aurantium, s. m. (Histoire naturelle, Botanique) genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond. Le pistil sort du calice, il est entouré de petites feuilles terminées par des étamines, et il devient dans la suite un fruit presque rond, et couvert d'une écorce charnue. Ce fruit se divise en plusieurs loges remplies d'une substance vésiculaire et charnue, et qui renferme des semences calleuses. Ajoutez aux caractères de ce genre, que les feuilles ont à leur origine la forme d'un cœur. Tournefort, inst. rei herb. Voyez PLANTE.

ORANGER, (Jardinage) arbre toujours verd, qui vient naturellement dans les climats les plus chauds de l'Asie et de l'Europe, même dans l'Amérique méridionale. Mais cet arbre, outre l'utilité de son fruit, a tant d'agrément et de beauté, qu'on le cultive encore bien avant dans les pays septentrionaux, où malgré qu'il soit trop délicat pour y passer les hivers en pleine terre, on a trouvé moyen de lui suppléer une température convenable, à force de soins et d'abris. C'est ce qui a donné lieu à la construction des orangeries qui sont à-présent inséparables des maisons de campagne où règne l'aisance.

L'oranger dans les pays chauds, devient un grand arbre et s'élève souvent à 60 pieds sur 6 ou 8 de circonférence. Mais comme dans la plus grande partie du royaume on ne le voit que sous la forme d'un arbrisseau, parce qu'on est obligé de le tenir en caisse, je ne traiterai ici de cet arbre que relativement à son état de contrainte. Quand l'oranger a été bien conduit de jeunesse, il fait une tige droite d'une belle hauteur, et une tête aussi régulière que bien fournie de rameaux. Sa feuille est grande, longue et pointue, ferme, lisse et unie, d'un verd tendre, jaunâtre et très-brillant : cette feuille est singulièrement caractérisée par un petit appendice antérieur en manière de cœur, qui sert à distinguer cet arbre du citronnier et du limonier, dont les feuilles sont simples. L'oranger donne pendant tout l'été une grande quantité de fleurs blanches d'une odeur délicieuse, qui parfume l'air et se répand au loin. Elles sont remplacées par un fruit rond, charnu, succulent, dont la couleur, le goût et l'odeur sont admirables. On ne peut en effet, refuser son admiration à un arbre qui conserve pendant toutes les saisons, une verdure des plus brillantes ; qui réunit les agréments divers d'être en même temps chargé de fleurs et de fruits, dont les uns sont naissants et les autres en maturité ; et dont toutes les parties, telles que le jeune bois, la feuille, la fleur et le fruit, ont une odeur suave et aromatique des plus agréables. L'oranger a encore le mérite d'être de très-longue durée ; et quoiqu'il soit souvent renfermé, et toujours retenu dans d'étroites limites, on a Ve de ces arbres subsister en caisse pendant deux siècles et au-delà.

L'oranger est plus aisé à multiplier, à élever et à cultiver qu'on ne se l'imagine communément. Tous les Jardiniers y mettent beaucoup de mystère, supposent qu'il y faut un grand art, et prétendent que cet arbre exige une infinité de préparations, de soins et de précautions. Cependant voici à quoi se réduit cet art si mystérieux de la culture des orangers. 1°. Leur faire une bonne préparation de terre, qui est fort simple ; 2°. leur donner des caisses proportionnées à leur grosseur ; 3°. leur former une tête régulière ; 4°. les placer dans la belle saison à une exposition favorable ; 5°. les mettre pendant l'hiver dans une orangerie suffisamment aèrée, mais où la gelée ne puisse pénétrer ; 6°. les arroser avec ménagement ; 7°. les r'encaisser au besoin ; 8°. les rétablir des maladies ou accidents qui leur surviennent ; 9°. enfin les garantir des insectes qui leur sont nuisibles. Avant d'entrer dans le détail de ces différents articles, il faut indiquer les moyens de se procurer des plants d'oranger. On y parvient de deux façons, ou en semant des pepins que l'on greffe ensuite, ou en achetant des plants greffés, que les marchands génois viennent vendre tous les ans, dans la plupart des grandes villes du royaume.

