S. f. (Botanique) semence que les plantes fournissent pour la conservation et la propagation de l'espèce, après qu'elles ont produit leurs fleurs et leur fruit. M. Dodard définit la graine, un bourgeon de plante abrégée, accompagné d'une pulpe qui lui tient lieu de placenta. La graine est souvent le fruit même de la plante, comme dans la plupart des herbes potageres ; quelquefois elle n'est que la partie renfermée dans le fruit en forme de grain, de pepin, de noyau ; mais dans tous ces cas, c'est toujours elle qui sert à multiplier l'espèce.

L'anatomie des graines, leur variété externe et interne, les voies dont la nature se sert pour les semer, et le secret de leur végétation, seront à jamais l'objet des recherches et de l'admiration des Physiciens.

Grew, qui a fait tant de curieuses observations sur cette matière, a remarqué qu'en général les graines ont quatre enveloppes, dont la première s'appelle la capsule, qui ressemble quelquefois à une petite bourse, comme celle du cresson ; quelquefois c'est une gousse, comme celle des légumes ; quelquefois elle est divisée en deux, comme dans l'oseille et dans la renouée. La seconde et la troisième enveloppe s'appellent les peaux de la graine, principalement dans les fèves ; leur couleur varie depuis le blanc jusqu'au noir de jay. La quatrième et dernière enveloppe se peut nommer secondine, parce qu'elle est, pour ainsi dire, dans les plantes, ce que sont dans les animaux les membranes qui enveloppent le fétus : on la peut voir en enlevant fort adroitement les robes d'une fève nouvellement formée.

La figure des graines est tantôt semblable à celle d'un rein, comme dans cette espèce de fleur appelée papaver spumeum : tantôt elle est triangulaire, comme dans l'oseille et dans le sceau de Salomon ; quelquefois entre ronde et triangulaire, comme dans la menthe et dans la mélisse ; quelquefois elle est ronde-plate, comme dans les giroflées et les amaranthes ; quelquefois sphérique, comme dans les navets et dans le muguet des bois ; quelquefois ovale, comme dans le peigne de Vénus et dans les tithymales ; ou demi-ovale, comme dans l'anis et dans le fénouil ; ou demi-ronde, comme dans la coriandre.

On en trouve qui ont la forme d'une pique, comme dans la laitue ; ou d'un cylindre, comme dans les jacobées ; ou d'une pyramide, comme dans le bec de cicogne à feuilles de guimauve. Il y en a de lisses et polies, comme celles du scandix ; d'autres qui sont bouillonnées, comme celles de l'herbe aux mites ; d'autres qui sont remplies de petites fosses exagones semblables aux rayons de miel, comme celles des pavots, de la jusquiame, du muffle de veau, et du passerage ; d'autres qui sont percées comme des pierres ponces, telles que sont celles du grémil et du phalange de Candie.

La graine de plusieurs plantes mâles est huileuse, et cette graine n'est autre chose qu'une espèce de poussière de diverses couleurs, qui dans les fleurs tient au sommet des étamines ; elle est jaune dans le lis blanc, rouge dans le lis frisé, noire dans plusieurs espèces de tulipes ; toutes ces graines repoussent l'eau. Cela se voit fort bien dans la semence du pied de loup, lycopodium ; car si on en enduit le fond d'un verre, on s'apercevra que l'eau qu'on y verse reçoit une surface convexe, et qu'une goutte d'eau y parait sous la forme d'un globule rond : l'eau ne pénetrera pas un morceau de toîle ou de papier, si on a eu soin de les frotter auparavant comme il faut avec la graine de cette mousse terrestre.

Les peaux des graines de coignassier, de l'herbe aux puces, de la roquette, de la cameline, du cresson, du basilic, et de plusieurs autres, sont vernissées d'un mucilage qui s'évanouit quand elles sont seches.

