S. m. (Histoire naturelle, Botanique) Cette plante passait jadis pour une panacée, et faisait l'objet de la vénération payenne chez les anciens Gaulois ; mais les idées de leurs successeurs sont bien différentes. Le gui n'est plus pour eux qu'une plante parasite qui fait grand tort aux arbres dont elle tire sa nourriture, et que les gens soigneux de l'entretien de leurs vergers, s'efforcent à l'envi de détruire.

Cependant cette même plante parasite n'en est pas moins dans l'esprit du physicien un végétal singulier, dont l'origine, la germination, le développement méritent un examen attentif, et des recherches particulières. C'est ainsi qu'en ont pensé Malpighi, Tournefort, Vaillant, Boerhaave, Linnaeus, Barel, et Camérarius : enfin M. du Hamel a publié dans les mém. de l'Acad. des Scien. année 1740, des observations trop curieuses sur ce sujet, pour négliger de les rapporter ici ; elles rendront cet article intéressant.

Caractères du gui. On pourrait peut-être caractériser ainsi le gui. Il est mâle et femelle ; ses feuilles sont conjugées, étroites, et oblongues ; les fleurs de la plante mâle sont monopétales, faites en bassin, divisées d'ordinaire en quatre parties égales, marquetées de porreaux. L'ovaire est une substance tendre, environnée de quatre petites feuilles ; il devient ensuite une baie à-peu-près ronde, pleine d'une sorte de glu, et contenant une semence plate, ovale, triangulaire, en forme de cœur, et de différente figure. Les baies du gui donnent chacune quelquefois deux semences.

Il faut remarquer que ces fruits commencent par des embryons couronnés de quatre feuilles, ou qui portent une couronne radiée, composée de quatre petites feuilles jaunâtres, articulées autour de la tête de chaque embryon. Ces embryons partent d'une masse ronde, jaunâtre, articulée avec l'extrémité de la branche et de deux feuilles opposées qui la terminent des deux côtés.

Il n'y a qu'une espèce de gui qui vient sur tout arbre. On est presque d'accord à n'admettre qu'une seule espèce de gui. Il est vrai que le P. Plumier en décrit plusieurs dans son histoire des Antilles, qui paraissent différentes de notre gui ordinaire ; cependant le sentiment le plus généralement reçu des botanistes modernes, est qu'il n'y en a qu'une seule espèce, et ils n'en ont jamais Ve davantage.

Que l'on seme sur le tilleul, sur le saule, sur le poirier, sur l'épine, etc. des semences, des pieds de gui qui auront cru sur le pommier, elles végetent également sur ces différents arbres avec succès. D'ailleurs on ne remarque aucune différence considérable ni dans la figure des feuilles, ni dans la forme des fruits, ni dans le port extérieur des pieds de gui qui viennent sur les divers arbres de nos forêts de France. Les expériences faites en Angleterre confirment le même fait. Concluons donc que nous ne connaissons qu'une seule espèce de gui ; elle est nommée simplement par les Botanistes viscum, viscus, viscum vulgare, viscus arborum, par C. Bauh. J. Bauh. Ray, Gerard, Barkinson, Tournefort, Boerhaave, etc.

Cette plante ne vient jamais à terre, mais sur tous les arbres.

Les uns disent l'avoir trouvé sur le sapin, sur la meleze, sur le pistachier, sur le noyer, sur le coignassier, sur le poirier franc, et sur le sauvage, sur le pommier sauvage et sur le domestique, sur le nefflier, sur l'épine blanche, sur le cormier, sur le prunier, sur l'amendier, sur le rosier. D'autres disent l'avoir Ve sur le liège, sur le châtaignier, sur le naisettier, sur le tilleul, sur le saule, sur le peuplier noir et sur le blanc, sur le hêtre, sur l'orme, sur le noirprun, sur le buis, sur la vigne, sur le faux acacia : enfin le gui vient sur l'yeuse, et sur le chêne commun. Comme ce dernier gui est le plus fameux, il suffira d'en donner ici la description.

Description du gui de chêne. C'est une manière d'arbrisseau qui croit à la hauteur d'environ deux pieds ; les tiges sont ordinairement grosses comme le doigt, dures, ligneuses, compactes, pesantes, de couleur rougeâtre en-dehors, blanche-jaunâtre en-dedans. Il pousse beaucoup de rameaux ligneux, pliants, entrelacés souvent les uns dans les autres, et couverts d'une écorce verte.

