S. m. (Histoire naturelle, Botanique) crocus ; genre de plante à fleur liliacée et monopétale ; la partie inférieure est en forme de tuyau qui a un pédicule : ce tuyau s'évase par le haut, et il est divisé en six parties. Le pistil s'élève du fond de cette fleur, et il se divise en trois filaments, terminés par une sorte de tête et par une aigrette. Le calice de la fleur devient dans la suite un fruit oblong, qui a trois angles et trois loges, et qui renferme des semences arrondies. Ajoutez aux caractères de ce genre que la racine est composée de deux tubercules, dont l'un est plus petit que l'autre. Le plus gros se trouve placé au-dessous du plus petit, et il est charnu et fibreux. Ces deux tubercules sont recouverts d'une enveloppe membraneuse. Tournefort, inst. rei herb. Voyez PLANTE.

La plante dont on tire ces filaments, est nommée crocus ou crocus sativus, par tous les Botanistes. Sa racine est tubéreuse, charnue, de la grosseur d'une naisette, et quelquefois d'une noix, blanche, douce, double, dont la supérieure est plus petite, l'inférieure plus grosse et chevelue. Elles sont revêtues l'une et l'autre de quelques tuniques arides, roussâtres et en forme de réseau. De cette racine sortent sept ou huit feuilles, longues de 6 et même de 9 pouces, très-étroites et d'un verd foncé. Parmi ces feuilles s'élève une tige courte, qui soutient une seule fleur en lys, d'une seule pièce, blanche, fistuleuse par sa partie inférieure, et divisée en six segments arrondis, de couleur gris-de-lin.

Il sort du fond de la fleur trois étamines, dont les sommets sont jaunâtres, et un pistil blanchâtre qui se partage comme en trois branches, larges à leur extrémité supérieure, et découpées en manière de crête, charnue, d'un rouge foncé, et comme de couleur vive d'oranger, lesquelles sont appelées par excellence du nom de safran. L'embryon qui soutient la fleur, se change en un fruit oblong, à trois angles, partagé en trois loges qui contiennent des semences arrondies.

Le safran croit dans la plupart des pays, soit chauds, soit froids, en Sicile, en Italie, en Hongrie, en Allemagne, en Irlande, en Angleterre, dans plusieurs provinces de la France, dans la Guienne, dans le Languedoc, aux environs d'Orange, dans la Normandie et le Gâtinais. Le safran du Gâtinais et d'Angleterre passe pour le meilleur du monde, et on le préfère, avec raison, à l'oriental.

Le safran se multiplie commodément et communément par le moyen de ses bulbes, qui croissent tous les ans en grande quantité ; car lorsqu'on en seme la graine, il est plus longtemps à venir. On plante ses bulbes au printemps, dans des sillons égaux et éloignés les uns des autres de six pouces. Ces bulbes ne produisent que des feuilles dans l'année où elles ont été plantées, et des fleurs l'année suivante au mois d'Octobre. Les fleurs ne durent qu'un ou deux jours après leur épanouissement. Quand elles sont tombées, il sort des feuilles qui sont vertes pendant l'hiver : elles sechent, se perdent au printemps, et ne paraissent jamais pendant l'été.

Il arrive de-là qu'aussitôt que les fleurs du safran s'épanouissent, on les cueille au lever, ou au coucher du soleil, et on sépare les filaments du milieu de la fleur ; ensuite on les nettoie bien, on les seche et on les garde. Quelques jours après la première cueillette il s'élève de nouvelles fleurs, on les cueille de nouveau, cette opération dure près de 30 jours.

Au mois d'Octobre, lorsque la plante fleurit, la racine n'est composée que d'une bulbe ; le printemps et l'été suivant, elle en a deux l'une sur l'autre. Car lorsque les feuilles croissent au commencement de la belle saison, la partie supérieure de la racine d'où sortent les feuilles, croit aussi dans le même temps, jusqu'à ce qu'elle soit aussi grosse l'été que l'est la bulbe mère ; alors ayant acquis une constitution solide, pleine et succulente, la bulbe mère devient languissante, sans suc, flasque, et disparait entièrement dans le cours de l'automne : c'est l'image de la vie humaine.

Après que les fleurs sont passées, on retire les bulbes de la terre sur la fin d'Octobre ; on les garde dans un lieu sec sans les couvrir de terre ; on les tient éloignées des rayons du soleil de peur qu'elles ne se sechent, et cependant afin qu'elles murissent davantage, ce que l'on connait quand les feuilles se fannent. Au retour du printemps, on les plante de nouveau dans la terre.

