S. m. (Histoire naturelle, Zoologie) mus domesticus, animal quadrupede, long d'environ sept pouces, depuis le bout du museau jusqu'à l'origine de la queue, qui est longue de plus de sept pouces. Il a la tête allongée, le museau pointu, la mâchoire du dessous très-courte, les yeux gros, les oreilles grandes, larges et nues, la queue presqu'entièrement denuée de poils, mais couverte de petites écailles disposées sur des lignes circulaires qui l'entourent ; le poil est de couleur cendrée, noirâtre sur la face supérieure de la tête et du corps, et de couleur cendrée, claire, et presque grise sur la face inférieure. Il y a aussi des rats bruns et de presque noirs ; d'autres d'un gris plus blanc ou plus roux ; et d'autres tout à fait blancs ; ceux-ci ont les yeux rouges. Il serait inutîle de faire une plus ample description du rat, il est assez connu par l'incommodité qu'il nous cause ; il mange de tout ; il semble seulement chercher, par préférence, les choses les plus dures, et il les lime avec deux longues dents qu'il a au-devant de chaque mâchoire ; il ronge la laine, les étoffes, les meubles, perce le bois, fait des trous dans l'épaisseur des murs ; il produit plusieurs fois par an, ordinairement en été ; les portées sont le plus souvent de cinq ou de six. Ces animaux pullulent beaucoup, mais lorsque la faim les presse, ils se détruisent d'eux-mêmes ; ils se mangent les uns les autres. Un gros rat est plus méchant, et presque aussi fort qu'un jeune chat ; il a les dents de devant longues et fortes. Le chat mord mal, et comme il ne se sert gueres que de ses griffes, il faut qu'il soit non seulement vigoureux, mais aguerri. La belette, quoique plus petite, est un ennemi plus dangereux pour les rats ; elle les suit dans leur trou ; elle mord avec de meilleures dents que celles du rat, et au lieu de démordre, elle suce le sang de l'endroit entamé. L'espèce des rats parait être naturelle aux climats tempérés de notre continent, et s'est beaucoup plus répandue dans les pays chauds, que dans les pays froids. Les navires les ont portés en Amérique, aux Indes occidentales, et dans toutes les îles de l'Archipel indien ; il y en a en Afrique : on n'en trouve guère dans le nord au-delà de la Suède. Histoire naturelle génér. et part. tom. VIIe Voyez QUADRUPEDE.

RAT D'AMERIQUE, mus americanus, Klein, animal quadrupede. Il a environ trois pouces et demi de longueur, depuis le bout du museau jusqu'à l'origine de la queue, qui est longue de quatre pouces, de couleur blanchâtre et hérissée de quelques poils. Le dos et la partie supérieure de la tête sont d'une couleur rousse jaunâtre ; le ventre et les pieds sont blancs. Cet animal a les oreilles assez grandes, blanchâtres, et les pieds de derrière plus longs et plus gros que ceux de devant. Regn. animal. pag. 172.

RAT DES CHAMPS, petit, mus agrestis minor Gesneri, animal quadrupede, qui est ainsi nommé dans le règne animal, et qui est appelé campagnol dans l'hist. nat. général. et part. et rat de terre dans les mémoires de l'acad. royale des Sciences, année 1756. On lui a donné le nom de rat de terre pour le distinguer du rat d'eau, auquel il ressemble par la forme du corps, et par la couleur et la qualité de son poil ; mais il est plus petit, et il n'habite que les lieux secs. On en trouve dans toute l'Europe. Il se pratique des trous en terre, où il amasse du grain, des noisettes et du gland. Dans certaines années il y a un si grand nombre de ces animaux, qu'ils détruiraient tout s'ils subsistaient longtemps ; mais ils se mangent les uns les autres dans le temps de disette. D'ailleurs ils servent de pâture aux mulots ; ils sont aussi la proie des renards, des chats sauvages, des martes et des belettes. Les femelles produisent au printemps et en été ; leurs portées sont de cinq ou six, de sept ou huit. Il y a de ces rats qui sont de couleur noirâtre. Histoire naturelle génér. et part. tom. VII. Voyez QUADRUPEDE.