Toutes les graines de plantes ont des enveloppes ou des étuis qui les mettent à couvert jusqu'à ce qu'elles soient jetées en terre ; on les retourne, on les mesure, on les entasse sans danger, parce qu'elles sont enveloppées et garanties : les unes naissent dans le cœur des fruits, comme les pepins des pommes et des poires ; d'autres viennent dans des gousses, comme les pais, les fèves, les graines de pavot, le cacao. Il y en a qui outre la chair du fruit ont encore de grosses coques de bois plus ou moins dures, comme les noix, les amandes des abricots, des pêches, et d'autres fruits, tant des Indes orientales que des Indes occidentales. Plusieurs par-dessus leur coque de bois ont un brou amer comme nos noix ; ou un fourreau hérissé de pointes, comme les châtaignes et les marrons d'Inde. Indépendamment des enveloppes extérieures, chaque graine a encore son épiderme ou sa peau, dans laquelle sont renfermés la pulpe et le germe.

Toutes ces choses frappent les yeux, et bien davantage encore, quand on regarde les plus petites graines avec la lentille ; car alors elles se montrent aussi différentes dans leur figure et dans leur caractère, que le sont tous les autres genres d'êtres de la création : mais si leur forme extérieure porte une si grande variété, leur structure interne étant artistement développée par des préparations et des sections, offre au microscope mille choses dignes d'admiration. Je suis fâché de n'en oser citer que quelques exemples.

La graine de l'angélique est une des plus odorantes du monde : ôtez-en la première pellicule, et vous découvrirez au microscope ce qui produit sa charmante odeur ; c'est une fine gomme ambrée, couchée par filets sur toutes les cannelures de cette semence.

Faites une section longitudinale au grand cardamome, qu'on appelle autrement graine de paradis, vous apercevrez d'abord une substance paisseuse noire, contenant une matière blanche en forme radiée, semblable à du sel très-blanc ; et c'est aussi probablement un mélange de sel volatil et de concrétion farineuse, du-moins sa structure étoilée et son goût piquant favorisent cette opinion. Mais ce dont on ne peut douter, et qui est encore plus curieux, le centre de chaque graine est rempli d'un petit morceau de camphre parfait, le même, à tous égards, que celui de nos boutiques ; il est toujours de la figure des bouteilles qui ont un ventre large et arrondi, avec un cou long et étroit.

La graine du grand érable, qu'on nomme improprement sycomore, presente au microscope un insecte qui a ses ailes étendues ; les ailes sont finement vasculaires, et les enveloppes couvertes d'un duvet blanc et soyeux contiennent une petite pelote ronde et compacte. Après avoir ôté la pellicule brune qui y est fermement attachée, on découvre une plante toute verte, singulièrement repliée ; le pédicule a environ 2/8, et chaque feuille séminale 6/8 de pouce de longueur : les germes y sont de la plus grande perfection.

La poussière des graines de la plupart des pavots étant exposée au microscope, est transparente comme la graine même, et lui ressemble entièrement.

La substance farineuse des fèves, des pais, du froment, de l'orge, et autres grains, est enfermée dans de petites membranes qui sont comme autant de petits sacs percés de trous à-travers desquels on peut voir la lumière, et qui paraissent des restes de vaisseaux coupés ; en sorte que probablement chaque particule de farine est nourrie par des vaisseaux dont on ne voit plus que des extrémités tronquées. Il est vraisemblable que toutes les graines farineuses sont formées de petits globules renfermés dans des membranes qui sont un amas de vaisseaux destinés à nourrir les divers globules qu'elles contiennent.

L'huîle des amandes et de toutes les graines oléagineuses, est contenue dans de petits vaisseaux qui vus au microscope, naissent des membranes dont ils font partie. Comme la substance oléagineuse reçoit son accroissement des vaisseaux qui sont dans les cellules, et que la plante se forme pendant le temps que la graine est en terre, les orifices sont formés de manière à admettre le passage intérieur de l'humidité qu'ils attirent en eux pendant leur séjour en terre : ainsi la graine doit enfler successivement, et faire croitre la plante en grosseur, jusqu'à ce que la racine soit devenue capable de lui fournir par elle-même la nourriture de la terre.