Ses feuilles sont opposées deux-à-deux, oblongues, épaisses, dures, assez semblables, mais un peu plus longues que celles du grand buis, veineuses dans leur longueur, arrondies par le bout, de couleur verte-jaunâtre ou pâle. Ses fleurs naissent aux nœuds des branches, petites, jaunâtres, formées chacune en bassin à quatre crenelures.

Quelquefois ces fleurs ne laissent point de fruits après elles ; mais quelquefois on trouve des fruits sur des pieds différents qui ne portent point de fleurs. Ces fruits sont de petites baies rondes ou ovales, molles, blanches, luisantes, ressemblantes à nos petites groseilles blanches, remplies d'un suc visqueux, dont les anciens se servaient pour faire de la glu. Au milieu de ce fruit se rencontre une petite semence aplatie, et ordinairement échancrée en cœur.

Il ne faut pas croire qu'on trouve communément des chênes qui portent du gui ; c'est un phénomène en général assez rare ; il l'est par exemple beaucoup en Angleterre.

Des semences du gui, et de leur germination. Théophraste (de caus. Plant. l. II. chap. xxjv.) et Pline (Histoire naturelle l. XVI. ch. xxxxjv.) avaient assuré contre le sentiment d'Aristote, que le gui venait de semences, mais qui avaient besoin de passer par l'estomac des oiseaux, pour se dépouiller, disaient-ils, d'une qualité froide qui les empêchait de germer. Cependant comme les semences du gui ne sont pas fort dures, on comprend avec peine, qu'elles ne soient pas digérées par l'estomac des oiseaux. Il est vrai que Boccone assure avoir observé que les oiseaux les rendaient entières dans leurs excréments ; mais il faudrait savoir si Boccone a bien observé.

Quoiqu'il en sait, toutes les observations modernes prouvent que le gui se multiplie de semence, sans qu'il soit nécessaire qu'elles passent par l'estomac des oiseaux. Ray dit qu'il a Ve germer les semences du gui dans l'écorce même du chêne, et que depuis son observation, Doody apotiquaire de Londres, avait mis la chose hors de doute, ayant élevé des pieds de gui de graines qu'il avait semées.

Léonhard Frédéric Hornung assure dans une dissertation latine à ce sujet, avoir semé du gui sur un pommier, qu'il y germa en poussant deux cornes de la base du fruit, qu'il s'attacha à la branche, et qu'il y fructifia.

M. Edmond Barel, dans un mémoire qu'il a envoyé au chevalier Hans-Sloane, et qui est imprimé dans les Transactions philosophiques, témoigne aussi avoir élevé le gui de graine.

Enfin, M. Duhamel a répété toutes ces expériences sur un grand nombre d'arbres de différentes espèces, et les graines du gui ont germé également bien sur tous, excepté sur le figuier, peut-être à cause du lait corrosif qui s'échappait des plaies qu'il avait fallu faire pour poser les semences, et qui les brulait.

Il n'est pas surprenant que le gui germe à-peu-près également bien sur des arbres très-différents ; il ne faut que de l'humidité pour faire germer toutes sortes de semences, et celle des pluies et des rosées suffit pour la germination du gui, puisque M. Duhamel en a Ve germer sur des morceaux de bois mort, sur des tessons de pots, et sur des pierres seulement tenues à l'ombre du Soleil. De plus il a posé des semences de gui sur les vases de terre à demi-cuits, qui laissent échapper l'eau peu-à-peu, et sur lesquels on se fait quelquefois un plaisir d'élever de petites salades. Les semences de gui y ont germé plus promptement, et elles sont venues plus vigoureuses que sur les corps secs ; la transpiration du vase favorise leur germination ; probablement la transpiration des arbres ne leur est pas non plus inutile.

Il faut pourtant convenir que quoique le gui germe sur des pots, sur du bois mort, et qu'il s'attache également sur tous les arbres, il ne végete pas aussi heureusement sur tous ceux auxquels il s'attache. Il ne réussit pas si bien sur le chêne et sur le noyer que sur le poirier, le pommier, l'épine-blanche, et le tilleul. Il vient avec plus de peine sur le génevrier ; mais après tout, il ne s'élève bien que sur des arbres.

