S. m. (Histoire naturelle) les papillons sont des insectes ailés ; ils viennent par métamorphose des chenilles qui ont au plus 16 jambes, ou au moins 8. Les ailes de plusieurs espèces de papillons sont très-remarquables par la beauté et par la variété de leurs couleurs : certaines chenilles ont aussi de belles couleurs ; mais on ne peut rien conclure des couleurs d'une chenille pour celles du papillon qui doit être le produit de sa métamorphose.

Tous les papillons ont 4 ailes, qui diffèrent de celles de tout autre insecte ailé, en ce qu'elles sont couvertes d'une espèce de poussière ou de farine colorée, qui s'attache aux doigts lorsqu'on la touche. Ces ailes ont été appelées ailes farineuses ; mais on voit à l'aide du microscope que les molécules de cette poussière sont des lames qui ont différentes figures, non seulement sur des ailes de papillons de différentes espèces, mais aussi sur divers endroits d'une même aile. On a donné fort improprement à ces lames le nom de plumes, sans doute parce qu'elles sont placées sur des ailes : le nom d'écaille leur convient mieux. Elles sont plus ou moins allongées ; elles tiennent à l'aîle par un pédicule : l'autre bout est arrondi, ou échancré, ou dentelé plus ou moins profondément ; cependant il y a de ces molécules de poussière qui ressemblent mieux à des poils qu'à des écailles, car ils ont une tige longue, déliée et divisée par le bout en 2 ou 3 filets. Toutes les lames des ailes des papillons sont régulièrement alignées, et se recouvrent en partie les unes les autres, comme les écailles de poissons. Si on enlève les écailles de l'aîle d'un papillon, elle devient transparente, et elle perd ses couleurs ; on y voit des nervures, et il parait que sa substance a quelque rapport avec les taies des crustacées.

Le corps des papillons a la forme d'une olive, plus ou moins allongée ; il est composé d'anneaux qui sont souvent cachés sous les grands poils et sous les plumes qu'ils portent ; mais outre ces poils ou ces plumes, ils sont couverts d'écailles semblables à celles des ailes : le corcelet est placé au-devant du corps ; les ailes et les jambes y tiennent. Tous les papillons ont chacun 6 jambes, mais il y en a qui ne se servent que des 4 dernières pour marcher ou pour se soutenir : les 2 premières, une de chaque côté, au lieu d'avoir un pied terminé par des crochets comme les 4 autres, n'ont que des poils au bout du pied ; elles sont souvent appliquées contre le corps du papillon, et cachées entre de longs poils.

Les yeux des papillons sont placés de chaque côté de la tête, où ils forment une portion de sphère saillante, qui n'est que la moitié d'une sphère, ou un peu plus ou un peu moins de la moitié ; ils sont plus ou moins gros à proportion de la tête. L'enveloppe extérieure de ces yeux est une sorte de cornée luisante ; on y voit souvent des couleurs variées comme celles de l'arc-en-ciel, sur un fond noir, brun, gris, etc. On reconnait à l'oeil simple que la cornée est pointillée ; mais par le moyen du microscope, toute la surface de la cornée parait un réseau à mailles régulièrement symétrisé, et le milieu de chaque maille au lieu d'être vide comme dans un vrai réseau, est relevé en bosse comme une petite lentille : chaque lentille est encadrée dans une maille de matière pareille à la sienne, et de figure rectiligne à 4 côtés dans quelques yeux, et à 6 dans d'autres. Il est vraisemblable que ces lentilles sont des vrais crystallins, et même il y a quelqu'apparence qu'ils sont accompagnés de tout ce qui est nécessaire à un oeil complet. Les yeux des mouches, des scarabées, et de divers autres insectes, ne diffèrent en rien d'essentiel de ceux des papillons. On a calculé qu'il y avait 3181 crystallins sur une cornée d'un scarabée, plus de 8000 sur celle d'une mouche ; on en a compté 17325 sur chaque cornée d'un papillon : ce papillon aurait donc eu 34650 yeux.

Tous les papillons, et la plupart des autres insectes ailés, ont sur la tête deux cornes auxquelles on a donné le nom d'antennes ; elles sont mobiles sur les bases, et elles se courbent en différents sens, parce qu'elles ont grand nombre d'articulations. Les antennes des papillons sont implantées sur le dessus de la tête, près du bord extérieur de chaque oeil.