Il est peu de plantes d'un aussi grand usage que le safran ; ses fleurs sont agréables à la vue et à l'odorat. Son pistil est considéré comme une chose précieuse ; il entre dans les apprêts de cuisine ; il sert aux peintres en miniature ; il fournit aux teinturiers une très-belle couleur, et les Médecins l'emploient dans plusieurs maladies. La fanne même et les pétales du safran servent dans les pays où on le cultive, à faire du fourrage pour les bestiaux.

Mais le safran, semblable aux plantes les plus précieuses, est tendre, délicat, et ne peut être conservé que par des soins proportionnés à ses usages ; aussi est-il attaqué de plusieurs maladies, qui toutes ensemble tendent à le détruire : cependant il n'en éprouve aucune plus dangereuse, ni qui lui soit plus nuisible, que celle que les habitants du Gâtinais appellent la mort. En effet, elle tue infailliblement le safran ; et de plus elle parait contagieuse, et toujours en rond. D'une première plante attaquée, le mal se répand à celles d'alentour, selon des circonférences circulaires, et qui augmente toujours. On ne peut arrêter le mal que par des tranchées que l'on fait dans le champ pour empêcher la communication, à-peu-près comme dans une peste. C'est dans le printemps, dans le temps de la seve, et lorsque le safran devrait avoir plus de force pour résister au mal, qu'il souffre ses plus grands ravages.

Comme il peut causer des dommages considérables, M. du Hamel, à qui d'ailleurs la simple curiosité de physicien aurait pu suffire, en étudia l'origine, et après un nombre de recherches, car il est très-rare que les premières aillent droit au but, il la découvrit.

Une plante parasite, qui ne sort jamais de terre, et ne s'y tient guère à-moins de demi-pié de profondeur, se nourrit aux dépens de l'oignon du safran qu'elle fait périr, en tirant toute sa substance. Cette plante est un corps glanduleux ou tubercule, dont il sort des filaments violets, velus et menus comme des fils, qui sont ses racines ; ces racines produisent encore d'autres tubercules, et puisque les plantes qui tracent, tracent en tous sens, et que celle-ci ne peut que tracer, on voit évidemment pourquoi la maladie du safran s'étend toujours à la ronde. Aussi quand M. du Hamel examina un canton de safrants attaqués, il trouva toujours les oignons de ceux qui étaient au centre plus endommagés, plus détruits, et les autres moins, à proportion de leurs distances.

On voit pareillement pourquoi des tranchées rompent le cours du mal ; mais il faut qu'elles soient au moins profondes de demi-pié. Les laboureurs avaient trouvé ce remède sans le connaître, et apparemment sur la seule idée très-confuse de couper la communication d'une plante de safran à une autre. Il faut prendre garde de ne pas renverser la terre de la tranchée sur la partie saine du champ, on y renverserait la plante funeste.

M. du Hamel a observé qu'elle n'attaque pas seulement le safran, mais encore les racines de l'hyeble, du coronilla flore vario, de l'arrête-bœuf, les oignons de muscari, et elle les attaque, tandis qu'elle ne touche pas au blé, à l'orge, etc. Ce n'est pas tant, comme on le pourrait croire, parce qu'elle fait un certain choix de sa nourriture, que parce qu'il lui est impossible à cause de la profondeur où elle se tient, de rencontrer des plantes dont les racines ou les oignons, ne sont qu'à une profondeur moindre. Histoire de l'acad. 1728. (D.J.)

SAFRAN, (Chimie, Diete et Mat. méd.) ses filaments blanchâtres ou d'un jaune pâle par une de leur extrémité, et d'un rouge orangé ou purpurin par l'autre, d'une odeur assez agréable quoique forte, d'une saveur amère, etc. que tout le monde connait sous le nom de safran, sont les étamines des fleurs d'une plante à qui appartient proprement le nom de safran ; mais d'après un usage fort reçu, on a transporté le nom de la plante à la seule de ses parties dont on fasse usage, comme on dit blé au lieu de semence de blé ; navets, au lieu de racines de navets, &c.

On doit choisir le safran récent, en filets larges, rouges, flexibles et gras au toucher, quoique sec, d'une odeur très-aromatique, et on doit rejeter celui qui est pâle et en brins menus, trop secs, peu odorants, ou noirâtre, et ayant l'odeur demoisi. On doit outre cela, monder pour l'usage le safran choisi de la partie de ses filets qui est blanche ou jaunâtre.

Le safran contient un principe aromatique très-abondant, très-expansible, et capable de parfumer une grande quantité d'eau, d'esprit-de-vin, d'huîle par expression, etc.

Le safran contient aussi une partie colorante extrêmement divisible, et dont une très-petite portion peut teindre une quantité très-considérable de liquide aqueux ou spiritueux ; car cette substance est également soluble par ces deux menstrues, et n'est point miscible au menstrue huileux.

Enfin le safran contient une matière fixe, qui est également soluble par l'esprit-de-vin et par l'eau ; en sorte que l'extrait de safran peut également s'obtenir par l'application convenable de l'un ou de l'autre de ces menstrues.

M. Cartheuser observe que le safran ne donne point d'huîle essentielle ; ou du-moins qu'il n'a jamais retiré un pareil principe du safran ; car quant à ce que cet auteur ajoute, que si on le distille en une quantité considérable, celle d'une livre par exemple, on pourra obtenir jusqu'à une dragme et demie d'huîle essentielle très-aromatique et très-pénétrante ; il ne rapporte ce fait que sur un témoignage d'autrui, sur un oui-dire.

Selon le même auteur, une once de bon safran donne environ six gros et demi de cette matière également soluble par l'esprit-de-vin et par l'eau dont nous avons déjà parlé, et qui est d'une nature véritablement singulière, ayant, lorsqu'elle n'est rapprochée qu'en consistance médiocrement épaisse, l'aspect d'une huîle très-rouge, une odeur très-pénétrante, une saveur amère aromatique très-vive, et étant capable d'être entièrement redissoute, non seulement dans l'eau et dans l'esprit-de-vin, mais même dans l'huile, s'il en faut croire Boerhaave. C'est principalement cette miscibilité à l'huîle qui, si elle est réelle, constitue la véritable singularité de cette substance ; en sorte que Boerhaave, qui est prodigieusement enclin à voir dans tous les produits et les phénomènes chymiques, des merveilles, des nouveautés, des prodiges, est pardonnable d'avoir trouvé cet extrait de safran, prorsus singulare quid, quoiqu'il eut bien pu se passer de commenter cette assertion en observant que cet extrait n'était ni une huile, ni un esprit, ni une gomme, ni une résine, ni une gomme résine, ni une cire, ni un baume.

Le safran est employé dans les cuisines à titre d'assaisonnement, chez quelques peuples de l'Europe, fort peu en France, du-moins dans les bonnes tables ; mais il est généralement employé comme remède. Il est même placé à ce titre dans le rang le plus distingué. Il est célébré du consentement unanime des Médecins, comme un remède des plus précieux, des plus efficaces, une panacée, ou remède universel. Il a été appelé or végétal, aromate des Philosophes. Boerhaave croit qu'il est le véritable aroph de Paracelse ; ce dernier mot n'est que l'abréviation d'aroma philosophorum.

Les qualités du safran plus reconnues, et pour lesquelles il est plus communément employé, sont les qualités cordiales, stomachiques, utérines, antispasmodiques, apéritives, pectorales, anodines, cicatrisantes.

On le mêle très-communément dans les opiates et les autres compositions cordiales, stomachiques, et surtout dans les emmenagogues et hystériques. On l'a souvent mêlé à l'opium, soit dans des compositions officinales, soit dans les prescriptions magistrales. Geoffroi doute si cette addition modere l'effet de l'opium, ou si elle l'augmente.

Entr'autres vertus attribuées au safran, mais beaucoup moins constatées que celles dont nous venons de parler, on doit compter sa qualité pectorale, sa vertu specifique contre la jaunisse, sa qualité lythontriptique, et sa vertu alexipharmaque.

La vertu emmenagogue et hystérique du safran nous parait aussi beaucoup mieux prouvée par l'observation que par l'expérience d'Amatus Lusitanus, qui rapporte qu'une femme ayant pris pendant sa grossesse un médicament qui contenait du safran, accoucha de deux filles teintes de couleur jaune ; et par celle de J. F. Hertode, qui rapporte dans sa crocologie, qu'ayant mêlé pendant quelque temps du safran dans les aliments dont il nourrissait une chienne pleine, il trouva la liqueur de l'amnios et la peau des petits chiens teinte de jaune, tandis que le chyle contenu dans les veines lactées avait sa couleur blanche ordinaire ; circonstance que M. Cartheuser trouve digne de remarque, et qui prouverait en effet que le safran a une certaine tendance vers la matrice, si cette expérience était réitérée et suffisamment retournée ; car unique et isolée comme elle est, elle ne prouve certainement rien, et ne produit pas même une forte présomption.

Le safran est employé extérieurement comme fortifiant, tonique, résolutif, détersif ; on le mêle assez communément au cataplasme de mica panis que l'on veut animer. Il est fort usité dans les collyres, et surtout dans ceux qu'on emploie comme préservatifs dans la petite vérole et la rougeole.

Les qualités pernicieuses du safran n'ont pas été moins observées, ni peut-être moins exagérées que ses vertus. Ce qu'on a dit de plus sage, c'est qu'il fallait n'user de ce remède que modérément et à propos ; car cette circonspection est nécessaire dans l'administration de tous les remèdes actifs et véritablement efficaces. Sa dose a été fixée pour l'usage intérieur à un scrupule, ou tout au plus à un demi-gros en substance, et celle de sa teinture et de son extrait à proportion. Une plus haute dose a été regardée de tous les temps par les plus graves auteurs comme mortelle.

L'odeur du safran est généralement reconnue pour narcotique et enyvrante. Mille observations, soit écrites, soit répandues par tradition, prouvent que des personnes qui avaient respiré cette odeur très-concentrée, qui ont été enfermées par exemple, dans des magasins où il y avait une grande quantité de safran, qui se sont couchées sur une balle de safran, etc. que ces personnes, dis-je, ont contracté des maux de tête très-graves, quelquefois même incurables, ont eu l'esprit troublé, ont été attaquées d'un ris excessif et involontaire, et même sont mortes. Cette vertu singulière de produire le ris a été aussi attribuée à son usage intérieur, et elle a été mise au nombre de ses propriétés salutaires, pourvu qu'on la contint dans de justes bornes par une administration ménagée. Boerhaave s'en explique ainsi : moderato usu verum exhibet exhilarants. C'est dommage que cette qualité ne soit pas mieux constatée. Les expériences qui conduiraient à une vraie conviction n'ont certainement rien de rebutant.

Le safran est employé dans un très-grand nombre de préparations officinales, tant destinées à l'usage intérieur qu'à l'usage extérieur ; il est surtout un des principaux ingrédiens de l'élixir de propriété de Paracelse, de l'élixir de Garus, et des pilules de Rufus. Nous citons ces remèdes par préférence, parce qu'étant très-peu composés, l'efficacité du safran y est plus sensible et plus réelle. Voyez ces articles.

Le safran donne son nom à un emplâtre, savoir l'emplâtre oxicroceum, que nous avons décrit à l'article EMPLATRE. Voyez cet article. (b)

SAFRAN BATARD, (Botanique) par les anciens, kartan par les Arabes, et carthamus par les Latins ; c'est cette espèce de safran nommé carthamus officinalis, flore croceo, I. R. H. 457. Cnicus sativus, sive carthamum, C. B. P. 378.

La tige de cette plante est haute d'une coudée et demi, cylindrique, ferme, branchue, garnie de feuilles alternes, et en grand nombre, longues de deux pouces, larges de huit lignes, arrondies à leur base, et embrassant la tige, terminée en pointe aiguë, garnies de côtes et de nervures, lisses, et ayant à leur bord de petites épines un peu roides. Les fleurs naissent en manière de tête à l'extrémité des rameaux. Leur calice est composé d'écailles et de petites feuilles, duquel s'élèvent plusieurs fleurons, longs de plus d'un pouce, d'un beau rouge de safran, foncés et découpés en cinq parties.

Les embryons des graines n'ont point d'aigrettes ; et lorsqu'elles sont parvenues à leur maturité, elles sont très-blanches, lisses, luisantes, longues de trois lignes, plus pointues à l'extrémité inférieure, marquées de quatre angles ; elles contiennent sous une écorce un peu dure, et comme cartilagineuse, une espèce d'amande blanchâtre, d'une saveur d'abord douçâtre, ensuite âcre, et qui cause des nausées.

Les fleurs paraissent dans le mois d'Aout ; les graines sont mûres en automne. On cultive cette plante dans quelques provinces de France, d'Italie et d'Espagne, non-seulement pour l'usage de la Médecine, mais encore pour la teinture.