Pour élever de graine et greffer les orangers, je vais donner la pratique que conseille M. Miller, auteur anglais, très-versé dans la culture des plantes. Comme ses ouvrages n'ont point encore été traduits en notre langue, il sera avantageux de faire connaître sa méthode de cultiver les orangers. On pourra même s'en relâcher à quelques égards sans inconvénient, en raison de la différence du climat qui est un peu plus favorable dans ce royaume qu'en Angleterre.

Pour se procurer des sujets propres à greffer les différentes espèces d'orangers, il faut, dit M. Miller, semer les pepins que l'on tire des citrons qui se trouvent pourris au printemps. Les plants qui en viennent valent mieux que ceux des oranges, ni des limons pour servir de sujet ; parce que le citronnier croit le plus promptement, et qu'il est propre à greffer toutes les différentes espèces de ces arbres. Il faut donc semer au printemps des pepins de citron dans des pots remplis de bonne terre, que l'on plongera dans une couche de fumier à l'ordinaire, ou de tannée qui sera encore plus convenable. On les arrosera souvent, on les couvrira de cloches un peu relevées pour laisser passer l'air, et on les garantira de la grande chaleur du jour avec des paillassons. Les graines leveront au bout de 3 semaines ; et si le semis a été bien conduit, les jeunes plants seront en état d'être transplantés un mois après dans des petits pots d'environ 5 pouces de diamètre.

La terre dont on se servira pour cette plantation, et pour tout ce qui concernera les orangers, sera composée de 2 tiers de terre de pré la moins légère, et cependant la moins dure, mais qui soit grasse et limoneuse, qu'il faudra faire enlever avec le gazon de 10 pouces d'épaisseur ; on y ajoutera une troisième partie de fumier de vache bien pourri ; on mêlera le tout ensemble, même avec le gazon, pour le faire pourrir, et on laissera reposer ce mélange pendant un an avant de s'en servir. Mais on aura soin de remuer le tout une fois le mois pour complete r le mélange, pour faire pourrir les racines, pour bien rompre les mottes et rendre cette terre bien meuble. Il faudra la cribler avant de s'en servir pour en ôter surtout les racines ; il ne faut cependant pas que cette terre soit trop fine, car l'excès à cet égard est préjudiciable à la plupart des plantes, et particulièrement aux orangers.

En tirant les jeunes plants du pot où ils ont été semés, il faudra conserver le plus qu'il se pourra la terre qui tiendra aux racines. On mettra ces petits pots sous un châssis, dans une couche qui aura été renouvellée ; on les arrosera souvent et légérement ; on leur fera de l'ombre dans la grande chaleur du jour ; et en y donnant les soins convenables, les plants auront 2 pieds de haut dans le mois de Juillet de la même année. Alors on les laissera se fortifier en élevant par degré les châssis de la couche. On profitera ensuite d'un temps favorable pour les ôter et les mettre à une exposition où la grande chaleur ne puisse pas les endommager. Vers la fin de Septembre, il faudra les mettre à l'orangerie, dans l'endroit le plus aèré, et les arroser souvent, mais modérement.

Au printemps suivant, on les lavera pour ôter la poussière et lamoisissure ; et on les mettra encore dans une couche d'une chaleur modérée, ce qui les hâtera considérablement. Mais au commencement de Juin on cessera de les délicater, afin qu'ils soient propres à être écussonnés au mois d'Aout. Alors on choisira sur des arbres fertiles et vigoureux de l'espèce qu'on voudra multiplier, des rameaux ronds et forts, dont les boutons se lèvent plus aisément que ceux des branches faibles, plates ou anguleuses ; et on les écussonnera à l'ordinaire. Ces greffes étant faites on les mettra dans l'orangerie pour les défendre de l'humidité ; on tournera les écussons à l'opposite du soleil ; on leur donnera de l'air le plus qu'il sera possible, et on les arrosera légérement et souvent. On pourra s'assurer un mois après des écussons qui auront réussi ; alors il faudra couper la ligature.

