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Catégorie parente: Histoire naturelle
Catégorie : Zoologie
S. m. (Histoire naturelle, Zoologie) ursus ; animal quadrupede, plus grand que le loup. Les pieds de devant de l'ours, posent sur la terre jusqu'au poignet, et les pieds de derrière jusqu'au milieu de la plante : il a les yeux plus petits que ceux du loup, le nez plus gros, les oreilles plus larges et arrondies, le museau plus relevé par le bout ; la croupe est ravalée, la queue a peu de longueur ; les pieds de devant sont un peu tournés en dedans : tout le corps est couvert d'un poil long, qui ne laisse paraitre que la figure de la tête et des pieds.

Un ours de Savoie, âgé d'environ 4 ans, avait le dessus du museau de couleur fauve obscure ; le garrot et le bas des quatre jambes noirs, et tout le reste du corps de couleur mêlée de fauve pâle, et de cendré brun. Un autre ours du même pays, âgé de 10 ans, était d'une couleur brune noirâtre sur tout le corps, excepté le garrot, le devant des épaules, les aisselles et la poitrine qui avaient une teinte de fauve. On appelle ours dorés, ceux qui ont des teintes de fauve claires et vives. Il y a des ours blancs dans la grande Tartarie, en Moscovie, en Lithuanie et dans les autres provinces du Nord ; ils naissent blancs et demeurent blancs en tout temps. Il y en a dont la couleur est mêlée de blanc et de noir.

Les ours bruns diffèrent des noirs par les inclinations et par les appétits naturels. Les premiers sont féroces et carnaciers ; ils se trouvent assez communément dans les Alpes : les autres y sont rares, ils habitent les forêts des pays septentrionaux de l'Europe et de l'Amérique ; ils ne sont que farouches, et ils refusent constamment de manger de la chair.

L'ours est non-seulement sauvage, mais solitaire ; il reste seul dans une caverne, ou dans le creux d'un vieux arbre, il y passe une partie de l'hiver sans provisions, sans en sortir pendant plusieurs semaines. Cependant il n'est point engourdi comme le loir et la marmotte ; mais comme il est excessivement gras sur la fin de l'automne, cette abondance de graisse lui fait supporter l'abstinence. Il ne sort de sa bauge que lorsqu'il se sent affamé. On dit que le mâle ne quitte sa retraite qu'au bout de quarante jours, et que la femelle y reste quatre mois, mais il n'est pas vraisemblable que la femelle pleine, ou allaitant ses petits, supporte plus longtemps la faim que le mâle, quand même elle dévorerait quelques-uns de ses petits avec ses enveloppes, etc. en supposant qu'elle fût de l'espèce des ours bruns, dont le mâle dévore en effet les oursons nouveaux nés, lorsqu'il les trouve dans leur nid ; mais les femelles semblent au contraire les aimer jusqu'à la fureur : elles les défendent, et sont alors plus féroces que les mâles. Les ours ne sont pas plus informes dans leur premier âge, que les autres animaux, relativement à la figure qu'ils doivent avoir chacun dans leur espèce, lorsqu'ils sont plus avancés en âge.

Les ours se cherchent en automne : on prétend que la femelle est plus ardente que le mâle, et qu'elle se couche sur le dos pour le recevoir, etc. Mais il est plus certain que ces animaux s'accouplent à la manière des autres quadrupedes. Aristote dit que le temps de la gestation n'est que de 30 jours ; ce qui parait douteux. 1°. Parce que l'ours est un gros animal : 2°. parce que les jeunes ours croissent lentement ; ils suivent la mère et ont besoin de ses secours pendant un an ou deux : 3°. parce que l'ours ne produit qu'en petit nombre, 1, 2, 3, 4, et jamais plus de 5 : 4°. parce qu'il vit 20 ou 25 ans ; en pareils cas, la durée de la gestation des autres animaux est au moins de quelques mois. La femelle de l'ours met bas en hiver, elle prépare à ses petits un lit de mousse et d'herbes au fond de sa caverne ; et elle les alaite jusqu'à ce qu'ils puissent sortir avec elle, ce qui n'arrive qu'au printemps. Le mâle a sa retraite séparée, et même fort éloignée de celle de la femelle. Lorsqu'ils ne trouvent point de grotte pour se gîter, ils cassent et ramassent du bois pour se faire une loge, qu'ils recouvrent d'herbes et de feuilles au point de la rendre impénétrable à l'eau.