On peut diviser les papillons en 6 classes, par des caractères tirés de la forme des antennes. Celles de la première classe ont un diamètre assez égal depuis leur origine jusqu'à leur extrémité, et elles sont terminées par une grosse tête, assez semblable à celle d'une masse d'armes : les naturalistes les ont appelées en latin antennae clavatae. M. de Reaumur les a nommées antennes à masses ou à boutons. Un grand nombre de papillons qui se posent pendant le jour sur des fleurs, ont de ces antennes.

Celles de la seconde classe sont communément plus courtes, par rapport à la longueur du corps du papillon, que celles de la classe précédente ; elles augmentent insensiblement de diamètre depuis leur origine jusque tout auprès de leur extrémité ; là elles diminuent tout-à-coup de grosseur, et se terminent par une pointe, d'où sort une espèce de petite houppe composée de quelques filets. M. de Reaumur a donné à ces antennes le nom d'antennes à massue : des papillons qui se soutiennent en volant au-dessus des fleurs sans qu'on les voie jamais s'appuyer dessus, et qui font un bourdonnement continuel avec leurs ailes, ont de ces antennes en massue.

Les antennes de la troisième classe diffèrent de celles de la seconde, en ce qu'elles sont plus larges qu'épaisses, au lieu que les autres sont plus épaisses que larges ; leur extrémité forme une pointe plus longue, et n'a point de bouquet de poils : d'ailleurs elles sont contournées, et ressemblent à des cornes de bélier. Il y a des papillons communs dans les prairies, qui ont de ces antennes en cornes de bélier.

Les antennes de la quatrième classe sont terminées par une pointe aiguë, assez semblable à celle des antennes de la troisième classe ; mais elles en diffèrent en ce que peu au-dessus de leur origine elles prennent subitement une augmentation de grosseur qu'elles conservent dans la plus grande partie de leur étendue, c'est-à-dire jusques assez près de leur bout, où elles se contournent un peu pour se terminer en une pointe, qui quelquefois porte elle-même une autre pointe composée de plusieurs filets ou poils extrêmement déliés. Plusieurs espèces de très-gros papillons ont de ces antennes, qui sont grosses aussi, mais courtes à proportion de la longueur du corps de l'insecte ; M. de Reaumur les a nommées antennes prismatiques, parce que la plus grande partie de leur étendue est une espèce de prisme, qui a pour base un secteur de courbe.

Les antennes de la cinquième classe sont toutes celles qui ont une figure conique très-allongée, dont la base tient à la tête de l'insecte, ou celles qui au-moins ne sont pas plus grosses près de leur extrémité que dans le reste de leur étendue. M. de Réaumur les a nommés antennes à filets coniques et grénés, parce qu'elles sont formées par une fîle de grains plus ou moins gros et plus ou moins ronds : ces antennes sont aussi plus ou moins longues.

Les antennes de la sixième classe ressemblent à des plumes, aussi les a-t-on appelées antennes en plumes. Elles sont composées d'une tige qui diminue de grosseur depuis son origine jusqu'à son extrémité ; cette tige a sur deux côtés opposés des branches latérales : celles qui sont environ au milieu de la tige ont plus de longueur que celles qui se trouvent à l'origine ; celles de l'extrémité sont les plus courtes de toutes : ces branches sont inclinées vers la pointe de la tige. En les voyant au microscope, on les trouve semblables aux barbes d'une plume. Les antennes en plumes sont plus belles sur les mâles que sur les femelles ; elles sont plus fournies de barbes qui se soutiennent mieux, et qui sont plus longues. Le grand paon de nuit a des antennes en plumes.

Plusieurs espèces de papillons ont une trompe avec laquelle ils sucent les fleurs ; cet organe manque aux autres, ou au-moins ils n'ont point de trompe apparente. Dans les papillons qui en sont pourvus, elle est placée entre les deux yeux, et roulée comme un ressort de montre ; il y en a de courtes qui ne forment qu'un tour et demi, ou deux tours de spirale ; les plus longues font plus de huit ou dix tours ; mais ce rouleau est en partie caché dans la tête. Lorsque le papillon s'est posé sur une fleur pour la sucer, il déroule sa trompe et la fait entrer dans la fleur jusqu'au fond du calice, il la retire hors de la fleur, et l'y replonge jusqu'à sept ou huit fois avant de quitter la fleur, où il ne trouve sans doute plus de nourriture abondante, pour passer à une autre fleur. On voit des papillons qui insinuent leur trompe dans les fleurs en se soutenant en l'air par le moyen de leurs ailes sans s'appuyer sur la fleur.