On ne sortira ces arbres de l'orangerie qu'au printemps suivant, et après avoir coupé les sujets à 3 pouces au-dessus de l'écusson ; on les plongera avec leur pot dans une couche d'écorce d'une chaleur tempérée ; on leur donnera de l'air et de l'eau à proportion de la chaleur : mais il faudra les garantir avec soin de l'ardeur du soleil. En les conduisant ainsi, les greffes qu'ils pousseront vigoureusement auront au mois de Juillet 3 pieds d'élévation pour le moins. Il faudra commencer à les accoutumer dans ce temps à la fatigue, afin qu'ils puissent mieux passer l'hiver dans l'orangerie. Comme la hauteur qu'ils auront prise sera suffisante pour la tige, on pourra arrêter le montant, afin de lui faire pousser des branches latérales. Il ne faudra pas manquer de les tenir chaudement pendant l'hiver qui suivra cette première pousse ; car la couche de tannée les rend délicats en forçant leur accroissement : mais on ne peut guère se dispenser de les avancer ainsi, afin de leur faire prendre une grande élévation en une seule seve ; car quand ces arbres sont plusieurs années à former leurs tiges, elles sont rarement droites. On conduira ces arbres ensuite de la même façon que les orangers qui ont pris leur accroissement, et dont il sera parlé après avoir donné la manière de cultiver ceux que l'on achète des marchands génois.

Le plus court moyen d'avoir de beaux orangers, c'est de les acheter de ces marchands ; car ceux que l'on élève de graine dans ce climat, ne deviennent pas à beaucoup près si gros en 18 ou 20 ans : et quoique les têtes de ceux qu'on apporte d'Italie soient petites, on peut cependant en 3 ans leur faire prendre de belles têtes, et les amener à fruit en les conduisant avec soin. Dans le choix de ces arbres, il faut préférer ceux qui ont de beaux écussons ; car ceux qui n'en ont qu'un forment rarement une tête régulière. Il faut d'ailleurs que les tiges soient droites, les branches fraiches, l'écorce pleine et vive. On doit les mettre dans l'eau environ jusqu'à mi-tige ; les y laisser 2 ou 3 jours selon qu'on les verra se gonfler ; ensuite nettoyer leurs racines de lamoisissure ; retrancher celles qui sont séches, rompues ou meurtries ; rafraichir celles qui sont saines ; ôter tout le chevelu qui se trouve toujours desséché par la longueur du trajet ; frotter les tiges avec une brosse de crin, puis avec un morceau de drap plus doux ; et enfin couper les branches à environ 6 pouces de la tige. On se servira pour planter ces arbres d'une bonne terre neuve, mêlée avec du fumier de vache bien pourri ; mais il ne faut pas les mettre dans de grands pots, il suffit pour cette première transplantation de les prendre de grandeur à pouvoir contenir les racines. On n'oubliera pas de mettre dans le fond des tuilots ou pierres plates, pour donner passage à l'eau. Ensuite on plongera les pots dans une couche tannée d'une chaleur modérée ; on les arrosera largement pour affermir la terre autour des racines ; on répétera les arrosements aussi souvent que la saison l'exigera, et on aura soin de faire de l'ombre sur les châssis de la couche pour la garantir de la trop grande ardeur du soleil.

Si les arbres poussent aussi bien qu'on doit s'y attendre avec les soins que l'on vient d'indiquer, ils auront au commencement de Juin des rejetons vigoureux. Il faudra les arrêter alors pour faire garnir les têtes ; on leur donnera aussi beaucoup d'air, et on commencera à ne les plus délicater à la mi-Juillet, en les mettant cependant à une exposition chaude, mais à l'abri du grand soleil et des vents ; on ne les y laissera que jusqu'à la fin de Septembre : il faudra les mettre alors dans l'orangerie près des fenêtres que l'on tiendra ouvertes toutes les fois que la saison le permettra. Mais à la fin d'Octobre il faudra leur donner la place la plus chaude de l'orangerie ; les arroser souvent et bien légérement pendant l'hiver, et surtout avoir grand soin de les garantir de la gelée.

