tamarindus, s. m. (Histoire naturelle, Botanique) genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond ; le pistil sort du calice qui est profondément découpé, et il devient dans la suite une silique aplatie, qui en renferme une autre dans laquelle on trouve une semence plate et ordinairement pointue. L'espace qui se trouve entre les deux siliques est rempli par une pulpe, le plus souvent noire et acide. Tournefort, inst. rei herb. App. Voyez PLANTE.

TAMARIN, (Histoire des Drogues exotiques) les tamarins sont nommés tamar-hendi par les Arabes, par Actuarius, et tamarindi dans les ordonnances de nos médecins.

Ce sont des fruits dont on nous apporte la pulpe, ou la substance médullaire, gluante et visqueuse, réduite en masse, de couleur noirâtre ; d'un goût acide. Elle est mêlée d'écorce, de pellicules, de siliques, de nerfs ou de filaments cartilagineux, et même de graines dures, de couleur d'un rouge-brun, luisantes, plus grandes que celles de la casse solutive, presque quadrangulaires et aplaties.

Il faut choisir cette pulpe récente, grasse ou gluante ; d'un gout, de couleur noirâtre, acide, pleine de suc, et qui ne soit point falsifiée par la pulpe de pruneaux. Avant que de la mettre en usage, on la nettoie et on en ôte les peaux, les filaments et les graines. On l'apporte d'Egypte et des Indes.

On ne trouve aucune mention de ce remède dans les anciens grecs. Les Arabes l'ont appelé tamar-hendi, comme si l'on disait fruit des Indes ; car le mot tamar, pris dans une signification étendue, signifie toutes sortes de fruits.

C'est donc mal-à-propos que quelques interpretes des Arabes nomment ce fruit petit palmier indien, ou dattes indiennes, puisque le fruit et l'arbre sont bien différents des dattes et du palmier.

L'arbre qui produit ces fruits s'appelle tamarinier, tamarindus. Rai, hist. 1748. Siliqua arabica, quae tamarindus. C. B. P. 403.

Sa racine se divise en plusieurs branches fibreuses, chevelues, qui se repandent de tous côtés et fort loin. Cet arbre est de la hauteur d'un noyer : il est étendu au large et touffu. Son tronc est quelquefois si gros, qu'à peine deux hommes ensemble pourraient l'embrasser ; il est d'une substance ferme, roussâtre, couvert d'une écorce épaisse, brune, cendrée et gersée : ses branches s'étendent de toutes parts et symétriquement ; elles se divisent en de petits rameaux, où naissent des feuilles placées alternativement, et composées de neuf, dix et quelquefois de douze paires de petites feuilles, attachées sur une côte ; aucune feuille impaire ne termine ces conjugaisons, quoique dans les figures de Prosper Alpin, et dans celles du livre des plantes du jardin de Malabar, on représente une feuille impaire qui les termine. Ces petites feuilles sont longues d'environ neuf lignes, et larges de trois ou quatre, minces, obtuses, plus arrondies à leur base, et comme taillées en forme d'oreille ; elles sont acidules, d'un verd-gai, un peu velues en-dessous et à leurs bords.

Les fleurs sortent des aisselles des feuilles comme en grappes, portées par des pédicules grêles ; elles sont composées de trois pétales, de couleur rose, parsemés de veines sanguines, longs d'un demi-pouce, larges de trois ou quatre lignes et comme crépus ; l'un de ces pétales est toujours plus petit que les deux autres. Le calice est épais, pyriforme, partagé en quatre feuilles blanchâtres ou roussâtres, qui se réfléchissent d'ordinaire en bas, et qui sont plus longues que les pétales ou feuilles de la fleur.

Le pistil qui sort du milieu de la fleur est crochu, accompagné seulement de trois étamines ; après que la fleur est passée, il se change en un fruit, semblable par sa grandeur et par sa figure aux gousses de feves : ce fruit est distingué par trois ou quatre protubérances, et muni de deux écorces, dont l'extérieure est rousse, cassante et de l'épaisseur d'une coque d'œuf, et l'intérieure est verte et plus mince. L'intervalle qui se trouve entre ces écorces, ou le diploé, est occupé par une pulpe molle, noirâtre, acide, vineuse, un peu âcre ; il y a quantité de fibres capillaires qui parcourent ce fruit dans toute sa longueur, depuis son pédicule jusqu'à sa pointe ; l'écorce intérieure renferme des semences très-dures, quadrangulaires, aplaties, approchant des lupins, d'un brun luisant et taché.

Le tamarinier croit en Egypte, en Arabie, dans les deux Indes, en Ethiopie, et dans cette partie de l'Afrique que l'on appelle le Sénégal. On nous en apporte les fruits concassés, ou plutôt la pulpe mêlée avec les noyaux, qui se vend sous le nom de tamarins.

Cet arbre produit quelquefois dans les étés chauds, une certaine substance visqueuse, acide et roussâtre, laquelle imite ensuite la crême de tartre, soit par sa dureté, soit par sa blancheur.

Les Turcs et les Arabes, étant sur le point de faire un long voyage pendant l'été, achetent, dit Belon, des tamarins, non pour s'en servir comme d'un médicament, mais pour se désaltérer. C'est pour la même fin qu'ils font confire dans le sucre, ou dans le miel, des gousses de tamarins, soit petites et vertes, soit plus grandes et mûres, pour les emporter avec eux lorsqu'ils voyagent dans les déserts de l'Arabie. En Afrique, les Nègres en composent une liqueur, avec de l'eau et du sucre ou du miel, pour apaiser leur soif, et c'est un moyen très-bien trouvé. Ils appliquent les feuilles de l'arbre pilées sur les érésipeles. Les Egyptiens se servent du suc des mêmes feuilles pour faire périr les vers des enfants.

Les Arabes assurent tous d'un consentement unanime, que les tamarins ont la vertu purgative quand on les donne en dose suffisante ; il est vrai que c'est un purgatif doux et léger. Mais ce qui convient à peu de purgatifs, c'est que les tamarins non-seulement purgent, mais sont encore légèrement astringens. L'usage les a rendus très-recommandables dans les inflammations, les diarrhées bilieuses, les fièvres ardentes et putrides, la jaunisse, le diabète, le scorbut alkalin et muriatique. On en donne la pulpe dépouillée des pepins, des filaments, des pellicules, et passée par un tamis sous la forme de bol avec du sucre, ou délayée dans une liqueur convenable, en infusion ou en décoction.

Les tamarins sont encore propres à corriger par leur sel acide, et par leurs parties huileuses, les vices de quelques autres purgatifs violents, comme la scammonée, la lauréole, et les différentes espèces de tithymale ; mais n'empêchent pas la vertu émétique des préparations d'antimoine, au contraire ils l'accraissent.

Il est singulier que les acides tirés des végétaux augmentent la vertu émétique, tandis que les acides minéraux la diminuent, et même la détruisent. (D.J.)

TAMARIN, voyez SINGE.