S. m. anas, (Histoire naturelle, Zoologie) oiseau aquatique, dont la femelle porte le nom de cane. Les canards et autres oiseaux de rivière sont pesans, et semblent se mouvoir difficilement ; c'est pourquoi ils font du bruit avec leurs ailes en volant. Il y a des canards sauvages qui sont aussi gros et plus que les canards domestiques, et qui leur ressemblent à tous égards ; d'autres qui sont plus petits : ainsi il y en a de deux sortes. On doit les distinguer en grands et en petits, et non pas en sauvages et en domestiques, puisque ceux-ci sont venus des œufs de canards sauvages. Les couleurs de ceux-ci sont constantes ; mais celles des autres varient : ils sont quelquefois mi-partis de blanc ou entièrement blancs. Cependant il s'en trouve qui ont les mêmes couleurs que les sauvages. Belon, Histoire de la nat. d es oiseaux.

Il y a quantité d'espèces de canards : il suffira de rapporter ici les principales, je veux dire celles qui ont été nommées en Français.

CANARD à bec crochu, anas rostro adunco : le mâle pese deux livres deux onces : il a depuis la pointe du bec jusqu'à l'extrémité de la queue environ deux pieds de longueur : l'envergeure est de trente-deux pouces ; le bec est long de deux pouces et demi ; il est un peu courbé, et d'un verd pâle ; la pointe qui est à l'extrémité est de couleur noire. Le plumage de la tête et du dessous du cou est d'un verd sombre, et il y a deux raies formées par de petits points ou taches blanches ; l'une des raies passe au-dessus du bec, presque sur l'oeil, et s'étend jusqu'au derrière de la tête, et l'autre Ve depuis le bec jusqu'au-dessous de l'oeil, qui est entouré d'un cercle de plumes de la même couleur : le plumage du menton est aussi bigarré de la même manière ; celui de la gorge, de la poitrine et du ventre, est blanc, et cette couleur est mélangée de quelques petites taches transversales d'un brun rougeâtre ; les plumes du dos de même que celles de la naissance des ailes et des flancs, sont de cette même couleur, et bordées et bigarrées par-tout de blanc. Les grandes plumes des ailes sont au nombre de vingt-quatre, les six premières sont toutes blanches, et les autres sont d'un brun rougeâtre ; les petites plumes du premier rang sont bleues, à l'exception des pointes qui sont blanches : les plumes du second rang sont brunes, et leur pointe est blanche : la queue est composée de vingt plumes noires, leurs pointes sont blanches ; les quatre du milieu sont recourbées par en-haut en forme de cercle vers le dos : les jambes et les pattes sont de couleur orangée. La femelle de cet oiseau ressemble beaucoup à celle du canard ordinaire, à l'exception du bec qui est crochu ; elles pondent plus qu'aucunes autres de ce genre. Derham, Histoire naturelle des oiseaux. Voyez OISEAU.

CANARD à crête noire, anas fuligula prima, Gesn. il pese deux livres ; sa longueur depuis la pointe du bec jusqu'à l'extrémité de la queue est de quinze à seize pouces ; et l'envergeure est de deux pieds et trois ou quatre pouces ; le bec a depuis la pointe jusqu'aux coins de la bouche, environ deux pouces de longueur ; il est large, d'un bleu pâle par-tout, excepté à la pointe qui est noire : les narines sont grandes, et environnées par un espace dégarni de plumes : l'iris des yeux est jaune, ou de couleur d'or : les oreilles sont petites ; la tête, surtout le sommet, est d'un pourpre noirâtre, ou plutôt d'une couleur mélangée de noir et de pourpre ; c'est pourquoi on appelle cet oiseau à Venise, et dans d'autres endroits d'Italie, capo-negro. Il a une crête qui pend derrière la tête, de la longueur d'un pouce et demi : la couleur du cou, des épaules, du dos, enfin toute la partie supérieure de l'oiseau est d'un brun foncé, presque noir. Les ailes sont courtes, et toutes les petites plumes sont noires ; les quatre premières grandes plumes sont de la même couleur que le corps ; les six qui suivent deviennent successivement blanches par degrés, les dix suivantes sont blanches comme neige, à l'exception de leurs pointes qui sont noires ; les six dernières sont entièrement noires : la queue est très-courte, et composée de quatorze plumes noires ; le dessous du cou et le devant de la poitrine sont noirs, et le reste de la poitrine est blanc ; le ventre est de la même couleur jusqu'à l'anus, où elle est plus obscure, et au-delà elle est noirâtre : les plumes des côtés, que recouvrent les ailes lorsqu'elles sont pliées, celles qui couvrent les cuisses, et les petites plumes du dessous de l'aile, sont blanches ; les jambes sont courtes, et placées en-arrière ; les pattes sont d'une couleur livide, ou de bleu obscur ; les doigts sont longs, et la membrane qui les joint est noire. Le corps de cet oiseau est court, épais, large, et un peu aplati. On n'a trouvé que des cailloux et de l'algue dans l'estomac de cet oiseau. Willughby, Ornith. Derham, Histoire naturelle des oiseaux. Voyez. OISEAU.

