S. m. (Histoire naturelle) lézard des Antilles, ainsi appelé par les sauvages, parce qu'il est très-laid, et qu'ils donnent communément le nom de mabouyas à tout ce qui leur fait horreur. Ce lézard n'est pas des plus grands, il n'a jamais la longueur d'un pied. Ses doigts sont plats, larges, arrondis par le bout, et terminés par un petit ongle semblable à l'aiguillon d'une guêpe. On le trouve ordinairement sur les arbres et sur le faite des cases. Lorsque cet animal est irrité, il se jette sur les hommes, et s'y attache opiniâtrement ; mais il ne mord, ni n'est dangereux ; cependant on le craint ; ce n'est sans doute qu'à cause de sa laideur. Pendant la nuit, il jette de temps en temps un cri effrayant, qui est un pronostic du changement de temps. Histoire naturelle des Ant. par le P. du Tertre, tome II. page 315.

MABOYA ou MABOUYA, s. m. (Théolog. caraïbe) nom que les Caraïbes sauvages des îles Antilles donnent au diable ou à l'esprit dont ils craignent le malin vouloir ; c'est par cette raison qu'ils rendent au seul mabouya une espèce de culte, fabriquant en son honneur de petites figures de bois bizarres et hideuses, qu'ils placent au-devant de leurs pirogues, et quelquefois dans leurs cases.

On trouve souvent en creusant la terre plusieurs de ces figures, formées de terre cuite, ou d'une pierre verdâtre, ou d'une résine qui ressemble à l'ambre jaune ; c'est une espèce de copal qui découle naturellement d'un grand arbre nommé courbaril. Voyez COURBARIL.

Ces idoles anciennes ont différentes formes : les unes réprésentent des têtes de perroquet ou des grenouilles mal formées, d'autres ressemblent à des lézards à courte queue ou bien à des singes accroupis, toujours avec les parties qui désignent le sexe feminin. Il y en a qui ont du rapport à la figure d'une chauve-souris ; d'autres enfin sont si difformes, qu'il est presqu'impossible de les comparer à quoi que ce sait. Le nombre de ces idoles, que l'on rencontre à certaines profondeurs parmi des vases de terre et autres ustensiles, peut faire conjecturer que les anciens sauvages les enterraient avec leurs morts.

Il est d'usage parmi les Caraïbes d'employer encore le mot mabouya pour exprimer tout ce qui est mauvais : aussi lorsqu'ils sentent une mauvaise odeur, ils s'écrient, en faisant la grimace, mabouya, caye, en en, comme en pareil cas nous disons quelquefois, c'est le diable. M. LE ROMAIN.