S. f. (Botanique) les Botanistes appellent tuniques, les différentes peaux de certaines plantes, telles, par exemple, que celles d'un oignon, qui sont emboitées les unes dans les autres ; ils se servent aussi quelquefois du mot de tunique, pour signifier simplement une enveloppe. (D.J.)

TUNIQUE, en Anatomie, est un nom qui se donne aux membranes, qui enveloppent les vaisseaux et différentes autres parties des moins solides du corps. Voyez les Planches d'Anatomie.

Les yeux sont principalement composés d'un certain nombre d'humeurs qui sont contenues dans des tuniques, rangées l'une sur l'autre, comme la tunique albuginée, la cornée, la rétine, etc. Voyez OEIL, ALBUGINEE, etc.

TUNIQUE VAGINALE, voyez VAGINALE.

TUNIQUE ACINIFORME, est la même que la membrane uvée de l'oeil. Voyez UVEE.

TUNIQUE VITREE, (Anatomie) c'est la même que la tunique arachnoïde ou crystalloïde, ou capsule du crystallin. Voyez ARACHNOÏDE.

M. Petit s'est fort étendu sur cette tunique, à laquelle il a donné un mémoire entier, dont voici le précis.

C'est une membrane qui enveloppe tout le crystallin, mais une membrane si déliée, que d'habiles anatomistes en ont nié l'existence, ou du moins en ont douté. Elle n'est effectivement guère moins fine dans l'homme qu'une toîle d'araignée ; aussi quelques-uns l'appelent-ils arachnoïde. Elle est une fois plus épaisse dans le bœuf que dans l'homme, et encore plus dans le cheval. Elle serait par conséquent moins difficîle à démontrer dans ces animaux, et ce serait une assez forte présomption qu'elle devrait se trouver dans l'homme ; mais on l'y démontre aussi, et même sans injection, quoique ce fût d'ailleurs une chose assez surprenante, qu'une membrane si fine put être injectée. Elle peut l'être cependant, et Ruysch y est parvenu ; elle reçoit quelquefois une injection naturelle, c'est-à-dire qu'il s'y fait une inflammation, que ces vaisseaux plus remplis de sang ou de la liqueur qu'ils portent, deviennent visibles, et qu'on aperçoit leur distribution et leurs ramifications.

Le crystallin de l'homme, revêtu de sa membrane ou capsule, parait moins transparent à sa partie antérieure qu'à la postérieure ; mais s'il en est dépouillé, sa transparence est égale des deux côtés.

Le ligament ciliaire se termine et s'attache à la partie antérieure de la capsule par des fibres qu'il y jete, et par les vaisseaux qu'il y fournit, ces vaisseaux ne sont que des lymphatiques. Quand il parait du sang dans cette membrane, c'est par quelque accident particulier, comme lorsque dans un accouchement difficile, la tête de l'enfant a été violemment comprimée au passage, et que le sang a été obligé de s'insinuer dans des canaux qui ne lui étaient pas destinés.

La tunique vitrée se nourrit donc de cette lymphe, qui lui est apportée par les vaisseaux qu'elle reçoit du ligament ciliaire. On voit qu'il s'est épanché une partie dans la cavité de la capsule, entre cette membrane et le crystallin.

M. Petit l'a toujours trouvée transparente, tant dans l'homme que dans les animaux, même dans les sujets qui avaient des cataractes. La cornée et la membrane hyaloïde trempées dans l'eau bouillante, dans les esprits acides, etc. y perdent leur transparence, la membrane vitrée y conserve la sienne, elle ne la perd que dans l'esprit de-nitre, encore s'y dissout-elle le plus souvent, plutôt que de la perdre. Histoire et mém. de l'acad. 1730. (D.J.)

TUNIQUE, s. f. (Antiquité romaine) espèce de chemise des hommes et des femmes romaines.

La tunique était un habillement commun aux hommes et aux femmes, mais la forme en était différente. Les femmes avaient accoutumé de les porter beaucoup plus longues que les hommes, et lorsqu'elles ne leur donnaient pas toute la longueur ordinaire, c'était sortir de la modestie de leur sexe, et prendre un air trop cavalier ; infrà mulierum, suprà centurionum.