Lorsqu'au printemps suivant on sortira de l'orangerie les arbrisseaux les moins délicats, comme les grenadiers, etc. on fera bien de laver et de nettoyer les feuilles et les tiges des orangers ; d'enlever la terre de dessus les pots pour en substituer de la nouvelle ; de la couvrir d'une couche de fumier de vache bien pourri, et d'avoir grande attention que ce fumier ne touche pas la tige de l'arbre. Comme l'orangerie se trouve alors moins embarrassée, il sera très-à-propos d'éloigner les orangers les uns des autres, afin de faciliter la circulation de l'air qu'on laissera entrer plus ou moins selon la température de la saison. Mais il ne faudra les sortir que vers le milieu du mois de Mai, qu'on peut regarder comme le temps où la belle saison est assurée. Il arrive souvent quand on se presse de sortir ces arbres, que les matinées froides leur font un grand mal. Il faut les placer pour passer l'été, à une situation également à l'abri des grands vents et de l'ardeur du soleil : ces deux inconvénients sont très-contraires aux orangers. A mesure que ces arbres pousseront il faudra arrêter leurs rejetons vigoureux qui poussent irrégulièrement, afin que les têtes se garnissent ; mais notre auteur ne conseille pas de pincer le sommet de toutes les branches, comme quelques-uns le pratiquent, cela fait pousser une quantité de petits rejetons trop faibles pour porter du fruit. En s'attachant à donner de la régularité à la tête, il faut ménager les branches vigoureuses, et ne pas craindre de supprimer les menus rejetons qui nuisent ou qui se croisent, ou qui se chiffonnent.

Les orangers veulent être arrosés souvent et largement dans les grandes sécheresses de l'été, surtout lorsque les arbres sont formés. Il faut que l'eau ait été exposée au soleil, qu'elle soit douce et sans aucun mélange d'égoût de fumier ; cette pratique, malgré la recommandation de quelques gens, est pernicieuse à ces arbres, ainsi qu'à quantité d'autres. Il en est de ceci comme des liqueurs spiritueuses qui, lorsqu'on en bait, semblent donner de la vigueur pour le moment présent, mais qui ne manquent jamais d'affoiblir ensuite.

Les orangers veulent être dépotés tous les ans. On préparera de la bonne terre pour cela, un an avant que de s'en servir, afin qu'elle soit bien mêlée et bien pourrie. La fin d'Avril est le temps le plus convenable pour cette opération, afin que les arbres puissent faire de nouvelles racines avant qu'on les sorte de la serre : il faudra même les y laisser quinze jours de plus qu'à l'ordinaire pour qu'ils aient le temps de se bien affermir.

Quand on dépote les orangers il faut y donner des soins, couper toutes les racines qui excédent la motte, rechercher celles qui sontmoisies, puis avec un instrument de fer pointu, on tirera d'entre les racines toute la vieille terre qu'on en pourra ôter, sans les rompre ni endommager ; puis mettre le pied des arbres dans l'eau pendant un quart d'heure, pour pénétrer d'humidité la partie inférieure de la motte. Ensuite on frottera la tige avec une brosse de crin ; on nettoyera les têtes avec un morceau de drap et de l'eau. Puis les pots se trouvant préparés avec des pierres ou des tuilots au fond, on mettra dans chacun environ deux pouces de haut de nouvelle terre, sur laquelle on placera l'arbre bien dans le milieu du pot, que l'on achevera d'emplir avec de la bonne terre en la pressant fortement avec les mains : après quoi on arrosera l'arbre en forme de pluie par-dessus sa tête ; ce qu'il faudra toujours pratiquer dans la serre la première fois après que l'on aura lavé et nettoyé les arbres, cela leur fera pousser de nouvelles racines et rafraichir beaucoup leur tête. Quand on sortira les orangers nouvellement empotés, il sera très-à-propos de les mettre à l'abri d'une haie, et d'appuyer leurs tiges avec de bons bâtons, pour empêcher que le vent ne les dérange. Son impétuosité renverse quelquefois les arbres récemment plantés, ou ébranle tout au moins les nouvelles racines.