Le lecteur trouvera un nombre infini d'autres belles choses de ce genre, recueillies et décrites exactement par le docteur Parsons, dans son ouvrage intitulé A microscopic theatre of seeds. Je le cite en anglais, car nous n'avons pas été encore assez curieux pour le traduire en notre langue. Je remarquerai seulement en faveur de ceux qui voudront s'attacher à ces sortes d'observations, qu'elles demandent beaucoup d'adresse dans la dissection, et que la plupart des espèces de graines doivent être préparées pour l'examen microscopique en les trempant dans l'eau chaude, jusqu'à ce que leurs enveloppes soient enlevées ; et alors, par exemple, leurs feuilles séminales peuvent être ouvertes sans déchirement.

Ce n'est pas au hasard ni pour la simple vue qu'est fait l'appareil merveilleux des graines ; on sait aujourd'hui qu'il n'y a pas une seule plante dans le monde, grande, médiocre ou petite, qui puisse se produire sans graine, soit que la graine ait été mise dans les lieux mêmes où ces plantes naissent par la main du créateur ou de l'homme, soit qu'elle y ait été portée d'ailleurs au-travers de l'air par les pluies ou par les vents : il est vrai qu'on a été longtemps à chercher sans succès les graines des plantes capillaires, de plusieurs espèces de fucus, de plantes marines, de mousses, etc. mais l'industrie du XVIIe et du XVIIIe siècle, a découvert les graines de la plupart de ces plantes, et nous fait présumer que les autres n'en sont pas destituées.

Les graines de la fougère et des plantes capillaires, d'abord vues par Caesius, ont été pleinement démontrées par M. Guillaume Cole et par Swammerdam. Voyez FOUGERE. Les graines de quelques plantes marines ont été découvertes par le comte de Marsigli et par M. de Reaumur. Voyez l'histoire de l'académie des Sciences, années 1711 et 1712. Les graines de quelques espèces de fucus ont été découvertes par M. Samuel Doody : celles de quelques coralloïdes, par le docteur Tancred Robinson : celles de plusieurs fungus, et en particulier des truffes, des vesses-de-loup, et d'autres de ce genre, par le docteur Lister. Voyez les Transactions philosophiques.

Quand toutes ces découvertes n'existeraient pas, il suffit de considérer la structure admirable des plantes, pour juger qu'il est impossible qu'elle résulte du concours fortuit de quelques sucs diversement agités, et que ce concours fortuit produise régulièrement dans chaque espèce des plantes toujours parfaitement semblables. Enfin Malpighi a prouvé par ses expériences, confirmées depuis par tous les Physiciens, qu'une terre qui ne reçoit aucune semence, ne produit rien : c'est donc une vérité de raisonnement et de fait, que toute plante vient d'une graine.

Arrêtons nous ici quelques moments à considérer les différentes voies dont se sert la nature pour semer les graines des plantes aussitôt qu'elles sont mûres ; et c'est ce qu'elle exécute non-seulement en ouvrant la capsule où la graine est enfermée, mais aussi en donnant à la graine une structure convenable pour se répandre près ou loin. Or, 1°. les graines de plusieurs plantes qui demandent un terroir particulier, comme celles du pié-de-veau, du pavot, etc. sont assez pesantes et menues pour tomber droit en-bas et s'insinuer dans la terre, sans qu'elles aient besoin d'autres secours : 2°. lorsqu'elles sont assez grosses et legeres pour pouvoir être enlevées par le vent, elles ont souvent un simple crochet comme la benoite, ou plusieurs petits crochets, qui les arrêtent et les empêchent d'être portées trop loin de leur place ; telles sont les graines de l'aigremoine et du grateron : 3°. il y a au contraire des semences garnies d'ailes ou de plumes, tant pour être dispersées par le vent, lorsqu'elles sont mûres, comme celles du frêne, qu'afin qu'elles puissent s'écarter sans tomber les unes sur les autres ; ainsi les graines de la dent de lion et la plupart des graines à aigrettes, ont quantité de petites plumes longues qui les mettent en état de se répandre de tous côtés : 4°. il y a des graines, comme celle de l'oseille sauvage, qui sont dardées au loin avec force, par le secours d'une pellicule ou coque blanche, épaisse, tendineuse et élastique, qui étant desséchée se creve, et de cette manière élance fortement la graine, comme dans la langue-de-cerf et la persicaire acre et siliqueuse ; toute la différence est que dans les unes le ressort se roule en-dedans, et dans les autres l'action se fait du dedans en-dehors.