Juvenal, en parlant d'une femme qui se pique à-tort et à-travers de bel esprit, qui au commencement du repas se jette sur les louanges de Virgile, pese dans la balance le mérite de ce poète et la gloire d'Homère, trouve des excuses pour Didon lorsqu'elle se poignarde, décide la question du souverain bien : Juvenal, dis-je, ajoute que puisqu'elle affecte ainsi de paraitre savante, il serait juste qu'elle retroussât sa tunique jusqu'à demi-jambe, c'est-à-dire, qu'elle ne se montrât alors que dans l'équipage d'un homme.

Crure tenùs medio tunicas succingère debet.

Non-seulement les tuniques des dames étaient distinguées par la grandeur, elles l'étaient aussi par des manches, qu'il n'était permis qu'à elles de porter. C'était parmi les hommes une marque de mollesse dont les temps de la république n'avaient point montré d'exemple. César ne put pas même sur cela se mettre à l'abri des reproches ; mais ses mœurs étaient aussi efféminées que son courage était élevé ; et nous ne devons point tirer à conséquence l'exemple d'un homme, que Curion le père dans une de ses harangues avait non-seulement nommé le mari de toutes les femmes, mais aussi la femme de tous les maris.

La tunique prenait si juste au cou, et descendait si bas dans les femmes pleines de retenue, qu'on ne leur voyait que le visage. Catia n'était point du nombre de ces sortes de femmes, à ce que dit Horace :

Matronae praeter faciem nil cernere possis,

Caetera, ni Catia est, demissâ veste tegentis.

Elle laissait à découvert cette partie des épaules qui est jointe au bras ; Ovide disait que cet étalage séyait aux femmes blanches, et qu'il autorisait les émancipations.

Hoc ubi vidi,

Oscula ferre humero, quà patet usque libet.

Lorsque le luxe eut amené l'usage de l'or et des pierreries, on commença impunément à montrer encore la gorge ; la vanité gagna du terrain, et les tuniques s'échancrèrent davantage ; souvent les manches, au rapport d'Elien, n'en étaient point cousues, et du haut de l'épaule jusqu'au poignet, elles s'attachaient avec des agraffes d'or ou d'argent, de telle sorte qu'un côté de la tunique posant à demeure sur l'épaule gauche, l'autre côté tombait négligemment sur la partie supérieure du bras droit ; ainsi les tuniques étaient ouvertes par les côtés, à-peu-près comme nos chemises d'hommes.

Leur nombre s'augmenta chez les Romains, d'abord parmi les hommes dont les femmes suivirent l'exemple ; mais le goût en forma la différence ; la première était une simple chemise, la seconde une espèce de rochet, et la troisième, c'est-à-dire celle qui se mettait par-dessus, se nommait stole. Voyez STOLE.

Du temps de Séneque la tunique des dames romaines était très-fine. Voyez-vous, dit-il, ces habillements de soie que portent nos dames ; qu'y découvrez-vous qui puisse défendre ou le corps ou la pudeur ? Celle qui peut les revêtir, osera-t-elle jurer qu'elle ne soit pas nue ? On fait venir à grands frais de pareilles étoffes d'un pays où le commerce n'a jamais été ouvert, et tout cela pour avoir droit d'étaler en public des objets qu'en particulier on n'ose montrer à ses amants qu'avec quelque réserve.

Il ne manquait plus à Séneque qu'à nous instruire de la couleur de la tunique des dames romaines, selon ce même esprit de galanterie et de volupté qui corrompait les mœurs de son siècle, et dans lequel Ovide ne recommandait que la convenance avec le teint. La tunique noire, dit-il, sied bien aux blanches, et la blanche sied bien aux brunes. Nous ne marions pas volontiers de même ces deux dernières couleurs. Est-ce que la fantaisie réglait le goût des Romains, ou qu'elle détermine le nôtre ? C'est tous les deux ; car en tout temps la fantaisie a décidé des gouts, des modes et de la beauté. (D.J.)

TUNIQUE, s. f. (terme de Chasublier) vêtement dont les diacres et sous-diacres se servent en officiant. La tunique ne diffère de la dalmatique que par les manches qui sont plus longues. La tunique est aussi une sorte de veste dont les rois de France sont revêtus à leur sacre sous leur manteau royal. (D.J.)

TUNIQUE, surtout, ou cote d'armes pour être portée sur l'armure du corps. Voyez COTE D'ARMES.

La tunique est proprement un petit surtout de taffetas, court et fort large, sur lequel on a peint ou brodé des armes, comme en portent les hérauts d'armes ; autrefois les officiers généraux militaires en portaient aussi sur leurs armures pour se distinguer de leurs subalternes. Voyez ARMES.