CANARD à tête élevée, anas arrecta ; le bec de cet oiseau est verd, et mêlé d'une couleur brune ; l'iris des yeux est blanc ; le sommet de la tête est noir ; il y a une bande blanche qui commence sous la base du bec, et qui entoure le sommet de la tête au-dessous du noir ; le reste de la tête est d'une couleur obscure, mêlée de verd et de rouge ; ce qui la fait paraitre très-belle, selon les différents reflets de lumière : le cou est bigarré de plumes noires et blanches ; celles de la poitrine et du ventre sont de cette dernière couleur ; les côtés du ventre sous les ailes et les cuisses, sont d'une couleur obscure tirant sur le noir ; les grandes plumes des ailes sont brunes, et leurs bords extérieurs sont blancs ; le dos est d'une couleur sombre, mêlée de verd et de rouge ; les jambes et les pieds sont d'un jaune obscur. Cet oiseau se tient droit en marchant ; c'est pour cette raison qu'on l'appelle le canard droit ou à tête élevée. Derham, Histoire naturelle des oiseaux. Voyez OISEAU.

CANARD de Barbarie : cet oiseau parait avoir eu plusieurs dénominations ; car on croit qu'il a été désigné par les noms suivants, anas Moschata, anas Cairina, anas Libyca, anas Indica ; toutes les descriptions que l'on a faites sous ces différents noms, s'accordent pour la grandeur, pour la voix rauque et entrecoupée comme par des sifflements, pour les tubérosités dégarnies de plumes entre les narines et autour des yeux, et pour la grandeur du mâle, qui surpasse celle de la femelle. Les couleurs du plumage varient comme dans tous les oiseaux domestiques. J'ai Ve un mâle de trois ans qui pesait quatre livres treize onces : il avait deux pieds deux pouces et demi de longueur, depuis la pointe du bec jusqu'au bout des pattes, et deux pieds et demi jusqu'au bout de la queue ; la partie supérieure du bec a deux pouces cinq lignes de longueur ; depuis l'ouverture de la bouche jusqu'à l'extrémité de cette partie supérieure, qui est terminée par une sorte d'ongle large et plat, noir et crochu, assez ressemblant à un ongle humain ; les bords de cet ongle sont blanchâtres ; il y a un pareil ongle à l'extrémité de la partie intérieure du bec ; la supérieure a onze lignes de largeur, et deux pouces huit lignes de longueur jusqu'aux premières plumes de la tête ; elle est en forme de gouttière renversée ; les narines sont à égale distance de la pointe du bec et du milieu des yeux : le bec est élevé, et tuberculeux derrière les narines ; mais cette partie est recouverte par une membrane marbrée de noir et de rouge, qui environne la base du bec entier, qui s'étend jusqu'aux yeux, et qui les entoure ; cette membrane recouvre des tubercules osseux plus ou moins gros, qui sont placés autour des yeux, et qui ont une couleur blanche roussâtre ; le bec est marbré de rouge, de couleur de chair et de noir ; les dents sont en forme de scie, comme dans les canards ordinaires ; la langue est aussi pareille ; la tête, et le dessus du cou sur la moitié de sa longueur, sont panachés de noir et de blanc ; tout le reste du dessus du cou, le dos entier, le croupion, et la queue, sont d'une couleur obscure et changeante, mêlée d'or, de pourpre, de bleu et de verd ; les six premières grandes plumes des ailes sont blanches ; les dix-sept suivantes sont de la même couleur que les longues plumes de l'épaule et de la queue, la partie moyenne de ces dix-sept grandes plumes de l'aîle est panachée de noir et de blanc, principalement sur les barbes intérieures : car les barbes extérieures des dernières de ces dix-sept grandes plumes, sont de même couleur que l'extrémité, et les trois ou quatre dernières grandes plumes sont entièrement de la même couleur que la pointe des autres ; toutes les plumes qui recouvrent les grandes qui sont blanches, à l'exception des six ou sept premières, qui sont en grande partie de la couleur changeante qui est sur la plupart des grandes plumes : tout le dessous de l'aîle est blanc, à l'exception des endroits des plumes qui sont de couleur changeante à l'extérieur ; l'intérieur en est brun ; la gorge est tachetée de blanc, de brun, et de noir ; le cou et la poitrine sont blancs, avec des taches irrégulières sur le jabot, qui sont formées par plusieurs plumes brunes mêlées parmi les blanches ; le ventre et les cuisses sont bruns ; les côtés et le dessous de la queue sont aussi d'une couleur brune, mais elle est un peu mêlée de couleur changeante ; les pattes sont brunes ; la membrane qui réunit les doigts est aussi brune, et marquetée de blanc sale ; le dessous du pied et les ongles sont d'un blanc sale tacheté de noir. Ces oiseaux sont privés, et se multiplient comme les canards communs. Voyez OISEAU.