Ainsi tantôt le créateur a renfermé les graines dans des capsules élastiques dont les ressorts les écartent à une distance convenable ; tantôt il a donné aux graines une espèce de duvet ou d'aigrettes qui leur servent d'ailes pour être jetées par le vent ; et tantôt dans les graines legeres, il leur a mis des crochets pour empêcher d'être portées trop loin.

Telles sont les vues constantes de la nature pour la conservation et la propagation des espèces par le secours des graines. " La plante qui était cachée sous un petit volume acquiert une grande étendue, et rend sensible avec le temps ce que les yeux ne pouvaient apercevoir dans l'origine ". C'est un passage remarquable de Plutarque.

Pour comprendre ce développement des graines, on en peut juger par un pais, une feve, un pepin de melon ; mais les parties d'une feve étant plus grosses et plus sensibles, nous la prendrons pour exemple. Après avoir fait tremper une feve vingt-quatre heures dans de l'eau plus que tiede, ôtez sa robe, il vous reste à la main deux pièces qui se détachent et qu'on appelle les deux lobes de la graine ; au bout de l'un de ces lobes est le germe, enfoncé comme un petit clou : ce germe tient aux deux lobes par deux petits liens.

Ces deux liens, qui sont deux vrais tuyaux, se fortifient et s'allongent en différentes branches, qui vont tout le long des lobes recevoir à chaque instant de nouveaux sucs ; ils les épuisent insensiblement au profit de la petite plante. La plus fine pellicule qui couvre les deux lobes, végete aussi quelque peu ; et les deux extrémités de ce sac qui embrassent la tête du germe, s'allongent et montent avec lui pour lui servir de défense contre les frottements qui en pourraient altérer le tissu délicat. Le germe monte droit et perce l'air de sa pointe ; mais les deux bouts du sac étant d'un tissu moins nourri que la tige, obéissent à l'effort de l'air qui pese dessus, et s'abaissent de côté et d'autre sous la forme de deux petites feuilles vertes, toutes différentes du véritable feuillage que la plante produira par la suite.

Cette pellicule est comme la chemise ou la robe de la graine ; et les deux bouts qui en sortent, font le collet qui se rabat de part et d'autre. Quand les deux lobes ont fourni toute leur substance au germe éclos hors de terre, et qu'ils viennent à se sécher, la peau qui les enveloppe se seche aussi, et les deux premières feuilles que nous avons appelées le collet, et qui ne sont que les deux bouts de cette peau, se sechent de même par une suite nécessaire : alors la petite plante qui s'est grossie de toute la chair que les lobes contenaient, n'y trouvant plus rien, Ve chercher sa nourriture dans la terre même.

Toute graine a un germe : ce germe, soit d'une feve, d'un pepin de melon, ou d'un pepin de pomme et de toute autre plante, est ce qu'on appelle la plantule, et est composé de la radicule, de la tige et de la plume. La radicule est le bas de la petite plante ; c'est la partie par où elle s'attachera à la terre : la tige est le corps de la plante ; et la plume en est la tête où le feuillage en petit est enveloppé : c'est ce qui sort toujours de terre et qui s'élève peu-à-peu.