Les semences de gui mises sur des arbres en Février, commencent à germer à la fin de Juin. Alors on voit sortir de la graine du gui plusieurs radicules ; et cette multiplicité de radicules est une singularité, qui n'est peut-être propre qu'à la seule semence du gui. Quand les radicules se sont allongées de deux à trois lignes, elles se recourbent, et elles continuent de s'allonger, jusqu'à ce qu'elles aient atteint le corps sur lequel la graine est posée ; et sitôt qu'elles y sont parvenues, elles cessent de s'allonger.

Cette radicule prend indifféremment toutes sortes de directions, tant en-haut qu'en-bas, ce qui lui est encore particulier ; car, suivant la remarque de M. Dodart, tous les germes tendent vers le bas.

Les radicules du gui sont formées d'une petite boule qui est seulement soutenue par un pédicule qui part du corps de la semence. Elles s'allongent jusqu'à ce que la petite boule qui les termine, porte sur l'écorce des arbres ; alors elles s'épanouissent, et s'y appliquent fortement par une matière visqueuse.

De la formation et du progrès des racines du gui. La jeune plante commence à introduire ses racines dans cette écorce ; aussi-tôt la seve contenue dans l'écorce de l'arbre, s'extravase ; il se forme à cet endroit une grosseur, une loupe, ou si l'on veut, une espèce de gale, et cette gale augmente en grosseur à mesure que les racines de la plante parasite font du progrès.

Entre les premières racines du gui, il y en a qui rampent dans les couches les plus herbacées de l'écorce, et les autres en traversent les différents plans jusqu'au bois où elles se distribuent de côté et d'autre, se réfléchissant quand elles rencontrent quelques corps durs qui s'opposent à leur passage. Alors elles cheminent entre les lames de l'écorce, et y forment plusieurs entrelacements ; mais comme les lames intérieures de l'écorce sont destinées à faire dans la suite de nouvelles couches de bois, ces lames s'endurcissent ; les racines du gui se trouvent donc engagées de l'épaisseur de ces lames dans le bois ; d'autres lames de l'écorce deviennent bois à leur tour ; voilà les racines du gui engagées encore plus avant dans le bois, et à la fin elles le sont beaucoup, sans que pour cela elles aient pénétré le bois en aucune façon. On peut ajouter que comme les racines du gui occasionnent une extravasation du suc ligneux, qui forme une loupe à l'endroit de l'insertion ; cette loupe contribue beaucoup à engager plus promptement et plus avant les racines du gui dans le bois.

Quand elles y sont engagées à un certain point, le gui a besoin de ressources pour subsister, et il en a effectivement. 1°. Les racines nouvelles épanouies dans l'écorce, et celles qui sont engagées dans le bois, lui fournissent de la nourriture. 2°. Il se trouve souvent aux pieds du gui une espèce de bulbe charnuè de la consistance des racines, qui est engagée dans l'écorce, et qui lui peut être d'un grand secours pour vivre.

Cependant ces ressources lui manquent quelquefois ; par exemple, lorsque la branche sur laquelle est un pied de gui se trouve grosse et vigoureuse, et qu'il ne peut plus tirer de subsistance des écorces, alors il languit et meurt à la fin. Il n'en est pas de même quand la branche est menue, et les pieds de gui vigoureux ; car alors ce sont ces branches mêmes de l'arbre qui cessent de profiter. Pour que le gui coupe les vivres à l'extrémité de la branche sur laquelle il est enté, il faut que la force avec laquelle il tire la séve soit supérieure à celle que la branche avait pour se la procurer. Le gui dans ce cas, peut être comparé à ces branches gourmandes, qui s'approprient toute la séve qui aurait dû passer aux branches circonvoisines.

Du progrès des tiges du gui. Le progrès des racines du gui est d'abord très-considérable en comparaison de celui des tiges ; en effet, ce n'est que la première année, et quelquefois la seconde, que les jeunes tiges commencent à se redresser, et souvent elles ont bien de la peine à y parvenir. Quand cela arrive, on voit cette jeune tige terminée par un bouton, ou par une espèce de petite houppe, qui semble être la naissance de quelques feuilles, et elle en reste-là pour la première année, et même quelquefois pour la seconde.