CANARD de Madagascar, anas Madagascariensis, est un peu plus grand que le canard privé ; le bec est d'un brun jaunâtre, et l'iris des yeux est d'un beau rouge ; le cou et la tête sont d'un verd sombre, et le dos est d'un pourpre foncé mêlangé de bleu, à l'exception des bords des plumes qui sont rouges ; la poitrine est d'un brun sombre, excepté les bords extérieurs des plumes qui sont rouges ; le bas du ventre est brun ; les plumes des épaules sont d'une couleur sombre mêlée de bleu, de même que le premier rang des petites plumes des ailes : les grandes ont les bords rouges ; le second rang des petites plumes est verd, les jambes et les pieds sont de couleur orangée. Cet oiseau est très-beau ; il vient originairement de Madagascar. Derham, Histoire naturelle des oiseaux. Voyez OISEAU.

CANARD d'été, anas cristatus elegans ; cet oiseau a une double hupe qui pend en arrière, et un fort beau plumage ; il a été décrit par Catesby, Histoire de la Caroline, vol. I. pag. 97. Il se trouve en Virginie et en Caroline : il fait son nid dans les trous que les piverts font sur les grands arbres qui croissent dans l'eau, et principalement sur les cyprès. Tant que les petits sont encore trop jeunes pour voler, les vieux canards les portent sur le dos jusque dans l'eau ; et lorsqu'il y a quelque chose à craindre pour eux, ils s'attachent par le bec au dos et à la queue du gros oiseau, qui s'envole avec sa famille. Histoire naturelle de divers ais. par Edwards. art. XCIX. Voyez OISEAU.

CANARD domestique, anas domestica vulgaris ; il est plus petit que l'oie, et presque de la grosseur d'une poule, mais moins élevé ; le dos et le bec sont larges ; les jambes courtes, grosses, et dirigées en arrière, ce qui lui donne de la facilité pour nager, et da la difficulté pour marcher ; aussi marche-t-il lentement et avec peine. Les couleurs varient à l'infini dans ces canards, de même que dans les poules, et dans tous les autres oiseaux domestiques. Le mâle diffère de la femelle, en ce qu'il a sur le croupion des plumes qui s'élèvent et se recourbent en avant. La femelle fait d'une seule ponte douze ou quatorze œufs, et quelquefois plus ; ils ressemblent à ceux des poules, et sont de couleur blanchâtre teinte de verd ou de bleu ; le jaune en est gros, et d'un jaune rougeâtre. Willughby, Ornith. Voyez OISEAU.