RAT D'EAU, mus aquaticus, animal quadrupede. Il a environ sept pouces de longueur, depuis le bout du museau jusqu'à l'origine de la queue, qui est longue de quatre pouces et demi. Il diffère du rat, en ce qu'il a le poil moins lisse et plus hérissé, le museau plus court et plus épais, les oreilles moins apparentes, etc. La face supérieure du rat d'eau est de couleur mêlée de brun et de jaunâtre, et la face inférieure a des teintes de jaune pâle, de blanc sale et de cendré. Cet animal se trouve sur les bords des rivières, des ruisseaux, des étangs ; il se nourrit de goujons, de mouteilles, de verrons, d'ablettes, du frai de la carpe, du brochet, du barbeau, de grenouilles, d'insectes d'eau, de racines, d'herbes, etc. Il nage sans avoir de membrane entre les doigts des pieds ; il se tient sous l'eau longtemps, et rapporte sa proie pour la manger sur la terre ou dans son trou. Les mâles et les femelles se cherchent sur la fin de l'hiver ; elles mettent bas au mois d'Avril. Les portées sont ordinairement de six ou sept. La chair du rat d'eau n'est pas absolument mauvaise ; les paysans la mangent les jours maigres, comme celle de la loutre. On trouve des rats d'eau par-tout en Europe, excepté dans les climats trop rigoureux du pôle. Histoire naturelle génér. et part. tom. VII. Voyez QUADRUPEDE.

RAT MUSQUE, animal quadrupede, qui a une forte odeur de musc ; on le trouve en Russie, en Moscovie, en Laponie. Il ressemble plus au castor qu'aux rats ; il a neuf pouces de longueur depuis le bout du museau jusqu'à l'origine de la queue, qui est longue de six pouces et demi, aplatie sur les côtés, large de huit lignes, couverte d'écailles, et parsemée de quelques poils. Le rat musqué a, comme la taupe, la partie supérieure du museau allongée ; l'ouverture de la bouche est petite, et les yeux sont à peine visibles ; chaque pied a cinq doigts joints ensemble par une forte membrane ; les pieds de derrière sont plus grands que ceux de devant ; le poil est doux, épais, brillant, et de couleur brune sur le dos de l'animal, et d'un gris blanchâtre sur le ventre. Regn. anim. pag. 136. Voyez QUADRUPEDE.

RAT MUSQUE D'AMERIQUE, (Zoologie) animal amphibie de l'Amérique septentrionale, de la classe des animaux qui rongent. Le rat musqué et le castor ressemblent de figure à notre rat, mais il est beaucoup plus gros, pesant trois ou quatre livres, et sentant fortement le musc ; sa couleur est brune ; il est couvert de deux sortes de poils, l'un plus grand, l'autre plus court et très-fin, semblable à du duvet ; ses dents sont au nombre de vingt ; sa queue est couverte d'écailles entourées de petits poils nombreux sur les côtés ; les doigts de ses pieds sont au nombre de quatre.

Le rat musqué a tant de ressemblance au castor, que les sauvages disent qu'ils sont frères, mais que le castor est l'ainé, et qu'il a plus d'esprit que son cadet. Il est vrai qu'au premier coup d'oeil, on prendrait un vieux rat musqué, et un castor d'un mois, pour deux animaux de même espèce. Ces rats sont communs à la Martinique, et dans toutes les contrées du Canada. Le public est redevable à M. Sarrazin, qui était médecin du Roi à Québec en 1725, de la connaissance détaillée de leur vie, de leurs bâtiments et ce qui était plus difficîle à décrire, de leur anatomie complete .