Il y a des papillons qui volent pendant la nuit, ou à l'entrée de la nuit, et qui viennent se bruler aux lumières des chandelles pendant les soirées chaudes de l'été ; on les appelle phalenes ou papillons nocturnes ; ils sont en bien plus grand nombre d'espèces que les papillons qui restent tranquilles pendant la nuit, qui ne volent que le jour, et que l'on nomme papillons diurnes. Pourquoi donc ces phalenes, qui semblent fuir la lumière du jour, viennent-elles à celle des chandelles ? M. de Réaumur a soupçonné que c'est peut-être pour chercher leurs femelles, qu'elles peuvent reconnaître à quelque signe lumineux, qui n'est sensible qu'à leurs yeux : plusieurs de ces phalenes volent aussi pendant le jour dans les bois, et l'on croit que c'est pour s'approcher de leurs femelles qui sont cachées sous des feuilles.

Les papillons diurnes ont des antennes à bouton, en massue, ou en corne de bélier ; celles des phalenes sont prismatiques, à filets coniques ou en plumes. M. de Réaumur a trouvé une trompe dans tous les papillons diurnes qu'il a observés ; mais il n'en a point Ve dans plusieurs genres de phalenes. Parmi celles qui sont pourvues d'une trompe sensible, les unes l'ont longue et aplatie, les autres l'ont plus courte et plus arrondie. La figure et le port des ailes sont des caractères propres à faire distinguer plusieurs genres de papillons.

La classe des papillons à antennes en masse ou bouton comprend plus d'espèces que les deux autres classes de papillons diurnes prises ensemble ; c'est pourquoi M. de Réaumur a divisé les papillons à antennes à masse ou bouton en cinq classes, qui avec celle des antennes en massue, et celle des antennes en corne de bélier, font en tout sept classes de papillons diurnes.

La première classe est composée des papillons qui ont les antennes en masse ou bouton, et qui tiennent le plan de leurs ailes perpendiculaire au plan sur lequel ils sont posés ; le bord inférieur des ailes de dessous embrasse le dessous du corps ; ils se soutiennent et ils marchent sur six jambes, le papillon blanc qui a quelques taches noires, et qui vient de la plus belle des chenilles du chou, est de cette première classe.

Les papillons de la seconde classe ne diffèrent de ceux de la première, qu'en ce qu'ils ne se posent et ne marchent que sur quatre jambes.

Les papillons de la troisième classe ne diffèrent de ceux de la seconde, qu'en ce que les deux premières jambes sont conformées comme les quatre autres, mais si petites, que l'on a peine à les apercevoir.

La quatrième classe comprend les papillons qui portent leurs quatre ailes perpendiculaires au plan de position, comme les papillons des trois premières classes ; mais le bord des ailes inférieures de ceux de la quatrième se recourbe, embrasse, et couvre le dessus du corps : ils ont six véritables jambes : chacune des ailes inférieures a vers le bout extérieur de sa base un long appendice, qui semble former une queue, aussi ces papillons sont appelés papillons à queue : si ce caractère manquait, les autres suffiraient pour désigner les papillons de la quatrième classe.

La cinquième et la dernière classe des papillons est à antennes à masse ou bouton ; elle renferme ceux qui ont six vraies jambes, et dont les ailes sont parallèles au plan de position, ou au moins ne se redressent jamais assez pour que les deux supérieures s'appliquent l'une contre l'autre au-dessus du corps. La forme des ailes et du bouton des antennes peut encore donner des caractères pour distinguer les papillons de ces cinq premières classes.

Ceux de la sixième ont des antennes en massue ; ils insinuent leur trompe dans les fleurs en se soutenant en l'air, c'est pourquoi on les appelle éperviers, et on leur a aussi donné le nom de papillons-bourdons, parce qu'ils font du bruit en volant. Quand ils s'appuient, ils ont les ailes parallèles au plan de position ; le côté intérieur de leurs ailes est plus court que l'extérieur, et leur corps se termine par de longs poils en forme de queue. Il y a dans cette classe un genre de papillon que l'on peut nommer papillons-mouches, parce que leurs ailes ressemblent en partie à celles des mouches, n'étant pas couvertes en entier de poussière : la partie qui reste à découvert, est transparente, et a fait donner à ces ailes le nom d'ailes vitrées.