Pour rétablir les vieux orangers qui ont été mal gouvernés, et dont les têtes sont chenues, la meilleure méthode est d'en couper la plus grande partie au mois de Mars ; de les arracher des caisses ; de secouer la terre qui tient aux racines ; de retrancher toutes celles qui sontmoisies, et de couper tout le chevelu ; de nettoyer ensuite le reste des racines, ainsi que la tige et les branches : puis on les plantera dans des pots ou dans des caisses que l'on plongera dans une couche de tannée, en suivant ce qui a été dit pour les orangers venus de loin, et les gouverner de la même façon. Par ce moyen ils formeront de nouvelles têtes, et reprendront leur beauté en moins de deux ans. Si cependant les orangers qu'il est question de rétablir sont fort gros, et qu'ils aient été en caisse pendant plusieurs années, il vaut mieux les planter avec de la bonne terre dans des manequins qui soient plus petits que les caisses, et que l'on mettra dans la couche de tannée au commencement de Juillet ; lorsqu'ils auront bien poussé, on mettra les arbres avec leur manequin dans des caisses dont on remplira le vide avec de la terre convenable. On évitera par ce moyen de mettre les caisses dans la tannée, ce qui les pourrirait ; d'ailleurs les arbres seront tout aussi bien de cette façon que s'ils avaient d'abord été plantés dans les caisses. Mais il ne faudra pas oublier de les faire rester pendant 15 jours ou 3 semaines dans l'orangerie avant de les mettre en plein air.

La taille des orangers n'est nullement difficile. Elle consiste à conserver les branches vigoureuses ; à retrancher les rejetons qui se chiffonnent, se croisent et se nuisent ; à supprimer tout le petit bois gresle et trop mince pour donner des fleurs et produire de bon fruit. Comme cet arbre est susceptible de différentes formes, et que sa verdure en fait le principal agrément, ou du moins le plus constant, on doit s'attacher à ce que sa tête soit uniformément garnie au moyen d'une taille assidue et bien ménagée ; sans cependant y employer le ciseau du jardinier, qui en laissant une grande partie des feuilles coupées à-demi, montre une decharnure désagréable : la précision de la forme ne dédommage pas de cet inconvénient ; d'ailleurs les feuilles qui ont été atteintes du ciseau se fannent et font un mauvais effet. Il vaut beaucoup mieux laisser pointer légérement toutes les branches, plus elles approcheront de l'ordre naturel, plus l'aspect en sera agréable.

S'il arrive que la grêle, le vent, la maladie, ou tel autre accident, viennent à endommager et défigurer un oranger, on rabattra l'arbre en coupant toutes ses branches jusqu'à l'endroit où il paraitra de la vigueur et de la disposition à former un nouveau branchage, capable de donner une forme qui puisse se perfectionner. Dès qu'on s'aperçoit qu'un oranger est malade, ce qui s'annonce par la couleur jaune de ses feuilles, il faut chercher promptement à y remédier, soit en le mettant à l'ombre s'il a souffert de la trop grande chaleur, ou bien en visitant ses racines où se trouve ordinairement l'origine du mal : dans ce cas, on doit en retrancher les parties viciées et renouveller la terre. Mais les punaises sont le plus grand fléau de cet arbre ; elles attaquent ses feuilles surtout en hiver. Dès qu'on s'en aperçoit, il faut y remédier en enlevant et en écrasant ces insectes avec les doigts, ou en frottant les branches avec une brosse et les feuilles avec un linge, après avoir trempé l'un et l'autre, soit dans du vinaigre, soit dans de l'eau empreinte d'amertume ou de sel.

L'agrément ne fait pas le seul mérite des orangers, on en retire aussi de l'utilité, ses fleurs servent à quantité d'usages ; on en compose des eaux, des liqueurs, des confitures, etc. tout le monde connait l'excellente qualité de ses fruits ; ceux du plus grand nombre d'espèces d'orangers sont bons à manger. On tire aussi parti des oranges aigres. Voyez ORANGE.

