S. m. prunus, (Histoire naturelle, Botanique) genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond. Le pistil sort du calice, et devient dans la suite un fruit ovoïde ou rond, charnu et mou, qui renferme un noyau ordinairement pointu par les deux bouts ; ce noyau contient une amande. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez PLANTE.

PRUNIER, prunus, (Jardinage) arbre de moyenne grandeur, qui se trouve dans les pays tempérés de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique septentrionale. Sa tige est courte et rarement droite ; la tête en est assez considérable pour la stature de l'arbre, mais irrégulièrement disposée. Son écorce est inégale par les gersures qui s'y font de bonne heure. Ses feuilles sont dentelées, presque ovales et d'une verdure desagréable, parce qu'elles sont souvent gâtées par les intempéries du printemps, et surtout par les insectes. Ses fleurs qui sont blanches et disposées en rose, paraissent au mois d'Avril. Les prunes qui succedent diffèrent pour la grosseur, la forme, la couleur et le gout, selon les diverses espèces de prunier qui les produisent. Ces fruits renferment un noyau qui contient une amande amère.

Le prunier est le plus commun des arbres fruitiers à noyau. Son fruit n'est pas plus de garde que celui des autres arbres à noyau ; il faut le manger dans le temps de sa maturité, à moins qu'on ne le fasse cuire ou sécher. Le prunier ne prospere qu'autant qu'il est dans une terre cultivée ; il languit dans un sol inculte, et dépérit bientôt. Il vient à toutes les expositions, il se plait dans une terre plus seche qu'humide, plutôt sablonneuse que forte, mais particulièrement dans le sable noir. Cependant on peut dire qu'il ne craint pas l'humidité, pourvu qu'elle ne soit pas permanente. En général il s'accommode assez bien de toutes sortes de terrains, pourvu qu'ils soient en culture, parce que ses racines tracent entre deux terres. Mais il craint la glaise ; il n'y fait nuls progrès, et son fruit n'y vaut rien. Quant aux terrains absolument secs et légers, sablonneux et trop superficiels, le prunier ne s'y soutient que faiblement et n'y donne que des fruits maigres, verreux et mal conditionnés, dont la plupart tombent avant leur maturité. Dans la glaise au contraire et dans les terres grasses et fortes, ils ne sont pas si sujets à tomber, ni à être verreux : mais ils pechent par le gout.

On peut multiplier le prunier de semence et par la greffe. On ne se sert du premier moyen que pour avoir des sujets propres à greffer. Il n'y a que quelques espèces de prunes d'une qualité médiocre dont les noyaux produisent la même sorte de fruit ; mais les noyaux du plus grand nombre d'espèces ne donnent que des plants bâtards et dégénérés ; et c'est un hasard quand il s'en trouve quelques-uns de bonne qualité. Il est donc d'usage de greffer le prunier, pour avoir surement l'espèce de prune que l'on désire, avec d'autant plus de raison que la greffe donne encore de la perfection au fruit. Les meilleurs sujets pour greffer le prunier sont la cerisette et le saint-Julien. On se sert de la greffe en fente ou en écusson, mais la première réussit mieux, et fait des progrès plus rapides. Les sujets qu'on vient de désigner conviennent pour toutes sortes de terrains, à moins qu'ils ne soient trop secs, trop légers, ou trop sablonneux. Dans ce cas, il faut y mettre des pruniers greffés sur l'amendier, qui n'a pas l'inconvénient de pousser des rejetons sur ses racines, ce qui est à charge et fort desagréable : mais cette greffe réussit rarement. L'amendier a un défaut, il reprend difficilement, surtout lorsqu'il a été transporté de loin. On peut aussi greffer le prunier sur des pêchers et des abricotiers venus de noyau : il est vrai que les arbres qui en viennent étant délicats, demandent quelques ménagements, et ils ne sont pas de durée. Voyez le mot PEPINIERE.

Le prunier peut servir de sujet pour greffer le pêcher, l'abricotier, l'amendier ordinaire qui manque souvent, et l'amendier nain à fleur double, qui y réussit très-aisément. On vient à bout aussi de greffer le mahaleb, l'arbre de sainte-Lucie, le laurier-cerise, etc. sur le prunier, mais les suites n'en sont pas heureuses : la greffe et le sujet tout périt dans l'hiver qui suit.

