S. f. luteola, (Histoire naturelle, Botanique) genre de plante à fleur polypétale et anomale, car elle est composée de plusieurs pétales différents les uns des autres ; il sort du calice un pistil qui devient un fruit presque rond, creux et rempli de semences arrondies. Tournefort, inst. rei herb. Voyez PLANTE. (I)

La gaude ou la luteola salicis folio des Botanistes, Bauh. Tournef. Boerh. etc. est le reseda foliis simplicibus lanceolatis integris, de Linnaeus, hort. cliff. 212.

Sa racine est ordinairement grosse comme le petit doigt, quelquefois de la grosseur du pouce, simple, ligneuse, blanche, garnie d'un très-petit nombre de fibres, d'un goût âcre, approchant du cresson ; elle pousse des feuilles oblongues, étroites, lisses, entières et sans crénelures, quelquefois un peu frisées ; il s'élève d'entr'elles des tiges à la hauteur de trois pieds, rondes, dures, lisses, verdâtres, rameuses, revêtues de feuilles plus petites que celles d'en-bas, et garnies le long de leurs sommités de petites fleurs composées chacune de trois pétales inégaux, d'une belle couleur jaune verdâtre. Quand ces fleurs sont passées, il leur succede des capsules presque rondes, terminées par trois pointes, renfermant plusieurs semences menues, arrondies, noirâtres.

Lacuna, Gesner, Honorius Belus et Dale, se sont persuadés que la gaude est le strathium des anciens ; mais vraisemblablement nous ignorerons toujours ce que c'était que leur strathium dont ils ont tant parlé, et qu'ils n'ont point décrit. Voyez STRATHIUM.

La gaude fleurit en Mai, et sa graine mûrit en Juin et en Juillet. Cette plante croit d'elle-même dans presque toutes les provinces du royaume, à cinq ou six lieues de Paris, et particulièrement à Pontaise : il parait qu'elle aime les lieux incultes, le long des chemins, les bords des champs, les murailles et les décombres ; mais la gaude qu'on cultive est bien meilleure que celle qui vient naturellement, et on y donne beaucoup de soin à cause de son utilité pour la teinture, car on n'en fait point d'usage en Médecine.

On la seme claire au mois de Mars ou de Septembre, dans des terres legeres et bien labourées, et elle se trouve mûre au mois de Mai ou de Juillet ; il faut seulement la sarcler quand elle leve. Dans les pays chauds, comme en Languedoc, elle est souvent assez seche lorsqu'on la recueille ; mais dans les pays tempérés, comme en Normandie, en Picardie et en plusieurs autres lieux, il est essentiel de la faire sécher exactement. Il faut encore observer de ne la point couper qu'elle ne soit mûre, et d'empêcher qu'elle ne se mouille quand elle est cueillie. En la cueillant, il faut la couper à fleur de terre.

Les Teinturiers regardent la gaude la plus menue et la plus roussette comme la meilleure ; ils la font bouillir avec de l'alun, pour teindre les laines et les étoffes en couleur jaune et en couleur verte ; savoir les blanches en jaune, et en verd les étoffes qui ont été préalablement mises au bleu. Suivant les règlements de France, les céladons, verd de pomme, verd de mer, verd naissant et verd gai, doivent être alunés, ensuite gaudés avec gaude ou sarrelle, et puis passés sur la cuve d'inde. (D.J.)