que la substance spongieuse, qui est en-dedans du tube, est rompue et séparée en parallèles à-peu-près égaux.

Quelquefois il arrive que la vis et le tube se rompent précisément au-dessus du suçoir, lequel reste dans le barillet ; alors le tube se ferme en un moment, et prend une figure conique, en se contractant autant qu'il est possible par-dessus l'extrémité de la vis, ce qui démontre qu'il est très-élastique en cet endroit, et la manière dont il s'accommode à la figure de la substance qu'il renferme, lorsque celle-ci souffre le moindre changement, prouve qu'il l'est également par-tout ailleurs ".

On sait par les fragments d'aliments que l'on a trouvés dans l'estomac du calmar, qu'il se nourrit d'animaux, et entre autres de pélamides et de melettes, qui sont de petits poissons, dont il y a grand nombre dans les bas-fonds, près de l'embouchure du Tage. Voyez les nouvelles observations microscopiques.

On a distingué deux sortes de calmars, le grand et le petit, celui-ci est aussi appelé casseron ; il diffère de l'autre en ce qu'il est plus petit, et que l'extrémité de son corps est plus pointue.

Le nom du calmar vient de la ressemblance qu'on lui a trouvée avec un encrier, sur tout pour la liqueur noire qui est dans le corps de l'animal, et que l'on prendrait pour de l'encre. Rondelet. (l)