La septième classe comprend les papillons à antennes en cornes de bélier.

Quoique les espèces de phalenes soient beaucoup plus nombreuses que celles des papillons diurnes, M. de Réaumur ne les a divisées qu'en sept classes, mais il a indiqué les caractères d'un grand nombre de genres pour chacune de ces classes.

La première renferme les phalenes à antennes prismatiques ; elles doivent toutes avoir des trompes ; il y a de ces phalenes qui ne peuvent se soutenir en l'air sans agiter leurs ailes avec une grande vitesse ; elles font beaucoup de bruit en volant.

Ceux de la seconde classe ont des antennes à filets coniques et une trompe.

Les phalenes de la troisième classe ne diffèrent pas de celles de la seconde classe par les antennes, mais on ne leur trouve point de trompe.

La quatrième classe comprend des phalenes qui ont des antennes en plumes et une trompe.

Les phalenes de la cinquième classe ont aussi des antennes en plumes, mais elles manquent de trompe.

La sixième classe comprend les phalenes dont les femelles n'ont point d'ailes sensibles.

Enfin, la septième classe renferme tous les papillons dont les ailes ressemblent à celles des oiseaux, et paraissent composées de véritables plumes : ils ont des antennes à filets coniques comme des phalenes, cependant ils ne laissent pas de voler pendant le jour : ils font une classe particulière, qui doit se trouver à la suite de celles des phalenes.

Les caractères de genres qui se trouvent dans ces différentes classes sont tirés de la grandeur, de la figure et du port des ailes, de la forme et de la grandeur du corps, de la longueur et de la figure des trompes, de la structure des antennes, et des deux barbes ou cloisons charnues entre lesquelles la trompe est logée, des hupes de poils qui se trouvent sur le corcelet, et même sur le corps. Les différentes espèces sont distinguées par les couleurs des papillons, par la distribution de ces couleurs, et par quelques-uns des caractères précédents.

Mais toute méthode arbitraire pour la division des productions de la nature en classes, genres, etc. est sujette à errer : en voici un exemple bien marqué ; le port des ailes qui vient d'être donné comme un des principaux caractères distinctifs des papillons, n'est pas le même pour le mâle et pour la femelle de certaines espèces, de sorte que le mâle se trouverait dans un genre, et la femelle dans un autre ; et ces deux genres seraient bien distingués par les différences qui se trouvent dans le port des ailes de ce mâle et de cette même femelle. Cependant c'est le comble de l'erreur dans une distinction méthodique de rapporter à deux genres differents des animaux qui ne différent que par le sexe. Pour éviter ce grand inconvénient dans la division méthodique des papillons, il faut observer le mâle et la femelle de chaque espèce, et lorsqu'il y a des différences dans le port des ailes en faire mention, ou composer dans chaque classe des genres particuliers pour les espèces de papillon, qui sont dans le cas dont il s'agit.

Les papillons étant sous la forme de chrysalides, ont toutes leurs parties très-molles ; elles nagent, pour ainsi dire, dans une liqueur qui doit les nourrir et fortifier ; il y a des papillons qui ne restent en chrysalides que dix, quinze, vingt jours, etc. d'autres sont en cet état pendant plusieurs mois, et même pendant une année presqu'entière. Lorsque les parties du papillon ont pris de la solidité dans la chrysalide, il peut facilement déchirer la membrane qui l'enveloppe ; au moindre mouvement qu'il fait au-dedans elle se fend, et le papillon sort par l'ouverture qu'il se fait : plusieurs fentes concourent à former cette ouverture, et se font toujours dans les mêmes endroits. La tête du papillon est la première partie qui paraisse hors de la dépouille ; peu-à-peu il s'en retire en entier, mais il lui faut du temps, car il trouve de la difficulté à se dégager des étuis qui enveloppent chaque partie de son corps en particulier, et qui ne laissent pas de l'arrêter, quoiqu'ils soient très-minces.