On estime les graines récentes, luisantes, blanches, quoique quelques-uns ne rejettent pas celles qui tirent sur le roux, celles dont la moèlle est blanche, grasse, et qui étant jetées dans l'eau, vont au fond ; mais il ne faut jamais employer celles qui sont flasques,moisies, cariées, rousses. On ne se sert que de la moèlle, et on rejette l'écorce.

La graine de carthame, que quelques-uns appellent aussi graine de perroquet, parce que les perroquets la mangent avec avidité, et s'en engraissent sans en être purgés, est un purgatif pour les hommes. Elle est remplie d'une huîle âcre, à laquelle on doit rapporter sa vertu purgative. Les Médecins la donnent en émulsion ; quelques-uns la mêlent avec des décoctions, et tous tâchent d'en corriger les défauts par des remèdes aromatiques ou stomachiques ; mais le plus sur est de n'en point faire usage. (D.J.)

SAFRAN BATARD, voyez CARTHAME.

SAFRAN DES INDES, (Botanique exotique) Le safran, ou souchet des Indes, est appelé crocus indicus, Arabibus curcuma par Bontius. C'est une petite racine oblongue, tubéreuse, noueuse, de couleur jaune, ou de safran, et donnant la couleur jaune aux liqueurs dans lesquelles on l'infuse ; son goût est un peu âcre et amer ; son odeur est agréable, approchante de celle du gingembre, mais elle est plus faible.

La plante qui pousse cette racine, est nommée par Bontius, curcuma foliis longioribus et acutioribus ; et dans le jardin de Malabar, maniella kua. Tournefort a fait une erreur en la rangeant parmi les espèces de cannacorus ; M. Linnaeus la caractérise ainsi :

Son calice est formé par plusieurs spates partiales, simples, et qui tombent ; la fleur est un pétale irrégulier, dont le tuyau est fort étroit. Le pavillon est découpé en trois parties, longues, aiguës, évasées et écartées. Le nectarium est d'une seule pièce, ovale, terminée en pointe, plus grande que les découpures du pétale, auquel il est uni dans l'endroit où ce pétale est le plus évasé. Les étamines sont au nombre de cinq, dont quatre sont droites, grêles, et ne portent point de sommets ; la cinquième, qui est plantée entre le nectarium, est longue, très-étroite, ayant la forme d'une découpure du pétale, et partagée en deux à son extrémité, près de laquelle se trouve le sommet. Le pistil est un embryon arrondi qui supporte la fleur, et pousse un stîle de la longueur des étamines, surmonté d'un stygma simple et crochu. Le péricarpe ou le fruit, est cet embryon qui devient une capsule arrondie à trois loges séparées par des cloisons ; cette capsule contient plusieurs graines.

La racine du safran des Indes meurit, et se retire de la terre après que ses fleurs se sont séchées. Cette plante est fort cultivée dans l'orient, pour l'usage de sa racine, qui sert à assaisonner la plupart des mets ; ils usent aussi des fleurs pour en faire des pommades dont ils se frottent le corps. On regarde encore le safran des Indes comme un grand remède pour provoquer les règles, faciliter l'accouchement, et surtout pour la guérison de la jaunisse. Enfin les Indiens l'emploient souvent dans la teinture.

Il y a une autre espèce de safran des Indes que l'on surnomme rond, et que les Portugais nomment raiz de safrao : on ne le trouve pas dans les boutiques. C'est une racine tubéreuse, un peu ronde, plus grosse que le pouce, compacte, charnue, chevelue au-dehors, jaune en-dedans. Cette racine étant coupée transversalement a différents cercles, jaunes, rouges, de couleur de safran, elle imite le safran et le gingembre par son goût et son odeur, qui sont cependant plus faibles que dans le curcuma long ; elle a aussi les mêmes vertus, mais plus faibles. Cette plante qu'on appelle curcuma radice rotundâ dans l'Hort. malab. a les feuilles, les fleurs et les fruits semblables à la précédente. (D.J.)

SAFRAN DES INDES, (Matière médicale) Voyez CURCUMA.

SAFRAN DE MARS, (Matière médicale) Voyez MARS.

SAFRAN DE L'ETRAVE, (Marine) pièce de bois qu'on attache depuis le dessous de la gorgère jusque sur le rinjot, et qui sert à faire venir le vaisseau au vent, lorsque par défaut de construction, il y vient difficilement. Cela s'appelle donner la pince d'un vaisseau.

SAFRAN, (Charpentier) c'est la planche qui est à l'extrémité du gouvernail d'un bateau-foncet, sur laquelle sont attachées les barres qui soutiennent les planches de remplage. (D.J.)