Mais comment arrive-t-il que la plume sort toujours de terre et non la radicule ; car il est certain que les graines portées en terre par le vent ou par l'homme, tombent au hazard dans une infinité de positions différentes ? Quand un laboureur seme, il jette son blé à l'aventure ; quand un jardinier plante des feves ou des pais, il n'observe point où est le bas ni le haut de la graine, si le côté auquel répond la plume se trouve en bas, et si celui auquel répond la radicule du germe se trouve en-haut. Qu'est-ce donc qui force la plume à remonter droit en l'air, et la radicule à demeurer en terre ; car il se passe ici certainement une action de violence ? On a bien de la peine à concevoir ce phénomène, et l'on n'a donné jusqu'à ce jour que des hypothèses ingénieuses pour l'expliquer : telles sont celles de MM. Dodard, La Hire, Geoffroi et autres, rapportées dans l'histoire de l'académie des Sciences, et que je regarde comme autant de romans de la végétation des plantes. (D.J.)

GRAINE, (Agriculture) on distingue en Agriculture les graines, en graines potageres, graines à fleurs, et graines d'arbres.

Les graines potageres se sement en tout temps sur des couches préparées, où chaque espèce a son rayon à part. On les éloigne les unes des autres ; et en arrachant les méchantes herbes, on prend garde d'arracher les graines, car on peut s'y tromper, jusqu'à ce que la plante paraisse. Quand les graines sont semées, si la couche est seche on l'arrose, et l'on continue les arrosements selon le besoin. Comme les gelées blanches font mourir les graines, on a soin de les couvrir pendant la nuit, et on élève les couvertures à un demi-pié au-dessus, pour qu'elles ne posent point sur les couches. Lorsque le soleil est favorable, on les découvre tous les matins, et on les recouvre tous les soirs avant la gelée. Dès que les graines sont à la hauteur qu'on juge à-propos, on les transplante à une certaine distance les unes des autres, selon leur grosseur.

Les graines des fleurs se sement semblablement en toute saison, et demandent au-moins les mêmes apprêts et les mêmes soins que les graines potageres, c'est-à-dire une couche garnie de bon fumier chaud, et par-dessus un demi-pié de vieux terreau pourri. Après que la grande chaleur est passée, on fait sur la couche des rayons à quatre doigts les uns des autres, pour semer dans chacun les graines de la même espèce. Quand les graines sont semées et qu'on les a couvertes de deux travers de doigt de terreau, on arrose journellement les couches avec un petit arrosoir dans les temps secs : on les couvre encore, de peur des gelées blanches, comme on fait pour les graines potageres, en étendant les couvertures sur des cerceaux, et on les découvre le jour quand le soleil donne sur la couche. L'attention qu'on doit avoir, c'est de ne rien arracher dans les rayons de ces couches, que les jeunes fleurs levées ne soient déjà grandes, de peur de les arracher pour de l'herbe, car elles viennent de même.

Les graines d'arbres se plantent ordinairement au printemps et en automne. On prend de la terre forte, de la terre neuve, de la terre de jardin et du terreau ; on mêle le tout ensemble, qu'on passe à la claie. Si on seme les graines en terre, on met sept à huit hottées de cette terre sur les planches, et on laboure le tout. Si on seme les graines dans les caisses ou autres vaisseaux, on les remplit de cette terre : ces graines doivent être couvertes de quatre bons travers de doigt d'épaisseur ; on les arrose s'il ne pleut point, et on les garantit de la gelée, jusqu'à ce que les arbres naissants soient assez forts pour la supporter.

