filipendula, s. f. (Histoire naturelle, Botanique) genre de plante à fleurs en rose composées de plusieurs petales disposées en rond. Le pistil sort d'un calice qui est d'une seule pièce terminée par plusieurs pointes. Ce pistil devient dans la suite un fruit presque rond, dont les semences sont rassemblées et rangées comme les douves d'un petit muid. Tournefort, inst. rei herb. Voyez PLANTE. (I)

FILIPENDULE, (Mad. med.) Boerhaave en compte deux espèces, et Miller trois ; mais nous ne parlerons que de celle qui est d'usage en Médecine, et que les Botanistes nomment filipendula. Off. J. B. 3. P. 2. 189. Ger. 900. Emac. 1058. Raii Histoire 1. 623. Synops. 3. 259. Merc. Pin. 38. Doc. Pempt. 56.

Sa racine est charnue, noirâtre : il en sort des fibres menues, qui ont à leur extrémité des tubercules de la figure d'une olive, ou plus longues et moins grosses, comme dans l'asphodele, noirâtres en-dehors, blanchâtres en-dedans, ayant de l'acrimonie mêlée d'astriction et de douceur avec un peu d'amertume. Ses feuilles sont en grand nombre près de la racine, semblables à celles du boucage, plus étroites, découpées plus profondément, d'un verd foncé.

Sa tige est ordinairement unique, droite, longue de neuf pouces, ou même d'un pied et plus, cannelée, branchue, garnie d'un petit nombre de feuilles ; elle porte à son sommet des fleurs disposées comme en parasol, en rose, composées de six pétales blancs, rougeâtres en-dehors, placées en rond, légèrement odorants ; ces fleurs sont chargées d'étamines surmontées de sommets jaunâtres et d'un calice d'une seule pièce à plusieurs pointes, duquel sort un pistil qui s'élève en un fruit presque sphérique, composé de 11, 12, ou d'un plus grand nombre de graines rudes, aplaties, de figures rhomboïdales, irrégulières, ramassées en manière de tête, et rangées comme les douves d'un petit tonneau.

La filipendule vulgaire vient communément dans les bois, dans les terres crétacées, et fleurit en Juin et en Juillet dans nos climats. On la cultive aussi dans quelques jardins de Médecine, parce qu'elle est d'usage.

Les feuilles et surtout les racines de cette plante, sont d'usage en Médecine. Les feuilles ont une saveur astringente, un peu salée ; elles sont odorantes, gluantes, et elles rougissent le papier bleu ; mais la racine le rougit très-fort ; elle est stiptique, un peu amère, et parait contenir un sel essentiel neutre, tartareux-alumineux qui ne s'alkalise point, et qui est mêlé avec beaucoup de soufre ; car par l'analyse chimique on tire de la racine de la filipendule beaucoup d'acide, de terre et d'huile.

Cette plante ouvre, incise, atténue les humeurs épaisses, et les chasse par les urines. Aussi tous les auteurs lui donnent place parmi les plantes diurétiques et apéritives. Sa racine mérite surtout cet éloge, et elle convient dans tous les cas où il s'agit d'inciser les humeurs et les faire couler, en resserrant ensuite les orifices des vaisseaux ; c'est par cette raison qu'on la donne souvent avec succès dans les fleurs blanches, les vuidanges trop abondantes, la diarrhée, la dyssenterie et la dysurie. La dose de la racine pulvérisée est d'une dragme ou deux dans une liqueur appropriée. Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT.