S. f. (Histoire naturelle, Botanique) lactuca, genre de plante à fleur, composée de plusieurs demi-fleurons, portés chacun sur un embryon, et soutenus par un calice écailleux, grêle et oblong. L'embryon devient dans la suite une semence garnie d'une aigrette. Ajoutez aux caractères de ce genre le port de la plante entière. Tournefort, Inst. rei herbariae. Voyez PLANTE.

Le mot de laitue, en français comme en latin, vient du suc laiteux que cette plante répand, quand on la rompt. Tournefort compte 23 espèces de laitues, et Boerhaave 55, dont la plupart sont cultivées, et les autres sont sauvages.

La laitue que l'on cultive et que l'on forme, est très-variée en grosseur, en couleur, ou en figure. Elle est blanche, noire, rouge, pommée, crépue, lisse, découpée. De-là vient le nombre étendu de ses différentes espèces, entre lesquelles il y en a trois principales d'un usage fréquent, soit en aliment, soit en guise de remède ; savoir, 1°. la laitue ordinaire qui n'est point pommée, lactuca sativa, non capitata, des Botanistes ; 2°. la laitue pommée, lactuca capitata ; 3°. la laitue romaine, lactuca romana, dulcis.

La laitue commune, qui n'est point pommée, a la racine ordinairement longue, annuelle, épaisse et fibreuse. Ses feuilles sont oblongues, larges, ridées, lisses, d'un verd-pâle, remplies d'un suc laiteux, agréable quand elle commence à grandir, et amer quand elle vieillit. Sa tige est ferme, épaisse, cylindrique, branchue, feuillée, haute d'une coudée et demie, et plus. Ses rameaux sont encore divisés en d'autres plus petits, chargés de fleurs, et écartés en manière de gerbes. Ses fleurs sont composées de plusieurs demi-fleurons, jaunâtres, portés sur des embryons, et renfermés dans un calice écailleux, faible, oblong, et menu ; quand ces fleurs sont passées, il leur succede de petites semences garnies d'aigrettes, pointues par les deux bouts, oblongues, aplaties, cendrées. On la seme dans les jardins.

La laitue pommée a les feuilles plus courtes, plus larges, plus rondes à l'extrémité que celles de la laitue ordinaire, plates, lisses, et formant bientôt une tête arrondie de la même manière que le choux. Sa graine est semblable à celle de la précédente, mais noire. On seme cette laitue pendant toute l'année dans les potagers. On l'arrache quand elle est encore tendre, et on la transplante dans des terres bien fumées. Par-là ses feuilles deviennent plus nombreuses, et mieux pommées. Quand elle est panachée de blanc, de pourpre et de jaune, on l'appelle laitue panachée ou laitue de Silésie, lactuca sativa, maxima, Austriaca, capitata, variegata, I. R. H. 473.

La laitue romaine, dite chicons par le vulgaire, a la feuille plus étroite et plus longue, plate, sans rides et sans bosselures, peu sinuée, et garnie en-dessous de petites épines le long de la côte. Sa fleur et sa tige sont semblables à celles de la laitue ordinaire ; mais ses graines sont noires. On lie ensemble ses feuilles avec de la paille, quand elles grandissent, ce qui les rend très-blanches et plus tendres que les autres.

Les Botanistes connaissent aussi plusieurs sortes de laitues sauvages ; l'ordinaire, nommée simplement lactuca sylvestris, a la racine plus courte et plus petite que celle de la laitue cultivée. Ses feuilles sont placées sans ordre ; elles sont oblongues, mais petites, étroites, sinuées et découpées profondément des deux côtés, armées d'épines un peu rudes le long de la côte qui est au-dessous, et remplies d'un suc laiteux. Sa tige est au moins haute d'une coudée, elle est épineuse à son commencement, et partagée à son sommet en plusieurs petits rameaux, chargés de petites fleurs jaunes semblables à celles de la laitue des jardins. Quand ces fleurs sont tombées, il leur succede des semences garnies d'aigrettes et noirâtres. On trouve cette laitue dans les haies, sur les bords des chemins, dans les vignes et les potagers ; elle fleurit en Juin et Juillet. Elle est d'usage en Médecine, et parait plus détersive que la laitue cultivée ; son suc est hypnotique.

Il est fort surprenant que la laitue, plante aqueuse et presque insipide, donne dans l'analyse une si grande quantité de sel urineux, qu'on en tire davantage que de beaucoup d'autres plantes bien plus savoureuses. Son sel essentiel nitreux se change presque tout, par le moyen du feu dans la distillation, en un sel alkali, soit fixe, soit volatil.

Au reste, les laitues ont toujours tenu le premier rang parmi les herbes potageres ; les Romains en particulier en faisaient un de leurs mets favoris. D'abord ils les mangeaient à la fin du repas ; ensuite, sous Domitien, cette mode vint à changer, et les laitues leur servirent d'entrée de table. Elles sont agréables au gout, elles rafraichissent, humectent, fournissent un chyle doux, délayé, fluide ; elles modèrent l'acrimonie des humeurs par leur suc aqueux et nitreux. En conséquence, elles conviennent aux tempéraments bilieux, robustes et resserrés. Auguste, attaqué d'hypocondrie, se rétablit par le seul usage des laitues, d'après le conseil de Musa son premier médecin, à qui le peuple romain, dit Suétone, fit dresser pour cette cure une belle statue auprès du temple d'Esculape.

Les Pythagoriciens croyaient que les laitues éteignaient les feux de l'amour ; c'est pourquoi Callimaque assure que Venus, après la mort d'Adonis, se coucha sur un lit de laitues pour modérer la violence de sa passion ; et c'est par la même raison qu'Eubalus le comique appelle cette herbe la nourriture des morts. (D.J.)

LAITUE, (Jardinage) la culture de cette plante, dont il se fait une si grande consommation, a été épuisée en France par la Quintinie, Chomel, Liger, l'auteur de l'Ecole du potager, etc. et en Angleterre par Bradley et Miller ; nous y renvoyons les curieux.

Nous remarquerons seulement que la graine de toutes sortes de laitues est aisée à recueillir, mais l'embarras est de l'avoir bonne. Il faut d'abord préférer celle des laitues qui ont été semées de bonne-heure au printemps, ou qui ont passé l'hiver en terre. Quand vos laitues montent en fleurs, on choisit les pieds dont on veut avoir la graine ; on les accôte les uns après les autres tout debout contre les lattes des contre-espaliers, où on les laisse bien mûrir et dessécher ; ensuite on les coupe, et on les étend sur un gros linge, dans un lieu sec, pour faire encore ressécher les graines. On bat la plante quand la graine est bien seche, on la nettoie de sa bâle, on la serre dans un endroit où les souris et la vermine n'aient point d'accès, en mettant chaque espèce de graine à part. Malgré ces précautions, il arrive souvent que les graines bien recueillies, bien choisies, sans mélange, bien séchées, bien conservées, dégénèrent si on les reseme dans le même jardin où elles ont été recueillies ; c'est pourquoi il faut avoir un correspondant assuré, qui recueille comme vous tous les ans la graine dont vous avez besoin, et en faire un échange avec lui ; tous les deux y trouveront leur avantage. Cette dernière observation mérite l'attention des Fleuristes, qui doivent surtout la mettre en pratique pour les fleurs qu'ils cultivent. (D.J.)

LAITUE, (Diète et Matière médicale) on connait assez les usages dietetiques des différentes espèces de laitues que nous cultivons dans nos jardins : on les mange en salade, on les fait entrer dans les potages et dans plusieurs ragouts ; on sert encore la laitue cuite à l'eau et convenablement assaisonnée sous différentes viandes rôties.

La laitue est fade et très-aqueuse ; elle fournit donc un aliment peu stimulant qui convient par conséquent aux estomacs chauds et sensibles ; par une suite des mêmes qualités, elle doit rafraichir, tenir le ventre libre, disposer au sommeil, etc. surtout lorsqu'on la mange crue et en grande quantité, comme les gens du peuple le font presque journellement à Paris pendant l'été : car il est bien difficîle d'évaluer l'effet de quelques feuilles de laitue mangées en salade dans un repas composé de différents mets. La laitue cuite mangée avec le potage ou avec les viandes, ne peut presque être regardée que comme une espèce d'éponge chargée de jus ou de bouillon.

Ses propriétés medicinales se réduisent aussi à rafraichir et à relâcher, ou, ce qui est la même chose, la laitue est vraiment diluante et émolliente. Voyez DILUANT et ÉMOLLIENT.

C'est à ce titre qu'on fait entrer ses feuilles dans les bouillons et les apozemes rafraichissants, dans les lavements émolliens et relâchans, dans les décoctions émollientes destinées à l'usage extérieur, dans les cataplasmes, etc.

Les Médecins ont observé depuis longtemps une vertu narcotique dans les laitues. Galien rapporte que dans sa vieillesse il ne trouva point de meilleur remède contre les insomnies, auxquelles il fut sujet, que de manger des laitues le soir, soit crues, soit bouillies.

Le même auteur avance que le suc exprimé de laitue, donné à la dose de deux onces, est un poison mortel, quoique les feuilles prises en une beaucoup plus grande quantité qu'il n'en faut pour en tirer ce suc, ne fassent aucun mal. Cette prétention, que les Médecins ont apparemment divulguée, car elle est en effet fort connue, est démentie par l'expérience.

Les laitues ont passé pour diminuer la semence et le feu de l'amour ; on les a accusées aussi d'affoiblir la vue si l'on en faisait trop d'usage ; mais ce sont encore ici des erreurs populaires.

Les semences de laitue, qui sont émulsives, sont comptées parmi les quatre semences froides mineures. Voyez SEMENCES FROIDES.

On conserve dans les boutiques une eau distillée de laitue qui n'est bonne à rien. Voyez EAUX DISTILLEES.

Les feuilles de laitue entrent dans l'onguent populeum ; ses semences dans le syrop de jujube, dans celui de tortue et dans le requies Nicolai. (b)