Le papillon, au sortir de sa dépouille, reste dessus, ou ne s'en éloigne que très-peu ; ce n'est qu'au bout d'un quart-d'heure ou d'une demi-heure que ses ailes ont toute leur grandeur ; elles sont d'abord extrêmement petites, sans former aucun pli sensible ; elles n'ont que la cinquième ou la sixième partie de l'étendue qu'elles doivent prendre, mais elles sont fort épaisses ; à mesure qu'elles s'étendent, leur épaisseur diminue ; durant cette opération les ailes se contournent en differents sens, et paraissent difformes ; l'insecte les agite de temps-en-temps, et les fait frémir avec vitesse : ce chiffonnement et cette difformité ne sont que passagers ; en un quart d'heure ou une demi-heure la forme des ailes est régulière, et l'étendue complete . On peut accélerer cette opération en tirant doucement avec les doigts en differents sens l'aîle d'un papillon qui vient de quitter ses dépouilles ; on amincit et on agrandit cette aîle en un instant. Lorsque cet agrandissement se fait avec le temps nécessaire, l'aîle se séche et se durcit ; elle se durcirait même sans s'agrandir, si elle trouvait des obstacles, et ne pourrait plus s'agrandir après : c'est ce qui arrive aux papillons, dont l'aîle reste pendant quelque-temps en partie engagée dans la dépouille ; la portion de l'aîle qui est exposée à l'air hors de la dépouille, se chiffonne en s'étendant, et se séche sans avoir pu se redresser ; elle est difforme pour toujours.

Les papillons qui, sous la forme de chrysalide, sont renfermés dans des coques de soie, ou de quelqu'autre matière difficîle à rompre, ont plus de peine à sortir de cette coque, qu'à se débarrasser de leur enveloppe qui est au-dedans de la coque, et dont il a déjà été fait mention sous le nom de dépouille. Par exemple, il n'est pas possible que le papillon du ver à soie perce le cocon qui est composé d'un tissu de soie, en le comprimant ou en le frappant avec sa tête ; cependant il n'a ni dents, ni serres pour le déchirer : on a cru que ce papillon commençait par humecter avec une liqueur qui sortait de sa bouche l'endroit qu'il avait à enfoncer avec sa tête ; mais on sait que d'autres papillons, qui ont aussi des coques de soie à percer, ne les humectent pas. M. de Réaumur a soupçonné que ces papillons liment la coque avec leurs yeux, qui en effet sont taillés à facettes, comme une sorte de lime. Il y a des coques qui sont naturellement ouvertes par un bout comme une nasse.

Les femelles des papillons, comme celles de presque tous les autres insectes, sont plus grosses que les mâles ; le corps de ceux-ci est plus petit et plus éfilé, et leur partie postérieure est plus pointue. Ces différences sont plus sensibles dans les phalenes que dans les autres papillons ; il y a des phalenes femelles, dont le corps est une fois plus long que celui des mâles, et encore plus gros à proportion de la longueur ; mais la plupart des papillons, soit mâles, soit femelles, se ressemblent à-peu-près pour les couleurs des ailes.

Les femelles de quantité de genres de phalenes ne vivent que peu de temps ; elles fécondent leurs œufs par l'accouplement ; elles pondent, et elles meurent sans avoir pris de nourriture ; aussi n'ont-elles ni trompe, ni autres organes pour prendre des aliments. Les papillons du ver à soie sont un exemple de ceux qui perpétuent leur espèce sans prendre de nourriture. Les papillons femelles des chenilles à oreilles du chêne, ne volent jamais quoiqu'elles aient de grandes et belles ailes ; elles marchent au sortir de leur fourreau ; mais elles ne vont pas loin, car elles sont lourdes et pesantes : elles restent à deux ou trois pieds au plus de distance de leur dépouille, et attendent le mâle, qui, au contraire, est fort vif ; il vole continuellement, mais dès qu'il rencontre une femelle ; il se place ordinairement à son côté droit, de façon que les parties postérieures de leurs corps soient aussi à côté l'une de l'autre ; le mâle allonge et recourbe l'extrémité de cette partie pour la joindre à celle de la femelle : l'accouplement dure souvent une demi-heure, et même quelquefois une heure. La femelle ne s'accouple ordinairement qu'une fois ; peu de temps après elle commence sa ponte ; mais le mâle s'accouple plusieurs fais. Les papillons des vers à soie sont posés dans l'accouplement, de façon qu'ils se trouvent sur une même ligne, ayant les têtes tournées vers des côtés diamétralement opposés, et ne se touchent que vers la partie postérieure de leur corps ; le mâle agite ses ailes avec vitesse à diverses reprises. Des papillons d'autres espèces qui s'accouplent de la même manière restent toujours tranquilles : il y en a qui se posent sur le corps de la femelle, et il arrive qu'elle prend son essor, et qu'elle emporte le mâle pendant l'accouplement. D'autres sont placés de façon que leur corps fait un angle avec celui de la femelle, etc.

