ou PLANTIN, s. m. (Histoire naturelle, Botanique) plantago, genre de plante à fleur monopétale en forme de soucoupe, et ordinairement divisée en quatre parties ; le pistil sort du fond de cette fleur, entouré le plus souvent de longues étamines, et devient dans la suite un fruit ou une coque presque ovoïde ou conique qui s'ouvre transversalement lorsqu'elle est mûre, en deux parties ; cette coque est divisée en deux loges par une cloison mitoyenne, et elle renferme des semences oblongues, attachées à un placenta. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez PLANTE.

M. de Tournefort distingue trente-cinq espèces de plantain, indépendamment de celles que les autres Botanistes nomment plantains aquatiques, et qui sont des espèces de renoncules. La plus commune de toutes les espèces de vrai plantain, est le grand, le large plantain, plantago latifolia, sinuata. Inst. rei herb. 127.

Sa racine est courte, grosse comme le doigt, garnie de fibres blanchâtres sur les côtés ; elle pousse des feuilles larges, luisantes, rarement dentelées en leurs bords, ordinairement glabres ou sans poils, marquées chacune de sept nerfs apparents dans leur longueur ; ces feuilles sont attachées à de longues queues et couchées à terre.

De la même racine et du milieu des feuilles, il s'élève plusieurs tiges à la hauteur d'environ un pied, rondes, difficiles à rompre, quelquefois rougeâtres, un peu velues ; elles portent au sommet un épi oblong, qui soutient de petites fleurs blanchâtres ou purpurines ; chacune de ces fleurs est un tuyau fermé dans le fonds, évasé en-haut, découpé en quatre parties, et garni de plusieurs étamines. Lorsque la fleur est passée, il lui succede un fruit ou une coque membraneuse, ovale, pointue ou conique, qui s'ouvre en travers, comme une boète à savonnette, et qui renferme plusieurs semences menues, de figure ovale, ou oblongue, et de couleur rougeâtre.

Cette plante croit presque par-tout le long des chemins, des haies, dans les cours, dans les jardins, aux lieux herbeux et incultes. Elle fleurit en Mai et Juin, et donne sa graine en Aout ; on l'emploie beaucoup en Médecine, ainsi que le plantain blanc, plantago latifolia, incana ; et le plantain étroit, plantago angustifolia ; on les regarde comme détersifs, astringens et résolutifs.

L'espèce de plantain des environs de Paris, nommé par Tournefort, plantago palustris, gramineo folio, monanthos parisiensis, a deux singularités ; l'une que sa fleur est à étamines, c'est-à-dire mâle et stérîle ; et l'autre qu'au bas du pédicule de cette même fleur, il en nait deux ou trois fleurs à pistil ou femelles qui sont fécondes ; on peut lire à ce sujet les Observations de M. de Jussieu dans les Mém. de l'Acad. des Scienc. ann. 1742.

Finissons par remarquer que M. Linnaeus renferme dans la classe de ce genre de plante, non-seulement les différentes espèces de plantain de Tournefort, mais encore le psyllium, le coronopus ou corne de cerf, et le gramen junceum ; voici briévement comme il caractérise ce genre de plante.

Son calice, quoique droit et court, est divisé en quatre quartiers dans les bords, et subsiste après que la fleur est tombée. La fleur est monopétale, en forme de tube cylindrique arrondi, avec des bords découpés en quatre parties ; les segments sont abaissés et pointus ; ses étamines forment quatre filets capillaires et droits ; les bossettes sont oblongues, aplaties et menues ; le germe du pistil est ovoïde, le style est délié, et de moitié moins long que les étamines ; le stigma est simple ; le fruit est une capsule ovale, s'ouvrant horizontalement, et contenant deux semences, les graines sont oblongues et nombreuses. (D.J.)

PLANTAIN, (Matière médicale) grand, moyen et petit ; on emploie indifféremment ces trois espèces pour l'usage de la Médecine. Le plantain est mis au rang des plantes vulnéraires astringentes ; et on lui accorde de plus une qualité fébrifuge. On emploie le suc des feuilles, la décoction de la racine et celle de la semence ; l'extrait et l'eau distillée du plantain sont aussi en usage ; et enfin on en retire une eau distillée à laquelle on attribue communément les mêmes vertus qu'à toutes les préparations précédentes.

Tous ces remèdes sont employés communément pour l'usage intérieur, toutes les fois que les astringens sont indiqués, comme dans la dyssenterie, et toutes les espèces d'hémorrhagie interne, et beaucoup plus rarement, mais quelquefois cependant contre les fièvres intermittentes.

Le plantain étant absolument privé de tout principe volatil, il est démontré que son eau distillée ne possède aucune vertu médicamenteuse. Cette eau est cependant un excipient assez commun des juleps astringens, quoique de toutes les propriétés des végétaux, celle qui se transmet le moins à l'eau qu'on en sépare par la distillation, soit évidemment la qualité astringente. L'usage le plus commun de cette eau est pour les collyres toniques et répercussifs, qu'on emploie très-souvent dans les ophtalmies. Il n'est pas inutîle de répéter que l'eau de plantain est un ingrédient absolument inutîle de ces collyres.

La racine et les feuilles de plantain entrent dans l'eau vulnéraire, et en sont un des ingrédiens puérils, et pour ainsi dire indécents, comme on peut le déduire facilement de ce que nous venons d'observer sur l'eau distillée de plantain. Voyez VULNERAIRE, eau. Les feuilles entrent dans la décoction astringente de la pharmacopée de Paris, dans le syrop d'althéa de Fernel, dans celui de consoude, etc. les semences dans la poudre diarrhodon, l'onguent de la comtesse, etc. (b)