lavandula, s. f. (Histoire naturelle, Botanique) genre de plante à fleur monopétale labiée, dont la lèvre supérieure est relevée, arrondie et ordinairement fendue ; la lèvre inférieure est partagée en trois parties : il sort du calice un pistil attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur, et entouré de quatre embrions ; ils deviennent dans la suite autant de semences renfermées dans une capsule qui a été le calice de la fleur. Ajoutez aux caractères de ce genre que les fleurs naissent à la cime des tiges et des branches, et qu'elles sont disposées en épi. Tournefort inst. rei herb. Voyez PLANTE.

M. de Tournefort compte dix espèces de ce genre de plante, mais nous ne décrirons ici que la lavande mâle et la lavande femelle, employées indifféremment dans la Médecine et dans les Arts.

La lavande mâle, le nard commun, le spic, s'appelle en Languedoc et en Provence l'aspic, et par les Botanistes lavandula major ou latifolia.

Sa racine ligneuse, divisée en plusieurs fibres, pousse des jets ligneux de la hauteur d'une coudée et demie ou de deux coudées, garnis de plusieurs rameaux grêles, quadrangulaires, noueux : ses feuilles inférieures sont nombreuses et placées presque sans ordre ; celles qui sont plus haut sont au nombre de deux, rangées alternativement en sautoir, charnues, blanches, larges de deux lignes, quelquefois de six, longues de deux ou trois pouces, garnies d'une côte dans leur milieu d'une odeur forte et agréable, d'une saveur amère.

Ses fleurs sont au sommet des rameaux, disposées en épi et par anneaux, bleues, d'une seule pièce, en gueule, dont la lèvre supérieure est redressée, arrondie, découpée en partie, et l'inférieure partagée en trois. Leur calice est oblong et étroit ; il en sort un pistil attaché en manière de clou à la partie postérieure de la fleur, accompagné de quatre embryons qui se changent en autant de grains renfermés dans une capsule, laquelle servait de calice à la fleur.

Ses feuilles sont beaucoup plus longues, plus larges, plus blanches et plus nombreuses sur les tiges et les rameaux, que dans la lavande femelle.

Les pédicules portent aussi des épics deux fois plus gros, plus longs et recourbés, et des fleurs plus petites, ce qui est assez surprenant : l'odeur de toute cette plante est aussi plus forte.

La lavande femelle, lavandula minor, lavandula angustifolia, est presque en tout semblable à la précédente pour la figure, mais un peu plus petite et plus basse, d'ailleurs également touffue. Ses feuilles sont plus petites, plus étroites et plus courtes ; elles ne sont pas si blanches et leur odeur n'est pas si forte. Les épics qui portent les fleurs sont, comme on l'a déjà dit, plus courts et plus droits ; les fleurs cependant sont plus grandes ; la couleur des fleurs de l'une et de l'autre varie, et est quelquefois blanche.

Ces deux espèces viennent d'elles-mêmes dans les pays chauds, mais on les cultive dans les climats tempérés, parce qu'on en tire des préparations d'un grand usage. Voyez LAVANDE Chimie, Pharmacie, Médecine. (D.J.)

LAVANDE, (Chimie, Pharm. et Mat. med.) ce sont les épics des fleurs de la petite lavande ou lavande femelle, qui sont le sujet de cet article.

On retire par la distillation des calices de ces fleurs, cueillies quand le plus grand nombre est épanoui, une huîle essentielle, abondante et très-aromatique, voyez HUILE, qui a passé presqu'entièrement des autres parties de la plante dans celle-ci par le progrès de la végétation, voyez VEGETATION.

Les pétales de ces fleurs ne contiennent point de ce principe : la même observation a été faite sur toutes les fleurs de la classe des labiées de Tournefort. Voyez ANALYSE VEGETALE au mot VEGETAL.

Quand on fait la récolte des fleurs ou plutôt des calices de lavande, on doit avoir grand soin de ne pas les garder en tas, car ces fleurs s'échauffent promptement, et perdent par cette altération, qui peut arriver en moins de quatre heures, tout l'agrément de leur parfum ; une partie de leur huîle essentielle peut même être dissipée ou détruite par ce mouvement intestin.

On doit donc, si on les destine à la distillation, y procéder immédiatement après qu'elles sont cueillies, ou les mettre à sécher sur-le-champ en les clairsement sur des linges ou sur des tamis, si on se propose de les garder.

On prépare aussi avec ces calices une eau spiritueuse connue sous le nom d'esprit de lavande, voyez EAUX DISTILLEES, et une teinture avec l'esprit-de-vin ou l'eau-de-vie, connue sous le nom d'eau-de-vie de lavande.

La liqueur appelée eau de lavande, dont l'usage pour les toilettes est assez connu, qui blanchit avec l'eau, et que les religieuses de la Madelaine de Treinel sont en possession de vendre à Paris ; cette eau, dis-je, n'est autre chose qu'une dissolution d'huîle essentielle de lavande dans l'esprit-de-vin. On préfère avec raison cette liqueur à l'esprit et à l'eau de vie de lavande ; son parfum est plus doux et plus agréable. Lorsqu'on la frotte entre les mains, elle ne laisse point de queue, c'est-à-dire qu'elle n'exhale point une odeur forte et résineuse qu'on trouve dans ces deux autres liqueurs.

Pour faire de la bonne eau de lavande de Treinel (comme on l'appelle à Paris), il n'y a qu'à verser goutte à goutte de l'huîle récente de lavande dans du bon esprit-de-vin, et la mêler en battant la liqueur dans une bouteille, la dose de l'huîle se détermine par l'odeur agréable qu'acquiert le mélange. Un gros d'huîle suffit ordinairement pour une pinte d'esprit-de-vin.

L'eau distillée de lavande, celle qui s'est élevée avec l'huîle dans la distillation, est fort chargée du principe aromatique, mais elle est d'une odeur peu agréable.

Les Apoticaires préparent avec les fleurs de lavande une conserve qui est fort peu usitée. Les préparations chimiques dont nous venons de parler, ne sont aussi que fort rarement mises en usage dans le traitement des maladies ; on se sert seulement de l'esprit de l'eau ou de l'eau-de-vie de lavande contre les meurtrissures, les plaies legeres, les écorchures, etc. mais on se sert de ces remèdes parce qu'on les a plutôt sous la main que de l'esprit-de-vin ou de l'eau-de-vie pure.

C'est par la même raison qu'on flaire un flacon d'eau de lavande dans les évanouissements ; que les personnes, dis-je, qui sont assez du vieux temps pour avoir de l'eau de lavande dans leur flacon, les flairent, etc. plutôt qu'une autre eau spiritueuse quelconque, qui serait tout aussi bonne. Il n'est personne qui ne voie que ce sont ici des propriétés très-génériques.

Les calices de lavande, soit frais, soit séchés, sont presque absolument inusités dans les prescriptions magistrales ; mais ils sont employés dans un très-grand nombre de préparations officinales, tant intérieures qu'extérieures, parmi lesquelles celles qui sont destinées à échauffer, à ranimer, à exciter la transpiration, à donner du ton aux parties solides, etc. empruntent réellement quelques propriétés de ces calices, qui possèdent éminemment les vertus dont nous venons de faire mention : celles au contraire qu'on ne saurait employer dans ces vues, telles que l'emplâtre de grenouilles et le baume tranquille, n'ont dans les fleurs de lavande qu'un ingrédient très-inutile. (b)