Le printemps de l'année suivante, ou de la troisième, il sort de ce bouton deux feuilles, et il se forme deux boutons dans les aisselles de ces deux feuilles : de chacun de ces boutons, il sort ensuite une ou plusieurs branches, qui sont terminées par deux, et quelquefois par trois feuilles. C'est-là la production de la troisième ou de la quatrième année. La cinquième, la sixième, et les années suivantes, il continue à sortir plusieurs branches, et quelquefois jusqu'à six des aisselles des feuilles. Le gui devient ainsi un petit arbrisseau très-branchu, formant une boule assez régulière, qui peut avoir un pied et demi, ou deux pieds de diamètre.

Les vieilles feuilles jaunissent et tombent, sans qu'il en vienne de nouvelles à la place ; ce qui fait que les tiges sont presque nues, et que l'arbrisseau n'est garni de feuilles qu'à l'extrémité de ses branches.

Il y a ici une chose bien digne d'être remarquée, et que M. Duhamel dit avoir observée avec M. Bernard de Jussieu, c'est que chaque bouton de gui contient presque toujours le germe de trois branches, qu'on peut apercevoir par la dissection : ainsi chaque nœud devrait souvent être garni de six branches, et il le serait en effet s'il n'en périssait pas plusieurs, ou avant que d'être sorties du bouton, ou peu de temps après en être sorties ; ce qui arrive fréquemment.

Une autre chose singulière, c'est que les branches du gui n'ont point cette affectation à monter vers le ciel, qui est propre à presque toutes les plantes, surtout aux arbres et aux arbustes. Si le gui est implanté sur une branche d'arbre, ses rameaux s'éleveront à l'ordinaire ; s'il part de dessous la branche, il pousse ses rameaux vers la terre ; ainsi il végete en sens contraire, sans qu'il paraisse en souffrir.

Le gui garde ses feuilles pendant l'hiver, et même pendant les hivers les plus rudes. Théophraste se trompe donc, lorsqu'il dit que le gui ne conserve ses feuilles que quand il tient à un arbre qui ne les quitte point l'hiver, et qu'il se dépouille quand il est sur un arbre qui perd ses feuilles. Mais qui est-ce qui n'a pas Ve l'hiver, sur des arbres dépouillés de leurs feuilles, des pieds de gui qui en étaient tous garnis ? Et ce fait est-il plus singulier que de voir le chêne verd conserver ses feuilles lorsqu'il est greffé sur le chêne ordinaire ?

De l'écorce, du bois, des tiges et des feuilles du gui. L'écorce extérieure des feuilles et des tiges du gui est d'un verd terne et foncé, surtout lorsqu'elles sont vieilles, car les jeunes feuilles et les nouveaux bourgeons sont d'un verd jaunâtre. Cette écorce extérieure est un peu inégale et comme grenue. Sous cette écorce il y en a une autre plus épaisse, d'un verd moins foncé, grenue et pâteuse comme l'écorce des racines, et elle est traversée par des fibres ligneuses qui s'étendent suivant la longueur des branches. Sous cette dernière écorce est le bois, qui est à-peu-près de sa couleur ; il est assez dur quand il est sec, mais il n'a presque point de fils, et se coupe presque aussi facilement de travers qu'en long.

Les tiges sont droites d'un nœud à l'autre, où elles font de grandes inflexions. Les nœuds du gui sont de vraies articulations par engrenement, et les pousses de chaque année se joignent les unes aux autres, comme les épiphyses se joignent au corps des os.

Les feuilles du gui sont épaisses et charnues, sans être succulentes. En les examinant avec un peu d'attention, on découvre cinq à six nervures saillantes qui partent du pédicule, et qui s'étendent jusqu'à l'extrémité sans fournir beaucoup de ramifications. Leur figure est un ovale fort allongé ; les feuilles et l'écorce des branches ont un goût légèrement amer et astringent : leur odeur est faible à la vérité, mais desagréable.

Le gui étant vivace et ligneux, il faut le mettre au nombre des arbrisseaux, entre lesquels il y en a de mâles et de femelles.