M. de Reaumur a donné dans le recueil de l'académie des Sciences, année 1725, un extrait des divers mémoires que M. Sarrazin lui avait envoyés sur ces animaux ; et à mon tour, pour former cet article, je vais détacher de l'extrait de M. de Reaumur, ce qui me rejettera le moins dans le détail particulier, et ce qui me paraitra suffisant pour satisfaire la curiosité des lecteurs.

Les rats musqués se nourrissent pendant l'été de toutes sortes d'herbes, et pendant l'hiver de différentes espèces de racines, telles que celles des grandes nymphea blanches et jaunes, et surtout du calamus aromatique.

Ils vivent en société, du moins pendant l'hiver ; ils se bâtissent des cabanes, dont les unes plus petites, ne sont habitées que par une seule famille ; et les autres plus grandes, en contiennent plusieurs. Leur génie se montre dans le choix même du lieu où ils s'établissent ; ce n'est pas assez qu'ils soient couverts par leurs bâtiments pendant l'hiver, ils y doivent être à portée de l'eau, et à portée d'avoir commodément des racines propres à se nourrir ; je connais bien des châteaux bâtis contre ces deux régles de situation, que les rats musqués choisissent toujours.

Pour réunir les avantages dont on vient de parler, ils construisent leurs loges dans des marais, ou sur le bord de lacs et de rivières, dont le lit est plat, l'eau dormante, et où le terrain produit abondamment des racines convenables à leur nourriture ; c'est sur les endroits les plus hauts d'un pareil terrain qu'ils bâtissent leurs loges, afin que les eaux puissent s'élever sans les incommoder.

Le choix du lieu fait, ils préparent la place qui doit occuper l'intérieur de l'édifice qu'ils méditent, et qui leur servira de lit pendant l'hiver. Si la place est trop basse, ils l'élèvent et l'abaissent ; si elle est trop élevée, ils la disposent par gradins pour pouvoir se retirer d'étage en étage, à mesure que l'eau montera. Leur maison est plus ou moins grande, selon qu'elle doit être occupée par plus ou moins de rats ; lorsqu'elle n'est destinée que pour sept à huit, elle a environ deux pieds de diamètre en tous sens ; et elle est plus grande proportionnellement, lorsqu'elle en doit contenir davantage.

La loge qu'ils habitent forme un dôme, et est composée de joncs liés, et enduits d'une glaise qui a été bien détrempée. A l'égard de l'ordre avec lequel leur travail est conduit, de la manière dont ils appliquent la terre et l'applanissent, on n'en est instruit que par les discours des chasseurs ; et les discours de tels gens ne passent nulle part pour des observations de Physiciens, auxquelles on doit ajouter foi. Tout ce qu'on sait de certain, parce qu'on le voit, c'est que les rats musqués ménagent dans leurs domiciles une ouverture, par laquelle ils peuvent entrer et sortir ; mais ils la bouchent entièrement quand l'hiver s'est déclaré.

Comme leur constitution n'est pas semblable à celle de ces animaux qui ne mangent point, et qui n'ont aucuns besoins pendant l'hiver, ceux-ci au contraire, outre le corps de bâtiment, se pratiquent des commodités qui leur sont essentielles. Ils font des puits qui communiquent avec l'intérieur de leurs loges, où ils peuvent aller boire et se baigner. Ils creusent des galeries sous terre, ou pour parler moins noblement, des trous pareils à ceux des taupes, afin d'aller chercher pour vivre des racines dans la saison des neiges. En un mot, ils n'oublient rien de ce qui concerne leurs besoins et leur propreté, jusqu'à se procurer des espèces de lieux à l'anglaise.