Parmi les arbres qui contribuent à l'embellissement d'un jardin, on peut distinguer ceux qui portent des graines, et ceux qui portent des fruits. Les arbres à graine les plus en usage, sont l'orme, le tilleul, le frêne, l'érable et le sycomore. Ceux qui portent des fruits sont le chêne, le marronnier d'Inde, le chataignier, le hêtre et le naisettier. Les graines et les fruits de ces arbres se recueillent en automne, à l'exception des graines d'orme qui se ramassent au mois de Mai, et qui se sement dans le même temps.

La forme, la pesanteur et la manière dont les graines tombent à terre, nous peuvent quelquefois diriger dans la façon de les semer. Les plus pesantes se sement plus profondément ; ainsi l'on seme les glands et les noyaux à la profondeur de deux, trois et quatre doigts. M. Bradley a observé que des graines, quoique très-bonnes, dégénèrent si l'on les seme sur le même terrain où on les a recueillis ; de sorte que pour remédier à cet inconvénient, il conseille de troquer chaque année les graines des arbres forestiers avec des correspondants des provinces différentes, comme cela se pratique pour les fleurs. Il a encore observé que les graines tirées des plus beaux arbres, ou de ceux qui portent le plus de fruit, ne sont pas toujours les meilleures pour semer ; mais qu'il faut les choisir saines, unies, pleines, pesantes et entières : les glands nets, pesans et luisans, sont préférables aux gros glands : les graines poreuses, douces, insipides, doivent être semées d'abord après leur maturité : les graines chaudes, amères demandent à être gardées six mois, un an et davantage, avant qu'on les seme.

On pratique différentes méthodes pour conserver les graines ; quelques-uns les encaissent par couches alternatives, dans du sable ou de la terre humide pendant l'hiver ; prennent au bout de ce terme les graines de caisses qui sont alors bourgeonnantes, et les sement délicatement dans le terrain préparé : elles prospèrent autant de cette manière que si on les eut semées en automne, outre qu'elles ont évité la vermine et les autres accidents. Pour les fruits qu'on veut semer plus tard, comme le gland, le marron d'Inde, la chataigne, la faine, la naisette, on les conserve dans des manequins avec du sable sec, en faisant alternativement des lits de sable et des lits de fruits. Par rapport aux autres graines, les grainiers qui les vendent, se contentent de les étendre par paquet dans un lieu sec, de les visiter et de les remuer : d'autres les tiennent dans des sachets, qu'ils pendent au plancher : d'autres les gardent dans des pots ou des bouteilles étiquetées. Par tous ces moyens, les graines conservent leur vertu fructifiante plus ou moins longtemps.

L'on demande à ce sujet pourquoi plusieurs sortes de graines gardent leur faculté de germe un grand nombre d'années, tandis que tant d'autres la perdent promptement ? Il semble que la cause en est dû. à la quantité plus ou moins grande d'huîle que contiennent les semences, et au tissu plus ou moins serré de leur enveloppe, gousse ou coque ; par exemple, les graines de concombre, de melon, de citrouille, qui ont une écorce épaisse et dure, conservent huit à dix ans leur faculté fructifiante. Il en est de même de la graine de radis, de raves, et autres semences huileuses, qui par cette raison se maintiennent bonnes pendant trois ou quatre ans ; au lieu que les graines de persil, de carotte, de panais et de la plupart des plantes à parasol, perdent leur vertu germinante au bout d'une ou deux années.

Mais n'y aurait-il point de moyen de prolonger aux graines la durée de leur vertu végétative ? Miller nous apprend que le grand secret et ce secret qui intéresse les Botanistes, est de conserver les graines dans leurs propres gousses ou enveloppes, après qu'elles ont été cueillies bien mûres ; de les tenir dans un endroit sec, et de ne leur point ôter entièrement toute communication avec l'air extérieur, qui est nécessaire pour maintenir le principe de leur végétation, comme il l'a éprouvé par l'expérience suivante.