Les œufs des papillons ont différentes formes ; ceux de la plupart sont ronds ou arrondis ; il y en a d'aplatis, de sphéroïdes, de cylindriques, de coniques, de cannelés, etc. On en voit qui ressemblent à des segments de sphère, à des barrillets, des timbales ou marmites sans pieds, etc. leur couleur est ordinairement blanchâtre ou jaunâtre ; il y en a aussi de plusieurs autres couleurs, et qui changent de couleurs en différents temps, et même de forme et de grandeur ; ces changements sont causés par ceux qui arrivent à la petite chenille qui est dans l'œuf. Presque tous les papillons déposent leurs œufs sur la plante qui peut fournir une bonne nourriture aux chenilles qui en doivent sortir ; on a remarqué qu'ils ne prennent pas tant de précautions pour les chenilles qui marchant aisément peuvent aller chercher leur nourriture au loin. Quelques papillons dispersent leurs œufs sur les feuilles des plantes ; il y en a qui les arrangent les uns contre les autres en forme de plaques ; ces œufs sont attachés par une couche de colle dont ils sont enduits en sortant de l'ovaire ; on en voit qui sont enchâssés dans cette colle ; par exemple, ceux qui sont rangés autour d'une petite branche d'arbre en forme de bague ou de brasselet, qui est composée de plusieurs rangs ; on y a compté depuis 300 jusqu'à 350 œufs. Il y a des papillons qui enveloppent et qui couvrent leurs œufs de poils pris sur eux-mêmes : ce qu'il y a de singulier, c'est que la partie postérieure de leurs corps leur sert, pour ainsi dire, de main pour placer les œufs en paquet, pour arracher le poil de leur corps, pour en entourer chaque œuf, et pour en former sur le tas une couverture, disposée de façon que la pluie coule dessus sans pénétrer jusqu'aux œufs. Mém. pour servir à l'hist. des insectes, tom. I. et II. Voyez CHENILLE, INSECTE. (I)

PAPILLON, FLEUR EN, (Botanique) les Botanistes appellent fleur en papillon, ou papilionacées, celles qui ont quelque ressemblance à ces insectes lorsqu'il a les ailes étendues. Il y a quatre parties remarquables dans les fleurs en papillon ; le vexillum ou l'étendart, qui est un pétale ou un grand segment droit ; les deux ailes qui forment les côtés ; le carina où est le bassin qui est un pétale ou un grand segment concave ressemblant à la partie inférieure d'un bateau ; ce bassin est quelquefois d'une pièce, et d'autres fois il est composé de deux pétales ou segments, assez fortement attachés l'un à l'autre. De ce genre sont les pais, les fêves, les haricots, la vesce, et les autres plantes légumineuses. (D.J.)

PAPILLON, (Monum. antiq. et Méd.) le papillon est dans les monuments, le symbole de l'âme. On voit à Rome un bas-relief de marbre, représentant un jeune homme étendu sur un lit, et un papillon qui semble, en s'envolant, sortir de la bouche de ce mort, parce que les anciens croyaient aussi-bien que le vulgaire de nos jours, que l'âme sortait par la bouche ; c'est ce qui fait dire à Homère, au IX. liv. de l'Iliade, que quand l'âme a passé une fois la barrière des dents, elle ne peut plus rentrer.

PAPILLONS, en terme de marchand de modes, sont les extrémités du bonnet qui vont depuis l'oreille jusqu'au bec, plus ou moins en arrondissant, selon la mode et le nom du bonnet.

PAPILLON, le jeu de papillon ; ce jeu n'est pas trop connu à Paris ; il ne laisse pas d'être fort amusant et de demander quelque application ; il est d'un grand commerce. On joue au papillon au-moins trois personnes, et on ne peut guère être plus de quatre. Il faut le jeu de cartes entier ; c'est un désavantage de faire, et c'est toujours la plus basse carte. Celui qui a mêlé les cartes donne trois cartes à chacun et toujours une à une ; quand on joue à trois, comme c'est l'usage le plus ordinaire, on étend et on retourne sept cartes du dessus du talon ; quand on joue à quatre on n'en étend que quatre, afin que le nombre des cartes du talon soit également juste. Après avoir mis au jeu ce qu'on veut jouer, le premier à jouer examine son jeu, et prend sur le tapis les cartes qu'il voit pouvoir convenir avec celles qu'il a.