Le bois de l'oranger, quoique de bonne qualité, est de bien peu de ressource même dans les pays très-chauds, où ces arbres deviennent très-gros, parce que le tronc se trouve toujours pourri dans le cœur.

Il y a une infinité de variétés de cet arbre ; on se contentera de rapporter ici celles que l'on cultive ordinairement.

1. L'orange aigre ou la bigarrade.

2. Le même à feuilles panachées.

3. L'orange douce ou de Portugal.

4. L'oranger à feuilles coquillées ou le bouquetier ; ainsi nommée à cause de la quantité de fleurs qu'il donne.

5. Le même oranger à fleurs panachées.

6. L'orange cornue.

7. L'oranger hermaphrodite, dont le fruit participe de l'orange et du citron.

8. L'oranger de Turquie, dont la feuille étroite approche de celle du saule.

9. Le même à feuilles panachées.

10. Le pampelmousse : ce fruit est de la grosseur d'une tête humaine.

11. L'oranger femelle ; ainsi nommée à cause de sa fécondité.

12. L'oranger tortu, a mérité ce nom à cause de sa difformité.

13. La grosse orange, dont la peau a des inégalités.

14. L'orange étoilée ; ainsi nommée à cause des 5 sillons dont elle est marquée à la tête, et qui représentent une étoile.

15. L'orange à écorce douce.

16. L'oranger à fleur double.

17. L'oranger de la Chine.

18. Le petit oranger de la Chine.

19. L'oranger nain, à fruit aigre : il est différent de celui de la Chine.

20. Le même dont les fruits et les feuilles sont panachés.

Ces orangers nains sont d'un agrément infini ; leurs feuilles sont très-petites, et garnissent bien les branches : ils donnent une quantité de fleurs qui couvrent l'arbre, et forment naturellement au bout de chaque branche, un bouquet d'une odeur délicieuse. Mais il faut des soins et des précautions pour entretenir ces arbres en vigueur : les serrer plus tôt, les sortir plus tard, et les tenir plus chaudement que les orangers ordinaires. Il en est de même du pampelmousse, de l'oranger de la Chine et de ceux à feuilles panachées. M. d'Aubenton le subdélégué.

ORANGER, (Chimie, Pharmacie, Diete et Mat. méd.) Il y a deux espèces d'oranger dont les hommes tirent des remèdes et des aliments : savoir l'oranger à fruit doux, et l'oranger à fruit aigre.

Les feuilles, les fleurs et les fruits de l'un et de l'autre, sont les parties de ces arbres qui sont en usage.

Les feuilles, les fleurs et l'écorce des fruits sont chargées d'une huîle essentielle abondante qui est très-pénétrante et très-aromatique ; cette huîle est contenue dans des cellules assez considérables pour paraitre distinctement à la simple vue, celles de l'écorce du fruit sont même si amples et si pleines, qu'il n'y a qu'à la plier, la froisser ou la racler avec un corps raboteux, pour en faire couler cette huîle abondamment. C'est ce principe qui donne cette flamme vive et claire qui traverse rapidement celle d'une bougie lorsqu'on presse entre les doigts un zest d'orange auprès de cette flamme : c'est ce même principe qui pique si vivement la langue et le palais, et qui met la bouche en feu lorsqu'on mâche l'écorce jaune d'une orange fraiche ; c'est encore cette huîle qui irrite si douloureusement les yeux lorsqu'on en approche de très-près une orange que l'on pêle.

Nous avons exposé à l'article HUILE le procédé par lequel les Italiens ramassaient celle-ci aussi inaltérée qu'il est possible.

L'huîle des fleurs d'orange, que les Italiens appellent neroli, n'en peut être séparée que par la distillation à l'eau, qui est le second procédé que nous avons décrit à l'article EAUX DISTILLEES, voyez cet article ; car la distillation des fleurs d'orange par le bain-marie que l'on emploie communément pour en retirer un autre produit beaucoup plus usuel, savoir l'eau essentielle dont nous allons parler dans un instant, ne fournit point d'huîle essentielle. Voyez HUILE ESSENTIELLE au mot HUILE, et ce qui est dit du bain-marie à l'article FEU, Chimie.