Il prit des graines fraiches de diverses plantes, de laitue, de persil, d'oignon, enferma chaque graine dans des bouteilles de verre, qu'il scella hermétiquement ; il mit en même temps une quantité égale des mêmes semences dans des sacs séparés, qu'il pendit tous au plancher en un endroit bien sec. L'année suivante il sema en même temps et sur les mêmes couches d'une terre préparée, une partie desdites graines, tant de celles des bouteilles, que de celles des sacs. Presque toutes les graines des sacs vinrent à merveille, et il n'en vint pas une seule de celles qu'il avait enfermées dans les bouteilles. Il répéta son expérience deux ou trois années de suite, et jamais aucune graine des bouteilles ne monta, tandis que les graines de sacs poussèrent encore la troisième année. Il suit de cette expérience, que ceux qui ont à recevoir des graines des pays étrangers, doivent avertir leurs correspondants de se bien garder de les leur envoyer enfermées dans des pots ou des bouteilles bouchées.

Un second moyen que Miller conseille pour conserver les graines, et qu'il préfère à tout autre, est de les enfouir à trois ou quatre pieds de profondeur, à l'abri des grosses pluies et de l'influence du soleil : il a Ve des graines conservées de cette manière pendant vingt ans, qui au bout de ce terme ont pris racine et ont germé aussi parfaitement que les semences les plus fraiches de la même espèce.

Enfin Miller a trouvé la méthode de faire fructifier toutes les espèces de graines domestiques et étrangères, qui ont pour enveloppe les coques les plus dures. Après avoir préparé de bonnes couches avec de l'écorce de tan, il y seme ces graines, par exemple des noix de coco ; il couvre ces noix du même tan à l'épaisseur de deux ou trois pouces ; il les laisse dans cette situation six semaines ou deux mois ; ensuite il les transplante dans des pots remplis de bonne terre ; il plonge ces pots jusqu'au bord dans le tan, et couvre enfin toute la surface des pots avec le même tan de l'épaisseur d'un demi-pouce. Il assure que cette méthode lui a rarement manqué, et même qu'en s'en servant, il a Ve quelquefois des graines exotiques à coque dure, pousser davantage en quinze jours qu'elles ne le font au bout d'un mois dans leur pays natal. (D.J.)

GRAINE D'AVIGNON, (Botanique) baie d'une espèce de rhamnus ou de nerprun, que les Botanistes nomment lycium gallicum, ou rhamnus catharticus minor. Il croit dans les lieux rudes et pierreux, entre les rochers, aux environs d'Avignon et dans le comtat Venaissin. On en trouve aussi en Dauphiné, en Languedoc et en Provence. Cette espèce de nerprun est un arbrisseau épineux, dont les racines sont jaunes et ligneuses ; il pousse des rameaux longs de deux ou trois pieds, couverts d'une écorce grisâtre, garnis de petites feuilles épaisses, ressemblantes à celles du buis, nerveuses, faciles à se détacher. Ses fleurs sont petites, monopétales, jointes plusieurs ensemble ; il leur succede des baies grosses comme des grains de poivre à trois ou quatre angles, et quelquefois faites en petits cœurs, de couleur verd jaunâtre, d'un goût stiptique et fort amer.

Voilà les baies qu'on nomme graine d'Avignon, grainette, graine jaune. On nous l'envoye seche ; on la désire grosse, récente et bien nourrie. Les Teinturiers, et surtout les Corroyeurs, s'en servent pour teindre en jaune, en y joignant de l'alun par parties égales. Voyez JAUNE et CORROYER. (D.J.)

GRAINE, (Jardinage) les graines d'ornement diffèrent des chapelets parce qu'elles sont toujours rondes et d'inégale grosseur ; on les place au bout des rinceaux et des feuillages, pour remplir des places longues dans la broderie des parterres. (K)

GRAINE, en terme de Brodeur au métier, c'est un point qui représente des semences de fruits, et qui se fait en tenant le fil tiré d'une main, et de l'autre en fichant l'aiguille en-dessous et la faisant sortir en-dessus.