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Catégorie parente: Histoire naturelle
Catégorie : Zoologie
S. m. (Histoire naturelle des animaux d'Amérique) les Espagnols mouillent la première syllabe de tous les mots qu'ils écrivent par deux ll. Animal à quatre pieds du Pérou : il est ainsi nommé par les Indiens du lieu. Les Espagnols appellent les llamas, carneros de tierra, moutons du pays ; ce ne sont pourtant pas des moutons.

Ces animaux ont environ quatre à cinq pieds et demi de haut ; leur tête est petite à proportion du corps, et tient en quelque chose de celle du cheval et de celle du mouton. Leur lèvre supérieure est fendue au milieu, comme celle des lièvres. Ils ont le col long, courbé en bas comme les chameaux à la naissance du corps, et ils leur ressembleraient assez bien à cet égard, s'ils avaient une bosse sur le dos. Leur pied est fendu comme celui des moutons ; ils ont au dessus du pied un éperon, dont ils se servent pour s'accrocher dans les rochers. Leur corps est couvert de laine, qui rend une odeur forte et même desagréable ; elle est longue, blanche, grise et rousse par taches, assez belle, quoiqu'on la dise inférieure à celle de vigogne. Les Indiens en font une espèce de fil, qu'ils teignent avec le suc de certaines plantes, mais ce n'est pas son seul usage.

Avant que les Espagnols eussent conquis le Pérou, les llamas y étaient les seuls animaux dont on se servait pour porter les fardeaux ; à présent ils partagent cette fatigue avec les chevaux, les ânes et les mules. On les emploie quelquefois dans les minières pour porter le minerai au moulin, et plus fréquemment encore pour porter le guana, ou fiente des oiseaux, qui fait en partie les richesses d'Arica, et de plusieurs autres lieux qui sont sur la côte. Les llamas en portent jusqu'à cent livres pesant dans une espèce de besace, que les Espagnols appellent sforcas. Dès qu'on les a chargés, ils marchent de bonne grâce, la tête levée et d'un pas réglé, que les coups ne peuvent hâter ; quand on les bat pour y parvenir, ils se couchent à terre, ou prennent la fuite, et grimpent jusqu'au haut des précipices dans des endroits inaccessibles.

Ils ne coutent rien pour l'entretien, car il ne faut à ces animaux, ni fer, ni bride, ni bâts. Il n'est pas besoin d'avoine pour les nourrir ; on n'a d'autre soin à prendre que de les décharger le soir, lorsqu'on arrive au lieu où on doit coucher ; ils vont paitre dans la campagne, on les ramène le matin au lieu où on les a déchargés, on leur remet leur sforcas, et ils continuent volontiers leur route, qui est chaque jour d'environ quatre lieues d'Amérique.

On peut voir la représentation de cet animal dans la relation de la mer du sud de Frézier ; le P. Feuillée reconnait qu'elle est très-fidèle. (D.J.)