ou DAURADE, ou HERBE DORÉE, subst. f. (Histoire naturelle, Botanique) est une plante qu'on a ainsi nommée en Languedoc, parce qu'au grand soleil ses feuilles paraissent de couleur d'or. Elle est connue, en Botanique, sous le nom de ceterach, en arabe ; asplenium, en latin. Voyez CAPILLAIRE et CETERACH. Voyez aussi la description suivante plus détaillée.

C'est une espèce de capillaire, dont les feuilles ressemblent assez à celles du polipode, quoique plus petites ; elles sont découpées à leur bord, en partie rondes, et comme festonnées ; le dos en est rougeâtre ou jaune, et porte de petits fruits faits en boule membraneuse, qui s'ouvre en deux parties dans leur maturité ; alors elles répandent une poussière très-fine, qui est la vraie graine de la plante : c'est la même structure que dans les fougeres. Les feuilles sont portées sur des tiges rondes et dures, qui se réunissent en une touffe, du milieu de laquelle, à-peu-près, sortent des racines menues et filamenteuses. Les feuilles coupées près de la tige venant à se dessécher, se croquevillent, et imitent alors par leur figure le corps et les pates d'un insecte appelé scolopendre ; aussi quelques botanistes l'ont-ils appelée scolopendria, ou scolopendrium verum. Elle se nomme encore en castillan doradilla, en portugais douvadina, en italien hinderata.

Ceux qui voudront voir la figure de cette plante, la trouveront gravée dans les institutions de Tournefort, à la planche 318, et dans un livre plus commun, qui est le traité des drogues simples par Lemery, à la planche VIIIe fig. 5. de la seconde édition.

La doradille croit dans les endroits pierreux, sur les murailles et les rochers, principalement dans les pays chauds. On vante surtout celle qui nous est apportée des montagnes d'Andalousie, Castille, Aragon, Catalogne, et Valence. Elle est plus abondante lorsque le temps a été pluvieux, et plus rare dans les grandes sécheresses. Elle contient, au rapport de Lemery, beaucoup d'huîle et de sel essentiel, peu de phlegme.

Comme une des plantes capillaires, elle était généralement reconnue pour béchique ou pectorale. On la regardait aussi comme apéritive, et propre aux maladies de la rate ; c'est peut-être de-là qu'elle a été nommée asplenium, du mot latin splen, qui signifie la rate. On lui a découvert de plus la propriété d'un excellent diurétique ; et elle est devenue fort à la mode depuis la guérison de M. le comte d'Auteuil chef d'escadre des armées navales d'Espagne, qui a permis qu'on le nommât, et qui s'en est servi avec grand succès contre la gravelle, qui le tourmentait à l'excès.

L'on nous en envoie de deux espèces ; savoir, de toute entiére avec les feuilles, les tiges, et les racines, et de toute préparée, de façon que les feuilles sont séparées de la tige, et ce sont ces feuilles dont l'on se sert en Médecine.

La manière d'en user, est d'en faire infuser une bonne pincée dans deux tasses d'eau bouillante comme on fait le thé : on les prend le matin à jeun, et plus ou moins longtemps, suivant les effets. Cela n'exclut point les remèdes qui seraient nécessaires en même temps pour d'autres indications.

Par les observations faites, surtout à Paris, à Verdun, et à Grenoble, où l'on en a fait beaucoup d'usage depuis peu, il parait que ce remède charrie doucement les sables, dissipe les embarras dans les reins, qui accompagnent ordinairement les maladies néphrétiques, et adoucit les douleurs qu'elles causent dans les voies urinaires. Cet article est de M. MORAND, de l'académie royale des Sciences, et secrétaire perpétuel de l'académie royale de Chirurgie.