Cet autre principe dont nous avons à parler, savoir le principe aromatique qui s'élève avec le principe aqueux surabondant ou libre (Voyez EAU DISTILLEE) dans la distillation des fleurs d'orange au bain-marie, constitue la liqueur très-connue sous le nom d'eau de fleurs d'orange. Voyez à l'article EAU DISTILLEE, la manière de la préparer, et son essence chimique, aussi bien que ses propriétés médicinales communes, au mot ODORANT, principe.

Cette eau est très-communément appelée dans les ouvrages de Médecine latins, aqua naphae.

On peut retirer une eau essentielle très-analogue à celle-ci, des feuilles d'oranger et des écorces du fruit.

Tout ce que nous avons dit jusqu'à présent convient également, non-seulement aux feuilles, aux fleurs et aux fruits de l'un et de l'autre oranger, mais encore, avec de très-légères différences, aux parties analogues du citronnier, du cédrat, du bergamotier, etc.

C'est encore indifféremment les fleurs de l'un ou de l'autre oranger qu'on prend pour en préparer des conserves solides et liquides ou molles, et des teintures ou ratafiats. Les confitures préparées avec l'écorce blanche de l'un et de l'autre fruit convenablement épuisée de leur extrait amer par des macérations ou des décoctions suffisantes, ont à-peu-près les mêmes qualités diététiques et médicamenteuses.

La chair, moèlle ou pulpe de l'orange douce, contient un suc abondant, doux et aigrelet, qui rend ce fruit très-rafraichissant et calmant la soif. On mange cette chair dépouillée de son écorce, ou seule, ou avec du sucre ; cet aliment opère manifestement sur l'estomac dans la plupart des sujets, cette sensation qui est désignée dans la plupart des livres de diete par l'expression de réjouir l'estomac, c'est-à-dire qu'il est assez généralement aussi salutaire qu'agréable. Cependant comme le parenchyme ou l'assemblage de cellules membraneuses où ce suc est enfermé, est coriace et indigeste ; il vaut mieux sucer l'orange dans laquelle on a fait ce qu'on appelle un puits, c'est-à-dire qu'on a ouverte par un des bouts, et dont on a écrasé la chair encore enfermée dans le reste de l'écorce, en y plongeant à plusieurs reprises une fourchette ou un couteau à lame d'argent, y dissolvant ensuite, si l'on veut, une bonne quantité de sucre en poudre ; et il vaut mieux, disje, avaler le suc d'orange ainsi préparé, que de manger l'orange entière. On peut rendre encore cette préparation plus gracieuse, si l'on mêle parmi le sucre qu'on y emploie une petite quantité d'eleosaccharum préparé sur-le-champ, en frottant un petit morceau de sucre contre l'écorce de la même orange ; c'est le moyen d'unir le parfum de l'écorce à la saveur du suc. On peut préparer aussi avec le même suc une liqueur parfaitement analogue à la limonade, et qui a à-peu-près les mêmes vertus, quoiqu'à un degré inférieur, parce que l'acide de l'orange douce est beaucoup plus tempéré que celui du citron. La première liqueur est connue sous le nom d'orangeade. Voyez CITRONNIER et LIMONADE.

Le suc de l'orange douce se conserve moins bien que celui du citron ; aussi ne le garde-t-on que fort rarement dans les boutiques ; il ne serait pas même fort agréable, et il aurait assez peu de vertu si on le conservait sous la forme de syrop.