Il y a un gui mâle, et un gui femelle. Pline n'en doutait point, car il a distingué un gui mâle qui ne porte point de fruit, et un gui femelle qui en porte. Cependant MM. de Tournefort, Boerhaave et Linnaeus dont le sentiment est d'un plus grand poids que celui de Pline, pensent que les deux sexes se trouvent sur les mêmes individus dans des endroits séparés. Des autorités si respectables ont engagé d'autres botanistes à éplucher ce fait avec une grande attention ; et c'est d'après cet examen qu'ils se sont crus en droit de décider comme Pline.

Edmond Barel, dans le mémoire que nous avons déjà cité, dit qu'il a élévé quatre pieds de gui, dont deux produisirent du fruit, et les deux autres fleurirent sans fructifier.

M. Duhamel assure aussi avoir constamment remarqué des pieds de gui mâle qui ne produisaient jamais de fruit, et d'autres femelles qui presque tous les ans en étaient chargés. Il Ve bien plus loin ; il prétend que les pieds de gui de différents sexes ont chacun un port assez différent pour qu'on les puisse distinguer les uns des autres, indépendamment de leurs fruits et de leurs fleurs.

Voici en quoi consiste cette différence, suivant notre académicien.

Les boutons qui contiennent les fleurs mâles sont plus arrondis, et trois fois plus gros que les boutons qui contiennent les fleurs femelles, ou les embryons des fruits. On distingue assez bien en Décembre ces boutons les uns des autres, quoiqu'ils ne soient point encore ouverts, et que les pieds femelles soient encore chargés du fruit de l'année précédente.

Les boutons mâles viennent ordinairement trois-à-trois sur un pédicule commun, et ils commencent à s'ouvrir dans le mois de Mars. Leur fleur est d'une seule pièce irrégulière, formant une cloche ouverte, échancrée par les bords en quatre jusque vers le milieu de la fleur. Ces fleurs sont ramassées par bouquets : chaque bouton mâle contient depuis deux jusqu'à sept fleurs, et ces bouquets sont placés dans les aisselles des branches, ou à leur extrémité : dans le mois de Mai toutes ces fleurs tombent, et il ne reste plus que les calices ; enfin ces calices jaunissent, se dessechent et tombent à leur tour.

Les boutons à fruit qui ne se rencontrent que sur les individus femelles, sont placés dans les mêmes endroits, et ne contiennent ordinairement que trois fleurs disposées en treffle, ou quatre, dont il y en a une plus relevée que les autres, et qui forment un triangle autour du pédicule. Toutes ces fleurs ne viennent pas à bien ; il y en a qui périssent avant que de former leur fruit ; c'est ce qui fait qu'on voit quelquefois des fruits qui sont seuls, ou deux-à-deux.

Ces boutons commencent à s'ouvrir dans le mois de Mars : quand ils sont tout à fait ouverts, on aperçoit les jeunes fruits ou les embryons surmontés de quatre pétales, dont ils paraissent ensuite être comme couronnés. Ces pétales tombent dans le mois de Juin, et l'on voit alors les fruits gros comme des grains de chenevi, renfermant l'amande dans le centre. Ces fruits continuent à grossir dans le mois de Juillet et d'Aout ; ils mûrissent en Septembre et Octobre, et on les peut semer en Février et Mars.

Toutefais comme le plus grand nombre des plantes est hermaphrodite, on ne saurait assurer qu'il ne se trouve jamais de fruit sur des guis mâles, ou quelques fleurs sur des guis femelles. Tout ce qu'un observateur peut dire, c'est qu'il n'en a pas vu.

Erreurs des anciens sur le gui. Telle est l'origine, l'accroissement du gui, sa fructification, et la différence du sexe de cette plante : c'est aux recherches des modernes qu'on en doit les connaissances, les anciens n'en avaient que de fausses.

Ils ont regardé le gui comme une production spontanée, provenant ou de l'extravasation du suc nourricier des arbres qui le portent, ou de leur transpiration ; en conséquence ils lui ont refusé des racines. Ceux qui l'ont fait venir de semences, ont imaginé qu'elles étaient infructueuses, à-moins qu'elles n'eussent été mûries dans le corps des oiseaux. Ils ont créé des plantes différentes, des côtés ou des parties d'arbres sur lesquels croit le gui : de-là vient qu'ils ont nommé stelis ou ixia le gui attaché sur le bois du côté du nord, et hyphear celui qui est attaché du côté qui regarde le midi. C'est ce qu'on lit dans Pline, lib. XVI. ch. xxx.