Le printemps, saison de leurs amours, leur est souvent fatal. Les chasseurs, ces injustes meurtriers de la plupart des animaux, pipent les mâles, et imitent les femelles, qui ont une sorte de gémissement ; par cette ruse ils les font approcher, et les tuent à coups de fusil. Ceux de ces animaux qui leur échappent, reviennent à leurs loges, et surtout les femelles, qui sont d'un sexe timide. La plupart pourtant font leurs petits où elles se trouvent, mais dans des endroits cachés. Les mâles continuent de courir la campagne ; c'est leur genre de vie de tout l'été. Dès qu'il est passé, le temps de former de nouvelles cabanes revient, car les mêmes ne servent pas plusieurs années ; enfin ils recommencent la vie d'hiver. Les rats musqués qui vivent dans les pays plus chauds que l'Amérique, n'ont pas le même besoin de cabanes ; aussi sont-ils terriers comme nos lapins.

L'opération de leur dissection n'est pas facîle ; il est peu de cerveaux capables de soutenir l'action continue d'une aussi forte odeur de musc, que celle que répand cet animal. M. Sarrazin a été deux fois réduit à l'extrémité, par les impressions que cette pénétrante odeur avait faites sur lui. Nous aurions peu d'anatomistes, et nous n'aurions pas à nous en plaindre, s'il le fallait être à pareil prix. Les sauvages qui sont affectés aussi désagréablement de l'odeur du musc, que nos femmes hystériques, donnent par cette raison le nom d'animal puant à notre rat.

Il a, comme le castor, deux sortes de poils ; le plus long l'est de dix ou douze lignes, brun, et donne sa couleur à l'animal. Le plus court est une espèce de duvet très-fin, dont on se servait autrefois en qualité de petit poil pour la fabrique des chapeaux. Il garantit le rat du froid, et le grand poil qui est plus rude, défend le duvet de la fange, dans laquelle il se vautre souvent, surtout en bâtissant sa loge.

Son dos est formé de neuf vertèbres jusqu'à la racine de la queue ; ses oreilles sont courtes, arrondies par le bout et velues ; il a les yeux presque aussi grands que ceux du castor, quoique ce dernier soit au moins une quinzaine de fois plus gros ; ses deux mâchoires sont garnies de dix dents chacune, de huit molaires et de deux incisives, ce qui fait vingt dents en tout.

Le rat musqué est un fort rongeur. M. Sarrazin en a renfermé un, qui dans une seule nuit, perça dans du bois dur, un trou de trois pouces de diamètre, et d'un pied de longueur, par lequel il s'échappa. Sa queue est couverte d'écailles qui empietent un peu les unes sur les autres, et qui sont entourées de petits poils.

Sa poitrine est fort étroite par en haut ; ses côtes sont au nombre de douze, six vraies et six fausses ; son foie est composé de sept lobes, dans un desquels est située la vésicule du fiel, qui s'ouvre dans le duodenum ; ses intestins sont fort étroits, et ont environ six pieds de longueur ; son estomac ressemble assez à celui du castor par l'extérieur, et en quelque chose à celui du rat domestique ; son oesophage est revêtu intérieurement d'une membrane blanche, qui couvre quelquefois son estomac ; sa vessie n'a rien de particulier ; mais l'issue de l'urethre dans le rat femelle, et dans les espèces de rat connues, savoir, le rat d'eau, le rat domestique, est fort différente de celle des autres animaux.

On peut ranger sous trois classes, les variétés que nous trouvons dans les animaux, pour l'écoulement des urines. Le castor, et tous les oiseaux qui n'ont qu'une ouverture sous la queue, donnent des exemples de la première. Tous les animaux terrestres, excepté le castor, dont on vient de parler, donnent des exemples de la seconde espèce ; l'urethre y conduit les urines par la fente des parties naturelles, où elle a son issue. Nos rats musqués femelles, donnent des exemples de la troisième variété ; elles ont trois issues ; savoir, l'anus, la fente des parties naturelles, et l'éminence velue, ou les follicules situées sur l'os pubis, par où l'urethre rend les urines.

Les parties de la génération du rat musqué femelle, sont semblables à celles du rat domestique femelle ; elles ont six mamelles, savoir trois de chaque côté, et elles font jusqu'à cinq ou six petits.