DORADE ou DAURADE, aurata Rondeletii, (Histoire naturelle, Ichtyologie) poisson de mer, dont le corps est large et aplati par les côtés ; il ressemble à la brême, c'est pourquoi on l'a aussi appelé brême ou brame de mer. En Languedoc on donne différents noms aux dorades relativement à leur âge et à leur grandeur ; les petites sont nommées sauquenes, celles qui ont une coudée de longueur portent leur vrai nom de daurades, et celles qui sont encore plus grandes celui de subredaurades : elles parviennent rarement au poids de dix livres. Ce poisson a les écailles de médiocre grandeur ; le dos est mêlé de couleur noirâtre et de bleu, les côtés sont d'une couleur fauve, qui a dans quelques endroits l'éclat de l'or ; il y a du noir, et quelquefois du pourpre au-dessus des ouies et au-dessus des yeux, et une belle couleur d'or qui s'étend de l'un à l'autre. Les yeux sont assez grands, la bouche est médiocre, et la langue pointue. Ce poisson a des dents et des tubercules osseux aux deux mâchoires, et il écrase des coquilles de tellines et de peignes, dont il se nourrit. On a compté six dents en-haut et huit en-bas : elles sont recouvertes par des lèvres comme dans plusieurs autres poissons. Le dos est tranchant, et porte une nageoire qui s'étend sur presque toute sa longueur, et qui a vingt-quatre aiguillons, dont les onze premiers sont fermes et osseux, et les autres flexibles et cartilagineux : la queue est fourchue et composée d'environ dix-sept aiguillons. Il y a entre la queue et l'anus une nageoire qui renferme quatorze aiguillons, dont les trois premiers sont osseux, et les autres cartilagineux. Les nageoires des ouies en ont dix-sept, et celles du ventre en ont six, dont le premier est très-fort. La dorade est bonne à manger ; il y en a quantité dans les marchés de Venise, de Genèse de Rome, etc. Ce poisson se trouve dans l'Océan comme dans la Méditerranée : on en prend rarement en hiver, et il est bien meilleur en été. Willughby, hist. pisc. Voyez Rondelet, liv. V. de pisc. (I)

DORADES des Antilles, s. f. (Histoire naturelle, Ichtyologie) poisson que l'on rencontre communément dans la partie de l'Océan comprise entre les îles Canaries et les Antilles ; rarement le voit-on sur les côtes ; il se tient toujours en plaine mer, chassant continuellement aux poissons volans, dont il fait sa principale nourriture.

On peut mettre la dorade au nombre des poissons voraces ; elle mange ceux de son espèce, et se jette avec une extrême avidité sur l'amorce qu'on lui présente, lors même qu'elle a l'estomac déjà rempli d'autre chose : on la prend très-aisément en contrefaisant un poisson volant, au moyen d'un morceau de linge, ou bien en attachant tout simplement deux plumes aux côtés d'un hameçon.

Il se trouve des dorades qui ont cinq pieds de long ; elles sont taillées pour bien nager, étant plates sur les côtes, efflanquées, et tout le corps diminuant insensiblement vers la queue qui est fourchue : la tête est passablement grosse, s'arrondissant sur le devant depuis le haut du front jusqu'à la mâchoire inférieure ; les joues sont très-aplaties ; les yeux, qui sont moyennement gros, se trouvent placés fort bas et près de la gueule, dont l'ouverture est assez grande, et bordée de petites dents aiguës comme de fines aiguilles.

Des deux côtés de la tête, fort près des ouies, sont des nageoires de médiocre grandeur, au-dessous desquelles il y en a deux autres beaucoup plus petites : sur le dos de la dorade, depuis la jonction de la tête au corps jusqu'à la naissance de la queue, s'élève une crête large de quatre à cinq pouces, composée d'une membrane mince, qui se tient élevée au moyen de plusieurs petites arêtes déliées, un peu flexibles, parallèles entr'elles, sortant du dos de l'animal, et se terminant insensiblement à la partie supérieure de la crête. Sous le ventre est une autre membrane moins large et moins longue que la précédente, ne s'étendant que depuis l'ouverture par laquelle l'animal expulse les excréments jusqu'à la naissance de la queue.

Le dessus de la tête, la grande crête, et le dos sont d'un très-beau bleu d'azur ; tout le reste du corps est doré et parsemé vers le haut des flancs de petites marques bleues, fort vives, qui se confondant avec le jaune de l'or, forment des nuances d'un verd doré très-éclatant, principalement lorsque le poisson est dans l'eau.

La chair de la dorade est blanche, courte, et quoiqu'un peu seche, elle ne laisse pas d'avoir bon gout.

Il ne faut pas confondre la dorade de l'Océan avec un autre poisson de même nom, qu'on pêche dans la Méditerranée. Article de M. LE ROMAIN.

DORADE, (Constellat.) Voyez XIPHIAS, et les inst. astronomiq.