L'orange amère n'est employée parmi nos aliments qu'à titre d'assaisonnement : on arrose de son suc la plupart des volailles et des gibiers qu'on mange rôtis ; et il est sur que cet assaisonnement en facilite la digestion. On fait entrer aussi leur rapure et même leur écorce entière seche, dans quelques ragouts assez communs ; l'amertume qu'ils y portent peut être regardée aussi comme un assaisonnement utile. Il est bon surtout pour corriger la fadeur, l'inertie des poissons gras mangés en ragouts, comme de l'anguille, etc. On fait aussi dans quelques provinces, en Languedoc, par exemple, avec l'orange amère non pelée et coupée par tranches, l'ail, la rapure de pain, et le jus de viande qu'on fait bouillir ensemble, une sausse qu'on sert avec les volailles rôties ; cette sausse ne peut qu'être et est en effet détestable, car les sucs acides végétaux sont entièrement dénaturés par l'ébullition, et acquièrent une saveur très-desagréable, que l'ail et l'extrait amer de l'écorce blanche et des pépins ne corrigent certainement point.

Les pépins d'orange, et surtout ceux de l'orange aigre, sont vermifuges comme toutes les substances végétales amères.

L'écorce d'orange amère est comptée parmi les fébrifuges les plus éprouvés : on la donne, soit en décoction, soit desséchée et réduite en poudre ; elle est regardée aussi comme un bon emmenagogue, et comme un spécifique dans la rétention et dans l'ardeur d'urine ; la dose en substance en est depuis demi-gros jusqu'à deux gros.

Les écorces d'orange, soit douce, soit amère, confites, peuvent être regardées, par leur légère amertume et par un reste de parfum qu'elles retiennent, comme stomachiques, fortifiantes, propres à aider la digestion lorsqu'on les mange à la fin des repas dans l'état de santé, et à reveiller doucement le jeu de l'estomac dans les convalescences. La conserve ou le gâteau de fleurs d'orange, dont il est bon de rejeter les fleurs après qu'on les a mâchées et que le sucre est fondu dans la bouche ; et la marmelade ou conserve liquide, possèdent les mêmes qualités, et même à un degré supérieur. Le ratafiat de fleurs d'orange qui est préparé avec une teinture des fleurs, joint à l'efficacité de leur amertume et de leur parfum, celle de l'esprit ardent. Voyez LIQUEURS SPIRITUEUSES, Diete.

L'eau de fleurs d'orange qui est amère et chargée d'une matière aromatique très-concentrée, est non seulement employée pour aromatiser des aliments, des boissons et des remèdes, mais même seule ou bien faisant la base d'un remède composé ; on la mêle très-utilement au premier égard, c'est-à-dire comme assaisonnement au lait et à plusieurs de ses préparations, telles que la crême douce, le fromage frais à la crême, le caillé, les crêmes avec les œufs, etc. L'eau de fleurs d'orange pure ou seule est à la dose d'une ou de deux cuillerées, un remède puissamment stomachique, cordial, vermifuge, carminatif, emmenagogue, hystérique ; elle remédie surtout très-efficacement, prise le matin à jeun, aux faiblesses et aux douleurs d'estomac ; elle entre très-communément dans les juleps et dans les potions cordiales et hystériques, à la dose de deux jusqu'à quatre et même six onces. On prépare avec l'eau de fleurs d'orange et avec les écorces des fruits, des syrops simples qui ont à-peu-près les mêmes vertus que ces matières.

Les fleurs et les écorces des fruits, aussi-bien que les divers principes et préparations simples qu'on en retire, et dont nous venons de parler, tels que l'eau distillée, l'huîle essentielle, la teinture, etc. entrent dans un très-grand nombre de compositions pharmaceutiques officinales.

On trouve dans la plupart des pharmacopées la description d'une pommade de fleurs d'orange, qui se prépare en aromatisant du sain-doux avec les fleurs d'orange qu'on fait infuser dans ce sain-doux liquéfié par la chaleur du bain-marie, en réitérant plusieurs fois ces infusions sur des nouvelles fleurs, etc. Voyez POMMADE et ONGUENT. Cette pommade, outre les qualités médicinales du sain-doux, parait posséder encore la qualité résolutive, tonique, fortifiante, propre aux huiles essentielles. Le sain-doux liquide et chaud se charge d'une certaine quantité de l'huîle essentielle des fleurs d'orange, et surtout lorsqu'on les écrase dans le sain-doux. (b)