La distinction qu'ils ont encore tiré de la variété des arbres sur lesquels il vient pour en former différentes espèces, n'a pas un fondement plus solide ; comme si une plante cessait d'être la même, parce qu'elle croit dans des terrains différents. Mathiole a beau répéter, d'après Théophraste, que le gui de chêne, du roure, du châtaignier, perd ses feuilles à l'approche de l'hiver ; il n'a répété qu'une fausse observation, ainsi que nous l'avons dit ci-dessus.

Malpighi s'est bien gardé de tomber dans aucune de ces diverses erreurs. Cet admirable observateur en tout genre, qui ne s'en tenait point aux apparences ni aux idées des autres, mais qui cherchait à voir, et qui rapportait après avoir bien vu, a décrit très-exactement, quoiqu'en peu de mots, la semence du gui, sa germination et ses racines. M. de Tournefort ne nous a rien appris de plus, que ce qu'avait enseigné l'ami et le médecin d'Innocent XII. et il parait même s'être trompé sur la description des embryons qui forment le fruit du gui femelle. (D.J.)

GUI, (Med. et Mat. med.) Si le gui touche la curiosité des Botanistes, je ne lui connais aucun point de vue qui puisse intéresser le médecin. Il est vrai que cette plante parasite passait autrefois pour une panacée ; mais ces préjugés émanés de la superstition gauloise, doivent cesser aujourd'hui. Cependant on n'ignore pas les grandes vertus que quelques auteurs continuent de lui assigner ; les uns le louent pour chasser la fièvre quarte, pour provoquer les règles, pour tuer les vers des enfants ; et d'autres le recommandent dans plusieurs remèdes externes, emplâtres et onguents, pour mûrir ou pour résoudre les tumeurs.

Je sai qu'un docteur anglais nommé Colbatch, a fait un discours sur cette plante, dans lequel il a transcrit les merveilles que Pline, Galien et Dioscoride lui ont attribuées ; il la vante comme eux dans toutes les espèces de convulsions, dans le vertige, l'apoplexie, la paralysie ; et pour comble de ridicule, il donne la préférence au gui du naisettier sur celui du chêne. On retrouve toutes ces sottises dans d'autres ouvrages ; mais l'entière inutilité du gui en Médecine, et du plus beau gui de chêne qui soit au monde, n'en est pas moins constatée par l'expérience ; et dans le fond d'où tirerait-il son mérite, que des arbres dont il se nourrit ?

Il y a même en particulier du danger à craindre dans l'usage des baies du gui ; leur acreté, leur amertume et leur glutinosité, les font regarder comme une espèce de poison. L'on prétend qu'employés intérieurement, elles purgent par le bas avec violence, et causent une grande inflammation dans l'estomac et les intestins. On comprend sans peine que l'acreté, la figure et la glu de ces baies, sont très-propres à produire les mauvais effets dont on les accuse, en s'attachant fortement aux viscères et en les irritant : c'est néanmoins à l'expérience à décider. Mais au cas qu'on eut fait usage de ces baies en quelque quantité, soit par malheur ou par des conseils imprudents, un bon et simple remède serait d'avaler peu-à-peu une grande abondance d'eau tiede, pour laver insensiblement cette glu, et faciliter par ce moyen l'expulsion des baies hors du corps.

On composait jadis avec les baies de gui le viscum aucupum, ou la glu des aiseleurs ; mais présentement on a abandonné cet usage. On fait la bonne glu avec l'écorce de houx. Voyez GLU. (D.J.)

GUI ou GUY, (Marine) c'est une pièce de bois ronde et de moyenne grosseur ; on y amarre le bas de la voîle d'une chaloupe et de quelques autres petits bâtiments. Il tient la voîle étendue par le bas, et vient appuyer contre le mât. C'est proprement une vergue qui est au-bas de cette sorte de voîle ; au lieu que les vergues sont par le haut dans les voiles à trait carré. (Z)