La voix de l'ours est un grondement, un gros murmure, souvent mêlé d'un frémissement de dents qu'il fait surtout entendre lorsqu'on l'irrite. Cet animal est fort susceptible de colere, et même de fureur ; quoiqu'il s'apprivoise lorsqu'il est jeune, il faut toujours s'en défier, et le traiter avec circonspection, surtout ne le pas frapper au bout du nez, ni le toucher aux parties de la génération. On lui apprend à se tenir debout, à gesticuler, à danser, etc. L'ours sauvage ne fuit pas à l'aspect de l'homme ; cependant on prétend qu'il s'arrête, et qu'il se lève sur les pieds de derrière lorsqu'il entend un coup de sifflet. On prend ce temps pour le tirer, mais si on le manque, il vient se jeter sur le tireur, et l'embrassant des pattes de devant, il l'étoufferait s'il n'était secouru. On chasse et on prend les ours de plusieurs façons en Suède, en Norvège, en Pologne, etc. On les enivre en jetant de l'eau-de-vie sur le miel qu'ils cherchent dans les troncs d'arbres. Les ours noirs de la Louisiane et du Canada nichent dans des vieux arbres morts sur pied, et dont le cœur est pourri : ils s'établissent rarement à rez de terre, quelquefois ils sont à 30 ou 40 pieds de hauteur. On met le feu à l'arbre pour les faire sortir. Si c'est une mère avec ses petits, elle descend la première, et on la tue avant qu'elle soit à terre : les petits descendent ensuite, on les prend en leur passant une corde au cou. Leur chair est délicate et bonne : celle de l'ours est mangeable, mais il n'y a guère que les pieds qui soient une viande délicate, parce qu'ils ont moins d'huîle graisseuse que le reste du corps. La peau de l'ours est de toutes les fourrures grossières celle qui a le plus de prix, et la quantité d'huîle que l'on tire d'un seul ours est fort considérable. " On met d'abord la chair et la graisse cuire ensemble dans une chaudière ; la graisse se sépare ; ensuite, dit M. du Pratz dans l'histoire de la Louisiane, tom. II. pag. 89. on la purifie en y jetant, lorsqu'elle est fondue et très-chaude, du sel en bonne quantité, et de l'eau par aspersion : il se fait une détonation, et il s'en éléve une fumée épaisse, qui emporte avec elle la mauvaise odeur de la graisse. La fumée étant passée, et la graisse étant encore plus que tiede, on la verse dans un pot, où on la laisse reposer 8 ou 10 jours : au bout de ce temps, on voit nager dessus une huîle claire qu'on enlève avec une cuillière. Cette huîle est aussi bonne que la meilleure huîle d'olive, et sert aux mêmes usages. Au-dessous on trouve un sain-doux aussi blanc, mais un peu plus mou que le sain-doux de porc ; il sert aux besoins de la cuisine, et il ne lui reste aucun goût désagréable, ni aucune mauvaise odeur ". La quantité de graisse dont l'ours est chargé le rend très-léger à la nage, aussi traverse-t-il sans fatigue des fleuves et des lacs. Histoire naturelle gen. et part. tom. VIII. Voyez QUADRUPEDE. (I)

OURS, (Histoire naturelle des quadrupedes.) M. Lyonnet a fait une observation judicieuse, que je crois devoir ajouter ici, parce qu'on peut l'appliquer à quantité d'autres points de l'histoire naturelle.

Plusieurs auteurs ont écrit comme une chose avérée, que l'ours malade d'indigestion, enduit sa langue de miel, l'enfonce dans une fourmilière, et lorsque les fourmis s'y sont attachées, il la retire, les avale, et se trouve guéri. Quand on lit des faits si curieux, on est fâché de voir que les auteurs qui nous les racontent, ne se soient jamais souciés de nous apprendre par quels moyens ils sont venus à bout de s'assurer de la vérité de ces faits. S'ils avaient bien voulu prendre cette peine, ils auraient prévenu par-là toutes les objections qu'on peut leur faire naturellement, et qui forment autant de doutes contre la vérité de leurs récits. Lorsqu'on lit, par exemple, ce qui est ici rapporté de l'ours, il est naturel de se demander : Dans quel pays l'ours est-il assez traitable pour laisser de si près épier sa conduite ? A quel signe voit-on qu'il est malade ? Comment sait-on qu'il est malade d'indigestion ? Si c'est de miel qu'il enduit sa langue, où trouve-t-il le miel si fort à portée ? Y a-t-il des endroits où les abeilles sauvages ne prennent pas soin de mettre leurs rayons à couvert de toute insulte ? Comment fait-il pour n'en être pas piqué ? Toutes ces sortes de questions que l'on se fait, et auxquelles on manque de réponse, nous disposent souvent à rejeter comme fabuleuses des relations que nous aurions peut être cru, si les auteurs qui les rapportent, avaient pris soin de prévenir les objections qu'ils devaient prévoir qu'on pourrait leur faire. (D.J.)

OURS, (Critique sacrée) Comme cet animal était fort commun dans la Palestine où il faisait de grands ravages, l'auteur des Prov. 28. 15. compare à l'ours, un homme inhumain et cruel. Is. XIe 7. décrivant le bonheur du règne du Messie, dit qu'alors on verra l'ours et le bœuf paitre amicalement ensemble. (D.J.)

OURS, (Pelleterie) La peau d'ours est une sorte de pelleterie fort estimée, et dont on fait un commerce assez considérable ; celles des vieux ours servent ordinairement aux caparaçons et aux housses des chevaux ; à faire des sacs pour tenir les pieds chauds pendant l'hiver. Celles des oursons sont employées à fabriquer des manchons et autres sortes de fourrures. On appelle oursons, les petits ours. On donne le même nom aux manchons faits de la peau d'un jeune ours.

OURS ou SAINT GAL, (Histoire moderne) nom d'un ordre de chevalerie en Suisse, que l'empereur Fréderic II. institua en 1213 dans l'abbaye de saint Gal, sous la protection de saint Urse, capitaine de la légion thébaine, martyrisé à Soleurre. Ce prince voulut par là récompenser des services que l'abbé de saint Gal et les Suisses lui avaient rendus dans son élection à l'empire, il donna aux principaux seigneurs du pays des colliers et des chaînes d'or, au bout desquelles pendait un ours d'or, émaillé de noir ; et il voulut qu'à l'avenir cet ordre fût conféré par l'abbé de saint Gal. Mais il a été aboli depuis que les Suisses se sont soustraits à la domination de la maison d'Autriche. Favin, théat. d'honn. et de chevalerie.