S. m. aspis, (Histoire naturelle, Zoologie) serpent très-connu des anciens, et dont ils ont beaucoup parlé : mais il est difficîle à présent de reconnaître l'espèce de serpent à laquelle ils donnaient ce nom. On prétend qu'il appartenait à plusieurs espèces, et que les Egyptiens en distinguaient jusqu'à seize : aussi dit-on que les aspics étaient fort communs sur les bords du Nil. On rapporte qu'il y en avait aussi beaucoup en Afrique. On a cru qu'il y avait des aspics de terre et des aspics d'eau. On a dit que ces serpens étaient de plusieurs couleurs ; les uns noirs, les autres cendrés, jaunâtres, verdâtres, etc. Ceux qui n'ont reconnu qu'une espèce d'aspic, ont réuni toutes ces couleurs sur le même individu. Les aspics étaient plus ou moins grands ; les uns n'avaient qu'un pied, d'autres avaient une brasse ; et si on en croit plusieurs auteurs, il s'en trouvait qui avaient jusqu'à cinq coudées. Les descriptions de cet animal qui sont dans les anciens auteurs, diffèrent beaucoup les unes des autres. Selon ces descriptions, l'aspic est un petit serpent plus allongé que la vipere ; ses dents sont longues et sortent de sa bouche comme les dents d'un sanglier. Pline dit qu'il a des dents creuses qui distillent du venin comme la queue d'un scorpion. Agricola rapporte que l'aspic a une odeur très-mauvaise, et qu'il a la même longueur et la même grosseur qu'une anguille médiocre. Elien prétend que ce serpent marche lentement ; que ses écailles sont rouges ; qu'il a sur le front deux caroncules qui ressemblent à deux callosités ; que son cou est gonflé, et qu'il répand son venin par la bouche. D'autres assurent que ses écailles sont fort brillantes, surtout lorsqu'il est exposé au soleil ; que ses yeux étincellent comme du feu ; qu'il a quatre dents revêtues de membranes qui renferment du venin ; que les dents percent ces membranes lorsque l'animal mord, et qu'alors le venin en découle, etc. Si ce fait est vrai, c'est une conformation de l'aspic qui lui est commune avec la vipere et d'autres serpens venimeux. Voyez VIPERE.

On a indiqué plusieurs étymologies du mot aspic. Nous les rapporterons ici, parce qu'elles sont fondées sur des faits qui ont rapport à l'histoire de ces serpens. Les uns disent qu'ils ont été ainsi appelés parce qu'ils répandent du venin en mordant, aspis ab aspergendo. D'autres prétendent que c'est parce que leur peau est rude, aspis ab asperitate cutis ; ou parce que la grande lumière les fait mourir, aspis ab aspiciendo ; ou parce que dès que l'aspic entend du bruit il se contourne et forme plusieurs spirales, du milieu desquelles il élève sa tête, et que dans cette situation il ressemble à un bouclier, aspis ab aspide clypeo ; enfin parce que le sifflement de ce serpent est fort aigu, ou parce qu'il ne siffle jamais. On a trouvé le moyen de dériver le mot Grec de l'un et l'autre de ces faits, quoique contraires. Il nous serait intéressant de savoir lequel est le vrai, plutôt pour l'histoire de ce serpent que pour l'étymologie de son nom : mais ce que l'on sait de ce reptîle parait fort incertain, et en partie fabuleux. Aldrovande, Serpentum hist. lib. I. Ray, de Serpente anim. quad. synop.

On a donné le nom d'aspic à un serpent de ce pays-ci, assez commun aux environs de Paris. Il parait plus effilé et un peu plus court que la vipere. Il a la tête moins aplatie ; il n'a point de dents mobiles comme la vipere. Voyez VIPERE. Son cou est assez mince. Ce serpent est marqué de taches noirâtres sur un fonds de couleur roussâtre, et dans certain temps les taches disparaissent. Notre aspic mord et déchire la peau par sa morsure : mais on a éprouvé qu'elle n'est point venimeuse, au moins on n'a ressenti aucun symptôme de venin après s'être fait mordre par un de ces serpens, au point de rendre du sang par la plaie. Cette expérience a été faite et répétée plusieurs fois sur d'autres serpens de ce pays ; tels que la couleuvre ordinaire, la couleuvre à collier, et l'orvet, qui n'ont donné aucune marque de venin. Il serait à souhaiter que ces expériences fussent bien connues de tout le monde ; on ne craindrait plus ces serpens, et leur morsure ne donnerait pas plus d'inquiétude qu'elle ne cause de mal. Voyez SERPENT. (I)

Cependant, selon plusieurs auteurs, le meilleur remède contre cette piqûre est l'amputation de la partie affectée ; sinon on scarifie les chairs qui sont aux environs de la piqûre jusqu'à l'os, afin que le venin ne se communique point aux parties voisines, et l'on doit appliquer des cautères sur les autres ; car le venin de l'aspic, disent-ils, aussi-bien que le sang du taureau, fige les humeurs dans les artères. P. Aeginete, liv. V. ch. XVIIIe On peut, selon d'autres, guérir la piqûre de l'aspic, aussi-bien que celle de la vipere, en oignant la partie affectée avec de l'huîle d'olive chaude : mais le meilleur remède est de n'avoir point de peur. (N)

ASPIC, (Art militaire) On a donné autrefois ce nom à une pièce de canon de douze livres de balle, qui pesait 4250 livres. (Q)