larix, (Botanique) genre de plante à fleur en chaton, composée de plusieurs sommets et stérile. L'embryon nait entre les feuilles du jeune fruit et devient une semence foliacée, cachée sous les écailles qui sont attachées à l'axe et qui composent le fruit. Ajoutez aux caractères de ce genre que les feuilles naissent par bouquet. Tournefort, inst. rei. herb. Voyez PLANTE.

MELESE, s. m. larix, (Botanique) grand arbre qui se trouve communément dans les montagnes des Alpes, des Pyrénées, et de l'Apennin ; dans le Canada, dans le Dauphiné, en France, et particuliérement aux environs de Briançon. C'est le seul des arbres résineux qui quitte ses feuilles en hiver : il donne une tige aussi droite, aussi forte, et aussi haute que les sapins, avec lesquels il a beaucoup de ressemblance à plusieurs égards. La tête de l'arbre se garnit de quantité de branches qui s'étendent et se plient vers la terre ; les jeunes rameaux sont souples comme un osier, et tout l'arbre en général a beaucoup de flexibilité. Son écorce est épaisse, crevassée, et rouge en dedans, comme celle de la plupart des arbres résineux. Au commencement du printemps cet arbre a un agrément singulier : d'abord, les jeunes branches de la dernière année se chargent de fleurs mâles ou chatons écailleux, de couleur de soufre, rassemblés en un globule ; les fleurs femelles paraissent ensuite à d'autres endroits des mêmes branches : ce sont de petites pommes de pin, écailleuses, d'une vive couleur de pourpre violet, de la plus belle apparence : puis viennent les feuilles d'un verd tendre des plus agréables ; elles sont rassemblées plus ou moins en nombre de quarante ou soixante, autour d'un petit mamelon. L'arbre produit des cônes qui contiennent la semence ; ils sont en maturité à la fin de l'hiver, mais il faut les cueillir avant le mois de Mars, dont le hâle les fait ouvrir, et les graines qui sont très-menues et très-légères, tombent bien-tôt et se dispersent. Le melese est si robuste, qu'il résiste à nos plus grands hivers. Son accroissement est régulier ; il se plait dans les lieux élevés et exposés au froid, sur les croupes des hautes montagnes tournées au nord, dans des places incultes et stériles. Il vient aussi dans un terrain sec et léger ; mais il se refuse au plat pays, aux terres fortes, cretacées, sablonneuses, à l'argile, et à l'humidité. Il lui faut beaucoup d'air et de froid ; il n'exige aucune culture, lorsqu'il est placé à demeure.

Cet arbre n'est point aisé à multiplier : on ne peut en venir à bout qu'en semant ses graines après les avoir tirées des cônes : pour y parvenir on expose les cônes au soleil ou devant le feu ; on les remue de temps en temps ; les écailles s'ouvrent peu à peu, et les graines en sortent. On peut les semer dès le commencement de Mars ; mais la saison dans ce mois étant sujette aux alternatives d'une humidité trop froide, ou d'un hâle trop brulant, qui font pourrir ou dessécher les graines ; il vaut beaucoup mieux attendre les premiers jours d'Avril. Et comme cette graine lève difficilement, et que les plants qui en viennent, exigent des précautions pour les garantir des gelées pendant les premières années, il sera plus convenable de la semer dans des caisses plates ou terrines, que de les risquer en pleine terre. On le répète encore, et on ne peut trop le redire, il est très-difficîle de faire lever la graine de melese, et de conserver pendant la première année les jeunes plants qui en sont venus. Faites préparer un assemblage de terres de différentes qualités, en sorte pourtant que celles qui sont légères dominent ; ce mélange servira à emplir les caisses ou terrines jusqu'à un pouce près du bord. Après que les graines y seront semées, faites-les recouvrir d'un pouce de terreau très-pourri, très-léger, très-fin ; faites-les placer contre un mur, ou une palissade à l'exposition du levant, et recommandez de ne les arroser que modérément dans les grandes sécheresses ; les graines leveront au bout d'un mois ; prescrivez de nouveaux soins pour l'éducation des jeunes plants. La trop grande ardeur du soleil et les pluies trop abondantes, peuvent également les faire périr : on pourra les garantir du premier inconvénient en suppléant quelque abri, et les sauver de l'autre en inclinant les terrines pour empêcher l'eau de séjourner. Il faudra serrer les caisses ou terrines pendant l'hiver, et ne les sortir qu'au mois d'Avril lorsque la saison sera bien adoucie ; car rien de si contraire aux jeunes plants d'arbres résineux que les pluies froides, les vents desséchans, et le hâle brulant qu'on éprouve ordinairement au mois de Mars. On pourra un an après les mettre en pepinière ; dans une terre meuble et légère, vers la fin de Mars ou le commencement d'Avril, lorsqu'ils sont sur le point de pousser. On aura soin de conserver de la terre autour de leurs racines en les tirant de la caisse, de les garantir du soleil et des vents, jusqu'à ce qu'ils aient poussé, et de les soutenir et dresser avec des petites baguettes ; parce qu'ils s'inclinent volontiers et se redressent difficilement, si on les a négligés. Au bout de trois ans, on pourra les transplanter à demeure sur la fin du mois d'Octobre, lorsque les feuilles commencent à tomber. Ils réussissent rarement lorsqu'ils ont plus de deux pieds ; ou deux pieds et demi de hauteur, à-moins qu'on ne puisse les enlever et les transporter avec la motte de terre. Ces arbres viennent lentement pendant les cinq premières années ; mais dès qu'ils ont pris de la force, ils poussent vigoureusement, et souvent ils s'élèvent à 80 pieds. On peut les tailler et leur retrancher des branches sans inconvénient avec l'attention néanmoins d'en laisser à l'arbre plus qu'on ne lui en retranche.

