S. f. paeonia, (Histoire naturelle, Botanique) genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond. Le pistil sort du calice qui est formé de plusieurs feuilles, et il devient dans la suite un fruit composé de plusieurs cornes, réunies en une sorte de tête et courbées en-dessous ; ces cornes sont couvertes ordinairement de duvet, elles s'ouvrent dans leur longueur, et elles renferment des semences presque rondes. Tournefort, inst. rei herb. Voyez PLANTE.
Cette plante nait d'une seule graine ainsi que les plantes monocotylédones. Sa racine est épaisse et tubéreuse ; son calice est formé de plusieurs pièces ; sa fleur est en rose, fort large, polipétale, et garnie d'un grand nombre d'étamines. Son fruit est composé d'une multitude de siliques recourbées dont le nombre n'est pas fixe. Ces siliques revêtent la forme d'une corne, sont garnies de duvet, et entr'ouvertes longitudinalement ; sa semence est ordinairement sphérique, et renferme une petite amande.
Entre les vingt-deux espèces de pivoine que compte Tournefort, nous décrirons seulement la pivoine mâle commune, poeonia folio nigricante splendido, quae mas ; C. B. P. 323. I. R. H. 273. en anglais, the common male-piony.
Elle a plusieurs divisions branchues ; ses feuilles sont longues, rondes, d'un verd brun, luisantes, attachées à de longs pédicules ; ses fleurs naissent aux sommets des tiges, larges, amples, à plusieurs pétales disposés en rose, tantôt purpurines, tantôt incarnates ; elles sont soutenues par un calice à plusieurs pièces, et ont au milieu plusieurs étamines purpurines qui portent des sommets safranés. Quand les fleurs sont tombées, il leur succede des fruits composés de plusieurs cornets blancs, velus, reluisans, recourbés en en-bas ; ils s'ouvrent longitudinalement en mûrissant, et laissent voir une suite de semences presque rondes, rouges au commencement, ensuite d'un bleu obscur, et enfin noires. Sa racine est composée d'un grand nombre de tubercules, les uns ronds, les autres larges, attachés par des filaments au tubercule principal. Cette plante fleurit en Avril et en Mai ; on la cultive aussi dans nos jardins.
La pivoine commune femelle, paeonia communis vel faemina, C. B. P. 323. I. R. H. 274. ne diffère de la pivoine-mâle que par ses feuilles, qui sont plus grandes et plus larges, et par ses semences qui sont plus petites.
La pivoine passe pour bienfaisante dans les affections des nerfs, et les maladies hystériques. On en tire dans les boutiques une eau simple, une eau composée, et un syrop simple ou composé de ces fleurs.
PIVOINE, (Matière médicale) pivoine mâle et pivoine femelle. On ne se sert presque en Médecine que de la pivoine mâle. On emploie principalement ses racines, quelquefois ses semences, très-rarement ses fleurs.
La pivoine tient le premier rang parmi les plantes anti-épileptiques, anti-spasmodiques, céphaliques, nervines : c'est un des plus anciens remèdes de la Médecine. Homère rapporte dans le cinquième livre de son odyssée, qu'on croyait qu'elle avait été nommée paeonia du nom de Paeon, ancien médecin qui employa cette plante pour guérir Pluton d'une blessure que lui avait fait Hercule. Tous les Pharmacologistes postérieurs à Galien ne manquent pas de rapporter une fameuse expérience de cet auteur, qui assure que cette racine étant portée en amulete par un enfant sujet à l'épilepsie, préservait cet enfant des accès de ce mal, d'une manière si remarquable que l'amulete étant tombée par hazard, l'enfant fut saisi sur le champ de mouvements convulsifs qui ne se dissipèrent qu'en remettant l'amulete à sa place ; qu'il réitéra cette expérience à dessein avec le même succès, et qu'enfin ayant suspendu au col de cet enfant un plus grand morceau de racine fraiche, l'ayant convenablement renouvellée, etc. l'enfant avait été radicalement guéri. Montanus, Fernel et quelques autres auteurs graves prétendent avoir répété l'expérience de Galien avec le même succès, et quelques autres à qui cette expérience n'a pas réussi, ont mieux aimé imaginer des raisons de ces succès contraires, que de se refuser à l'autorité de Galien, et parmi ces raisons on en trouve de fort bizarres, par exemple, celle de Gaspar Hoffman qui soupçonne que la vertu de la racine qu'employa Galien, ne lui était pas propre ou naturelle, mais qu'elle l'avait acquise par enchantement, par l'opération du diable. D'un autre côté, Sylvius plus philosophe, et par conséquent plus digne d'en être cru que tous ces auteurs, assure qu'il a très-souvent fait prendre la racine et les semences de pivoine, sans en avoir observé des effets bien merveilleux.
La racine de pivoine entre pourtant dans la plupart des compositions tant officinales que magistrales que l'on emploie le plus communément contre l'épilepsie, la paralysie, les vertiges, les tremblements des membres, l'incube, la manie, etc. On donne la racine en poudre depuis un gros jusqu'à deux, et en décoction, à la dose de demi-once lorsqu'elle est seche, et de deux onces lorsqu'elle est fraiche. Les semences peuvent s'ordonner dans les décoctions à la dose de deux gros jusqu'à demi-once. On peut les faire prendre aussi entières et mondées de leur écorce jusqu'au nombre de vingt ou trente ; mais on donne rarement ces substances seules ; on les prescrit plus communément dans les bouillons, les tisanes et les poudres composées.
On fait avec les fleurs de la pivoine femelle une conserve qui est peu usitée, et une eau distillée qui n'est bonne à rien.
La racine de la pivoine mâle entre dans l'eau générale, l'eau épileptique, le sirop d'armoise et les tablettes appelées des racines de pivoine. La racine et la semence dans la poudre de guttete et la poudre anti-spasmodique. (b)
PIVOINE, voyez BOUVREUIL.