Les follicules dont nous venons de parler, sont situées au-dessus de l'os pubis. On les trouve également au mâle et à la femelle. Les canadiens les appellent rognons du rat musqué ; et les canadiennes, par modestie, les nomment boutons. Les uns et les autres croient que ce sont ses testicules. Les chasseurs arrachent les follicules des rats musqués, mâle et femelle, dans la saison du rut ; ils leur coupent en même temps un peu de peau, dont ils les enveloppent pour les vendre ; ces follicules ont la figure d'une petite poire renversée. Elles sont un composé de glandes conglomerées, enveloppées de membranes garnies de vaisseaux et de conduits excrétoires, qui fournissent vraisemblablement l'humeur qu'elles contiennent.

Cette humeur ressemble au lait, tant par sa consistance, que par sa couleur. On ne peut douter un moment, que l'odeur de musc, qu'exhale le rat musqué, ne lui soit due. M. Sarrazin croyait qu'elle lui était communiquée par le calamus aromatique, dont il se nourrit assez ordinairement. Clusius a aussi attribué à cette plante, l'odeur du musc du rat qu'il a décrit. Ce qui semble prouver qu'elle contribue beaucoup à celle du nôtre, c'est qu'il a plus d'odeur à la fin de l'hiver, où il n'a presque vÊCu que de cette plante, que pendant l'été et l'automne, où il se nourrit indifféremment de diverses autres racines. Mais quelle que soit sa nourriture, il se fait vraisemblablement dans cet animal, lorsque la saison de ses amours arrive, une fermentation qui exhale cette odeur.

La verge est attachée par sa racine à la lèvre inférieure de l'os pubis. Le balanus a trois ou quatre os, qui peuvent remuer en tous sens. Les testicules ont la grosseur d'une noix muscade, et sont situés à côté de l'anus. Les vésicules séminales paraissent parfaitement dans le temps du rut ; elles sont si engagées sous l'os pubis, qu'il faut le détruire pour les bien reconnaître ; leur longueur est d'environ un pouce ; ces vésicules servent probablement de prostates. Mais une chose bien singulière, et peut-être particulière au seul rat musqué, c'est qu'à mesure que son amour s'affoiblit, la plupart de ses organes de la génération s'effacent, les testicules, l'épididime et les vésicules commencent à se flétrir.

Ses pieds de devant sont semblables à ceux de tous les animaux qui rongent ; ceux de derrière n'ont aucune ressemblance aux pieds du rat domestique, non plus qu'à ceux du castor, et du rat musqué, décrit par Clusius. Il dit que ce dernier a les pieds de derrière garnis de membranes ; le nôtre a les doigts séparés les uns des autres, avec une membrane qui règne le long des côtés de chaque doigt, et qui est garnie de poils rudes ; en sorte que les doigts, la membrane, et les poils arrangés d'une certaine manière, forment un instrument propre à nager, mais qui ne vaut pas cependant le pied du castor ; aussi ne nage-t-il pas si vite. Il marche en canne, mais beaucoup moins que le castor et que les oiseaux de rivière ; ce mouvement est aidé par un muscle qui tire la jambe et la cuisse en dehors. Sa force pour nager est augmentée, parce qu'il décrit avec sa patte une ligne courbe, plus longue par conséquent que si elle était droite. Cette force dépend encore beaucoup de la manière dont sa patte est tournée ; je veux dire, qu'elle l'est en dehors, et se présente toujours également contre l'eau.

Le rat des Alpes de M. Rey, est celui de l'Europe, qui a plus de ressemblance pour la conformation extérieure, avec le rat musqué d'Amérique. On nous envoye quelquefois du Canada les rognons secs de cet animal, qu'on nomme rognons de musc ; mais nos parfumeurs n'en font presque plus d'usage. (D.J.)