Les pruniers que l'on tire de la pépinière pour les planter à demeure, doivent être greffés de deux ans. Si on ne peut les avoir de cet âge, il vaut mieux les prendre d'un an que de trois ; ces derniers réussissent moins surement que les autres. Cet arbre peut paraitre dans les jardins sous différentes formes ; d'abord à haute tige, qui est la figure qu'on lui donne communément ; ensuite en espalier, où le plus grand nombre des espèces de prunes réussissent mieux qu'à haute tige ; enfin la forme du buisson convient à toutes les espèces. La distance qui convient à ces arbres est de douze à quinze pieds pour ceux à haute tige en plein air, dix ou douze pour ceux en espalier, et quinze à dix-huit aux pruniers que l'on destine à faire le buisson ; attendu qu'ils poussent vigoureusement, et qu'ils s'étendent plus sous cette forme que s'ils étaient à haute tige. C'est sur la qualité du terrain et sur sa profondeur qu'il faut déterminer le plus ou le moins de ces distances.

Le prunier fait de bonnes et fortes racines bien ramifiées ; ce qui est cause qu'il reprend aisément à la transplantation. Cet arbre est si robuste et si familier dans le climat de ce royaume qu'il vaut mieux le transplanter en automne. La reprise en est plus assurée que quand on attend le printemps, et il pousse plus vigoureusement dès la première année : ce qui est très-avantageux pour disposer les jeunes arbres à prendre la forme qu'on veut leur donner.

De tous les arbres à noyau, le prunier est celui qui supporte le plus aisément la taille. Tout le ménagement qu'on doit y apporter, c'est de ne pas trop forcer la taille. Car plus on lui retranche de bois, plus il pousse de branches gourmandes jusqu'à s'épuiser entièrement ; et alors la gomme venant à fluer, l'arbre périt entièrement. Le principal soin qu'on y doit donner, c'est de détacher la gomme et la mousse, d'enlever les chancres et le bois mort, de supprimer les branches chiffonnes et celles de faux bois, et de ne retrancher absolument que ce qui est nuisible.

Outre l'usage que l'on fait des prunes de la meilleure qualité pour la table, dans le temps de leur maturité, les autres servent à faire des confitures : mais en faisant sécher les bonnes prunes, on en fait d'excellents pruneaux ; les plus grosses, les plus douces et les plus charnues sont les plus propres à remplir cet objet. La prune de damas et la gomme du prunier sont de quelque usage en Médecine.

Le bois du prunier est assez dur et marqué de veines rouges ; c'est le plus beau des bois qui croissent dans ce royaume ; ce qui lui a fait donner le nom de bois satiné. Cependant on en fait peu d'usage, parce que les bois que l'on tire d'Amérique sont infiniment supérieurs à tous égards ; il est très-propre à différents usages des Tourneurs, des Tabletiers, et des Ebénistes. On peut donner à ce bois une belle couleur rouge, en le faisant bouillir dans de la lessive ou dans l'eau de chaux.

Nos auteurs d'agriculture font mention de plus de deux cent cinquante variétés de prunes, dont celles qui passent pour les meilleures sont au nombre de quinze ou seize, et on en compte vingt de celles qui peuvent passer pour médiocres ; parmi les autres, il peut y en avoir une douzaine qui sont bonnes à faire des compotes ou des confitures : on fait peu de cas de tout le reste. La nature de cet ouvrage ne permet pas d'entrer dans le détail des qualités particulières de ces différents fruits. Voyez à ce sujet les catalogues des RR. PP. Chartreux de Paris et de M. l'abbé Nolin.

Il y a quelques espèces de pruniers qui peuvent intéresser les curieux par leur singularité ou leur agrément ; comme le prunier à fleur double, dont la prune est excellente, et ses feuilles sont très-grandes ; le prunier de perdrigeon panaché, dont le bois, la feuille et le fruit sont panachés ; la prune sans noyau, qui renferme une amande sans nulle coquille osseuse ; le damas melonné d'Angleterre, dont les feuilles sont bordées de blanc ; et le prunier de Canada, dont la fleur un peu rougeâtre en-dehors est d'une belle apparence au printemps.

PRUNIER, (Diète et Matière médicale) prunier cultivé ou franc. Le fruit de cet arbre, ou la prune, peut être considérée, malgré ses variétés presque innombrables, comme un seul objet diététique ; car la prune, de quelque espèce qu'elle sait, possède à-peu-près les mêmes vertus lorsqu'elle est également mûre, également succulente ou bien nourrie, etc. On peut seulement conjecturer avec beaucoup de vraisemblance, qu'elles sont d'autant meilleures, qu'elles sont plus douces, plus parfumées, plus succulentes, et qu'elles ont la peau moins rude ou âpre.