Le bois du melese est d'un excellent service ; il est dur, solide, facîle à fendre. Il y en a de rouge et de blanc ; ce qui dépend de l'âge de l'arbre : le rouge est le plus estimé ; aussi est-ce le plus âgé. Il est propre aux ouvrages de charpente, et à la construction des petits bâtiments de mer ; on le préfère au pin et au sapin pour la menuiserie. Ce bois est d'une grande force et de très-longue durée ; il ne tombe pas en vermoulure ; il ne contracte point de gersure ; il pourrit difficilement, et on l'emploie avec succès contre le courant des eaux. Il est bon à bruler, et on en fait du charbon qui est recherché par ceux qui travaillent le fer. On se sert de l'écorce des jeunes meleses comme de celle du chêne, pour tanner les cuirs.

Le melese est renommé pour trois productions ; la manne, la résine, et l'agaric.

La manne que l'on trouve sur le melese, se forme en petits grains blancs, mollasses, glutineux, que la transpiration rassemble pendant la nuit sur les feuilles de l'arbre, au fort de la seve, dans les mois de Mai et de Juin. Les jeunes arbres sont couverts de cette matière au lever du soleil, qui la dissipe bientôt. Plus il y a de rosée, plus on trouve de manne ; elle est aussi plus abondante sur les arbres jeunes et vigoureux. C'est ce que l'on appelle la manne de Briançon, qui est la plus commune et la moins estimée des trois espèces de manne que l'on connait. On ne l'emploie qu'à défaut de celle de Syrie et de celle de Calabre.

On donne le nom de térébenthine, à la résine que l'on fait couler du melese, en y faisant des trous avec la tarière. On tire cette résine depuis la fin de Mai jusqu'à la fin de Septembre. Les arbres vigoureux en donnent plus que ceux qui sont trop jeunes ou trop vieux. Un melese dans la force de l'âge peut fournir tous les ans sept à huit livres de térébenthine pendant quarante ou cinquante ans. C'est dans la vallée de S. Martin et dans le pays de Vaud en Suisse, que s'en fait la plus grande récolte, et c'est à Briançon ou à Lyon qu'on la porte vendre. On trouvera sur ce sujet un détail plus circonstancié dans le traité des arbres de M. Duhamel, au mot Larix.

L'agaric est une espèce de champignon qui croit sur le tronc du melese. On croyait que cette production était une excraissance, une tumeur causée par la maladie, ou la faiblesse de l'arbre ; mais M. Tournefort considérant l'agaric comme une plante, l'a mise au nombre des champignons ; et M. Micheli a prétendu depuis avoir Ve dans l'agaric des fleurs et des semences. On distingue encore un agaric mâle, et un agaric femelle. On ne fait nul cas du premier ; mais le second est d'usage en Médecine : c'est un purgatif qui était estimé des anciens, et qui l'est fort peu à-présent. Voyez le mot AGARIC.

Outre le melese ordinaire auquel on doit principalement appliquer ce qui vient d'être dit, on connait encore quelques espèces de cet arbre, savoir :

Le melese à fruit blanc : c'est la couleur des petits cônes naissants qui en fait toute la différence. Ils sont d'un blanc très-éclatant, au lieu que ceux du melese ordinaire sont d'une couleur pourpre très-vive. On peut encore ajouter que les feuilles de l'espèce à fruit blanc, sont d'un verd plus clair et plus tendre.

Le melese de Canada, ou le melese noir : ses feuilles sont moins douces au toucher et d'un verd moins clair ; cet arbre est encore bien peu connu en France.

Le melese d'Archangel : tout ce qu'on en sait, c'est qu'il donne ses feuilles trois semaines plutôt que le melese ordinaire, et que ses branches sont plus minces et plus disposées par leur flexibilité à s'incliner vers la terre. M. D'AUBENTON le Subdélégué.

MELESE, (Matière médicale) cet arbre appartient à la matière médicale, comme lui fournissant une espèce de manne connue dans les boutiques sous le nom de manne de Briançon, ou de melese, et une espèce de térébenthine communément appelée térébenthine de Venise. Voyez MANNE et TEREBENTHINE. (b)