Il n'y a dans ce jeu que les rais, les dames, les valets et les dix qui puissent être pris, et convenir aux cartes d'une même peinture. Par exemple, les rois par les rais, les dames par les dames, et ainsi du reste.

Cependant, il est de l'habileté du joueur, de prendre par une seule carte plusieurs de celles, qui sont retournées sur le tapis, avec un dix, un quatre, un cinq qui y seraient ; puis qu'outre qu'on lève du jeu plusieurs cartes qui pourraient faire le jeu des autres, on se fait encore un plus grand nombre de cartes qui peuvent servir à gagner les cartes, qui sont payées, comme les joueurs en sont convenus ; mais il n'y a que le premier qui est à jouer qui puisse user de ce droit, sans cela le suivant pourrait s'accommoder des cartes qui sont sur le jeu à votre préjudice, et par préférence.

Une régle générale du jeu de papillon ; c'est que quand c'est à un joueur à prendre, il ne peut le faire à-moins qu'il n'ait dans son jeu une carte qui l'y autorise, et cette carte ne peut prendre du tapis qu'autant de cartes qu'il en faut pour faire le nombre dont elle est. Un huit ne pourrait lever qu'un huit de deux qui seraient sur le jeu ; mais on pourrait prendre deux ou trois cartes avec ce huit, pourvu que leur nombre réuni ne fit pas plus de huit, comme deux trois et un deux, un cinq et un trois, etc. quand on a dans son jeu plusieurs cartes pareilles à celles qui sont sur le tapis, on n'en peut prendre qu'une, et chacun à son tour. Celui qui est en rang pour jouer le premier, n'ayant point dans son jeu de cartes avec lesquelles il puisse en prendre du talon, doit étendre les cartes qu'il a dans la main, et payer au jeu un jeton pour chacun. Quand tous les joueurs se sont défaits de leurs trois cartes, soit par les levées qu'ils ont faites, soit qu'ils aient mis leur jeu bas, ces cartes ne se mêlent plus avec le talon, et restent sur le tapis pour être prises de qui peut s'en accommoder. Celui qui doit faire alors, prend et mêle le talon et donne trois cartes à chacun sans faire couper ; quand le talon est épuisé, et quand toutes les cartes ont été distribuées, celles dont les joueurs ont pu se défaire restant toujours sur le tapis, comme nous l'avons dit, celui qui peut arranger son jeu le premier en jetant ses cartes et en en prenant d'autres sur le tapis, gagne la partie. Si deux joueurs s'en défont dans le même-temps, le plus voisin à gauche de celui qui a donné les cartes gagne par préférence à l'autre, et celui qui a mêlé les cartes gagne de droit devant tous les autres joueurs.

Quant à la façon de payer, nous allons en dire tout ce qui nous sera possible, de plus exact et de plus conforme à l'usage.

Si celui qui étend ses cartes a des as en main, il se fait donner par chaque joueur autant de jetons qu'il avait d'as. Il en est de même des joueurs qui prennent des as du talon ; ils ont le même droit de se faire payer un jeton chaque as ; mais celui qui en ayant déjà un dans sa main en tire un autre du talon, il gagne deux jetons pour chacun. Chaque joueur est obligé de donner quatre jetons à celui qui avec un deux lève deux as du talon, six à celui qui avec un trois leverait trois as, et huit à celui qui avec un quatre leverait les quatre as. Un joueur qui aurait trois cartes d'une même manière et prendrait la quatrième sur le tapis, gagnerait un jeton de chacun de ses compagnons. Celui qui gagne la partie ou est le dernier à s'étendre, prend pour lui les cartes qui sont sur le tapis et s'en sert à gagner les cartes ; quand il y a cinquante-deux cartes dans le jeu, le jeu est bon quoique ces cartes soient mal assorties. Celui qui a mal donné refait dès qu'on s'en aperçoit, et paye une fiche au jeu ; tout joueur qui joue avant son tour est obligé de s'étendre. Lorsqu'il n'y a plus que trois cartes pour chacun au talon, celui qui fait doit en avertir les joueurs.

On doit toujours favoriser celui qui gagne, en prenant moins de cartes.

PETIT PAPILLON, au jeu de ce nom se dit d'un coup, où un joueur dans le courant de la partie fait ses trois cartes, et gagne un jeton de chacun.