Les prunes fraiches ont été toujours regardées par les Médecins comme un des fruits d'été les moins salutaires. On les a accusées d'affoiblir le ton de l'estomac, de refroidir ce viscère, de causer des fièvres intermittentes, et la dyssenterie. C'est sur le compte des prunes que mettent principalement les maladies d'automne, ceux qui croient que ces fruits d'été en sont la principale cause (Voyez FRUITS, DIETE) ; il est au moins très-sur que les prunes fraiches mangées à jeun en une certaine quantité, causent très-fréquemment des tranchées et des dévoiements ; et qu'étant mangées à la fin des repas, elles précipitent souvent et troublent la digestion. Mais dans ce dernier usage cependant on ne doit craindre que l'excès, et ne recommander une circonspection scrupuleuse qu'à ceux qui ont l'estomac faible, qui sont sujets aux aigreurs, aux dévoiements, au tenesme, et à ceux qui ont eu des fièvres intermittentes, et qui s'en doivent par cela seul regarder comme toujours menacés.

Les prunes seches des espèces les plus agréables, les plus sucrées, telles que les pruneaux de Tours, qui sont séchés au four, ceux de Brignoles en Provence, et ceux de Pézenas en bas Languedoc, qui sont séchés au soleil, et qui sont plus sucrés que les deux espèces précédentes ; ceux de quelques autres cantons des provinces méridionales du royaume, etc. Toutes ces prunes seches, dis-je, sont, malgré leur vertu légèrement laxative, peut-être même à cause de cette vertu, un aliment léger et salutaire, que l'on donne avec succès aux convalescens, et dans les traitements de légère incommodité, toutes les fois qu'on se propose de procurer ou d'entretenir la liberté du ventre, par exemple, les veilles et les jours de médecine, etc.

Les pruneaux noirs communs des boutiques, qui sont très-anciennement connus dans l'art sous le nom de pruna damascena, et qui portent encore aujourd'hui le nom de prune de petit damas noir, ne s'emploient presque qu'à titre de médicament. Elles sont aigrelettes comme les tamarins, et tout au-moins aussi laxatives. On emploie fort communément leur décoction comme excipient dans les potions purgatives ; cette décoction masque assez bien le goût et l'odeur du séné. La pulpe de ces pruneaux entre dans plusieurs électuaires purgatifs, par exemple, dans l'électuaire lénitif, la confection hamech, etc. Cet ingrédient donne même son nom à deux électuaires composés, savoir le diaprun, fort arbitrairement appelé simple, et le diaprun solutif. Voyez DIAPRUN. Le premier donne une gomme à laquelle on ne connait aucune qualité particulière. Voyez GOMME. (b)

PRUNIER SAUVAGE ou PRUNELLIER, (Matière médicale) Les prunelles, qui sont les fruits de cet arbre, étant bien mûres, lâchent le ventre ; mais quand ces fruits ne sont pas mûrs, ils rafraichissent, et sont astringens : c'est pourquoi on les donne confits dans du miel à ceux qui sont attaqués de la dyssenterie ou du flux de ventre.

On exprime encore le suc de ces prunes non mûres et récentes ; on le fait cuire et épaissir jusqu'à la consistance d'extrait solide : on lui donne le nom d'acacia de notre pays, ou acacia d'Allemagne, et on le substitue au vrai acacia. Voyez ACACIA. On donne quelquefois cet extrait contre les hémorrhagies et les cours de ventre, jusqu'à la dose d'un gros, sous la forme de bol, ou délayé dans quelque liqueur : on le mêle utilement dans les gargarismes pour l'angine, aussi-tôt qu'elle commence.

On nous apporte d'Allemagne cet extrait, ou plutôt ce rob épaissi, dans un état sec, dur, pesant, noir, brillant lorsqu'on le casse, en masse enveloppée dans des vessies. On le prépare aussi quelquefois dans nos boutiques. Geoffroi, mat. méd.

C'est par erreur qu'on a dit dans l'article ACACIA que le suc appelé acacia nostras se tirait des fruits récens et non mûrs de l'arbre, qui est appelé dans l'article précédent acacia nostras, et acacia commun de l'Amérique. (b)