plante d'écrite par Pline. Il parait que c'est celle que Tournefort a décrit sous le nom de chamaerododendros Pontica maxima mespili folio, flore luteo.

Cette plante croit dans la Colchide, et les abeilles sucent sa fleur : mais le miel qu'elles en tirent rend furieux ou ivres ceux qui en mangent, comme il arriva à l'armée des dix mille à l'approche de Trebisonde, au rapport de Xenophon : ces soldats ayant mangé de ce miel, il leur prit un vomissement et une diarrhée suivis de rêveries ; de sorte que les moins malades ressemblaient à des ivrognes ou à des furieux, et les autres à des moribonds : cependant personne n'en mourut, quoique la terre parut jonchée de corps comme après une bataille ; et le mal cessa le lendemain, environ à l'heure qu'il avait commencé ; de sorte que les soldats se levèrent le troisième et le quatrième jour, mais en l'état que l'on est après avoir pris une forte médecine. La fleur de cet arbrisseau est comme celle du chevrefeuille, mais bien plus forte, au rapport du père Lamberti, Missionnaire Théatin. Mémoires de l'Académie Royale des Sciences 1704. (N)

* Voici les caractères de cette plante. Elle s'élève à cinq ou six pieds : son tronc est accompagné de plusieurs tiges menues, divisées en branches inégales, faibles et cassantes, blanches en-dedans, couvertes d'une écorce grisâtre et lisse, excepté à leurs extrémités où elles sont velues. Elles portent des touffes de feuilles assez semblables à celles du néflier des bois. Ces feuilles sont longues de quatre pouces, sur un pouce et demi de largeur vers le milieu, aiguës par les deux bouts, mais surtout par celui d'embas, de couleur verd gai, et légèrement velues, excepté sur les bords où leurs poils forment une espèce de sourcil. Elles ont la côte assez forte, et cette côte se distribue en nervures sur toute leur surface. Elle n'est qu'un prolongement de la queue des feuilles, qui n'a le plus souvent que trois ou quatre lignes de longueur sur une ligne d'épaisseur. Les fleurs naissent rassemblées au nombre de dix-huit ou vingt. Elles forment des bouquets à l'extrémité des branches, où elles sont soutenues par des pédicules d'un pouce de long, velus, et naissants des aisselles de petites feuilles membraneuses, blanchâtres, longues de sept à huit lignes sur trois de large. Chaque fleur est un tube de deux lignes et demie de diamètre, légèrement cannelé, velu, jaune, tirant sur le verd. Il s'évase au-delà d'un pouce de diamètre, et se divise en cinq portions dont celle du milieu a plus d'un pouce de long sur presqu'autant de largeur : elle est refleurie en arrière ainsi que les autres, et terminée en arcade gothique. Sa couleur est le jaune pâle, doré vers le milieu ; les autres portions sont plus étroites et plus courtes, mais pareillement jaunes pâles. La fleur entière est ouverte par derrière, et s'articule avec un pistil pyramidal, cannelé, long de deux lignes, verd blanchâtre, légèrement velu, garni d'un filet courbe, long de deux pouces, et terminé par un bouton verd pâle. Des environs de l'ouverture de la fleur sortent cinq étamines plus courtes que le pistil, inégales, courbes, chargées de sommets longs d'une ligne et demie, et chargés d'une poussière jaunâtre. Les étamines sont aussi de cette couleur : elles sont velues depuis leur origine jusques vers leur milieu, et toutes les fleurs sont inclinées comme celles de la fraxinelle. Le pistil devient dans la suite un fruit d'environ quinze lignes de long, sur six ou sept lignes de diamètre. Il est relevé de cinq côtés, dur, brun et pointu. Il s'ouvre de l'une à l'autre extrémité en sept ou huit endroits creusés en gouttières ; ces gouttières vont se terminer sur un axe qui traverse le fruit dont il occupe le milieu ; cet axe est cannelé, et distribue l'intérieur du fruit en autant de loges qu'il y a de gouttières à l'extérieur.

C'est ainsi que M. Tournefort caractérise cette plante, dont les anciens ont connu les propriétés dangereuses.