RAT DE NORVEGE, (Zoologie) M. Linnaeus, dont nous allons emprunter les connaissances sur le rat de Norvège, le caractérise par les noms de mus caudâ abruptâ, corpore fulvo, nigro, maculato. Je passe sous silence les noms que Gesner, Ziegler, Johnston et d'autres lui ont donné. Ce rat est un peu plus petit que le rat ordinaire, et est à-peu-près gros comme une taupe, le fonds de sa couleur est un jaune tirant sur le brun, excepté au ventre, où le jaune est plus clair ; le devant de sa tête est noir, de même que le dessus des épaules et des cuisses, et ses côtés sont tachetés ; sa queue courte et velue est de couleur jaune, entremêlée de noir : il a une barbe comme les autres rats, et cinq doigts à chaque pied ; ses oreilles sont fort courtes ; il a quatre dents devant, deux en-haut, et deux en-bas, et à chaque côté des mâchoires, trois molaires.

Ces rats demeurent dans les montagnes de la Lapponie, qui sont toutes criblées de trous qu'ils y font pour se loger. Chacun a le sien, ils ne sont pas coenobites ; ce n'est pas pourtant qu'ils soient farouches, au contraire, ce sont des rats de société et d'ailleurs très-résolus ; ils abaient comme de petits chiens, quand on en approche ; et si on leur présente le bout d'un bâton, au lieu de s'enfuir, ils le mordillent et le tiraillent. Ils font ordinairement cinq ou six petits à la fais, mais jamais plus ; aussi leurs femelles n'ont-elles que six tetes. Ils se nourrissent avec de l'herbe et de la mousse à rennes.

Ce qu'il y a de plus remarquable dans ces animaux, ce sont leurs émigrations ; car en certains temps, ordinairement en dix ou vingt ans une fais, ils s'en vont en troupes nombreuses, et marchant par bandes de plusieurs milliers, ils creusent des sentiers de la profondeur de deux doigts, sur un demi-quart ou un quart d'aune de largeur. On voit même plusieurs de ces sentiers à la fois parallèles les uns aux autres, et divisés en droite ligne, mais toujours distanciés de plusieurs aunes. Chemin faisant, ils mangent les herbes et les racines qui sortent de terre, et font des petits en route, dont ils en portent un dans la gueule, un autre sur le dos, et abandonnent le surplus, si surplus il y a. Ils prennent en descendant des montagnes, le chemin du golfe de Bothnie ; mais ordinairement ils sont dispersés, et périssent avant d'y arriver.

Une autre singularité dans la manière dont ils font ce voyage, c'est que rien ne peut les obliger à se détourner de leur route, qu'ils suivent toujours en droite ligne. Qu'ils rencontrent, par exemple, un homme, ils tâchent de lui passer entre les jambes, plutôt que de se déranger de leur chemin, ou bien ils se mettent sur les pieds de derrière, et mordent la canne qu'on leur oppose. S'ils rencontrent une meule de foin, ils se font un chemin au travers, à force de manger, et de creuser, plutôt que d'en faire le tour.

Le peuple qui n'a point su la demeure de ces animaux, s'est imaginé qu'ils tombaient des nues. Wormius a fait un ouvrage pour l'expliquer par des raisons probables ; mais avant que d'examiner comment il peut tomber des rats du ciel, il eut été bon de s'assurer s'il en tombait effectivement. On ne croit plus présentement aux pluies de rats, ni de grenouilles. Mais comme il y a des temps où les grenouilles paraissent en nombre dans différents pays ; de même il y a des temps en Lapponie où les rats de Norvège descendent des montagnes pour ainsi dire par colonies.

S'ils font quelque dommage dans les champs et les prairies, c'est peu de chose, et leur présence indemnise les habitants ; car quand ils commencent à défiler dans les provinces septentrionales de la Suède, les habitants font ample capture d'ours, de renards, de martres, de goulus, et d'hermines, parce que tous les animaux qui suivent nos rats pour en faire leur proie, s'exposent par-là eux-mêmes à devenir celle des hommes.

