S. f. tormentilla, (Histoire naturelle, Botanique) genre de plante à fleur en rose, composée de quatre pétales disposés en rond ; le calice de cette fleur est d'une seule feuille et profondément découpé, il a la forme d'un bassin ; le pistil sort de ce calice, et devient dans la suite un fruit presque rond, qui renferme beaucoup de semences réunies en une sorte de tête, et enveloppées par le calice. Ajoutez aux caractères de ce genre que les feuilles excédent le nombre de trois, et qu'elles tiennent à l'extrémité du pédicule. Tournefort, inst. rei herb. Voyez PLANTE.

Tournefort nomme pour la première des cinq espèces de ce genre de plante la tormentille sauvage, tormentilla sylvestris, I. R. H. 298. Elle pousse en terre une racine vive ou tubercule, de la grosseur du doigt ou plus, quelquefois raboteux, tantôt droit, tantôt oblique, de couleur obscure en-dehors, rougeâtre en-dedans, garni de fibres, et d'un goût astringent ; ses tiges sont grêles, faibles, velues, rougeâtres, longues d'environ un pied, ordinairement courbées et couchées par terre, entourées par intervalle de feuilles semblables à celles de la quinte-feuille, velues, rangées d'ordinaire au nombre de sept sur une queue. Ses fleurs sont composées chacune de quatre pétales jaunes, disposées en rose, soutenues par un calice fait en bassin découpé en huit parties, quatre grandes et quatre petites, placées alternativement avec seize étamines dans le milieu. Lorsque ces fleurs sont tombées, il leur succede des fruits sphéroïdes qui contiennent plusieurs semences menues, oblongues. Cette plante croit presque par-tout, aux lieux sablonneux, humides, herbeux, dans les bois et dans les pâturages maigres : elle fleurit en Mai, Juin et Juillet. Sa racine est astringente.

La tormentille des Alpes, tormentilla alpina major, diffère de la précèdente en ce que sa racine est plus grosse, mieux nourrie, plus rouge et plus remplie de vertu. On nous envoie cette racine seche, on doit la choisir récente, nourrie, grosse, nette, entière, mondée de ses filaments, compacte, bien séchée, de couleur brune en-dehors, rougeâtre en-dedans, d'un goût astringent. (D.J.)

TORMENTILLE, (Matière médicale) ce n'est que la racine de cette plante qui est d'usage en Médecine. Quoique cette plante croisse dans toutes les provinces du royaume, on ne se sert presque cependant que d'une racine de tormentille qu'on nous envoie seche des Alpes, et qu'on doit choisir récente, bien séchée, compacte, de couleur brune en-dehors, rougeâtre en-dedans, d'un goût styptique.

Cette racine est une des substances végétales, douées de la vertu astringente vulnéraire, qu'on emploie le plus communément dans l'usage intérieur. On la fait entrer à la dose de demi-once jusqu'à une once par pinte de liqueur dans les tisanes astringentes, qu'on prescrit dans certains cours-de-ventre opiniâtres, dans les hémorrhagies, les fleurs blanches, les flux séreux qui suivent quelquefois les gonorrhées virulentes, etc. on la fait entrer aussi en substance à la dose d'un demi-gros ou d'un gros dans les opiates astringentes destinées aux mêmes maladies, ou on la donne seule dans un excipient convenable pour remplir les mêmes indications, et même contre les flux dyssentériques, selon quelques auteurs. L'extrait de tormentille à la dose d'un gros ou de deux possède aussi à-peu-près les mêmes vertus, quoique les extraits des substances végétales astringentes souffrent une altération considérable dans la préparation, qu'il s'en sépare une matière terreuse qui contribue vraisemblablement à leur vertu, comme il a été dit de certaines écorces à l'article EXTRAIT, Chimie, Pharmacie, etc. Voyez cet article.

La racine de tormentille réduite en poudre s'emploie aussi quelquefois extérieurement dans le traitement des plaies et des ulcères, sur lesquels on la répand pour les dessécher ; mais cette pratique est peu reçue. La décoction des racines de tormentille tenue dans la bouche, passe pour soulager très-efficacement la douleur des dents.

Cette racine entre dans le diascordium, la poudre astringente, les pilules astringentes, et la décoction astringente de la pharmacopée de Paris, dans l'huîle de scorpion composée, dans l'emplâtre styptique, etc. son extrait entre dans la thériaque céleste. (b)