CANARD sauvage ou cane au collier blanc, cane de mer ; boschas major, anas torquata minor, Ald. il pese trente-six à quarante onces ; il a environ un pied neuf pouces de longueur, depuis la pointe du bec jusqu'à l'extrémité de la queue ; l'envergeure a près de deux pieds neuf pouces ; le bec est d'un verd jaunâtre ; il a deux pouces et demi de longueur depuis les coins de la bouche jusqu'à son extrémité, et près d'un pouce de largeur ; il n'est pas trop aplati ; il y a à l'extrémité de la pièce supérieure du bec une appendice ou un ongle rond, comme dans la plupart des oiseaux de ce genre ; les paupières inférieures sont blanchâtres, les pattes sont de couleur de safran ; les ongles sont bruns ; celui du doigt de derrière est presque blanc ; celui du doigt intérieur est le plus petit de tous ceux de devant : la membrane qui joint les doigts ensemble est d'une couleur plus sale ; les cuisses sont couvertes de plumes jusqu'au genou : le mâle a la tête et le dessus du cou d'un beau verd, au bas duquel il y a un collier blanc bien entier en-devant ; mais qui ne l'est pas par-derrière ; la gorge est de couleur de châtaigne, depuis le collier jusqu'à la poitrine, qui est mêlée de blanc et de cendré, de même que le ventre, et parsemée d'un nombre infini de points bruns ; les plumes de dessous la queue sont noires ; la face supérieure du cou est parsemée de taches rousses, mêlées de cendré : la partie du dos entre les deux ailes est rousse ; le dessous de l'oiseau est noirâtre ; le croupion est d'une couleur plus foncée, et mêlée d'un pourpre luisant ; les côtés sous les ailes, et les plus longues plumes qui vont jusque sur les cuisses, sont marquées de lignes transversales d'un très-beau brun, avec du blanc mêlé de bleu ; les petites plumes des ailes sont roussâtres ; les longues plumes qui sortent des épaules sont de couleur d'argent, et élégamment panachées de petites lignes transversales brunes. Il y a vingt-quatre grandes plumes à chaque aîle ; les dix premières sont brunes ; les dix suivantes ont la pointe blanchâtre, et les barbes extérieures d'un beau pourpre bleuâtre ; entre le bleu et le blanc il y a de petites bandes noires ; la vingt-unième plume a la pointe blanche, et le bord extérieur de couleur de pourpre obscur, la vingt-deuxième a un peu de couleur d'argent dans son milieu ; la vingt-troisième est entièrement blanche, à l'exception des bords qui sont noirâtres ; la vingt-quatrième est blanche aussi en entier, excepté le bord extérieur qui est noirâtre : les petites plumes sont de la même couleur que les grandes ; cependant celles qui recouvrent les pourprées ont la pointe noire, et ensuite une large ligne ou tache blanche ; la queue est composée de vingt plumes, dont l'extrémité est pointue ; les quatre du milieu sont contournées en cercle, et ont une belle couleur luisante mêlée de pourpre et de noir ; les huit suivantes de chaque côté sont blanchâtres ; les plumes du dessous de l'aîle et de la fausse aîle sont blanches.

Ces oiseaux vont par troupes pendant l'hiver ; au printemps le mâle suit la femelle ; ils marchent par paires, et ils font leur nid le plus souvent près de l'eau, dans les joncs et les bruyeres, et rarement sur les arbres. La femelle fait d'une seule ponte douze ou quatorze œufs, et plus, et elle les couve : elle n'a pas la tête verte, ni de collier sur le cou ; sa tête et son cou ont du blanc, du brun, et du roux noirâtre ; le milieu des plumes du dos est d'un brun presque noir, et les bords sont d'un blanc roussâtre. Villughby, Ornith. Voyez OISEAU. (I)

Le canard sauvage passe pour meilleur que le domestique, étant nourri à l'air libre, et d'aliments qu'il Ve chercher lui-même, et plus exercé que l'autre ; ce qui contribue à atténuer et à chasser au-dehors les humeurs grossières qu'il pourrait contenir, et enfin à exalter de plus en plus les principes de ses liqueurs ; ainsi il abonde davantage en sel volatil : cette chair est cependant de difficîle digestion.

Le foie du canard sauvage passe pour propre à arrêter le flux hépatique.

La graisse du canard est adoucissante, résolutive, et émolliente. (N)

CANARD de pré de France, voyez CANE PETIERE.

CANARD de Moscovie, voyez CANARD de Barbarie.

CANARD d'Inde, voyez CANARD de Barbarie.

Dans les lieux de grand passage on fait au milieu des prairies et des roseaux, loin de tous arbres et haies, des canardières ou grandes mares, où l'on met quelques canards privés qui appellent les passants, et un homme caché dans une hutte les tire au fusil. On les prend aussi aux piéges, soit collets ou autres : l'heure la plus favorable pour les tirer est de grand matin, à mesure qu'ils partent. On les prend encore avec des nappes ou à l'appât, ou bien au trictrac avec des panneaux, et à la glu le long des mares d'eau où ils se reposent.

Pour le vol du canard il faut se servir des autours qui font leur coup à la taise, c'est-à-dire tout d'une haleine, d'un seul trait d'aile, et sont toujours plus vites à partir du poing que les autres. Quand on est arrivé sur le lieu, et qu'on a observé où sont les canards, on prend les devants le long du fossé avec l'autour sur le poing ; on le présente vis-à-vis les canards, qui prennent l'épouvante et se lèvent : mais l'autour part aussi-tôt du poing, vole à eux, et en empiete toujours quelqu'un.

Dans la saison où les canards sauvages font leurs canetons, on suit les bords des étangs et des rivières avec un filet attaché à la queue d'un barque ; on bat tous les endroits couverts et marécageux, les canetons effrayés sortent et se jettent dans les filets ; on les prend, on leur brule les bouts des ailes, et on les mêle avec les canetons domestiques.

CANARDS, ou bois perdus ; voyez BOIS.