On ferait de leur peau des fourrures fort belles, et fort douces, si ce n'est qu'elles sont trop tendres, et se déchirent aisément. Quant à la qualité venéneuse qu'on leur attribue, je ne vois par sur quoi on la fonde ; chaque observateur peut se convaincre aisément, qu'ils n'infectent ni l'eau, ni l'air. Si les chiens n'aiment à en manger que la tête, cela ne prouve rien. Les chats ne mangent guère non plus que la tête des rats ordinaires. S'ensuit-il de-là, que les rats sont venimeux ? Varron nous apprend au contraire, que les anciens habitants d'Italie, en engraissaient et en mangeaient ; et Mathiole nous atteste, qu'ils ont fort bon gout. On sait que dans un autre pays, on tue la marmotte qui est une sorte de rat ; qu'on en fait fumer la viande et qu'on la mange. (D.J.)

RAT ORIENTAL, mus orientalis, Klein, animal quadrupede ; il a deux pouces de longueur depuis le bout du museau jusqu'à l'origine de la queue, qui est grosse et longue d'un pouce et demi. La couleur du poil est rousse ; il y a sur le dos des raies blanchâtres, les oreilles et les jambes sont très-courtes. Reg. animal. pag. 175.

RAT PENNADE, voyez CHAUVE-SOURIS.

RAT PALMISTE, mus palmarum, animal quadrupede ; il a cinq pouces de longueur, depuis le bout du museau jusqu'à l'origine de la queue, qui est longue de six pouces ; ses oreilles sont courtes et arrondies. Il y a sur le dos de ce rat trois bandes longitudinales de couleur jaunâtre ; le reste du corps est varié de roux et de noir ; la face supérieure de la queue a une couleur mêlée de noir et de jaunâtre, la face inférieure est d'un jaune roux, avec des bandes longitudinales noires et blanchâtres. Reg. anim. p. 156. où l'animal dont il s'agit est sous le nom d'écureuil palmiste.

RAT BLANC DE VIRGINIE, mus agrestis virginianus albus. Klein, animal quadrupede ; il a environ trois pouces et demi de longueur, depuis le bout du museau jusqu'à l'origine de la queue, qui est longue de deux pouces neuf lignes, pointue et parsemée de longs poils. Reg. anim. p. 173.

RAT SAUVAGE, (Zoologie) c'est ainsi qu'on nomme au Mississipi, l'animal qu'on appelle carachupa au Pérou. Fraizier dit qu'il a la queue pelée, les dents continues sans division, et deux bourses, dont l'une lui couvre l'estomac, et l'autre le ventre, et que c'est dans ces bourses qu'ils mettent leurs petits, lorsqu'ils fuient. Cette description n'est ni vraie, ni exacte, mais on peut recourir à celle de Tyson, qui est bonne et parfaite. (D.J.)

RAT, (Marine) espèce de ponton, composé de planches, qui sont attachées sur quelques mâts, et sur lequel se mettent les Charpentiers et les Calfateurs, pour radouber et carener le vaisseau.

RAT ou RAS, (Marine) c'est un courant rapide et dangereux, ou un changement dans le mouvement des eaux, c'est-à-dire des contre-marées, qui sont ordinairement dans une passe ou dans un canal.

RAT, (Marine) on sous-entend à queue de. Voyez COUET A QUEUE DE RAT.

RAT, GRIS DE, terme de Teinturier ; on appelle gris de rat, une couleur semblable à celle de la peau de rat. Cette couleur est de quelque nuance plus brune, que celle qu'on nomme gris de souris. (D.J.)

RAT, s. m. (Tireur d'or) les ouvriers tireurs d'or appellent rats, les trous médiocres des filières qui leur servent à dégrossir l'or, l'argent, et le léton, pour les réduire en fils, en les faisant passer successivement par d'autres trous plus petits, jusqu'à celui qu'ils nomment superfin. Savary.